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Biographie Correspondance journaux

  • Les Nuits étoilées de Vincent Van Gogh - Jean-Pierre Luminet

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    Autoportrait

    Jean-Pierre Luminet est astrophysicien ET amateur inconditionnel de Van Gogh.
    Quand vous mettez en parallèle une passion et un savoir scientifique il peut en naitre un livre qui devrait faire la joie des fans d’astronomie ET de peinture.

    JP Luminet est fidèle à Van Gogh depuis près de trente ans. Pas question pour lui de produire une énième biographie, non, il va croiser tout simplement (enfin simplement est un doux euphémisme) les tableaux de l’artiste et son savoir du ciel.

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    Si vous n’avez pas en tête les nuits étoilées de Van Gogh je vous invite à aller les voir de plus près.

    Vous aurez des visions du ciel, des reproductions des tableaux nocturnes de Van Gogh. C’est splendide.
    Le ciel est envisagé sous toutes ses formes, l’immensité, la noirceur, la profondeur.

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    Ces tableaux ont été faits à Saint Rémy de Provence ou plutôt dans l’établissement de Saint-Paul-de-Mausole où le peintre était soigné.

    En Provence Van Gogh peint intensément, il dit « Souvent il me semble que la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour »

    Les autres tableaux ont été réalisés à Auvers-sur-Oise où s’écoulèrent ses derniers jours.
    Toutes ces toiles furent peintes entre février 1888 et mai 1890.

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    Van Gogh voulait découvrir la lumière et les couleurs du Sud, se furent des mois de création intense mais aussi de souffrance et d’épuisement.

    Il est fasciné par la nuit « Souvent il me semble que la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour »

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    Ces toiles nocturnes extraordinaires étaient-elles dues à un goût particulier du peintre pour l’astronomie ? une sorte de folie créatrice ? un état mental malmené ?

    Dans ses lettres Vincent Van Gogh exprime son envie de « peindre d'après nature une nuit étoilée »

    C’est presque une obsession :

    « J'ai un besoin terrible – dirai-je le mot – de religion, alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles. »

    « Mais quand donc ferai-je le ciel étoilé, ce tableau qui toujours me préoccupe ? »

    Dans ce livre JP Luminet a sélectionné une dizaine d’œuvres de Van Gogh.
    Intrigué par le travail d’un américain sur le sujet, il fait des recherches pour trouver une concordance entre le ciel provençal au temps de Van Gogh et les tableaux.
    Recherche rendant alors possible une datation précise des oeuvres.

    Le scientifique se met au travail, sort ses instruments miraculeux, fait des calculs, examine les ciels aux dates supposées.
    En bon provençal, JP Luminet se rend sur les lieux mêmes.

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    Devant le café La Terrasse à Arles, sur les berges du Rhône en pensant à la première grande nuit peinte Nuit étoilée, Arles 1888.

    Il replace « l'étoile du matin » où il faut « Ainsi je me plais souvent à imaginer Vincent parcourant la campagne provençale aux heures magiques de l'aube ou du crépuscule, entre chien et loup, chevalet sur le dos, la tête emplie de tourbillons célestes. »

    En septembre 1888, Vincent réalise une première toile de nuit étoilée servant de fond au portrait de son ami Eugène Boch.

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    « Je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je-ne-sais quoi d'éternel ».

     « Je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense, que je puisse confectionner, et par cette simple combinaison la tête blonde éclairée sur ce fond obtient un effet mystérieux comme l'étoile dans l'azur profond ».

    Le tableau Nuit étoilée sur le Rhône représente un ciel ample
    « La ville est bleue et violette, le gaz est jaune et ses reflets sont or roux et descendent jusqu'au bronze vert. Sur le champ bleu vert du ciel, la Grande Ourse a un scintillement vert et rose, dont la pâleur discrète contraste avec l'or brutal du gaz ».

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    Le scientifique parvient à reconstituer le ciel vu par Vincent dans cette nuit du 20 septembre 1888 et surprise : la correspondance entre la position des étoiles du tableau et la reconstitution est stupéfiante.

    Pour l’œuvre la plus célèbre la  Nuit étoilée  peinte de sa chambre à l'hospice Saint-Paul-de Mausole en 1889 où l'artiste est interné, il s'agit d'un paysage nocturne avec un ciel tourbillonnant, ce ciel est éclairé pour la lune et les étoiles.

    En 1995 JP Luminet dispose du logiciel astronomique Voyager qui lui permet de découvrir la date exacte où la nuit a eu une configuration très proche de celle peinte par Van Gogh.

    Ce fut le 25 mai 1889 à 4h 40 heure locale. La superposition entre la toile et le vrai ciel est frappante, ce n’est pas un hasard.
    Pour enrichir sa recherche JP Luminet relit la correspondance du peintre et se rend à Saint-Paul-de-Mausole, pour voir le paysage que Vincent voyait de sa chambre.

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    La conclusion est époustouflante : « La Nuit étoilée » de Vincent est composée d'éléments réels comme le positionnement des astres présents ce 25 mai au matin mais aussi de plusieurs composants qui sont imaginaires et qui s’inspirent sans doute des maîtres du paysage hollandais admirés par Vincent :  Ruysdael ou Van Goyen.

    Ainsi il dresse la carte d’un ciel qui fut sans doute celui de Vincent.

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    J’ai beaucoup aimé ce livre, un texte d’une grande sobriété, j’ai aimé voir le scientifique dialoguer avec l’artiste, faire des comparaisons, le voir hésiter ou frétiller à la pensée d’avoir résolu un mystère.

    L’auteur se transforme en enquêteur, mêlant son savoir d’observateur astronomique à sa passion pour la peinture de Van Gogh.
    C’est un dialogue entre la science et l'art et un voyage entre terre et ciel.

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    Le livre : Les Nuits étoilées de Vincent Van Gogh – Jean-Pierre Luminet – Éditions Seghers

  • Les Lettres d'A l'est d'Eden - John Steinbeck

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    J’ai lu il y a trois ans Jours de travail qui était le journal d’écriture des Raisins de la colère. J’avais beaucoup aimé ce livre j’ai donc tout naturellement lu le journal d’écriture d’A l’est d’Eden.

    Il faut malgré tout que je vous prévienne, si vous n’avez jamais lu les romans je vous déconseille de lire ces journaux. Non que ce ne serait pas intéressant mais c’est tellement plus prégnant après la lecture du roman.
    Outre que Steinbeck donne des détails qui casseraient un peu les surprises de lecture.

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    Pascal covici

    C’est parti
    Ces lettres sont destinées à son éditeur et ami Pascal Covici. Steinbeck joue franc jeu avec lui, ne lui épargne pas ses difficultés, mais l’associe à ses joies.
    Au fil des pages on voit naitre le roman et l’on en suit la génèse.

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    Ce livre lui a été inspiré par ses fils, il a muri le roman durant 3 ans avant de se lancer. Il est prêt :
    « La forme en sera étonnante, l’écriture maigre et décharnée, les concepts rugueux, la philosophie antique et en même temps à peine née »

    Le thème ? « L’histoire du bien et du mal, de la force et de la faiblesse, de l’amour et de la haine, de la beauté et de la laideur. »

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    John Steinbeck est quelqu’un qui doute, sera-t-il à la hauteur ?
    « Que je sois assez bon ou assez doué pour le faire reste encore une interrogation »
    Il tente donc de se rassurer « J’ai de l’expérience, je connais l’amour et j’ai connu la douleur »

    Il est à la fois optimiste et méfiant, son expérience des Raisins de la colère reste comme une épine plantée dans le cœur.
    Il a une forte ambition pour ce livre « Je veux faire celui-là comme si c’était le dernier »

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    Il s’installe, achète une nouvelle pipe, fait provision de crayons à papier d’une marque particulière, et il ne lésine pas les achetant pas dizaine !!

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    Il est temps de démarrer « Il faut que je me rende dans la vallée de Salinas »

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    Les Hamiltons entrent en scène : « je peux raconter ce que je veux à leur sujet parce qu’ils sont tous morts et qu’ils ne s’offusquent pas de la vérité »

    La famille Trask c’est autre chose « J’ai plongé dans l’histoire de leurs ancêtres. Je connais leur humeur et leurs pulsions peut-être mieux que les miennes »

    Je suis touchée et un peu dans l’incompréhension, comment un écrivain peut à ce point s’approprier des personnages ?

    L’auteur a une idée bien arrêtée de ce que sera son roman
    « C’est un roman à l’ancienne, Pat. Il atteindra l’effet qu’il recherche grâce à une accumulation et non grâce à de rapides épisodes à l’éclat fugitif »

    Qu’on se le dise ce roman va prendre son temps, et donc évidemment ce sera un pavé.
    Steinbeck explique le rythme de ses journées, ses jours de doute, ses jours de joie.
    Plus question de se jeter tête la première dans le récit.
    Il ne veut pas revivre la tension des Raisins de la colère « Je souhaite que ce soit un livre très lent et pas qu’il se mette à courir loin devant moi.»

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    Je suis toujours étonnée quand un auteur parle de son livre comme d’une chose qui lui échappe ! Pourtant Steinbeck parle de ses personnages comme s’ils n’émergeaient de rien grâce à l’histoire.
    Lorsqu’il reçoit l’état des lieux de la vente de ses livres, il est rassuré.

    Il redoute l’échec mais en fait il n’est obnubilé que par le livre en gestation « Je me fiche éperdument d’un livre une fois qu’il est terminé. L’argent et la célébrité qui en découlent n’ont aucun lien avec le sentiment qu’il m’inspire. »

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    Je vous laisse découvrir comment le titre passera du Signe de Caïn au titre véritable. Comment le dernier chapitre du livre va lui donner du fil à retordre, le voir se plonger dans la Bible, chercher le sens des mots en hébreu.

    Le roman est dense et long et Steinbeck avoue « J’ai l’impression d’écrire depuis une éternité »

    Ce livre sera automatiquement à côté des romans de Steinbeck, comme une leçon, comme un mystère résolu, comme un exemple.

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    Le livre : Les lettres d’A l’est d’Eden journal d’un roman – John Steinbeck – traduit par Pierre Guglielmina – Éditions Seghers

  • Madame de Sévigné : un film, deux livres

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    Les cours de français au lycée m’ont toujours pesé, froids, sans âme, je m’y suis ennuyée à périr à quelques exceptions près, par exemple quand il fut question de Mme de Sévigné, cette femme me plaisait infiniment.

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    Depuis outre ses lettres j’ai lu une biographie sérieuse, un petit livre très plaisant, et maintenant deux livres qui donnent envie de replonger dans la correspondance de la marquise.

    C’est un péché mignon pour moi, de faire ces balades sur les pas d’un écrivain, faute de retourner à Grignan comme autrefois.

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    On se plait bien vite en lisant Isabelle Brocard, à imaginer Madame de Sévigné en compagnie de Madame de La Fayette, ou dans un salon avec Monsieur de La Rochefoucauld, ou plus sagement avec un des messieurs de Port Royal ou de façon plus attendue, la plume à la main pour délivrer tout son amour de mère à Françoise de Grignan « la plus belle fille de France » c’était semble-t-il l’avis du roi lui-même.

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    La plus belle fille de France
    Pierre Mignard – Musée Carnavalet

    Bon voilà un livre destiné à ceux et celles qui ne veulent pas lire toute la correspondance, à celles et ceux qui sont allés voir le film et qui veulent élargir un peu la focale.

    Pour compléter et pour faire nettement plus sérieux sans être pédante je vous propose un essai sur l’écriture de la belle marquise.
    Le livre de Nicolas Garotté est un livre un peu exigeant mais parfaitement composé.

    Il y a une longue analyse très détaillée, ce que j’ai bien aimé c’est pouvoir repérer dans les lettres quelle personne, quel événement, quel auteur, était à l’origine de certaines expressions, de certaines métaphores de Mme de Sévigné car dit Nicolas Garotté
    « son principe n’est pas la réduction mais la reprise. Faite d’allusions, de citations, d’imitations, elle consiste à toujours prendre un mot pour un autre, à réécrire au lieu d’écrire. »

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    Ce qui inspire Madame de Sévigné lorsqu’elle rêve assise devant son écritoire la plume à la main ou au long de ses multiples voyages, songez qu’à l’époque il ne fallait pas loin de dix-huit jours pour aller de Paris en Provence !

    Vous pourrez découvrir où elle trouve son inspiration pour rendre ses lettres attractives, drôles, parfois vachardes mais toujours pleines d’esprit. Les célèbres rabutinades moqueuses et caustiques qu’elle partage avec son cousin Bussy-Rabutin, celui qui lui écrira lorsqu’il la saura souffrante : « Que ferais-je au monde sans vous ?»
    Les vers de La Fontaine dont elle raffole, les bons mots de Monsieur de La Rochefoucauld. 
    Un vocabulaire foisonnant, imagé, riche, drôle, quelques exemples ?
    « escousse, coqueter, se panader, billebaude, trémeur, hurlubrelu…. »
    Elle aime faire référence au sacré en parsemant ses lettres de citations bibliques « Madame de Sévigné enrôle la liturgie au service de son amour » amour pour sa fille bien entendu.

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    Elle a grandi avec Molière nous dit Nicolas Garotté, elle a avec sa fille assisté à toutes les pièces, et l’on retrouve moult citations dans les lettres « Madame de Sévigné déchiffre le livre du monde avec des lunettes moliéresques »

    Pour Molière et La Fontaine, Nicolas Garotté parle « d’affinités électives » elle donne aux personnages de son entourage des surnoms empruntés aux fables et au théâtre, elle emprunte des tournures de phrases à la Tartuffe « c’est un homme qui …ah…un homme…un homme enfin »
    Elle écrit à sa fille « vous sentez donc l’amour maternel ; j’en suis fort aise et bien moquez-vous … »

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    Château des Rochers en Bretagne

    Une caractéristique de son rapport aux livres ? « Elle les lit et relit intégralement ou comme elle dit jusqu’à l’Approbation » elle voltige d’un livre à l’autre mais peut « s’appesantir sur Le Tasse, Pascal, Nicole, Rabelais ou Cervantès »

    Un film et deux livres pour suivre la Marquise de la Bretagne à la Bourgogne, de Paris à Grignan et qui m’ont fait rouvrir mes pléiades avec bonheur.

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    Les livres :
    Madame de Sévigné, l’excessive tendresse - Isabelle Brocard – Éditions Fayard.
    Poétique de Madame de Sévigné – Nicolas Garotté – Éditions PUF

  • Tchékhov un homme et son œuvre – Korneï Tchoukovski

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    « ...jamais il n'y eut dans toute l'histoire de la littérature un autre poète qui, sans jamais charger ses œuvres de scènes horribles, uniquement au moyen d'un lyrisme calme et retenu, fut capable d'arracher autant de larmes aux gens ! ».

    Bel hommage rendu à…Anton Tchekhov, l'écrivain et dramaturge russe dont je ne me lasse ni de voir et revoir les pièces, ni de lire et relire les nouvelles.

    Korneï Tchoukovski balaie toute l’œuvre de Tchékhov, ses nouvelles, ses pièces de théâtre, son livre est un magnifique hommage à l’écrivain et à l’homme.
    Tchoukovski commença son travail sur Tchékhov l’année de la mort de l’écrivain en 1904, il vit alors à Londres et est fortement touché par ce décès.
    Il engrange les articles, les conférences, les préfaces aux œuvres de Tchékhov, il ne cesse de dire son admiration, d’essayer de rendre justice à son « idole ».
    Rassemblant son travail il en fit cette biographie qu’il publia en 1967.

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    Le biographe  

    L’analyse de l’œuvre de Tchékhov représente un travail important, toute l’œuvre est balayée et l’on sent derrière l’admiration sans limite pour l’écrivain et la colère devant les interprétations erronées de sa pensée.

    Bien que célèbre rapidement après ses début, Tchékhov fut maltraité par tout le paysage littéraire d’alors, par les critiques très dures, toutes plus ou moins à la solde du régime tsariste.
    Les articles malveillants et hostiles furent légion.

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     Portrait de Tchékhov-Ossip E Braz

    A travers ce livre son biographe nous montre la multiplicité des talents de l’écrivain, et au-delà, ses convictions, ses actions, son engagement auprès des plus pauvres ou de sa famille.

    Il voyageait beaucoup, invitait énormément de gens chez lui, aidait tout le monde quoi que soient leurs problèmes.

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    Une enfance et une adolescence près d’un père violent, acariâtre et alcoolique, le poussa à gommer toute brutalité, toute mesquinerie dans ses actes, ses écrits.
    Au contraire il cultiva « une délicatesse et une douceur comme on n'en trouve chez aucun écrivain de sa génération ».

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    C'était aussi un amoureux de la nature, des arbres et des fleurs. Il aimait passionnément aménager des jardins et cultiver la terre, la Cerisaie reflète cet amour.

    Un homme qui déteste le mensonge, à l’humour corrosif, à l’intelligence étincelante, à la « ténacité admirable », qui écrivait une œuvre magnifique mais fidèle à sa modestie, il minimisait son oeuvre.

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    Maison de Tchékhov-Sergeï Arsenievich Vinogradov

    Armé d’une volonté sans faille, volonté qui est le centre de certaines nouvelles, c’est cette volonté qui fit de lui un classique de la littérature.

    Ses nouvelles donnèrent vie à des personnages qui souffrent du non-sens de l’existence, qui sont impuissants devant le sort, faibles parfois et incapables d’actions efficaces.
    A travers ses courts récits, Tchékhov fait preuve d’empathie, d’humanité, il sait d’un mot, d’une phrase camper un personnage, défendre une idée.

    Mais cette simplicité dans l’écriture est le fruit d’un patient, dur et permanent labeur sur lui-même d’abord et sur ses écrits.

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    Tolstoï et Tchékhov

    « Le soleil ne se lève pas deux fois par jour, et la vie n'est pas donnée une seconde fois » disait Tchekhov qui aimait par-dessus tout la Vie et les Hommes. »

    J’avais lu il y a quelques années l'excellent livre écrit par son ami Ivan Bounine  Sur Tchekhov, en voici un autre superbement bien écrit,  Korneï Tchoukovski, est traducteur, critique littéraire, célèbre en Russie pour ses livres destinés aux enfants.
    Je dois dire qu’à côté la biographie d’Irène Némirovsky fait vraiment pâle figure.

    Il y a sur ce blog plusieurs chroniques consacrées à Tchékhov un essai littéraire de Roger Grenier, et bien entendu une chronique sur La Steppe que j’ai lu, relu et écouté.

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    Le bagne de Sakhaline  

    Mais aussi le voyage à Sakhaline de l’écrivain pour prendre la défense des bagnards, un de ces livres indispensables pour dire que l’on connaît un écrivain.

    Les pièces de Tchékhov sont parmi mes meilleurs souvenirs de théâtre.

    La traduction est vraiment excellente, que la traductrice en soit remerciée.
    Pour terminer c’est l’occasion de vous rappeler les textes que les éditions Interférence offrent, tous excellents, vous en trouverez plusieurs sur le blog.

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    Le livre : Tchékhov un homme et son œuvre – Korneï Tchoukovski – Traduit par Fanchon Deligne – Éditions Interférences

  • Une vie de paysages - Béatrice Commengé

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    Nous avons chacun des écrivains qui nous ont charmé, enthousiasmé, fait voyager et fait rêver.

    Ces écrivains-là, imparfaits peut-être, font pour autant partie de notre panthéon littéraire, Lawrence Durrell est de ceux-là et donc évidemment j’ai marché avec Béatrice Commengé sur ses traces.

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    Elle nous parle de sa première rencontre « Lawrence Durrell m’avait ouvert la porte en me demandant: « Aimez-vous l’Indian Curry? »

    « Mon cerveau traduisit aussitôt: Darjeeling, 1920. » car Lawrence Durrell a quitté l’Inde à onze ans et ce fut un crève-cœur.

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    « Il se promenait dans un paysage dont on l’avait arraché à onze ans et qu’il n’avait jamais revu. J’étais venue chercher la Provence, la Grèce, l’Égypte, Alexandrie, et il m’offrait l’Himalaya. L’homme de soixante-quatre ans vivait toujours au pays de Kipling. »

    Bien évidemment Béatrice Commengé vous fera voyager sur les pas de Durrell, de l’Inde à l’Égypte, d’Alexandrie à Sommière qui fut son dernier port d’attache.

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    Sommière

    J’ai lu Durrell avec plaisir et même passion, Citrons acides, le Livre noir, son livre sur les îles grecques, m’ont toujours attirée.
    Par contre j’en demande pardon aux aficionados je n’ai pas aimé du tout Le Quatuor d’Alexandrie !

    Dans ce livre comme elle l’a déjà fait pour Nietzsche ou Rilke Béatrice Commengé part sur les traces de Durrell.

    Elle nous fait sentir les prémices de la création, sentir aussi ses doutes. Son amitié avec Henry Miller, sa place dans sa famille de fous.

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    H Miller et L Durrell une amitié indéfectible

    Ses voyages multiples, chacun ayant donné à Durrell l’envie d’écrire.

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    Famille Durrell

    J’ai aimé ce petit livre, les pages sur Chypre sont les plus émouvantes, les pages sur Bellapaix qui ne sont pas sans rappeler son amitié avec Patrick Leigh Fermor qui vint sur l’île partager avec lui son amour du pays.
    Un lieu parfait, envoûtant, de ceux qui laissent d’impérissables souvenirs.

    Béatrice Commengé aspire à comprendre l'obsession de Durrell pour les lieux, elle nous livre un Durrell peu connu qui dit « Tout ce qui sort de moi est un paysage. »

    Et qui ajoute « Aucun peintre n'a pu le rendre et, nous, les faiseurs de mots, nous sommes toujours insatisfaits de nos descriptions. C'est un mystère. »

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    Vraie et fausse famille

    Le livre n’est pas parfait, parfois le rythme ou l’aspect Album photos sont un peu décevants mais j’ai aimé son intérêt pour Durrell, les magnifiques évocations des paysages,

    J’ai aimé l’évocation de Corfou, et aussi l’évocation de Sommières où l'écrivain posera ses bagages et finira sa vie.
    Les trente dernières années de sa vie, et où, jeune écrivaine, Béatrice Commengé le rencontra,

    Dans une lettre à Henry Miller, Durrell dit magnifiquement : « Ce combat, qui apparaît sur le papier comme un combat pour écrire, est en réalité un combat pour vivre. »

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    Le livre : Une vie de paysages – Béatrice Commengé – Éditions Verdier

  • Un Grand monsieur

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    Comme beaucoup parmi vous je pense j’ai appris avec tristesse la disparition de Jean Malaurie.

    Ma rencontre avec lui date de la publication de son livre phare Les derniers rois de Thulé.

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    C’était pour moi une incursion dans ce monde de froid et de glace que j’avais tant aimé enfant lors de mes premières lectures sur l’exploration des glaces.

    Un trésor que ce livre que j’ai offert à un membre de ma famille avec plaisir comme un témoin précieux.

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    Depuis j’ai lu beaucoup de livres de sa collection Terre Humaine, et chaque fois ce fut du bonheur, j’ai encore deux livres dans ma bibliothèque et impossible de s’en séparer : L’été grec et Le Cheval d’orgueil.

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    Ses mémoires sont parues en 2022 et bien entendu elles sont sur mon étagère.

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    Un grand monsieur.

    Les Livres
    Les derniers rois de Thulé – Jean Malaurie – Terre Humain Éditions PlonDe la pierre à l’âme Mémoires – Jean Malaurie – Terre Humaine Éditions Plon
    Le Cheval d’orgueil – Pierre-Jakez Helias – Terre Humaine Éditions Plon
    L’été Grec – Jacques Lacarrière – Terre Humaine Éditions Plon