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Nature et bestioles

  • Bribes d'Aubépine

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    Depuis quelques années je consomme de l’aubépine pour éviter des traitements plus lourds de l’hypertension. Ridicule ? risqué ? en fait non puisque jusqu’à aujourd’hui cela marche.

    Alors j’ai eu envie de chercher et voilà le résultat de ma recherche.

    « Aubépine a pour origine le latin alba spina, qui signifie « épine blanche », l’autre appellation de cet arbre depuis toujours vénéré, comme à Rome où la plante symbolise la prospérité. La tradition conseillait par exemple d’attacher une de ses branches sur les berceaux des nouveau-nés pour tenir à distance le mauvais sort. Dans beaucoup de régions, il était recommandé aux enfants malades de toucher le feuillage de l’aubépine, car il se disait alors que c’était bon pour la santé. Si l’Église catholique n’encourage pas ces pratiques peu chrétiennes, elle ne les condamne pas davantage, en souvenir certainement de la couronne du Christ faite d’après elle en aubépine.

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    L’aubépine est un arbre de petites dimensions, mais son espérance de vie est grande. L’un des plus vieux arbres de France est une aubépine. Elle vit à Saint-Mars-sur-la-Futaie, une commune de la Mayenne, et elle est âgée de mille sept cents ans. Un texte datant de 1150 la qualifie déjà de très vieille.

    Il est difficile de rester insensible à la beauté de l’aubépine. Quand Marcel Proust publie en 1918 À l’ombre des jeunes filles en fleurs, ouvrage pour lequel il recevra le prix Goncourt, il décrit avec subtilité une plante que de toute évidence il apprécie :

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    « Tout d’un coup, dans le petit chemin creux, je m’arrêtai touché au cœur par un doux souvenir d’enfance : je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s’avançaient sur le seuil, un buisson d’aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. […] J’aurais voulu la saisir. Je m’arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l’arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l’aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. »

     

    Le livre : Dictionnaire amoureux des arbres – Alain Baraton – Éditions Plon

     

  • Bribes d'Aran

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    «  Marcher, c’est tout un art. En arrivant sur ces îles, il faut le réapprendre.

    Il faut d’abord oublier le pas précipité de la vie citadine et laborieuse : impossible, au reste, de courir ; il s’élève toujours un obstacle, mur ou rocher, pour rappeler qu’ici on prend son temps, on prend le temps de marcher » 

    « Il faut aller l’amble. S’arrêter souvent, divaguer, se perdre. 
    C’est l’endroit où aller vérifier si un sac d’or est bien enfoui au pied de l’arc-en-ciel. » 

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    Arc en ciel sur l'île d'arak © Bertrand Rieger 

    « Mettez vos pas dans les hiéroglyphes délicats que les oiseaux de mer impriment sur les sables humides.
    Marchez dans l’eau et laissez sécher le sel sur vos pieds nus. »

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    Hieroglyphes délicats 

    « Imprimez l’île sous vos pieds et vos pieds sur l’île. »

     

    Le livre : Grain d’Aran - Dominique Beugras - Editions La Bibliothèque

  • Les Abeilles d'hiver - Norbert Scheuer

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    Hiver 1944 et 1945 dans la région de l’Eifel, à la frontière entre l’Allemagne et la Belgique.
    Egidius Arimond se passionne pour ses abeilles.
    Lui il est, au dire des nazis, un rebut de la société, un déchet parce qu’épileptique.
    Sa survie il la doit à son frère, nazi convaincu et pilote dans l’aviation du Reich.

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    La région de l'Eifel 

    Egidius a été destitué de son poste d’enseignant, l’apiculture lui permet de subvenir à ses besoins.
    Il travaille par ailleurs à un livre sur un de ces ancêtres moine apiculteur.

    Son frère lui procure ses médicaments mais quand les choses se compliquent, Egidius doit trouver une autre source de revenus.
    Il devient passeur pour des juifs à qui il fait traverser la frontière pour « un peu d'argent »
    Il n’escroque personne, il prend des risques, il cache des juifs non sans les nourrir, il est la bienveillance même.

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    Un rucher en Allemagne 

    La Gestapo le surveille, il consacre tout son temps à ses ruches, à la vie de ses abeilles, leurs maladies, leurs prédateurs, leur organisation, la production de miel.

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    « Le bruit des attaques ne semble pas déranger les abeilles; elles vivent dans un monde différent, apparemment pacifique, et ne s'intéressent pas à la guerre. Elles rentrent de leurs vols de butinage chargées de pollen blanc, de chardons, de lis, de conifères et de camomille provenant des prairies et des jardins environnants. Elles butinent comme si elles savaient qu'un hiver très froid les attend »

    Il compare son travail aux textes de son lointain ancêtre Ambrosius Arimond qui fut moine puis défroqué pour l’amour d’une femme.

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    Ce roman m’a plu, c’est un traité sur la barbarie d’une époque et sur un homme pris dans ses filets que le quatrième de couverture appelle joliment un « homme sans qualités ».

    Notre homme n’est ni un véritable héros, ni un vrai salopard. Il est juste un homme pacifique, malmené par l’histoire, un homme qui tente de survivre.

    J’ai aimé la forme du journal intime, j’ai aimé le traité d’apiculture un rien mâtiné de poésie. 

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    Je vous laisse découvrir le destin d’Egidius.

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    Le Livre : Les abeilles d’hiver - Norbert Scheuer - Traduit par Marie Claude Auger  - Editions Actes Sud

  • la Prairie Vie privée d'un champ anglais - John Lewis Stempel

    J’ai lu avec bonheur Une année dans la vie d’une forêt, alors La Vie d’une prairie était faite pour moi. 
    Nos voisins britanniques ont l’art et la manière de parler de la nature, de s’y promener, de l’explorer en tous sens. 

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    Nous voilà en route pour passer une année dans la vie d'un champ dans le Herefordshire ( vite une carte !)

    Notre hôte est un homme aux dons multiples, agriculteur, naturaliste mais aussi historien ET vous le constaterez écrivain.

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    Sa connaissance de la nature n’est donc pas usurpée, il arpente sa prairie tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente et dieu sait que dans le Herefordshire il pleut et il vente souvent.

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    Sa balade est une jolie marche dans la nature, vous irez de surprise en éblouissement, vous visiterez le monde des insectes, ah le papillon bleu adonis, des myriades de plantes, de fleurs, vous pourrez vous faire de belles listes sauvages. 
    Vous croiserez des spectacles horrifiques comme quand le sabot de la vache écrase un nid de bébés souris !!

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    Il se fait observateur zélé : tout est bon pour lui, insectes, fleurs ou oiseaux, vers de terre ou araignée.
    Même si les prairies de nos voisins ont perdu en diversité comme les nôtres, il reste encore de quoi observer de saison en saison à travers un paysage toujours renouvelé. 

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    Centaurée

    Une petite liste pour le plaisir :  primevère, centaurée, vesce des prés, scabieuse, ou fritillaires des marais.  

    Mais vous croiserez aussi les campagnols et les blaireaux organisateurs de funérailles, si si , les renards et comme nobody ’s perfect vous pourrez aussi l’accompagner à la chasse, là je fais l’impasse si vous le permettez.

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    Cet homme est parfait (à part la chasse !) il vous abreuve aussi de petits morceaux de poésie, peut disserter sur la prairie médiévale, sur les traditions agricoles, et les noms de fleurs ou d’oiseaux 

    Il nous amène progressivement à ce qu’il considère comme le point d’orgue de l’année : la fenaison.

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    La fenaison   Peter Brueghel Musée de Prague

    Il invite les écrivains « coupeurs de foin » on retrouve là Tolstoï bien entendu, mais aussi les poètes comme Robert Frost ou John Clare l’anglais un peu fou.

    Comme le dit l’auteur « Rien de tel que de travailler la terre pour cultiver et récolter des lignes de prose ».

    Un vrai bol d’air et de nature et moi qui hélas ne peut plus gambader à loisir j’ai trouvé là le livre parfait, élégant, plein d’humour, riche en détails, très vivant, invitant à musarder dans les prés.

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    Le livre : La Prairie  Vie privée d’un champ anglais - John Lewis-Stempel- Traduit par Patrick Reumaux -  Editions Clincksieck 

     

     

  • Ce que je n'ai pas encore dit à mon jardin - Pia Pera

    Je n’ai eu un jardin que très brièvement dans ma vie et c’est un grand regret. 
    Du coup j’aime les livres qui en parlent surtout quand ce livre est l’histoire d’une femme qui a réalisé un magnifique jardin mais que celui ci peu à peu va lui échapper lorsqu’elle voit son corps l’abandonner. 

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    Monte Pisano 

    Nous sommes en Italie dans les environs de Lucques près du Monte Pisano 
    Pia Pera pratique le jardinage de façon assidue depuis de nombreuses années.
    Elle a fait vivre ce jardin avec l’aide d’un maitre du jardin, le botaniste japonais Masanobu Fukuoka dont elle applique les principes en créant un jardin « ébouriffé » un jardin où l’on trouve des mauvaises herbes.

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    Lucques et sa place extraordinaire 

    Atteinte de SLA maladie neuro dégénérative qui rend les gestes quotidiens comme un Himalaya à franchir, elle va devoir composer avec la maladie.

    C’est une confession feutrée, courageuse, elle ne peut plus bêcher, tailler, cueillir fleurs et fruits. Elle dit subir les mêmes dommages que les plantes sous l’orage 

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    Jardin de Pia Pera 

    Son jardin est son refuge, son havre de paix. Un lieu où célébrer la nature.
    Continuer à l’entretenir est une façon de résister à la maladie, à la mort.

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    Jardin de Pia Pera

    L’ombre d’Emily Dickinson se répand sur le jardin, il y a échange entre la poétesse et la jardinière. Son poème donnera son titre au livre de Pia 

    « I haven't told my garden yet—

    Lest that should conquer me.

    I haven't quite the strength now

    To break it to the Bee »

     

    « Je ne l’ai pas encore dit à mon jardin –

    Tant je redoute ma défaillance

    Pour le moment, je n’ai pas tout à fait la force

    De mettre l’abeille dans la confidence. »

     

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    Jardin de Pia Pera

    Le jardin devient un personnage auquel elle parle, elle s’épanche à mesure que la maladie la rattrape. Comment accepter ce resserrement des ressources physiques ? Cette sensation que la vie rétrécit ? 

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    « Si, au départ, j’ai pris soin du jardin, accomplissant toutes les tâches en parfaite autonomie, maintenant je dois m’occuper de moi-même. Le temps naguère consacré à tailler, creuser des trous, brûler des branches, piocher, faucher l’herbe m’est dorénavant volé par les soins nécessaires à ma survie. » 

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    Contrainte peu à peu à l'immobilité d'une plante, elle nous dit  qu'au-delà de la vie, de la beauté de son jardin toscan, il s'agit « d'accepter calmement d'être quelque chose de petit et d'indéfini, un tout petit point dans le paysage »

    Et parfois le découragement est là 
    « Je peux me dessécher, me flétrir, partir en morceaux, et surtout, je ne peux plus bouger à ma guise » 

    Certains amis disparaissent, l’abandonnent « D’autres au contraire sont devenus plus assidus, plus affectueux
    Il y a de la pudeur devant la perte « Appuyée sur ma canne – d’abord une, puis deux »
    Il y a une simplicité dans l’aveu des défaillances.

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    La littérature est un soutien : le Guide des égarés de Maïmonide, les écrits du père Pavel Florenski, la Bible et le Livre de Samuel ou Stevenson.
    Se souvenir, écrire cet agenda jardinier est source de réconfort.
    « la mémoire et l’écriture savent faire revivre un monde

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    L’auteur est bien consciente que ce sont ses derniers écrits; son écriture est empreinte de délicatesse, de grâce.
    « Je fais enfin partie de mon jardin, de ce monde fluctuant en perpétuelle transformation. »
    La promenade botanique devient essai philosophique.

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    Cette lecture est une merveille de vérité une belle leçon de courage et de vie car la nature lui offre encore des présents 

    « Voici les averses puissantes et joyeuses de novembre. Ces trombes d’eaux qui se déversent du haut du ciel me mettent en joie; elles s’accompagnent d’un petit brouillard diffus, emplissant tout l’espace du jardin »

    Pia Pera entame son dernier dialogue avec le jardin et invite le lecteur à le partager avec elle.

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    Le livre : Ce que je n’ai pas encore dit à mon jardin- Pia Sera - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Arthaud 

     

  • Bribes de mésanges

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    « Une année un couple de mésanges avait fait son nid dans une grosse amphore en terre sur la terrasse, tout près de la porte d’entrée.
    Le père et la mère à tour de rôle, se perchaient sur le mur, une chenille verte en moustache au bord du bec. »

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    « Les parents se relayaient sans interruption, se donnant le mot pour aller quérir cette provende de chenilles vertes apparement inépuisable. »

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    « Un jour sans crier gare, les mésangeaux se sont envolés, l’un après l’autre. Le chat en goba deux, coup sur coup, comme au tir au pigeon, sûr de son bon droit, avant que je réagisse et l’intercepte. »

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    « Les années suivantes l’amphore resta vide »

    Le livre : Carnets d’un jardin - Anne-Marie Koenig - Editions Grasset