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Littérature française et francophone

  • Camus et la Kabylie

    Quand la période pour moi n’est pas propice à des lectures récentes, à des lectures un rien trop légères pour me satisfaire, je me tourne vers les livres de ma bibliothèque ou pour le dire comme Marie vers un  livre-chevalier. Et souvent je fais bonne pioche.

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    « Des villages groupés autour de points naturels et vivant chacun de sa vie propre. Des hommes vêtus d’étoffes blanches et longues, dont les gestes précis et simples se détachent sur le ciel toujours bleu. Les petits chemins bordés de figuiers de Barbarie, d’oliviers, de caroubiers et de jujubiers. On y croise des hommes avec des ânes chargés d’olives. Les visages sont bruns et les yeux clairs. (…) La Grèce ? non, la Kabylie» (1)

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    « Par un petit matin, j’ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens kabyles le contenu d’une poubelle. » (2)

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    « Là nous regardions la nuit tombée. Et à cette heure où l’ombre qui descend des montagnes sur cette terre splendide apporte une détente au cœur de l’homme le plus endurci, je savais pourtant qu’il n’y avait pas de paix pour ceux qui, de l’autre côté de la vallée, se réunissaient autour d’une galette de mauvaise orge.
    Je savais aussi qu’il y aurait eu de la douceur à s’abandonner à ce soir si surprenant et si grandiose, mais que cette misère dont les feux rougeoyaient en face de nous mettait comme un interdit sur la beauté du monde 
    » (2)

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    Les livres :
    Carnets I – Albert Camus – Editions Folio Gallimard (1)
    Œuvres -Albert Camus – Gallimard Quarto (2)

  • Soufflons des bougies

    J ‘aime les anniversaires alors fêter cinq cents ans c’était pour moi.

    ronsard

    « La vallée du Loir est l’un des secrets français les mieux gardés.

    ronsard

    Un ancrage paysan, des villages charmants sans tonitruance, une douceur générale relevant de l’art de vivre, des bois giboyeux, des cavités pour y cacher des secrets dans le tuf, et la présence continuée depuis cinq cents ans d’un prince, Pierre de Ronsard. »

    ronsard

    La Possonière une des demeures de Ronsard

    Si vous aimez lire de la poésie ce livre va vous aller comme un gant.

    Vous découvrirez peut-être comme moi que Ronsard a honoré sa terre d’élection, mais aussi la douleur, le temps qui passe :

    « Nous ne tenon en nostre main / Le futur ni le lendemain »

    ronsard

    Un Ronsard protecteur des arbres et amoureux de la nature :

    « Escoute bucheron, arreste un peu le bras !
    Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas
    Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoute à force
    Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ? »

    ronsard

    « Je n’avais pas quinze ans que les monts et les bois / Et les eaux me plaisoient plus que la cour des Rois »

    Un poète qui annonce La Fontaine en chantant l’araignée, la grenouille, l’hirondelle ….mais aussi ses amours comme La Fontaine

    ronsard

    Ronsard et Du Bellay

    « J’aime à faire l’amour, j’aime à parler aux femmes,
     A mettre par escrit mes amoureuses flammes,
     J’aime le bal, la dance et les masques aussi,
     La musique, et le luth, ennemis du souci. »  

    Comparez 

    « J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,
    La ville et la campagne, enfin tout ;
    Il n’est rien qui ne me soit souverain bien
    Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. »

    Tout comme Ronsard, Franck Maubert a longuement arpenté le pays,

    ronsard

    « Je parcours son pays, pour ainsi dire, main dans la main avec le poète ».

    « Lorsque je marche le long du Loir, aux mêmes endroits que lui, je ressens ce que Ronsard a ressenti. J’ai beaucoup écrit sur la nature, où j’aime à me promener. »

    ronsard

    C’est l’occasion de relire les poètes de la Pléiade, oui ce n’est pas qu’une collection de bouquins écrits tout petit, et en particulier Du Bellay que j’aime énormément.

    Un livre plein de charme pour entamer l’automne qui vient.

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    Le livre : Avec Pierre Ronsard – Franck Maubert – Éditions Mercure de France

  • Un Tableau un livre Poussin et la peste

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    « Toute la composition semble conçue pour que l’œil y découvre des détails, des perspectives apparemment secondaires : les deux personnages sur l’escalier à droite, les bâtiments et l’arbre formant paysage dans l’angle supérieur droit.

    Les figures du premier plan sont pour ainsi dire figées : l’œil passe instinctivement au-delà vers les fonds, les détails latéraux. »

     

    Le Livre : Au jour le jour - Paul de Roux - Editions Le Temps qu’il fait
    Le Tableau : La peste d’Astod – Nicolas Poussin – Musée du Louvre

  • Sur la lune

    Où étiez-vous le 20 juillet 1969 ?

    Moi je me souviens. J’étais infirmière et de garde en chirurgie à l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon.

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    Je me souviens de façon précise avoir fait une pause pour écouter l’annonce à la radio, un homme avait marché sur la lune.

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    « Une nuit, celle du 20 juillet 1969, sur la terrasse de la maison, en observant à la jumelle une pleine lune si proche de la Terre qu’on en voyait tous les reliefs, nous écoutions sur le transistor le récit des premiers pas de l’homme sur la lune.

    On pouvait cette nuit-là, en y glissant un brin d’imagination, presque distinguer le vaisseau spatial et l’homme en blanc.

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    (…) Comme ce souvenir est vif ! Et combien sont présents en moi ceux en compagnie desquels je me trouvais cette nuit-là. »

     

    Et par ricochet je vous propose la version espagnole de l’évènement :

     

    « Je suis couché sur le lit (…) avec entre les mains un livre ouvert Voyage au centre de la terre, lu de si nombreuses fois que j’en sais par cœur des passages entiers. (…)

    Apollo XI a décollé il y a exactement deux heures et dans 45 minutes rompra avec son orbite circulaire autour de la terre. (…)

    A la cent deuxième heure, exactement, le module lunaire se posera dans cette plaine que l’on appelle mer de la tranquillité »

     

    Les livres :

    Chemins de Traverse – Edith de La Héronnière – Éditions Klincksieck
    Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon - Éditions du Seuil

  • Lieux d'enfance

    Où s’est déroulée votre enfance ? ce lieu, cette région ou même ce pays vous a sans doute marqué.

     

    Parfois ce lieu change comme le pays de Barry Lopez qu’il ne reconnaît plus et il s’interroge

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    « Que restera-t-il à mes enfants ? »

    « Enfant j’ai grandi dans la vallée de San Fernando en Californie. »

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    « A Chaque fois que je marche avec un enfant je pense à tout ce que j’ai vu disparaître au cours de ma propre vie. »

    « Le chant aigu du troglodyte des forêts, le parfum entêtant de la propolis sous le vent des saules, la brillance des copeaux éparpillés par les castors »

     

    Vous êtes peut-être une ou un exilé comme l’enfant caché tentant d’échapper à un destin presque écrit. Que serait-il advenu si aucun pays ne vous avait accueilli ? s’il jamais personne n’avait accueilli G.A Goldschmidt fuyant le nazisme.

     

    « La mémoire ainsi se fait de coups de vents soudains qui font onduler l’herbe haute et se froisser les feuillages des grands hêtres qui semblent étirer les branchages, les faire se heurter. On dirait alors la grande rumeur de ces vents de mer qui passent sur le jardin. »

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    « Plus les lieux se faisaient familiers, plus nombreux se faisaient ceux où nous n’allions plus, la piscine de plein air avec ses planchers gris, le jardin municipal où on n’avait plus le droit de s’asseoir. »

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    « Ce jour-là le charbonnier qui portait un béret distribuait sur le pas de sa porte de grandes cartes de l’Allemagne cartonnées (...) Il en donnait une à chacun, je m’approchais un des derniers et il me dit :
    « Du bekommst keine du bist keine Deutscher » « Toi tu n’en auras pas tu n’es pas un allemand.»

     

    Les livres :

    A ciel ouvert – Barry Lopez – Traduit par Jacques Mailhos – Éditions Gallmeister

    Une langue pour abri - Georges-Arthur Goldschmidt – Éditions Créaphis

     

     

     

  • Bribes flaubertiennes

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    Croisset

    « Voilà un lieu dont le nom ne serait connu de personne s’il n’avait constitué trente-cinq années durant le nid du maître.

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    Contrairement à l’expression inventée post mortem par un cuistre, Gustave ne fut jamais l’ermite de Croisset car il partait souvent en villégiature, en voyage, et, à partir des années 1850, il passa chaque hiver plusieurs mois à Paris »

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    Croisset Le Gueuloir

    « Quand les Prussiens envahirent Croisset en novembre 1870, Gustave s’enfuit à Rouen avec sa mère, non sans avoir auparavant enfoui dans le jardin des manuscrits et des lettres qu’il déterra intacts à son retour. Pendant son absence, quarante soldats prussiens s’entassèrent dans la maison. Quand après leur départ il réintégra les lieux, il fut surpris qu’ils n’eussent pas dérangé l’ordre du cabinet ni de la maison tout entière »

    Le Livre : Dictionnaire amoureux de Flaubert – Régis Jauffret- Éditions Plon