« En 1994, lors de l’exposition Nicolas Poussin au Grand Palais, comme j’allais de chef-d’œuvre en chef-d’œuvre, empoignée par la sensation aiguë d’accompagner de ma présence l’homme qui avait peint ces tableaux et se tenait, spirituellement vivant, dans le lieu, je fus happée par une peinture que je n’avais jamais vue, dont je n’avais jamais entendu parler. »
« Je ne fus donc pas étonnée de lire sur le cartel :
La Nourriture de Jupiter ou L’Enfance de Jupiter Londres, Dulwich Picture Gallery. »
« D’abord une lumière palpable. J’entends par là une lumière qui se savoure dans l’exacte mesure où elle n’éblouit pas, où elle soulève les êtres vivants, les arbres, les pierres, le sol et même les nuages dans la splendeur du jour naissant. C’est l’automne, naissant lui aussi. Septembre sur le mont Ida. Le miel frais coule, les feuilles quittent le vert pour le jaune. L’air est tiède. L’adolescent qui verse l’eau – le Verse Eau – pourrait bien avoir donné par ce geste origine au ruisseau que l’on voit. »
Jupiter enfant nourri la chèvre Amalthée Staatliche Museum de Berlin
« Un mystère à la fois profond et transparent nous arrête devant ce tableau, devant cet enfant nourri d’eau pure, de lait, de miel et de beauté. Et puisque la nature humaine participe de la nature divine, la nourriture de Jupiter pourrait bien être non seulement celle que reçoit cet enfant singulier, mais encore celle que le dieu Jupiter met à notre portée, nous offre, nous incline à rechercher en tout lieu de la terre. La seule nourriture qui soit digne de la nature divine et humaine. »
Le Livre : La Nourriture de Jupiter – Jocelyne François – Mercure de France
Commentaires
Les personnes sachant décrire de façon si intéressante, ça m'épate toujours.