Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Biographie Correspondance journaux - Page 3

  • Lettres à une jeune poétesse - Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke, le poète de la lumière dans l'obscurité - Nos Pensées

    Elle c’est Anita Forrer, une jeune fille originaire de Suisse, lui c’est Rainer Maria Rilke, le poète, il a déjà publié plusieurs recueils de poésie et les Cahiers de Malte Laurid Brigge.

    Leur correspondance commence en 1920, Anita a assisté à une séance de lecture des poèmes de Rilke et elle lui écrit une première lettre pleine d’admiration.



    En jeune fille bien élevée elle s'inquiète de déranger le grand écrivain avec des lettres centrées sur elle-même.
    « Pourquoi je vous écris tout cela : je ne sais pas, c'est peut-être que j'obéis à une nécessité intérieure. »

     

    Le maître la rassure, l’apaise mais sans complaisance aucune, sans paroles anodines, parfois même frappant fort quand il lui écrit
    « Je ne saurai vous mettre suffisamment en garde contre la tentation de la rime, qui viole et aliène imperceptiblement ce qu'on pensait lui confier, et qui, en vérité, se perd en cours de route quand on tente une transformation poétique sans la maîtriser pleinement. Il n'est pas sans danger pour notre propre véracité de se réfugier dans une forme qui nous dénature, nous gâte et nous rabaisse un peu, là où l'on voudrait reconnaître notre image la plus chère ».


    Donc mademoiselle restez en à la prose !!!

    Le rythme des lettres étant très inégal Anita s’inquiète d’avoir conservé l’intérêt du poète car parfois plusieurs mois espacent les missives.

    1310305-Rainer_Maria_Rilke.jpg

    Comme le fut en son temps Franz Kappus des Lettres à un jeune poète, Anita Forrer est avide de conseils de lectures
    Comme il l’avait fait pour Kappus il lui propose les romans de Jacobsen qu’il apprécie beaucoup, mais il lui fait aussi découvrir Baudelaire et les Fleurs du mal, ce qui est plus osé dirait-on
    « Un livre indispensable qui doit nous accompagner tout au long de notre vie. »

    fleurs.jpg

    Rilke prodigue aussi des mises en garde à une jeune fille peut être un peu trop confiante : « Je vois bien qu'il faudrait que je vous détourne de moi pour vous mener vers d'autres livres »

    Petit à petit Anita ose lui confier ses interrogations, ses peurs, ses goûts mais aussi ses relations amoureuses et familiales. Là Rilke devient le guide, le conseiller et il fait preuve d’une grande franchise et aussi d’une tolérance rare à cette époque, les penchants d’Anita en effet sont hors normes.
    Le poète la rassure « Nous ne savons pas ce qu'est le centre d'une relation amoureuse. »
    « Des êtres travaillent depuis longtemps déjà à dissiper les soupçons si laids qui pèsent sur les relations amoureuses au sein du même sexe. »

     

    rilke.jpg

    Rilke parfois ne peut s’empêcher de séduire « Ai-je répondu à toutes vos questions Anita ? - Il en reste une : est-ce que parfois, sans qu'une de vos lettres m'y invite, je pense à vous ? »
    Le plus souvent il reste l’ami bienveillant qui apporte le réconfort.
    Elle est sous le charme « Comme il doit être beau de parcourir la vie en vous ayant pour maître. »

    Rilke parfois lui aussi se confie en particulier sur les années de guerre
    « Les cinq bouleversantes années écoulées ont ouvert en moi d'abyssales interruptions ; une réflexion et une concentration laborieuses seront nécessaires afin de les surmonter et de poursuivre ces travaux intérieurs que j'avais – ah, et avec quelles espérances ! – entamés en 14. Je ressens encore dans toute ma nature la désespérance de la guerre. » 



     Il y eu quelques rencontres mais elles furent un peu ratées et Anita est déçue « Vous étiez l’unique point lumineux et directeur dans ma vie. Vous étiez pour moi comme le Bon Dieu » Pour autant elle reste sous son charme.

    Les échanges dureront 6 ans.Dans les années trente Anita Forrer sera la compagne d d’Annemarie Schwarzenbach et l’accompagnera dans ses voyages.

    AnnemarieSchwarzenbach.jpg

    Annemarie Schwarzenbach

    La traduction, les notes, et la présentation rendent la lecture aisée,
    « En présentant cette correspondance, nous aimerions faire entendre la voix d'un Rilke arrivé dans sa pleine maturité d'homme et de poète – mais aussi donner la parole à une jeune femme qui, tiraillée entre la pesanteur de son carcan social et un élan irrépressible vers la création et vers la vie, pourra devenir, à sa manière, source d'inspiration pour les lectrices et lecteurs d'aujourd'hui. »

    Si comme moi vous avez une petite bibliothèque Rilkéenne, ce livre y prendra place.

    IMG-0356.jpg

     Le livre : Lettres à une jeune poétesse - Rainer Maria Rilke - traduit par Jeanne Wagner et Alexandre Pateau - Éditions Bouquins

  • L'Autre vie d'Orwell - Jean-Pierre Martin

    orwell

    Si un auteur peut être considéré comme un grand témoin d’un siècle tourmenté c’est bien George Orwell. 
    L’essai de Jean-Pierre Martin n’est pas une biographie, c'est le récit de quelques mois de la vie d'un homme.

    C’est un écrivain en marge, ses prises de position antifascistes, sa participation et ses écrits sur la Guerre d’Espagne l’on rendu à la fois connu mais aussi impopulaire car à contre-courant. 

    Les journaux lui refusent ses articles, il a pris position pour l’indépendance de l’Inde, il affiche un anti-stalinisme très peu orthodoxe pour l’époque. 

    orwell

    C’est un homme fatigué, il vient de perdre sa femme, il est marqué par la tuberculose qui finira par l’emporter.

    En 1946 il éprouve le besoin de vivre à l’écart du monde pour pouvoir se consacrer à l’écriture. 

    orwell

    Il choisit pour sa retraite lîle de Jura en Écosse, une île sauvage des Hébrides, une île loin de tout, très peu peuplée.
    Le voyage prend plusieurs jours, de bateau en bateau, de petites routes en chemins. 

    Il va vivre environ deux ans dans la ferme de Barnhill sur une  île envahie par les cerfs, les fougères où l’on fabrique un Single Malt très prisé des connaisseurs.

    orwell

    Chose plus étrange encore Orwell s’installe sur l’île avec un très jeune enfant, son fils adoptif alors que la maison est tout juste habitable : pas de chauffage, pas d’électricité ...

    orwell

    L'écrivain devient fermier

    Il va réinventer sa vie, se transformer en agriculteur, il sème, il plante, il retourne la terre, il crée un poulailler, achète une vache, crée un potager, se fait menuiser, plombier, bref en quelques semaines il peut vivre en autarcie. 

    orwell

    Orwell et son fils adoptif

    Je ne sais si le bruit de la machine à écrire se mêle aux cris des goélands mais il écrira là son plus grand roman. 

     

    Un très bel essai qui révèle une facette surprenante de cet écrivain et qui interroge sur les raisons de ce retrait.

    JP Martin a tenté de comprendre cette volonté de vivre loin de tout, coupé du monde, il s’est rendu à Jura et il dit :

    « maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s'invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l'écart de l'Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l'emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale »

     

    L’auteur nous permet de voir vivre Orwell, échapper ainsi à la pression de Londres, aux polémiques, aux demandes en tous genres. Il nous le montre heureux de s’occuper de son fils Richard et peu gêné par la rudesse des conditions de vie, s’adonnant à la chasse et à la pêche pour améliorer l’ordinaire. 

    Un temps de pause où il redevient Eric Blair avant que la maladie ne le rattrape.

    orwell

    Lisez cet essai qui donne fortement envie de lire une biographique de George Orwell et de le retrouver sur le Quai de Wigan ou pour comme moi d’écouter 1984 ou la Ferme des animaux

    orwell

    Le livre : L’Autre vie d’Orwell - Jean-Pierre Martin - Editions Gallimard L’un et l’autre 

  • Le Journal de Ponary - Kazimierz Sakowicz

    holocauste.jpg

    Parmi les livres qui traitent de l’holocauste il y a les livres témoignages, la plupart sont écrits par des juifs eux mêmes  mais il y a aussi des récits de témoins et ce livre en est l’exemple peut être le plus frappant et le plus terrible.
    Certainement le témoignage unique et « sans aucun équivalent dans les annales des témoignages sur les grands massacres par fusillades »

    Lorsque l’armée allemande investie Ponary on est en 1941 en Lituanie, Kazimierz Sakowics est un journaliste polonais catholique (cela a son importance ) il vient d’emménager à Ponary à coté de Vilnius/ Wilno et il va se retrouver aux premières loges de la tuerie de masse sans doute la plus terrible de la Shoah.

    1AgM0Upj_400x400.jpg

    L'auteur

    Wilno a été considérée pendant des siècles comme la « Jérusalem du Nord », « un pôle majeur de la culture juive en Europe » Une ville de haute culture, une ville de référence pour la culture ashkénaze.

    _736_395241153ef76c70L.jpg

    Vilnius / Wilno en 1939


    « Ponary est un lieu de villégiature à sept kilomètres de Vilnius  A droite, la rivière Vilia serpente entre des rives vallonnées. Cet endroit est connu pour sa beauté pittoresque. Il a été chanté par Adam Mickiewicz. Napoléon aurait dit qu’il transporterait volontiers Ponary en France de ses propres mains »

    ghetto de vilnius.jpg

    Ghetto de Vilnius / Wilno

    Kazimierz est un témoin oculaire, de son grenier il voit les atrocités commises et note tout.
    Il note comment les victimes sont acheminés sur les lieux, il note le mode opératoire des tueurs, il note qui sont ces tueurs : des volontaires lituaniens, jeunes pour la majorité d’entre eux.
    Il compte  le nombre de victimes assassinées, la façon dont elles sont conduites, déshabillées, frappées à coup de fouet ou de crosse jusqu’aux fosses.

    ponary juillet 1941.jpg

    Dans les fosses de Ponary

    Il voit les riverains se livrer au trafic des biens des juifs massacrés.
    « Depuis le matin, près du carrefour, se tient un marché où les marchands vendent des affaires des victimes assassinées la veille. Ils en attendent de nouvelles et sont optimistes »

     

    Il témoigne d’une façon très précise
    « Il est environ 16 heures. Sur la grande route en direction de Grodno, je découvre que de nombreux Juifs ont été transportés dans la forêt. Et voilà que, soudain, ils se sont mis à leur tirer dessus. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait d’une exécution. Une impression atroce, oppressante. Les rafales ont cessé vers 20 heures »

    paneriai-2-3.jpg

    Massacres de Ponary

    Kazimierz Sakowicz a des phrases terribles : 
    « Comment ne pas être ébranlé par la force de cette haine que cultive la foule pour satisfaire ses bas instincts ! »
    « Pour les Allemands, 300 Juifs représentent 300 ennemis de l’humanité. Pour les Lituaniens, 300 paires de chaussures et de pantalons ».

    Majoritairement les lituaniens haïssaient  les juifs, avant l’arrivée de l’armée allemande ils se livrèrent à des pogroms anticipant ainsi l’action des Einsatzgruppen qui n’auront plus qu’à superviser les massacres.
    « Ces pogroms ont fait environ quinze mille morts en quelques jours sans intervention directe de l’occupant. »

    mémorial .jpg

    Un mémorial pour les victimes juives du massacre de Ponary,

    Ce livre est très particulier car écrit au jour le jour par un témoin incontestable qui n'a pourtant jamais apporté la moindre aide à un juif.
    « Entre 1941 et 1944, ce sont 70 000 Juifs, hommes, femmes et enfants, qui, à Ponary, furent massacrés aux bords de sept immenses fosses, ainsi que 20 000 Polonais et 10 000 prisonniers soviétiques. »


    L’historien Timothy Snyder dans son livre Terres de sang, souligne que « le meurtre de masse des Juifs de Wilno n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’assistance des Lituaniens, les Allemands n’ayant pas suffisamment d’hommes ».

    Kazimierz Sakowicz avait caché ses manuscrits dans des bouteilles de limonade qu’il avait enterrées dans son jardin. Elle furent découvertes après sa mort par ses voisins. 
    Rachel Margolis juive combattante les a réunies et publiées
    « Cette chronique unique en son genre constitue une terrible preuve à charges contre les nationalistes lithuaniens, et eux seuls, qui s'acquittaient du massacre des Juifs au bord des fosses ».

    rachel Margolis.jpg

    Rachel Margolis

    « La main de Kazimierz Sakowicz n’hésite pas devant l’horreur qu’elle consigne. Son être entier tremble à cause de la profonde gravité de la réalité qu’il constate et sa conscience de témoin de l’Histoire lui confère une autorité incontestable »

    En 1943 les allemands tentèrent d’effacer toutes traces des massacres.

    Après la chute du communisme et l’indépendance de la Lituanie en mars 1990, Rachel Margolis.  va œuvrer pour la mise sur pied à Vilnius d’un lieu de mémoire pour les Juifs dans ce pays.

    jonas Noreika.jpg

    skirpa.jpg

    Jonas Noreika et Kazys Škirpa deux "héros" contestés

    En Lituanie, membre de l’Union Européenne d’anciens bourreaux sont pourtant élevés au rang de héros de la nation à ce moment là.
    « Jonas Noreika, exécuté en 1947 pour avoir, entre autres, orchestré de son propre chef le massacre de 1800 Juifs de Plunge, tous tués avant l'arrivée des Allemands. En 1997, ce boucher fut tranquillement fait, à titre posthume, Chevalier de l'Ordre de la croix de Vytis, une des plus hautes distinctions de l'Etat lithuanien » 

    Il semble qu’aujourd’hui la Lituanie s’achemine vers une reconnaissance plus juste des événements de la guerre. Reconnaissance des faits, indemnisation des victimes ou de leurs descendants, les rues sont débaptisées, sans oublier que 900 lituaniens ont été déclarés Justes par Yad Vashem 

    Journal-de-Ponary-1941-1943.jpg


    Le livre : Le journal de Ponary 1941-1943 - Kazimierz Sakowicz - Traduit par Alexandra Laignel-Lavastine - Editions Grasset 2021

  • Quand tu écouteras cette chanson - Lola Lafon

    holocauste.jpg

    De Lola Lafon j’avais lu La petite communiste, cela m’avait intéressé mais sans plus.
    Avec ce nouveau livre elle fait carton plein.
    Quand tu écouteras cette chanson est un récit très personnel, le livre s’inscrit dans une collection : Une nuit au musée, mais ici cette nuit prend une coloration toute spéciale puisqu’elle choisit de passer cette nuit dans la Maison d'Anne Franck à Amsterdam, le 18 août 2021, entre 21 heures et 7 heures du matin.

    « C'est elle. Une silhouette, à la fenêtre, surgie de l'ombre, une gamine.(…) Elle a 12 ans. Il lui en reste quatre à vivre. (…) Sept secondes de vie, à peine une éclipse »

    A 12 ans le Journal d’Anne Frank a été le premier livre de poche que j'ai acheté et il n’a cessé de m’accompagner, lu et relu en particulier quand mes trois filles ont été en âge de le lire, ce livre est important pour moi car il a été le premier qui m’a fait prendre conscience de ce que fut la vie en temps guerre pour les juifs et les horreurs de la Shoah.
    Plus tard à 15 ans et à deux autres reprises j’ai eu l’occasion de visiter la maison d’Anne Frank, dite l’Annexe, Annexe où vécue la famille Frank avant la rafle et la déportation à Bergen Belsen.
    Je dois préciser que les trois fois j’ai été angoissée pendant la visite de cette maison si particulière.

    maison .jpg

    Maison dite l'Annexe


    Une nuit dans un musée qui n'en est pas vraiment un, ici pas d'oeuvres à admirer, à découvrir, non ici c’est l’absence et l’absente qui s’imposent.

    Parmi les raisons qui l’ont menée à choisir ce lieu, il y a son refus d’accepter la figue d’Anne Frank uniquement comme une victime.
    Elle souhaite que nous la voyions comme une écrivaine. En effet Anne Frank souhaitait devenir écrivain et le travail de réécriture de son journal qu’elle avait entamé est là pour le prouver.
    Elle « a été drôle, futile, adolescente en dépit du reste. Ce reste qu'elle n'a pas pu nous écrire ».

    Lola Lafon dresse un constat effarant des différentes adaptations du Journal faites en particulier aux Etats Unis où le seul objectif était, pardon de le dire comme ça, de faire pleurer le public.
    Le pathos a évincé totalement la personnalité d’Anne Frank et son talent d’écrivaine.
    Son journal a été manipulé, censuré, mal lu. Le père d’Anne a été accusé d’avoir dénaturé le journal, les différentes adaptations ont parfois éludé toute allusion à la judéité, au nazisme ce qui est un comble 

    Sa nuit au musée est largement évoquée mais aussi les rencontres qui l’ont précédé en particulier deux visages de femmes : Laureen Nussbaum qui connu Margot et Anne et qui fut la première à considérer le Journal comme une oeuvre littéraire, et Miete Gip qui fut l’une des protectrice de la famille Frank.

    Le récit devient plus intimiste et Lola Lafon évoque sa famille dont l’histoire est tourmentée, victime de la Shoah mais aussi du régime de Ceausescu avant son arrivée en France.
    Cela explique la difficulté qu’elle ressent dans cette annexe et que ressentent les visiteurs attentifs : deux années de vie clandestine !! rappelons nous nos difficultés à vivre le confinement !!!  Une famille à la merci du moindre bruit, du signe d’une présence, d’une dénonciation.

    amsterdam_casa_anna_frank_01_visita_jpg_1200_630_cover_85.jpg

    Lola Lafon parle très bien de cet héritage traumatisant pour les descendants de déportés, celui que l’on retrouve dans Les Disparus ou dans La Carte Postale, cette difficulté à survivre après….
    Pendant cette nuit se mêlent des souvenirs d’enfance et le fantôme d’Anne Frank.
    Tout du long le récit est riche, sobre, sincère, sans ostentation, il y a à la fois une part d’universalité dans le récit et une part tout à fait intime, l’alliance des deux est parfaitement réussie.

    anne-frank.jpg

    Lola Lafon reçue de sa grand mère juive, Ida Goldman, survivante de la Shoah, une médaille frappée à l’effigie d’Anne Frank, et la grand mère lui souffla ces mots « N’oublie pas »
    Je crois que ce sont les mêmes mots qu’elle nous souffle avec ce livre.

    Livre lu dans le cadre des lectures sur l'holocauste proposées par Patrice et Passage à l'Est

    M02234092477-large.jpg

    Le Livre : Quand tu écouteras cette chanson - Lola Lafon - Editions Stock 

  • Ma bibliothèque Dickinsonienne

    timbre.jpg

    J’aime la poésie depuis l’enfance. 
    J’avais environ 7 ans, les premiers poèmes qui m’ont touché furent ceux qui me furent inculqués par la force et pourtant ils me sont restés en mémoire au point qu’aujourd’hui encore je peux les réciter par coeur.
    Et puis il y a les poètes qui se sont révélés au fil du temps. Parmi eux il y a une poétesse qui n’a plus jamais quitté ma mémoire dès le premier poème lu.

    enfants dickinson .jpeg

    Emily  Austin et Lavinia

    Emily Dickinson habite chez moi depuis maintenant quelques décennies. Et bien entendu au fil du temps je me suis constituée une petite bibliothèque autour d’elle. 
    Il y a des films pour la faire revivre, oui mais le plus important ce sont ses poèmes et donc les traductions de sa poésie, ce qui n’est pas chose facile. 

    Un des traits de la poésie d’Emily Dickinson est sa forme propre, toute de concision, les toujours étonnants tirets sont un marqueur indéniable reliant et séparant en même temps, ils imposent au poème un rythme unique dont tout pathos est absent.

    emily-dickinson.jpg

    Il y a une amplitude dans ses poèmes, des sonorités qui sont très difficiles à rendre en traduction. 
    Certains poèmes sont facétieux ou moqueurs, elle balaie tout le vivant : les plantes, les animaux, la pluie et le vent.
    Curieusement la guerre est absente alors qu’elle connut la Guerre de Sécession, une volonté de se préserver ? 

    maison emily.jpg

    Maison devenue musée

    Dans ma bibliothèque il y a les livres de Françoise Delphy, qui fit la première traduction complète d’Emily Dickinson, elle ajouta une biographie : Dans la poche du Kangourou 

    IMG-0412.jpg

    Et puis il y a ma préférée : Claire Malroux et son magnifique livre : Chambre avec vue sur l’éternité.
    Claire Malroux a traduit elle aussi Emily Dickinson mais hélas hélas mon livre s’est perdu, envoyé à une amie chère il ne lui ait jamais parvenu et n’a jamais fait retour chez moi, je suppose qu’il erre toujours dans l’éther.

    l'herbien de la poétesse.jpg

    Son Herbier

    Si vous vous intéressez à sa correspondance il faut savoir qu’elle utilise celle-ci  pour tester ses poèmes, elle les adresse à plusieurs correspondants. Ses lettres sont une sorte de laboratoire poétique.

    J'ai lu également :
    Jérome Charyn  : La vie secrète d’Emily Dickinson, livre auquel je n’ai pas vraiment accroché.
    Il y a Christian Bobin et sa Dame blanche mais là j’ai trouvé qu’il transforme l’auteure d’une façon qui me gêne : un rien trop Sainte Emily.
    J’ai préféré Les villes de papier de Dominique Fortier ou Susan Howe Mon Emily Dickinson.

    à l'écran.jpg

    A l'écran

    J’ai aimé la biographie de Françoise Delphy, avec de nombreux extraits des poèmes.
    Elle reste malgré tout une poétesse un rien insaisissable 

    Je vous invite à la retrouver dans sa bourgade, auprès de sa famille, s’abreuvant de Shakespeare ou Keats, cousant les liasses de ses écrits, écrivant sans fin ce qui fut sans doute sa raison de vivre.

    « L’Eau, s’apprend par la soif. / La Terre – par les Mers franchies. / L’Extase – par les affres – / La Paix, par le récit de ses combats – / L’Amour, par l’effigie – / L’Oiseau, par la neige. »

    Une poésie parfois violente
    « L’âme par moments s’échappe – / Quand brisant toutes les portes – / Elle danse au large comme une Bombe, / Et se balance sur les Heures, // Comme fait l’Abeille – portée par son délire – / Longtemps Emprisonnée loin de sa Rose – » 

    Imprégnez vous de sa poésie, tenez jusqu'à Noël lisez un poème par jour et vous ne la quitterez plus.

    IMG-0411.jpg

    Les Livres
    Chambre avec vue sur l’éternité - Claire Malroux -  Editions Gallimard 
    Une âme en incandescence - Emily Dickinson - Traduit par Claire Malroux - Editions José Corti 
    Poésies complètes Bilingue  Emily Dickinson - Traduit par Françoise Delphy - Editions Flammarion
    Emily Dickinson poète  Dans la poche du kangourou - Françoise Delphy - Editions Orizons 
    La Dame blanche - Christian Bobin - Editions Gallimard folio 
    Les villes de papier - Dominique Fortier - Edtions Grasset 
    Mon Emily Dickinson - Susan Howe - Editions Ypsilon 

  • Bribes de Grands hommes

    grands hommes.jpg

    A propos de Clémenceau

    « Il est déjà certain que Clemenceau a été un des très grands hommes de ce monde »

    Cl-menceau.jpg

    « La vérité, c’est que Clemenceau personnifiait et exprimait la France. Pour autant qu’un être humain, même quand il atteint une grandeur miraculeuse, puisse à lui seul être l’expression d’une nation, il a été la France. »

     

    A propos de T E Lawrence

    « Lawrence était un savant en même temps qu’un soldat, un archéologue en même temps qu’un homme d’action, un érudit brillant en même temps qu’un soutien des Arabes. »

    TE-Lawrence.jpg

    « Nous avions là un homme chez qui l’on trouvait non seulement une immense aptitude à servir son pays, mais encore cette touche de génie que tout le monde sait reconnaître et que personne ne peut définir. »

     

    A propos de Kipling

    « Notre époque a connu de plus grands poètes et philosophes, des interprètes plus véhéments et plus sensibles du pathétique et de la passion, des imaginations plus fertiles et des stylistes certes plus orthodoxes que Rudyard Kipling. Mais sur les hauteurs rayonnantes qu’il occupe de droit divin il n’y a jamais eu quiconque qui lui soit comparable.

    kipling.jpg

    Personne n’a jamais écrit comme Kipling auparavant et tandis que ses œuvres, avec leur caractère particulier, ont charmé et inspiré tant de monde elles n’ont jamais été imitées avec succès par qui que ce soit. Il était unique et irremplaçable »

     

    Le livre : Mes grands contemporains - Winston Churchill - Editions Tallandier