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Essai - Page 7

  • Dictionnaire amoureux de Montaigne

    J’aime bien la collection des Dictionnaires amoureux et j’attendais patiemment que quelqu’un nous propose un dictionnaire de Montaigne.

    Voilà c’est fait et avec André Comte-Sponville ce qui est pour moi gage de qualité car ce talentueux philosophe est plein d’admiration et de ferveur pour le gascon.

    Vous allez me dire que j’ai déjà lu des biographies, des essais sur Montaigne, oui mais voilà je ne m’en lasse pas donc hop le dictionnaire prend place sur mes étagères.

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    L'auteur © Indra Crittin

    Dans son livre : Education philosophique et dans une interview, l’auteur dit : « Bizarrement je n’ai jamais eu aucun cours sur Montaigne durant toutes mes études ». 

    Avec ce dictionnaire André Comte-Sponville se fait un devoir et un plaisir de vous convaincre que lire Montaigne « c’est rencontrer un ami » car l’auteur des Essais est  « Un type extrêmement attachant » 

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    D'autres dictionnaires amoureux

    Les Essais sont portés par une écriture éblouissante dit André Comte-Sponville même s’il reconnait que Pascal sur des sujets identiques est plus percutant, mais voilà Pascal ne possède pas le côté ondoyant, sinueux, souple de Montaigne qui l’enchante. Il révère la liberté de pensée de Montaigne, une pensée bien audacieuse pour l’époque et aujourd’hui encore bonne pour nous lecteur. « Montaigne n’appuie jamais: il dit ce qui lui vient dans l’instant, comme cela vient, dans la vivacité, la légèreté, la fragilité de l’improvisation, quitte à y revenir plus tard, à changer d’avis peut-être. »

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    © Professeur Foray  Université pour tous Jean Monnet 

    Ce qui rend ce dictionnaire si plaisant c’est le talent avec lequel l’auteur sait rendre simplement tout la richesse de pensée de Montaigne, sait nous le faire approcher très intimement et nous propose d’en faire notre compagnon de route, un voisin et ami pour notre propre pensée.

    Il ne se lasse pas de nous dire à quel point Les Essais peuvent nous apprendre à penser, à douter mais surtout que « Montaigne nous apprend à aimer la vie telle qu’elle est, imparfaite, mortelle »

    Pour André Comte-sponville, Montaigne nous enseigne le bonheur avec ses limites et c'est avec obstination que Montaigne nous dit « C’est chose tendre que la vie » à condition de vivre au présent, lui qui vivait en un temps de guerres et d’épidémies, le Covid n’est pas si loin, et Montaigne enfonce le clou  « Pour moi donc, j’aime la vie. ».

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    Montaigne © Le Monde 

    Ce dictionnaire montre bien que pour les lecteurs assidus du philosophe le plaisir de lecture n’est jamais émoussé et que l’on peut après bien des années y trouver encore des sujets d’étonnement.

    J’ai bien entendu mes entrées préférées dans ce dictionnaire 

    L’âge, oui ce n’est pas la folle gaieté mais j’aime le commentaire que l’auteur fait pour lui même et que je partage totalement, sur la vieillesse, la douleur, la proximité de la mort.
    « Ses protestations face au grand âge, me font plus de bien que tant de dénégations optimistes ou hypocrites, qui font aujourd’hui florès et me donnent envie de vomir. Trop de sucre, trop de mensonges. Ils font semblant de ne pas vieillir ou d’aimer ça :c’est une marque encore de la vieillesse qui se méconnaît elle-même »

    L’entrée Chine un peu surprenante mais comme elle fait intervenir François Jullien le sinologue que j’ai beaucoup lu et aimé, elle m’a passionné, Montaigne le plus chinois des philosophes ?  Je vous laisse découvrir pourquoi.

    Plus d'une heure d'interview 

    J’ai aimé l’entrée Admirateurs avec les écrits des amoureux de Montaigne.
    Vauvenargues voit en Montaigne « un prodige dans des temps barbares »  

    Goethe admire son « tour d’esprit inestimable et serein »

    Stendhal juge que son style est peut-être celui , dans toute la littérature française, « qui a le plus de coloris ».

    Flaubert qui s’y connaissait en matière de prose, apprécie lui « le plus délectable de tous les écrivains »  Il dit « lisez le d’un bout à l’autre, et quand vous aurez fini, recommencez »

    Zola aime « sa fermeté, sa gaieté, son allure libre » En un mot conclut-il « je suis son disciple, son fervent admirateur »

    Parlant de Montaigne Tzvetan Todorov disait « qu’il était celui qui a lu tous les Anciens et que tous les Modernes ont lu. »

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    Orson Wells le déclare son « auteur préféré, le plus parfait écrivain que le monde ait produit »

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    L’hommage qui touche le plus André Comte Sponville, « est celui en acte de Tolstoï. Lorsqu’il partit pour son dernier voyage, dont il ne devait pas revenir, l’auteur de Guerre et Paix, n’emporta que deux livres :la Bible et les Essais »

     

    La forme du dictionnaire est très proche de la forme de lecture que Montaigne appréciait, le dictionnaire vous permettra de pilloter dans l’oeuvre et la pensée de Montaigne et vous irez « A sauts et à gambades » en compagnie d’un ami.

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    ce qu'était peut-être sa bibliothèque

    André Comte-Sponville dit dans une interview que  « c’est le plus libre des esprits libres. C’est peut-être bien le plus grand écrivain français » montrant par là la modernité de Montaigne quatre siècle après sa mort, il est sensible à un Montaigne qui reste « humain dans une époque inhumaine »

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    Le livre : Dictionnaire amoureux de Montaigne - André Comte-Sponville - Editions Plon

  • L'hiver au siècle d'or hollandais - Alexis Metzger

    L'hiver est là 

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    Jan Van Goyen paysage d'hiver avec patineurs

    Aimez-vous en peinture les paysages d’hiver ? Pour ma part je les adore, patineurs, chasseurs dans la neige, canaux gelés, nativité sous la neige.

    Mais l’apparition de ces peintures ne date guère que du XVI ème et XVII ème siècle, mis à part les oeuvres des fameux frères Limbourg et de leurs Riches heures du Duc de Berry.

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    Qu’est-ce qui a motivé les peintres et presque exclusivement les peintres flamands pour nous faire glisser sur les canaux gelés, nous faire braver les tempêtes de neige.? Pourquoi en Flandre et au Pays Bas et pourquoi à ce moment là ?

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    Lucas Van Valckenborch 

    Alexis Metzger s’interroge, ethnologue et géographe il tente de faire le lien entre la naissance de ces paysages d’hiver et le climat local de l’époque.

    La Flandre et les nouveaux Pays Bas sortent d’une période de guerre, ils s’écartent de l’influence espagnole.
    Les peintres vont se tourner vers des sujets quotidiens, locaux. C’est le moment de ce que l’on nomme « le petit âge glaciaire » particulièrement net l’hiver 1608.

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    Esaias Van de Velde Plaisirs de glace   Pinacothèque de Munich

    Tous les hivers n’ont pas été très froid mais les peintres ont continué à en faire le sujet de leurs tableaux. 
    L’hiver devient une composante des tableaux qui représentent surtout la campagne.

    Comment les hollandais s’adaptèrent-ils au froid ? Les tableaux montrent des vêtements à fourrure, des loisirs sur les lacs et canaux gelés.. 
    Une époque où les commerçants hollandais échangeaient avec la Russie et même les Mohicans !

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    Hendrick Avercamp,« le Rembrandt de la neige »

    On allume un bon feu, on transporte des fagots, on glisse sur les canaux gelés pour le travail ou pour le plaisir. 
    C’est plutôt joyeux mais en arrière fond il y a un peu de crainte du froid, les denrées se font rares on pêche par un trou dans la glace.
    On peut aussi se servir du froid pour empêcher les ennemis d’escalader une forteresse, un peu d’eau jetée et l’ennemi reste cloué au sol.

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    Adam Van Breen  Paysage d'hiver

    Alexis Metzger nous offre ce qui se fait de mieux en matière de paysage hivernal. J’ai ainsi découvert des peintres nettement plus discrets que Ruysdaël ou Avercamp. J’ai aimé les illustrations de très belle qualité.

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    Jacob Van Ruysdaël

    Un livre qui trouvera sa place chez le lecteur curieux, passionné de climat ou météophile pour reprendre l’expression de Martin de la Soudière, ou tout simplement comme moi curieux de l’art, amoureux de la peinture flamande..

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    Le Livre : L’hiver au siècle d’or hollandais - Alexis Metzger - Editions Sorbonne Université Presses

     

  • Arpenter le paysage - Martin de la Soudière

    Je voudrais que vous fassiez connaissance avec Martin de la Soudière, j’avais déjà croisé l’auteur grâce à un livre sur les saisons et celui qu’il vient de publier m’a aussitôt attiré. 

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    Arpenter le paysage nous propose-t-il, j’aime la marche ou plutôt je l'ai aimé, la nature, la poésie des lieux, la peinture de paysages, les descriptions magnifiques de certains auteurs donc je me suis embarquée.

    La première partie du livre est faite des souvenirs d’enfance de l’auteur, on entre ainsi en paysage avec lui à travers ses souvenirs de vacances dans les Pyrénées, randonnées, promenades, balades en vélo, en famille. 

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    La vallée de Vicdessos

    On ne s’ennuie pas un instant, il faut dire que parfois le récit tient un peu des Pieds Nickelés.
    On égrène avec lui les observations faites au fil du temps, les grands bonheurs lors de l’arrivée au sommet, et aussi les petits malheurs lorsque rien ne se déroule comme prévu. C'est un vrai apprentissage initiatique.

    Le récit est fait de mille anecdotes familiales ponctuées de citations, de fragments de poésie, de noms d’auteurs pas toujours des plus connus. L’auteur a déclenché mes souvenirs  de randonnées pyrénéennes dans les gorges de la Carança, un lieu qui me fascinait enfant.

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    Les gorges de la Carança

    Ensuite Martin de la Soudière élargit son propos. Il nous propose de suivre des arpenteurs, des flâneurs, des promeneurs. Moi quand on m'invite chez les écrivains du voyage je ne peux pas résister.

    Jean Loup Trassard en Mayenne, Julien Gracq en bord de Loire, Fernando Pessoa, André Dhôtel dans ses Ardennes ou Philippe Jaccottet dans sa garrigue drômoise.

    Julien Gracq en bord de Loire

    L’universitaire bien sûr glisse quelques remarques sérieuses ici ou là, j’ai retrouvé avec plaisir Elisée Reclus par exemple, mais il laisse place bien vite à l’amoureux des paysages, au passionné de littérature.  

    Avec lui on se fait botaniste, géologue, on avance au rythme lent des arpenteurs, on apprend avec le géographe, on crapahute avec le montagnard, on rêve avec le poète.

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    Le pays où l'on n'arrive jamais

    Vous êtes en bonne compagnie : bergers, taupiers, militaires, cartographes  ou ethnologues. 
    C’est passionnant et cela éveille de nombreux souvenirs, les livres de Marie Hélène Laffon, les écrits de Giono, les films de Raymond Depardon. 

    Le livre a déclenché chez moi tout une série d’images et de lieux oubliés parfois, de sensations et d’émotions. 
    Un château médiéval en ruine dans un coin de Vaucluse, le parfum d’une forêt de pins, le froid glacial d’un ruisseau pyrénéen, la sauvagerie des Causses.

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    Le château de Boulbon dans le Vaucluse

    souvenirs de lectures d'enfant dans l'odeur des pins

    Vous avez envie de vous plonger dans les auteurs cités, d’en découvrir d’autres, de mêler avec bonheur le savoir et l’imagination. 

    La plume est belle, sérieuse et légère à la fois, elle éclaire petit à petit la notion de paysages. Le genre de livre que vous fermez en vous sentant un brin plus intelligent, plus sensible à ce qui vous environne. Il vous rend le paysage intime. 

    Un beau livre dont la couverture est munie d’un large rabat qui sert de marque-pages

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    Le livre : Arpenter le paysage - Martin de la Soudière - Editions Anamosa

  • Tour d'horizon - Kathleen Jamie

    Depuis la lecture de ses premiers écrits j'ai mis une veille sur l’auteur et toc voilà un recueil de textes brefs dans la même veine que son premier livre.

    Kathleen Jamie nous entraine à sa suite d’île en île, dans des lieux où je n’avais même jamais rêvé d’aller mais j’ai suivi cette écossaise bon teint, cette poétesse des choses de la nature avec un grand plaisir.

    Jumelles en main Kathleen tient là son rôle d’observatrice : depuis les aurores boréales, les ruines de villages à l’abandon, d’éclipse de lune jusqu’à une colonie de Fous de Bassan.

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    « D’un vert lumineux de la couleur du plumage d’une sarcelle, l’aurore boréale scintille presque immédiatement au dessus de nos têtes. Elle se développe dans la nuit étoilée comme l’haleine projetée contre un miroir (…)D’abord c’est un voile émeraude puis cela prend la forme d’un cocktail à la menthe. »

    Elle sait regarder y compris ce qui ne devrait pas être dans le paysage, comme cet aileron qu’elle ne cherchait pas mais qui est bien là.
    Sa pensée vagabonde au gré de la lumière du jour, de l’infiniment petit à l’infiniment dangereux.

    jamie

    Cette  auteure est une éveilleuse qui sait nous faire admirer le monde dans toute sa diversité, ses mystères. Elle sait le faire avec légèreté, allègrement, sans fioritures aucunes.
    « Continuez à regarder, même quand il n’y a pas grand-chose à voir. Ainsi votre œil apprend ce qui est normal, et quand quelque chose d’anormal apparaîtra, votre œil le repérera. » 

    J’aime les îles et en particulier celles du nord de l’Europe, alors là c’est un festival  Saint Kilda, Rona, North Mains, je vous laisse chercher où tout ça prend forme au milieu des eaux agitées de l’Atlantique ou dans les eaux fraîche de l’Arctique

    jamie

    « Les falaises biscornues de Saint Kilda sont à nouveau apparues à l’horizon »

    J’ai aimé ces textes simples, dépouillés même et à hauteur de …femme. Elle ne se paie pas de mots mais elle parvient à faire vibrer ses textes.

    jamie


    « Il se dégage des montagnes, de la glace et du ciel, un silence minéral qui exerce une puissante pression sur nos corps. C’est un silence ­venu de très loin, effrayant, qui fait ressembler le bruit sous mon crâne au cri d’une oie criarde. J’aimerais réduire mon esprit au silence, mais je pense que cela prendrait des années »

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    Musée de Bergen

    Il y a un rien de magie dans ses écrits, elle est habitée par les légendes celtiques, alors suivez là faites vous ornithologue, ou archéologue et parcourez avec elle le Groenland, les Féroé, les Hébrides ou un musée un rien poussiéreux, tout est bon pour célébrer la terre, le « paysage de mer grise et de ciel blanc rincé de pluie et hanté d’oiseaux » ou bien les pluviers, les fulmars et autres oiseaux des mers. 

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    Le livre : Tour d’horizon - Kathleen Jamie - Traduit par Ghislain Bareau - Editions La Baconnière

     

  • Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois

    Bernard de Fallois était surnommé au dire de Pierre Assouline « le proustien capital ». C’est pour moi une quasi obligation de le lire. 

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    Le livre est composé des conférences thématiques et pas du tout chronologiques que l’auteur a tenu il y a …. 
    Vous allez me dire : mais alors pour s'y intéresser il faut avoir lu toute la Recherche ? Oui et non. 
    Si vous n’en avez lu qu’une partie cela éclairera votre lecture future, pour les autres c’est une façon aussi de découvrir des aspects que l’on a raté ou apprécier autrement certains passages, bien sûr pour s’interroger et ... ouvrir aussitôt la Recherche.

    Les thèmes du conférencier :  
    Quelle est la nature du comique dans la Recherche : chère Madame Verdurin !

    Proust pour ou contre l’amour ? Ou l’oeuvre d’art peut-elle vaincre la mort ? 
    Proust face à Balzac ou Chateaubriand (lectrice de Chateaubriand et de Balzac j’ai particulièrement aimé ce chapitre.) J’ai aimé les comparaisons de l’auteur avec La Comédie humaine et les personnages de Balzac.

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    On revient de loin quand même !

    Mais aussi : La vie de Proust est-elle si intéressante que cela ?  Je dois dire que j’ai eu le sourire tout au long et que j’ai aperçu le clin d’oeil du conférencier.
    Comment Proust a-t-il composé son roman ? si vous êtes un écrivain en herbe n’espérez pas y trouver une recette
    Qu’est-ce qu’un personnage proustien ? ( Il y en a 800 quand même !) et les personnages de Proust ont-ils vieilli ?  Ça je vous laisse deviner

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    B de Fallois nous invite à prendre du recul, à regarder cette fichue cathédrale (ça c’est Proust qui le dit) de plus loin pour mieux la voir, pour apercevoir certaines formes invisibles de près. Pour voir aussi comment tout ça tient ensemble.
    Ici pas de glose universitaire, pas d’analyse philosophico machin à la Enthoven, non simplement sept thèmes déclinés qui nous font découvrir l’extraordinaire originalité de l’oeuvre.
    J’ai eu plutôt l’impression d’entendre une causerie (suggestion : en faire un livre audio) avec l’envie de poser une question parfois. Le langage est à la portée de tous ce qui dénote le brio du conférencier et la maitrise totale de son sujet.

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    De Fallois est d’une ironie mordante envers ceux qui ont cru un jour « être débarrassé de Proust » ( voilà une raison de plus pour moi de ne pas aimer Sartre)
    Une étude rajoutée : Lecteurs de Proust étude qui fait le point sur l’accueil, le passage à vide et la redécouverte de l’oeuvre.
    Bernard de Fallois a été celui qui a édité Jean Santeuil et le Contre Sainte-Beuve, qui à l’époque   dormaient dans un garde-meubles, il est aussi celui qui a fait entrer la Recherche au Livre de Poche. Joli CV non ? 

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    Une leçon de lecture faite par un passeur et un guide incomparable. Jamais le lecteur ne se sent exclu par un savant qui tente de vous en mettre plein la vue avec SON savoir sur Proust. Il a une forme d’humilité qui le rend fort sympathique et parfaitement lisible.
    Bernard de Fallois n’hésite pas à insérer beaucoup d’extraits de la Recherche à l’appui de ses arguments.
    Ce volume vient compléter L’Introduction à la Recherche qui a été publiée il y a quelques mois. Ce qui est certain c’est qu’après ces sept conférences je lirai cette Introduction. 

     

    En bonne admiratrice et lectrice de la Recherche j’ai déjà quelques livres dans ma bibliothèque, certains m’enchantent ( Citati et sa colombe ou la bio de Maurois )  d’autres m’ont déçu (le dico d’Enthoven par exemple) 

    Pour que j’ajoute ce livre là sur mes rayons il a fallu qu’il soit très très convainquant.

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    Le livre : Sept conférences sur Marcel Proust - Bernard de Fallois - Editions de Fallois

  • Factfulness - Hans Rösling

    Lors d’une conférence Hans Rosling médecin suédois spécialiste en santé publique, conseiller à l’OMS et à l’UNICEF, se rend compte que la grande majorité des gens ne connait pas le monde dans lequel nous vivons.

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    Il va alors s’intéresser aux idées fausses et mettre au point un questionnaire. Au début de ses conférences il demande aux participants d’y répondre.
    Un questionnaire de 13 questions posées à 12 000 personnes de toutes conditions réparties dans 14 pays riches. 

    Le score moyen est de 3 bonnes réponses, 15 % des personnes ont eu un score nul, 1 seule a obtenu 12/13.
    Cette ignorance n’est pas liée à l’éducation des personnes, à leur niveau d’études, à leur formation professionnelle. 
    Elle touche tout le monde, tous les milieux professionnels, du mécanicien au Prix Nobel ! 

    On peut même dire que parfois les plus formés, les plus haut situés dans l’échelle sociale font un moins bon score que ..…des chimpanzés donnant les réponses au hasard.

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    Ce qui est marquant c’est que majoritairement les réponses sont fausses mais en plus elle sont très pessimistes.
    Vous allez dire tout ça c’est la faute des médias qui toujours mettent l’accent sur ce qui va mal 
    Mais alors pourquoi ceux qu’on juge manipulateurs : journalistes et hommes politiques en tête, donnent ils eux aussi des réponses pessimistes ?

    Pourquoi sommes nous pessimistes ? Cela tient aussi à nos gènes, de ceux qui nous faisaient nous cacher à l’approche d’un lion, être pessimiste peut permettre d’anticiper le danger et donc de se protéger.danger.jpg

    Vous allez me dire, on est pessimiste et alors ? 
    Danger nous dit Hans Rosling car si quand nous étions petit homme dans la savane avec une sagaie il était important de se méfier de tout, aujourd’hui augmenter les risques et dramatiser une situation peut conduire à des prises de décisions catastrophiques, demandez à Roselyne Bachelot son expérience sur les risques de la grippe H1N1 !!

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    Rosling pose ses questions sur une multitude de sujets concernant la démographie, l’évolution socio-économique du monde, la mortalité, la natalité, les niveaux de revenus. Mais aussi l’accès à l’électricité, à l’eau potable, la vaccination etc...
    Il pose ses questions, vous explique pourquoi vous choisissez une réponse fausse alors qu’à priori vous n’êtes pas idiot.

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    Mais vous avez suivi la tendance que l’on a tous à diviser le monde en deux pôles : il y a « eux » et il y a « nous » , n’avez vous jamais entendu ou pensé : les africains ne parviendront jamais à la démocratie…. L’Inde ne parviendra jamais à réguler sa natalité...

    A la fin de chaque chapitre un petit vade-mecum pour vous éviter de tomber dans le piège du catastrophisme mais aussi de faire un choix parmi les points que vous voudriez privilégier et peut être d’y réfléchir ….par exemple avant de voter ou de choisir une cause à défendre. 

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    Hans Rosling décortique neuf de nos instincts qui noircissent systématiquement nos analyses 
    L’instinct du fossé, la propension à la généralisation, la volonté de blâmer et de trouver un responsable, l’instinct dramatique ou négatif, la peur bien sûr, l’instinct de l’urgence mais aussi la taille ou l’instinct de la destiné. Nous sommes mus par cela et c’est bon de le savoir.

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    Une fois la démystification réalisée on peut regarder le monde autrement qu’à travers le prisme des guerres, des catastrophes naturelles, de l’extinction des espèces, de la pauvreté. 
    Le monde a progressé et pour qu’il progresse encore il importe que les décisions reposent sur des faits avérés, des données fiables et non sur notre pessimisme habituel.

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    Les choses vont mieux que nous le pensons, quand on affirme ça il y a une petite voix qui dit : alors on ne fait plus rien ?Les réponses à certains problèmes doivent tenir compte de la situation réelle, des faits et pas de nos réflexes immédiats.

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    Je ne vous en dit pas plus parce que ce livre mérite vraiment d’être lu et j’ajoute qu’après votre lecture peut être comme moi désirerez vous le faire lire aux jeunes adultes autour de vous, aux étudiants que vous côtoyez.

    Ah dernière chose : au questionnaire j’ai obtenu 6 réponses justes sur 13 mais en réalité plutôt 5 car à une question j’ai répondu au hasard comme un chimpanzé en somme, c’est moins pire que certains mais c’est pas reluisant !!  J'ai donné des réponses fausses sur les sujets santé que je pensais maitriser par exemple.
    Ce qui me rassure c’est que certains prix Nobel ont fait pire.

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    Le livre :  Factfulness - Hans Rosling - traduit par Pierre Vesperini - Editions Flammarion