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Penser

  • Un Grand monsieur

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    Comme beaucoup parmi vous je pense j’ai appris avec tristesse la disparition de Jean Malaurie.

    Ma rencontre avec lui date de la publication de son livre phare Les derniers rois de Thulé.

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    C’était pour moi une incursion dans ce monde de froid et de glace que j’avais tant aimé enfant lors de mes premières lectures sur l’exploration des glaces.

    Un trésor que ce livre que j’ai offert à un membre de ma famille avec plaisir comme un témoin précieux.

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    Depuis j’ai lu beaucoup de livres de sa collection Terre Humaine, et chaque fois ce fut du bonheur, j’ai encore deux livres dans ma bibliothèque et impossible de s’en séparer : L’été grec et Le Cheval d’orgueil.

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    Ses mémoires sont parues en 2022 et bien entendu elles sont sur mon étagère.

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    Un grand monsieur.

    Les Livres
    Les derniers rois de Thulé – Jean Malaurie – Terre Humain Éditions PlonDe la pierre à l’âme Mémoires – Jean Malaurie – Terre Humaine Éditions Plon
    Le Cheval d’orgueil – Pierre-Jakez Helias – Terre Humaine Éditions Plon
    L’été Grec – Jacques Lacarrière – Terre Humaine Éditions Plon

     

  • La Traductrice - Efim Etkind

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    C ‘est un cadeau que j’ai reçu et qui m’a fait un immense plaisir, vous me direz comment peux-tu dire ça alors que tu as déjà lu le livre ?
    C’est vrai je l’ai déjà lu mais rapidement comme on lit quand on doit rendre le livre très vite.

    Alors là j’ai pris mon temps.
    Un récit très court mais dont on regrette presque la concision tant cette étonnante histoire nous bouleverse.

    On assiste à la représentation de Don Juan de Byron, à la fin de la pièce le public debout réclame l’auteur. Une femme gênée, voutée, monte sur scène et là s’écroule.
    Cette femme c’est Tatiana Grigorievna Gnéditch.

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    Elle est une intellectuelle issue d’une famille aristocrate ce qui en Union Soviétique était comme une épée de Damoclès.
    Tatiana Gnéditch est passionnée de littérature anglaise et attirée en particulier par Byron. Elle a de qui tenir, un de ses ancêtres fut le traducteur de l’Iliade, traduction jamais dépassée depuis. 

    La politique n’intéresse pas Tatiana mais la politique va la rattraper. Soupçonnée puis emprisonnée pour ses origines, elle est condamnée à dix ans de camp en 1945.

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    Bizarrement elle ne part pas immédiatement au Goulag, elle va profiter de ce répit pour obtenir avec l’aide d’un de ses geôliers, papier et crayon et elle s’attaque à la traduction de Byron.
    Au nez et à la barbe du NKVD elle va traduire les 17000 vers de Don Juan. 

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    Le parcours de cette traduction est un exemple de solidarité et de prise de risques pour que ne se perdent pas les paroles des écrivains. 

    Une femme de la trempe d’un Soljenitsyne qui enterra ses manuscrits ou de Nadejda Mandelstam qui mémorisa l’œuvre de son mari pour qu'elle ne s'efface pas.

    En lisant ce petit livre j’ai pensé au « Proust contre la déchéance » de Joseph Czapski et au rôle de la mémoire.
    J’ai fait également le rapprochement avec le superbe film La femme aux cinq éléphants qui, bien que dans un tout autre contexte, met parfaitement en valeur le travail de la traduction.

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    Un mot sur l’auteur : Efim Etkind était linguiste et traducteur, il fut un dissident qui prit des risques pour faire circuler des œuvres d’auteurs interdits. Il a travailler à faire connaître les dérives soviétiques, en 1974 il fut contraint à quitter l’URSS.

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    Le genre de petit livre tout à fait indispensable, des textes qui ne s’oublient pas, qui réactivent en nous l’obligation de nous inquiéter des livres, des auteurs ET des traducteurs.

    Le livre : La traductrice – Efim Etkind – Traduit par Sophie Benech – Éditions Interférences  

     

  • Les Débuts - Claire Marin

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    Souvent certains d’entre vous m’interroge : comment fais-tu pour choisir un livre ? Un brin de réponse ici.
    Un livre que je n’ai pas choisi
    c'est un cadeau d’anniversaire
    Offert par quelqu’un qui connaît bien mes goûts

    Un livre placé sous la tutelle bienveillante de Clément Rosset un philosophe que j’aime particulièrement.
    Un livre de Claire Marin avec qui j’ai fait connaissance sur le thème de la douleur.

    Et bien bonne nouvelle c’est tout à fait réussi, j’ai aimé, vraiment beaucoup aimé, même si la lecture m’a demandé un effort certain.

     

    Vous l’avez compris c’est un essai philosophique qui pourrait s’intituler : Y a-t-il un début à tout ?

    On y parle de débuts de romans, comme celui si célèbre d’Italo Calvino « Si par une nuit d’hiver un voyageur » car en matière de roman « On espère du début d'un roman et peut-être de n'importe quelle histoire, fictive ou non, une véritable surprise, un étonnement franc. »

    Mais très vite l’auteure nous embarque car les débuts ne sont pas seulement ceux de la lecture ou de l’enfance.

    Les débuts cela peut être la naissance mais aussi l’adolescence, le début d’un roman, le début d’un emploi.

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    Elle affirme une certitude celle qui dit : « Il faut vivre chaque jour comme un début » ou pour le dire comme Emerson que cite Claire Marin « toujours vivre dans un jour neuf »

    Elle nous dit que les débuts c’est un peu comme les premiers pas de l’enfant, incertains, hésitants mais conquérants.

    Ces liens ainsi créés nous emportent car la finesse et l’intelligence de sa réflexion nous font sortir de la routine, nous donne l’impression d’être beaucoup plus fûté qu’en réalité.

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    Ce qui rend la lecture passionnant mais exigeante c’est que Claire Marin fait la cour aux philosophes et romanciers, sans ordre préétabli cela va de Montaigne à Jankélévitch, de Pessoa à Romain Gary et Annie Ernaux, mais aussi vers Sofia Coppola.
    Elle dévide sa pelote patiemment.

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    Elle donne la parole à Bergson et Bachelard, « ces moments où la force d'un sentiment, d'une sensation physique, l'effet d'une parole ou d'une image font vriller mon esprit, renversent ma représentation du monde ». Et toc j’ai aussitôt commandé Intuition de l’instant que je n’ai jamais lu.

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    Si l’on verse vers la littérature elle nous dit que c’est le « le réservoir de l'inouï » celui dont surgissent les émotions.
    La notion de début n’est pas une question d’âge, c’est plutôt « Découvrir ce dont on est capable seul, à 18, 40 ou 75 ans. » Je vous avoue que ces petites phrases font un bien fou.
    Ou celle-ci que j’aime beaucoup aussi « chaque amour à n'importe quel âge de la vie peut prétendre à être le premier »

    Une étincelle  une possibilité et une nouveauté qui nous bouleverse qui parfois fait chavirer notre vie.
    C’est une sorte de cadeau pour casser le ronronnement, pour faire rupture dans le quotidien.
    « Le début, c’est quand le réel nous égratigne, nous provoque, nous bouscule. »

    Parfois un début est une « radicale nouveauté » mais parfois il est difficile de repérer ce moment parfois éphémère, il n’y a pas toujours un avant et un après.

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    Un début peut être aussi un recommencement car celui-ci peut être réjouissant, vivifiant, c’est une quête du renouveau
    « Ainsi, des histoires commencent comme si c’était la première fois. Avec une intensité telle que les fois précédentes pâlissent s’effacent devant tant de splendeur. La première fois balaye le passé et toutes les autres premières fois. Alors quel que soit mon âge, je peux aimer comme si je n’avais jamais aimé auparavant, porté par une ardeur adolescente. » 

    De quoi nous souvenons nous en pensant à nos débuts ? d’un coup de foudre, de la naissance d’une étincelle ? ou d’une annonce difficile : une rupture, un départ, un diagnostic.
    Les débuts détiennent une force explosive qui “brise ou détourne le cours des choses”.

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    Dans un interview Claire Marin dit « Il ne faut pas réduire les débuts et les commencements à une chronologie linéaire de l’existence. Il y a de grands commencements qui peuvent survenir plus tard dans la vie, de vrais débuts tardifs et des recommencements totalement inattendus. »

    Je ne vous cache pas que par moment il faut s’accrocher un peu, Claire Marin n’offre pas une démonstration, il y a les débuts évidents mais aussi ceux que l’on n’attend pas et qui sont un rien mystérieux.
    L’écriture est simple, fluide mais dense. Les chapitres sont courts

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    Claire Marin nous invite à une réflexion légère et savante, riche et pleine de joie, je suis certaine que même s’il n’est pas cité Spinoza n’est pas loin.

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    Le livre : Les Débuts, par où recommencer ? – Claire Marin – Éditions Autrement

  • Yossef Rakover s'adresse à Dieu - Zvi Kolitz

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    « Moi, Yossel, fils de David Rakover de Tampol, et descendant des justes, sages et vertueux des familles Rakover, j’écris ces lignes dans le ghetto de Varsovie en flammes. »

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    Willy Brandt exprimant le repentir

    « Ma femme a trouvé la mort (…) Deux autres de mes enfants ont disparu sans laisser de traces. Ils s’appelaient David et Yehuda, l’un avait quatre ans, l’autre six. »

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    Les Polonais honorant les victimes du ghetto

    « Dieu a dérobé sa face au monde, et a ainsi livré les hommes à leurs féroces instincts. »

    « Notre maison est l’un des derniers bastions de résistance du ghetto. »

    « Je suis heureux d’appartenir au peuple le plus malheureux de la terre. »

     

    « Je veux te dire clairement et sans détour. Aujourd’hui plus qu’à n’importe quelle précédente étape de notre interminable martyr, nous avons le droit, nous les torturés, les outragés, les étouffés, les entérrés vivants et brûlés vifs, nous les humiliés, les bafoués, les raillés, les assassinés par millions – nous avons plus que jamais le droit de savoir : où sont les limites de Ta Patience ? »

     

    Le livre : Yossel Rakover s’adresse à Dieu- Zvi Kolitz -Éditions Calmann-Levy

  • Bribes de Proust avant Proust

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    « L’université, à l’époque, n’était pas du tout persuadée de l’importance de Marcel Proust. Presque aucun travail ne lui avait été consacré, on ne disposait pratiquement d’aucune étude, les chercheurs ne s’étaient pas occupés de lui et, pour tenter de retracer la création de la Recherche du temps perdu, on en était réduit à quelques indications données par les amis de Proust, souvent erronées d’ailleurs, ou à quelques confidences que l’on trouvait dans sa correspondance »

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    « En fait l’intérêt des Plaisirs et les jours vient au contraire curieusement de ce que ce petit livre fini, soigné, parfait, ne peut plus être lu aujourd’hui que comme un brouillon, une ébauche. Le lecteur qui le découvre a d’abord le plus grand mal à admettre que le puissant romancier de la Recherche ait été l’auteur de ces pages délicates, brèves et précieuses. »

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    La Recherche

    « Dès cette époque nous voyons se dérouler le phénomène de création, tel que Proust le répètera quinze à vingt ans plus tard. L’auteur ne tire pas son livre du néant. Le livre préexiste et l’auteur a alors pour tâche de le trouver, presque de le retrouver. Le livre surgit à l’occasion d’un prétexte, et dès lors il augmente à mesure, s’enrichit de tout le passé et s’élargit pour contenir tout l’avenir »

     

    Le livre : Proust avant Proust Essai sur Les plaisirs et les jours - Bernard de Fallois - Editions Les Belles Lettres

  • bribes d'un bouquineur

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    « En 1723, la bibliothèque d’Harvard possédait 3340 livres dont 58% étaient des ouvrages de théologie protestante, et 56% étaient écrits en latin. »

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    « Dans le temple de Motsu-Ji, un célèbre poème de Basho est inscrit sur une dalle, qui commence par « Herbes de l’été … ».
    Quand un traducteur commença à lire ce premier vers à Marguerite Yourcenar, elle récita aussitôt les deux autres « Des valeureux guerriers / Traces d’un songe. »

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    « La bibliothèque personnelle de Monet à Giverny, est restée presque intacte, dans un atelier annexe à la maison principale, éclairé par une grande verrière. Elle montre un goût marqué du peintre pour la littérature (Aristophane, Balzac, Hugo, Flaubert, Dostoïevski…) »

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    « La première coquille repérée dans un livre, par transposition de lettres, se trouve à la dernière page du célèbre Psautier de Mayence, imprimé en trois couleurs dans l’atelier de Gutenberg en 1457.
    On y lit : « spalmorum » au lieu de « psalmorum » (des psaumes) »

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    « A la question « si vous ne deviez garder qu’un seul livre de votre bibliothèque lequel serait-ce ? Le philosophe Michel Onfray répond : « Un livre qui m’emballe toujours, qui ne me déçoit jamais, que je n’ai jamais lu mais que je lis tout le temps : le dictionnaire.
    Et il ajoute « Dès que j’entre dans le Littré, le voyage est assuré.»

     

    Le livre : Les Miscellanées d’un bouquineur – Virgile Stark- Editions les Belles Lettres