Ni surhomme ni saint
Peut-être comme moi êtes vous enclins à admirer certaines personnalités de l’histoire, non qu’elles soient des personnes sans défauts mais parce qu’au-delà de leur faiblesse vous leur reconnaissez une grandeur, vous admirez certaines de leurs actions, vous leur reconnaissez du courage, vous applaudissez à certaines de leurs idées.
Pour moi il y a quelques hommes et femmes de cette trempe et Nelson Mandela en fait partie.
Voici un livre extrêmement intéressant et agréable à lire ce qui ne gâche rien.
L’auteur est un journaliste anglais « je suis un des rares journalistes étrangers à s’être trouvés sur place pour couvrir à la fois sa sortie de prison, le 11 février 1990, et son accès à la présidence quatre ans plus tard. » Dit-il.
Le livre décrit la trajectoire politique de Mandela à l’aide de nombreuses interviews de ses proches ou ennemis noirs et blancs,
Ce n’est pas un biographie mais plutôt un portrait. L’auteur est admiratif de Mandela aussi cherche-t-il à rendre son portrait le plus juste possible, à déceler chez lui l’art de la manipulation car comment cet homme a pu en si peu de temps retourner l’opinion, prendre le pouvoir ?
Nelson Mandela le jour de sa sortie de prison 11 février 1990
Comment les 27 années de prison n’ont pas réussi à faire plier la volonté et la foi en l’avenir de cette homme. Comment son apprentissage de la langue et de l’histoire afrikaner va lui permettre d’être l’homme du compromis et du pardon.
le film magnifique qui illustre les années de prison
Oubliant toute rancune on voit naitre un homme politique qui va parvenir à tenir la dragée haute à ses pires ennemis
Le film de Clint Eastwood le montre bien, film qui a certes des défauts mais dont on est incapable d’oublier l’image d’un Nelson Mandela portant le maillot des Springboks équipe qui illustrait l’apartheid dans sa version la plus primitive, et lançant un appel pour que blancs et noirs se rassemblent lors de la Coupe du monde de Rugby.
Invictus avec Matt Damon et Morgan Freeman
Il a réussi son pari : « tendre la main de manière rassurante à l'Afrique du Sud blanche »
Un peu manipulateur ? Peut-être mais surtout fin politique et stratège hors pair.
L'homme qui passe de la prison au gouvernement
Il va imposer une politique de réconciliation avec les commissions vérité pour empêcher l’explosion de toute haine raciale.
Un exemple lors d’un meeting animé :
« Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait. "Cette femme, là-bas", dit-il avec un large sourire. "Elle m'a sauvé la vie."
Il l'invite à monter sur scène et l'embrasse chaleureusement. Il raconte qu'en 1988, alors qu'il était incarcéré dans la prison de Pollsmoor, près du Cap, il avait été hospitalisé après avoir attrapé la tuberculose et que c'était cette femme, une infirmière, qui l'avait soigné. »
L’homme qui reconnait le gâchis de sa vie privée, divorce et difficultés avec ses enfants.
L’homme capable d’aller saluer la veuve de l’homme qui l’a envoyé en prison.
On peu aussi admirer l’homme qui renonce au pouvoir après un mandat seulement ! Et celui qui reçoit le Prix Nobel de la paix en 1993.
On décèle à travers le livre la qualité de l’engagement, la figure morale et politique qui se forme, et l’héritage que cet homme a laissé au monde. Un homme qui incite à devenir meilleur, a reconnaitre les vertus de la réconciliation.
Le sourire de Mandela vient du fond de l’âme et en cela il est universel.
Le livre : Le sourire de Mandela - John Carlin - Editions du Seuil ou Points poche