Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un herbier de prison

rosa luxemburg

Il y a quelques années j’ai lu et écouté des lettres de Rosa Luxemburg. Ces lettres étaient magnifiques, profondes, émouvantes, curieuses, pleines d’amour.

rosa luxemburg

Quand j’ai repéré la sortie de ce livre j’ai foncé sans me poser de questions.

D’abord quelques mots sur Rosa Luxemburg, pas de panique je ne vais pas vous faire sa bio mais simplement vous dire pourquoi j’aime et j’admire cette femme.

rosa luxemburg

C’est une petite femme qui claudique, c’est une femme qui s’est imposé dans un milieu on ne peut plus masculin.
Douée, lettrée, cultivée, elle parle 5 langues, c’est une oratrice capable de galvaniser les foules. Socialiste convaincue, pacifiste et amoureuse de la liberté capable d’affirmer
« La liberté accordée aux seuls partisans du gouvernement, la liberté accordée aux membres d’un seul parti quel que soit leur nombre n’est pas une vraie liberté. La liberté sera toujours la liberté pour l’homme qui pense différemment »
Révoltée par l’injustice, l’antisémitisme et la violence sous toutes ses formes.

rosa luxemburg

Donc pas étonnant qu’un jour ou l’autre elle atterrisse en prison à la veille de la Première Guerre, à un moment où dit-elle « Le monde entier est soudain devenu un asile de fous »
Elle va passer plusieurs années en prison de 1914 à 1918.
Pour s’échapper elle écrit, tient un journal, mais va aussi s’occuper l’esprit et les mains avec la confection d’un herbier.

rosa luxemburg

Son herbier de prison se compose de plus de cent planches et d’une soixantaine de lettres dans lesquelles elle exprime son amour de la nature, son enthousiasme pour les fleurs, pour le pépiement des oiseaux. Les planches sont splendides, agrémentées de dessins, de couleurs et de quelques mots d’explication.

Elle écrit à ses amies Sophie Liebknecht ou Clara Zetkin.

rosa luxemburg

Clara Zetkin,

J’avoue avoir été stupéfaite par le tour de force que représente cet herbier, elle le constitue patiemment avec parfois l’aide de ses geôliers, la cour de l’infirmerie est son terrain de jeux.
Elle l’enrichit car ses amis lui envoient des plantes.
Ses lettres passe de la botanique à la philosophie, à la littérature qui l’enchante. Voltaire, Goethe, Galsworthy qui vient de publier les Forsyte, Oscar Wilde sont ses compagnons.
Elle fait partager aussi sa passion pour les oiseaux : Bruants, alouette et mésange.

rosa luxemburg

Elle s’attriste de ne pouvoir partager sa passion
« Une seule chose me tourmente, c’est qu’il me faille jouir seule de tant de beauté, j’aimerais crier à haute voix par-dessus les murs ».

Elle donne du courage à ses amis, elle s’inquiète de leur sort, s’intéresse aux évènements et l’on peut être sur qu’elle n’aurait pas adhéré aux dérives de la Révolution Russe.

rosa luxemburg
Elle aime faire preuve d’humour comme quand elle dit préférer être « dans l’herbe parmi les bourdons que dans un congrès du parti » 
Parfois elle craque un peu quand l’homme qu’elle aime est tué sur le front « Pour moi, il vit toujours et je lui souris souvent quand je pense à lui. »

rosa luxemburg

Son herbier fut retrouvé dans les souterrains de l’institut médico-légal de l'Hôpital de la Charité, Muriel Pic sa traductrice dit
« C’est un chant d’amour à l’endroit du moindre brin d’herbe disparu, une plainte saisissant la vie dans son évanouissement, un poème qui connaît le secret du bonheur en dépit de tout
»

Rosa Luxemburg est assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin avec son ami Karl Liebknecht.

rosa luxemburg

Je lui laisse le mot de la fin
« Je suis couchée là, seule et silencieuse, enveloppée de tous les voiles noirs des ténèbres, de l’ennui, de la captivité, de l’hiver ; et pourtant mon cœur bat, secoué d’une joie intérieure inconnue, incompréhensible, comme si je me promenais dans une prairie en fleurs sous un soleil éclatant. »

Ecoutez le podcast sur le livre

rosa luxemburg

Le Livre :
Herbier de prison – Rosa Luxemburg – Traduit par Claudie Weill, Gilbert Badia, Irène Petit, Muriel Pic Éditions Héros-Limite

Commentaires

  • Le podcast est enregistré pour ma promenade de demain. Je vais chercher le livre. Je l'enregistre aussi dans le Pense-bête de Babélio

  • Vous m'avez fait lire ses lettres et cela a été une belle découverte pour moi. Encore merci. J'aimerais bien consulter cet herbier mais, hélas, il n'est dans aucune des médiathèques où je suis inscrite. Vous me rappelez que je devais faire une suggestion d'achat.

Écrire un commentaire

Optionnel