Quand la période pour moi n’est pas propice à des lectures récentes, à des lectures un rien trop légères pour me satisfaire, je me tourne vers les livres de ma bibliothèque ou pour le dire comme Marie vers un livre-chevalier. Et souvent je fais bonne pioche.
« Des villages groupés autour de points naturels et vivant chacun de sa vie propre. Des hommes vêtus d’étoffes blanches et longues, dont les gestes précis et simples se détachent sur le ciel toujours bleu. Les petits chemins bordés de figuiers de Barbarie, d’oliviers, de caroubiers et de jujubiers. On y croise des hommes avec des ânes chargés d’olives. Les visages sont bruns et les yeux clairs. (…) La Grèce ? non, la Kabylie. » (1)
« Par un petit matin, j’ai vu à Tizi-Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens kabyles le contenu d’une poubelle. » (2)
« Là nous regardions la nuit tombée. Et à cette heure où l’ombre qui descend des montagnes sur cette terre splendide apporte une détente au cœur de l’homme le plus endurci, je savais pourtant qu’il n’y avait pas de paix pour ceux qui, de l’autre côté de la vallée, se réunissaient autour d’une galette de mauvaise orge.
Je savais aussi qu’il y aurait eu de la douceur à s’abandonner à ce soir si surprenant et si grandiose, mais que cette misère dont les feux rougeoyaient en face de nous mettait comme un interdit sur la beauté du monde » (2)
Les livres :
Carnets I – Albert Camus – Editions Folio Gallimard (1)
Œuvres -Albert Camus – Gallimard Quarto (2)
Commentaires
Tu as bien raison ! Il n'y a aucune obligation de se précipiter sur les nouveautés de la rentrée...il y a des classiques, des valeurs sûres et des livres chevaliers dans nos bibliothèques personnelles. Camus est indémodable, il procurera toujours autant de plaisir de lecture dans des décennies enfin, peut-être pas pour nous parce que d'ici là, où serons-nous :) Merci pour ces beaux extraits tellement évocateurs !
je vois qu'on est de la même génération
Notre maître Camus adoucit souvent nos interrogations
existentielles : les « pourquoi », les « comment »
que nous posons depuis l’enfance, trouvent chez lui
des réponses si personnelles…et pourtant adaptables
à chacune de nos vies !
Son style clair, ample, limpide, me fait penser au ciel étoilé
que j’observais cette nuit, Camus n’était-il pas parvenu
à en percer quelques mystères ?…
un auteur que j'admire encore plus que je l'apprécie
Je vais offrir le quarto à ma petite fille pour Noël car il faut que la transmission se fasse
Avec Camus la poésie est toujours présente, même quand il décrit des scènes tragiques...
Belle journée
tout à fait exact mais je l'aime aussi quand il défend des points de vue
Quel plaisir les relectures! J'ai écouté Laure Murat à la radio parler ce ces relectures...
son livre sur je sujet est excellent
Tu as choisi des extraits qui montrent si bien le talent et l'humanité de Camus, ce qui nous le rend si proche. L'homme et la nature, l'environnement qui les lie, l’infinie difficulté de vivre.
Si parfois une lecture légère nous fait passer un moment agréable, se replonger dans la solidité et la profondeur de Camus, sa poésie aussi, fait tant de bien,
Merci, bon dimanche ma belle, un beso
quand je pense que certains ont osé écrire qu'il ne se souciait pas des algériens !!!
J'ai lu ce carnet 1 il y a peu de temps, quel plaisir ! Et Camus, quel grand homme, ses écrits ne prennent pas une ride, il y a toujours quelque chose à y puiser. Lumineuse semaine Dominique, à bientôt. brigitte
ce sont des écrits précieux avec le temps qui passe
Incomparable Camus. Il manque à notre temps. J'ai relu il y a quelques jours "Noces, suivi de L'Eté". Pour la nième fois. Et je recommencerai. Chacun de ses écrits est inépuisable.
Des lectures faites et refaites, proposées à mes trois filles
Je ne relis pas beaucoup et c'est un tort. D'ailleurs je n'ai pas tout lu de Camus, j'en ai encore à découvrir.
alors il est temps de t'y mettre car comme pour moi le temps file file
J'ai eu ma période Camus, un auteur qui a été important pour moi et qui le reste même si je ne l'ai pas lu depuis longtemps.
je l'ai lu par épisode mais depuis quelques mois j'ai réactivé mes lectures
j''ai lu les articles de Camus sur la misère en Kabylie grâce à Xavier Le Clerc "l'homme sans titre" et j'ai été très étonnée par la pertinence de son regard sur la colonisation , lui qu'aujourd'hui on traite souvent de colonialiste en tout cas il a su ouvrir les yeux et décrire le pays qu'il aimait tant
heureuse de lire ton commentaire car c'est exactement pour cela que j'ai fait cette chronique agacée par des critiques très injustes
Tiens, je pensais avoir laissé un commentaire. Je n'ai jamais lu ces Carnets, voilà qui est tentant.
on les trouve en poche alors pourquoi se priver
"la misère ...mettait comme un interdit sur la beauté du monde". Un écrivain talentueux et empathique.
Je ne connaissais pas non plus ses "Carnets "publiés en poche.. Merci Dominique !