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  • Enfance Adolescence Jeunesse - Leon Tolstoï

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    Isaac Levitan Les bouleaux

    Voilà un livre qui enchante à la fois par sa grâce, sa sensibilité et par l’intérêt qu’il présente de nous montrer le futur grand écrivain à ses débuts.

    Les trois volets de ces récits sont parus étalés dans le temps, une chose domine c’est la sensibilité de l’auteur. Les récits de la petite enfance sont les meilleurs à mon goût. Véritable journal intime dans lequel les scènes sont touchantes. Les portraits tiennent beaucoup de son entourage même si l’on ne peut pas reconnaitre les membres de la famille derrière les récits. 

    Ce qui fait le grand charme c’est la capacité d’évocation de Tolstoï qu’on retrouvera dans Guerre et Paix ou dans Anna Karénine. C’est la société russe qui est dépeinte, la vie à la campagne, les portraits des domestiques et de la famille, la joie de profiter de la nature environnante.

    Tolstoï fut un grand sensuel et on le trouve ici amoureux du son des cloches, des odeurs du foin, des arbres d’Iasnaïa Poliana , il y a une réelle vibration dans ces pages.

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    Les bois d'Iasnaïa Poliana et la tombe de Tolstoï

    Dans Adolescence le ton change. Tolstoï dit s’imposer des règles de vie, habitude qu’il aura toute sa vie. Des désillusions arrivent. La noblesse est oisive et s’adonne à des plaisirs faciles et le jeune homme s’interroge sur l’argent, le désir de gloire.

    Tolstoï a vingt trois ans quand il écrit le début de ses souvenirs d’enfance. Le récit va lui donner du fil à retordre et il devra corriger, élaguer, dans son journal il dit «  Il faut supprimer sans pitié tous les passages peu clairs, mal placés, trop longs, en un mot peu satisfaisants, même s’ils sont en eux-mêmes valables. »

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    Tolstoï jeune

    C’est Tolstoï l’apprenti écrivain à ses débuts. Il y a quelques longueurs ou des récits un peu en surnombre et des répétitions mais le plaisir l’emporte largement.

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    Isaac Levitan Le manoir

    Dans Jeunesse il y a un chapitre magnifique qui déjà montre le grand écrivain 

    « La plupart du temps je me levais de bonne heure. Je m’habillais rapidement, prenais sous mon bras une serviette et un roman français, et m’en allais me baigner dans la rivière, à l’ombre d’un bosquet de bouleaux, à quelques cinq cents mètres du manoir.

    Une fois là, je me couchais dans l’herbe et je lisais. Parfois j’abandonnais mon livre pour observer la surface de l’eau qui se couvrait de taches violettes aux endroits situés dans l’ombre, et commençait à frémir sous la caresse de la brise matinale; ou bien le champ de seigle mûrissant, sur l’autre rive; les parties basses des troncs blancs des bouleaux, colorés en rouge par le soleil »

    Un classique dont le charme ne s’épuise pas 

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    Le livre : Enfance Adolescence Jeunesse - Leon Tolstoï - Editions Cercle du bibliophile ou en folio 

  • Tolstoï ou Dostoïevski - George Steiner

    Entre les deux mon coeur balance

     

    « Demandez à un homme si il préfère Tolstoï ou Dostoievski et vous connaitrez le secret de son coeur »

     

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    J’ai commencé très tôt (trop tôt ?) à lire les écrivains russes, vers douze ans j’ai mis la main sur Anna Karénine et mon coeur s’est arrêté de battre. 

    Et puis plus tard j’ai lu Dostoïevski et les livres se sont enchainés. 

    Aujourd’hui je suis totalement incapable de trancher entrer ces deux monstres de la littérature mondiale, je les aime, peut être pour de mauvaises raisons mais qu’importe je ne pourrais pas supprimer leurs livres de ma bibliothèque ni savoir que je ne les relirai jamais.

    Mais vrai bien sûr qu’ils sont aux antipodes l’un de l’autre ces deux géants.

    Dominique Fernandez a tranché, lui c’est Tolstoï, et bien que George Steiner affirme « Chaque lecteur choisi l’un plutôt que l’autre » je n’ai jamais vraiment tranché.

     

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    Aussi tout naturellement ce livre m’a passionné car nous dit l’auteur il y a

     

    « Trois très grands moments dans la littérature : le moment grec avec Homère, le moment Shakespearien et le moment russe ».

     

    George Steiner fait donc ainsi l’analyse des romans des deux auteurs majeurs de la littérature russe. Il ne fait pas l’impasse sur les faiblesses de ces deux monstres de la littérature.

    Surtout il replace leurs oeuvres dans l’histoire du roman, ainsi il nous fait voyager de Mme de La Fayette à Balzac, de la critique autour de Madame Bovary ou des romans de Stendhal. Des correspondances entres les géants du roman. 

    Pour Steiner c’est certain les russes sont les meilleurs 

     

    « Qu’il me soit donc permis d’affirmer mon inébranlable conviction que Tolstoï et Dostoïevski sont les plus grands des romanciers. Ils excellent dans l’ampleur de la vision et dans la forme d’exécution » 

     

    C’est passionnant de bout en bout, les comparaisons avec les autres grands du roman au XIX ème siècle, les particularités de chacun des romanciers, une analyse longue et complète du début d’Anna Karénine et une belle étude de l’Idiot, de celles qui vous donne immédiatement l’envie de rouvrir ces livres là.

    Il les renvoie dos à dos : Tolstoï qu’il apparente à Homère et Dostoïevski qui trouve sa parenté chez les grands auteurs du théâtre tragique. Il voit en eux deux conceptions de la religion, l’un étant fasciné par le mal, l’autre persuadé que l’on peut réformer l’homme.

     

    Une façon passionnante de comprendre le roman russe et de s’y replonger avec délectation

     

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    Le Livre : Tolstoï ou Dostoïevski - George Steiner - Editions 10/18

  • Tolstoï le pas de l'ogre - Christiane Rancé

     Un ogre russe 

     

    « Tout est énorme chez lui, le nez, les oreilles, les mains, les pieds, et l'ivresse de lui-même. »

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                     Tolstoï, le dernier automne : Photos du film © Kinovista 

     

    Oui oui je sais je vous ai déjà proposé un excellent livre sur Tolstoï, mais le talent a de multiples facettes et le bonheur de lire aussi.

    Ici pas de vraie biographie mais de simples rappels sous formes de tableaux rapides des moments clés de la vie de Leon Tolstoï. 

    Ce qui importe à l’auteur de ce livre c’est de comprendre l’homme Tolstoï au delà de l’écrivain. Comprendre ses contradictions, ses outrances, ses éclairs de génie. 

    Tolstoï l’aristo, le boulimique de lecture, il faut dire qu’il eu à sa disposition une bibliothèque de plus de 10 000 volumes ! car comme le dit Christiane Rancé tout est énorme chez lui.

     

    A « 30 ans il a déjà fait la guerre en Crimée, écrit, voyagé et lu » il ne lui manquait qu’une épouse... On sait la suite.

     

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    Le bureau de Tolstoï – Sergueï Prokoudine-Gorsky © Bibliothèque du Congrès Whashington

     

    Mais vient après le mariage et les enfants, vient l’inexplicable, l’angoisse, la peur, le doute, les tourments existentiels. C’est dans cet aspect que Christiane Rancé donne le meilleur pour montrer l’homme engoncé dans ses contradictions, dépassé par les affres de l’angoisse, la peur du néant.

    Tolstoï n’était pas un esprit religieux et pourtant le paradoxe fut que « son esprit était dévoré par l'attente de Dieu. », il devient végétarien, il refuse tout luxe,  il connait les nuits de doute et son attente le conduira à fuir femme et enfants pour finir sa vie à Astapovo.

     

    Même si le parcours de l’homme est connu, le livre de Christiane Rancé se lit avec intérêt. Elle ne fait pas l’impasse sur les répercutions pour la famille Tolstoï qui souffrit beaucoup. Elle nous montre un homme qui :

     

    « se stérilisait, s'éteignait à lui-même, se reniait... Alors qu'il produit ensuite Résurrection, La Mort d'Ivan Ilitch, et ce dernier texte sublime, écrit presque à l'insu de son entourage, Hadji Mourat, une ode à la vie et à la liberté éblouissante, où absolument rien n'est renié. »

     

    Elle dit :  « Je voulais réconcilier ces deux Tolstoï qu'on disait incompatibles, et en dégager la clé d'une quête métaphysique »

     

    Un livre court, riche, écrit avec élégance pour amateur de littérature russe.

     

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    A la question

    « Quels sont pour vous les trois plus grands romans jamais écrits ? », William Faulkner répondit sans hésiter : « Anna Karénine ! Anna Karénine ! Anna Karénine ! » 

     

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    Le livre : Tolstoï le pas de l’ogre - Christiane Rancé - Editions du seuil et Points seuil

  • Résurrection - Leon Tolstoï

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    le film des frères Taviani 

     

    Le troisième et dernier des grands romans de TolstoÏ, Résurrection, est un peu son testament.

    L’histoire que raconte l'écrivain est inspirée d’un fait réel. 

    Katioucha Maslova est une jeune fille élevée par ses tantes, jeune fille séduite et abandonnée, elle a donné naissance à un enfant qui est mort aussitôt. La seule voie qui s’ouvre est la prostitution. Lors d’une sordide affaire de mort violente, elle est arrêtée puis condamnée au bagne. Dans le jury de ce procès il y a le prince Dimitri Nekhlioudov qui n’est autre que celui qui l’a jadis séduite et abandonnée. 

    Sur la voie de la rédemption Dimitri va tenter de soustraire Katioucha à une sentence trop dure, puis va tenter par tous les moyens de se faire pardonner et de l’aider à survivre pendant le long voyage vers la Sibérie.

     

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    Aleksander Sochaczewski

    Rédemption, tel est le thème du roman, pour le prince il importe de mettre en adéquation sa foi et ses actes et ses idées. Il est évident que Tolstoï apparait fortement en filigrane de ce personnage. La quête difficile du prince vers un pardon espéré, vers une libération spirituelle est émouvant, il est honteux de son comportement et est prêt à tout abandonner. Est-ce la bonne façon d’obtenir le pardon ? est-ce suffisant ? 

     

    Certes certains passages sont un peu trop lyriques et emphatiques à mon goût mais j’ai pris un vrai plaisir à la lecture de ce roman, le style est celui de Tolstoï et ça on ne s’en lasse pas, il peut en quelques lignes vous transporter : la scène la plus forte et la plus splendide se déroule durant la fête de Pâques et est magnifiquement évoquée.

    Sa remise en cause d’un certain ordre social, son interrogation sur les privilèges de la noblesse, ses descriptions de l’univers carcéral, des conditions de la mise en oeuvre de la justice sont terrifiantes et expliquent les difficultés qu’il a eu à publier son roman. L’Eglise orthodoxe y a vu blasphème et profanation, moi j’y vois la quête inlassable d’un homme après ses idéaux.

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    Cela m’a rappeler le Tchékhov de l’île de Sakhaline. Il y a dans ce roman un souci d’authenticité très fort qui le rend extrêmement attachant. Un grand roman qui vaut d’être découvert.

     

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    Le Livre : Résurrection - Léon Tolstoï - Traduit par - Gallimard Pléiade

  • La Femme d'un génie

    Depuis plusieurs mois je vagabonde ene Russie, l’écoute de Maître et serviteur, le témoignage de Tatiana Tolstoï ou l’hommage appuyé de Dominique Fernandez, il me restait à lire Sofia Tolstoï, qui mieux qu’elle pouvait restituer cette époque, le domaine Iasnaïa Poliana, la vie du créateur d’Anna Karénine ?

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    Le personnage très contreversé de Sofia Tolstoï m’attirait, était-elle une femme hystérique, jalouse et frustrée, ou bien la victime d’un homme violent, impatient, en proie aux tourments de l’âme ?
    Pour le savoir j’ai entamé un de mes pavés de l’été,  je vous propose de partager cette lecture avec moi.
    Pour une jeune fille de l’aristocratie russe, fille d’un des médecins du Tsar, se retrouver à 18 ans avec la charge d’un domaine, le choc est rude, mais Sofia Tolstoï est capable d’y faire face.

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    Sofia en 1866 avec Tatiana et Sergueï


    Quand en même temps elle découvre les exigences sexuelles de son mari et doit vivre continuellement soit enceinte soit en train d’allaiter, la réalité est alors brutale pour une jeune fille élevée bien loin de ces réalités.
    En vingt ans Sofia Tolstoï mettra au monde 13 enfants et en verra mourir 4, durant toutes ces années le soin des enfants, la surveillance de leur santé, le souci de leur éducation lui reviendront entièrement et sa vie sera rythmée par les grossesses, les accouchements, le sevrage et fausses couches.

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    Iasnaïa Poliana en hiver


    Léon Tolstoï aime son domaine d’Iasnaïa Poliana mais en laisse la gestion à sa femme. C’est une toute jeune femme, cultivée,  qui parle parfaitement le français et qui a lu « toute la littérature russe et (..) toute la littérature étrangère traduite en russe. »
    Elle va devoir mettre de côté ses rêves et se colleter avec la vie quotidienne.
    Pendant des années, jusqu’à ce que les études des enfants nécessitent de vivre à Moscou, Sofia Tolstoï va mener une vie frustrante 
    « Parfois, l'idée d'être irrémédiablement enfermée dans cette vie campagnarde dont je n'avais pas l'habitude m'oppressait terriblement. J'avais envie de bouger, de m'amuser, de trouver à quoi employer mes jeunes forces. ».


    Sa vie tourne totalement autour de son époux, elle l’admire, l’assiste, recopie indéfiniment ses manuscrits, sept fois le manuscrit de Guerre et Paix !! et à l’instar de Anna  Dostoïevskaïa, elle s’occupera de l’édition de ses oeuvres.
    Les années de création sont les années ou totalement dévouée et heureuse de participer à la naissance des grands romans de l’écrivain, Sofia Tolstoï est heureuse. Elle suit les conseils de lecture du grand homme, fait la lecture à haute voix à ses enfants, lit les classiques et les philosophes.

    Elle est bien entendu l’hôtesse accueillante mais ce rôle là finira par peser quand se fera interminable le défilé des admirateurs.
    Elle trouve peu de compréhension auprès de son mari et surtout aucune reconnaissance :

    « Comme je l'aimais, toute ma vie je fus mue par ce désir ardent de lui être utile, de lui plaire en tout. Oui, toute ma vie fut subordonnée à ce désir. Comment y répondait-il ? Eh bien, il devenait de plus en plus exigeant sans jamais m'encourager par son affection ni sa gratitude pour ce que je lui donnais. Je sentis toujours sa sévérité ».
    D’épouse craintive et soumise, elle va petit à petit se transformer en femme frustrée et les dernières années de la vie du couple seront totalement empreintes de mésentente et de déchirements.

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    Elle copia 7 fois le manuscrit de Guerre et Paix

    Sofia Tolstoï écrivain sait raconter la vie quotidienne avec une belle vivacité, on voit vivre la maisonnée, grandir les enfants, on découvre sa famille, les amis, les divertissements. Elle peint avec beaucoup de bonheur la nature, le domaine, les bois, les rivières, les étangs gelés, la cueillette des baies, les courses de charrettes. Elle aime la compagnie de certains visiteurs, elle rencontra à plusieurs reprises Tourgueniev. A Moscou près de sa famille la vie est plus conforme à ses attentes

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    La maison des Tolstoï à Moscou


    Tout au long de cette autobiographie on entend la sincérité dans la voix de Sofia Tolstoï, elle brosse le portrait d’un homme de génie mais humainement en proie aux tourments, perpétuellement exigeant, prônant l’abstinence mais d’une sexualité débridée, jamais satisfait, en proie à des tocades passagères (l’apiculture, les cures de lait de jument, les échecs, la cordonnerie, la chasse) dont tout son entourage fait les frais.

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    « Lorsque ses entreprises se soldaient par un échec, ce qui arrivait assez souvent, Lev Nikolaïevitch sombrait dans le désespoire et affichait une humeur maussade. »
    Lorsqu’il veut, au nom de ses convictions, abandonner ses droits d’auteur, c’est sans se soucier des besoins de sa famille.

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    Une fois ce livre fermé, mon admiration pour l’écrivain Tolstoï n’a pas changé mais l’homme ne sort pas grandi de ces pages.
    Pourtant en écho tout au long l’amour et l’admiration de Sofia Tolstoï s’y répand, envers et contre tout.
    Si vous aimez la Russie, la littérature russe, si vous aimez Tolstoï, faites une place à ce livre dans votre bibliothèque.


    La chronique d'Un livre l'autre

    Les illustrations du billet proviennent de Tolstoï Salon

    Le livre : Ma vie - Sofia Tolstoï - Traduit et préfacé par Luba Jurgenson - Editions des Syrtes 2010



  • Avec Tolstoï - Dominique Fernandez

    avectolstoi.gifAvec Tolstoï - Dominique Fernandez - Editions Grasset
    Passion Russie, c’est ainsi que j’aurais pu intituler ce billet,  c’est Dominique Fernandez qui nous invite auprès du
    "plus puissant romancier de tous les temps". Sa lecture à 15 ans de Guerre et Paix l’a laissé à jamais amoureux de la Russie et de Tolstoï " un Zola, aussi puissant mais mille fois plus artiste, qui aurait trempé sa plume dans l'encre de Flaubert..."
    Dominique Fernandez, sans faire oeuvre de biographe, il revient sur différents épisodes de la vie de l’écrivain, sa jeunesse libertine, son mariage et ses malentendus, sa révolte contre la richesse, celle d’un homme qui se reproche sans cesse de " mener une vie contraire à ses idées " et nous fait bien sentir le contraste violent entre sa vie réelle et sa soif d’absolu.
    Il revient en détail sur les romans et les nouvelles avec un grand talent pour nous les rendre proches, intelligibles, accessibles, en faire ressortir les détails, les particularités.
    Rien d’étonnant de consacrer de longues pages à Guerre et Paix, "le plus complet des romans jamais écrits"
    Quand on parle de littérature russe il est fréquent d’opposer Tolstoï et Dostoievski, Georges Steiner l’a fait avec érudition et brio, et Dominique Fernandez se livre aussi à l’exercice.
    Il trouve que Dostoievski est en permanence dans l’outrance alors que pour lui Tolstoï a "cette qualité unique dans la littérature romanesque de dire tout ce qui est et seulement ce qui est".

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    Guerre et Paix au cinéma


    Rien d’étonnant de consacrer de longues pages à Guerre et Paix, "le plus complet des romans jamais écrits"
    Il n’hésite pas à en dévoiler les faiblesses  (le livre IV) mais cela ne diminue en rien son admiration  "Je ne crois pas que, dans toute l'histoire de la littérature, on puisse trouver un autre écrivain qui ait placé ainsi sa confiance dans la force de ce qui est dit plutôt que dans la façon de le dire"
    Il aime la capacité de Tolstoï à nous rapprocher de ses personnages en quelques mots, sa facilité à parler comme eux et il nous fait partager cela dans plusieurs exemples par lesquels il nous montre que " Tolstoï lui seul s’assied tranquillement au gouvernail et raconte ce qui arrive, sans grossir les événements, sans dire plus que ce qui est, sans se mettre en valeur par des recherches d’écriture, sans chercher d’aucune façon à paraître original. Il reste de plain-pied avec la vie, avec les choses, avec nous ".

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    Greta Garbo la sublime



    Les pages consacrées à Anna Karénine sont passionnantes, il admire l’écriture " Il ne dépose jamais sa plume fine pour souligner au fusain. Il ne cherche pas à frapper, à retenir. Il nous éloigne peu à peu du rivage et, captivé par l’immensité de la haute mer dont le spectacle change sans cesse tout en demeurant le même, nous ne pensons plus au but du voyage "
    Fernandez présente aussi les écrits derniers, ceux où l’auteur devient un peu trop prédicateur aveuglé par ses tourments religieux et moraux.

    Depuis son roman sur la mort de Tchaïkovski et son Dictionnaire amoureux on connaît la passion de Dominique Fernandez pour la Russie et Tolstoï en particulier. J’aime beaucoup qu’on me parle de mes écrivains préférés, j’aime les lire bien entendu, mais j’apprécie également qu’un autre me les dévoile, me permette parfois de les lire autrement ou attire mon attention sur l’aspect d’une oeuvre que je n’ai pas su voir.
    Cet excellent livre est une belle réflexion sur la création littéraire et le cheminement qui va d’Homère à Tolstoï et des tragiques grecs à Dostoïevski.


    fernandez.jpgL’auteur
    Dominique Fernandez est né à Paris en 1929. Ecole Normale Supérieur, agrégation d'italien, doctorat ès-lettres. Il écrit régulièrement pour le Nouvel Observateur. Il a obtenu le prix Médicis en 1974.
    Il publie  L'Art de raconter en 2007 et Ramon la biographie de son père en 2009. ( source l’éditeur)

    Une interview de Dominique Fernandez

     

     

    Les livres dans le livre
    Tolstoï ou Dostoïevski - Georges Steine - 10/18
    Tolstoï - Henri Troyat - Fayard
    La délivrance de Tolstoï - Yvan Bounine - Editions de l'oeuvre
    Guerre et Paix
    Anna Karénine
    Maître et serviteur

    Le Père Serge
    Résurrection