Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Poésie

  • Bribes de neige pour ceux qui la regrettent

    un-buisson-de-houx-sous-la-neige-a-chaux-photo-er-1610721043.jpg

    « Par ici, la neige se fait rare.
    Je ne me lasse pas d’attendre son retour.
    Et lorsqu’elle survient, ne fût-ce que durant quelques heures, juste le temps de virevolter un peu, sans prendre la peine de s’établir, de couvrir et d’enchanter le paysage, réduite au vol d’une poignée de flocons, c’est comme si un temps d’enfance m’était rendu pendant l’exacte durée de sa chute, et avec lui une espèce de tendre chaleur enveloppant la saison froide et ses vieux os
    . »

    cda2020-diaporama-neige-histoire-de-l-art-paysage-3-tt-width-1200-height-675-fill-0-crop-1-bgcolor-ffffff.jpg

    « Écoutez, je vous prie ! Tendez l’oreille. Il se pourrait qu’en essayant de percevoir le silence de la neige vous entendiez ce bruit de source que fait l’amour dans votre cœur »

    Le livre : Le Jardin sous la neige – Jean-Michel Maulpoix- Éditions Mercure de France

  • Éloge des voleurs de feu - Dominique de Villepin

    poesie.png

    Dans ma bibliothèque le rayon dévolu à la poésie est un peu à part. S’y côtoient des livres minces et des pavés.
    Bien entendu j’ai quelques anthologies même si elles n’ont pas ma préférence car il y a un côté artificiel qui ne me séduit pas vraiment. Mais c’est une façon de relire des poèmes classiques de ceux appris dans l’enfance et jamais oubliés.

    printemps-des-poetes-1.png

    Et puis il y a quelques pavés de choix et parmi eux il y a celui-là, cet Éloge des voleurs de feu, un livre qui depuis son achat a tellement été feuilleté que déjà il présente quelques signes d’usure.
    Un gros livre pour un sujet qui a toute sa place sur ce blog.


    Un beau titre pour un livre magnifique par son ampleur, par son ambition.
    Oubliez le ministre, l’homme politique, ici il n’est question que d’une passion pour la poésie.
    C’est le recueil d’une vie où se mêlent les poèmes de l’enfance, de l’école, de ceux partagés avec un ami, ceux découverts tout au long de la vie.

    voyage.jpg

    C’est une foule de poètes qui vient à nous, toutes les traditions et tous les continents sont présents.
    Tous les poètes sont ici célébrés, honorés, glorifiés.
    Dominique de Villepin se fait le passeur de leur colère, de leur chagrin parfois, de leurs mots, du feu  qui les anime.

    Une petite liste ?
    Ronsard, Du Bellay et Villon, Scève ou Charles d’Orléans  : du classique
    Nerval, Mallarmé et Verlaine, Rimbaud et Baudelaire, Lamartine et Hugo: du classique toujours.
    Pour ces poètes il s’agit d’un compagnonnage  de longue durée, une communauté fraternelle. Celle que je partage avec l’auteur de ce livre.

    2022.03-printemps-des-poetes-1.jpg


    Apollinaire et Cendrars, Saint John Perse, Jouve,
    Michaux, Char, Jaccottet ou Bonnefoy, les poètes du siècle qui s’est ouvert « dans le vacarme effrayant du désastre qui alourdit la parole ».
    Mais les poètes veillent et pourront nous offrir de nouveaux enchantements.

    butterfly-Whitman.jpg

    Whitman


    Et puis il y a les autres, ceux que j’ai déjà rencontrés et aimés au fil du temps : Dickinson ou Whitman, Rilke bien entendu, TS Eliot ou Robert Frost, Yeats, Paul Celan, Séféris et Cavafy,
    Mandelstam et Akhmatova.

     

    herbier dickinson.jpg

    Herbier de E Dickinson

    Dominique de Villepin déroule son panthéon, la longue cohorte de ses poètes préférés.

    celan.jpg

    Sa mère les lui a fait connaître à travers ses « recettes de vie » qu’il a engrangé et ses « poches n'ont cessé d'enfler de poèmes, de papiers ou d'objets, de mots mêlés aux choses de la vie ».

    Pour chacun il y a quelques mots de l’auteur pour nous faire entrer dans un monde nouveau, nous tenter, nous charmer ou nous intriguer.

    Le plus souvent vous n’aurez droit qu’à quelques vers, parfois un poème entier mais c’est un maillage magnifique qui serti tout le livre.

    Lorsque le poète est devenu un ami vous saurez tout ce qu’il éveille chez D de Villepin, tout ce qui l’enchante, le fait rêver, le déboussole parfois.

    voyage poétique.jpg

    C’est un long compagnonnage qu’il donne à lire, le lecteur n’a pas de repos en suivant ses découvertes accumulées, ces sauts dans le temps.  
    Dominique de Villepin a une préférence pour les chemins tortueux, pour les poètes rebelles, les révoltés, les insurgés ceux qui vagabondent à coup de mots, ceux qui nous font découvrir de nouvelles terres poétiques.


    Il nous propose les poètes du monde pour que nous les rencontrions à travers leur destin, leur bataille parfois, et que nous fassions un bout de route avec eux.

    Ces voleurs de feu dénoncent « la dure loi du monde, la déception des choses » et nous disent qu’ « Il s’agit de camper à proximité des choses, au plus près de l’être, toujours à l’écoute d’un souffle de vie ».

    C’est un livre ardent, ample et ambitieux à la langue généreuse.
    L’auteur nous parle avec un ton juste, ses réflexions sont très personnelles.
    Le mot liberté revient souvent comme s’il ne faisait qu’un avec poésie.

    liberté.jpg

    Que la taille du livre qui compte 800 pages ne vous effraie pas. Vous serez comblé.
    Il y a parfois des envolées lyriques, certains n’aiment pas, moi j’aime si l’on sent la sincérité derrière.
    C’est un voyage à travers la poésie de tous les temps, un pèlerinage là
    « où l'univers prend un visage nouveau » une volonté de « faire entendre le son de la vie »

    Ce live n’a rien d’un essai sur la poésie, c’est bien plutôt un journal météorologique de l’âme d’un amoureux de poésie.

    IMG-0455.jpg

    Le livre : Éloge des voleurs de feu – Dominique de Villepin - Éditions Gallimard 2003

     

  • Qu'est-ce-que la poésie ?

    Cette chronique est dédiée à Pauline et à son livre de poésie

     

    poésierecueil1.jpg

    La poésie, on ne sait pas ce que c'est, mais on la reconnaît quand on la rencontre. Jean L'Anselme

    Sans titre.jpg

    La poésie, c'est de savoir dire qu'il pleut quand il fait beau et qu'il fait beau quand il pleut. Raymond Queneau

    queneau.jpg

    La poésie est cette musique que tout homme porte en soi. William Shakespeare

    images.jpg

    La poésie est la rencontre de deux mots que personne n'aurait pu imaginer ensemble. Federico Garcia Lorca

    lorca.jpg

    La poésie, c'est quand le silence prend la parole. Georges Duhamel

    duhamel.jpg

    La poésie « L’amour est son foyer, l’insoumission sa loi, et son lieu est partout » Saint John Perse

     

    perse.jpg

    En poésie « Toujours il y eut cette clameur, toujours il y eut cette fureur » Saint John Perse

     

    apollinaire.jpg

    « Lire de la poésie c’est retrouver ce qui demeure à travers le passage même du temps » Apollinaire

     

    Et les autres ……


    La poésie c’est pur, ça a le parfum de la terre ou …de la mer

    La poésie c’est parfois un cri étouffé

    Les poètes sont « en lutte pour l’humain » ils « cultivent les extrêmes »

    La poésie « grain de sable du remord et du doute »

    La poésie « fait sauter le verrou des horloges, le corset des règles, pour s’élancer sur l’aile des passions, dans l’envoûtement des parfums »

    Et pour vous c’est quoi la poésie ?

     

  • Yossef Rakover s'adresse à Dieu - Zvi Kolitz

    ghetto.jpg

    « Moi, Yossel, fils de David Rakover de Tampol, et descendant des justes, sages et vertueux des familles Rakover, j’écris ces lignes dans le ghetto de Varsovie en flammes. »

    repentir.jpg

    Willy Brandt exprimant le repentir

    « Ma femme a trouvé la mort (…) Deux autres de mes enfants ont disparu sans laisser de traces. Ils s’appelaient David et Yehuda, l’un avait quatre ans, l’autre six. »

    une-femme-depose-des-jonquilles-devant-le-monument-deposent-des-fleurs-devant-le-monument-aux-heros-du-ghetto-le-19-avril-2016-a-varsovie-en-pologne.jpg

    Les Polonais honorant les victimes du ghetto

    « Dieu a dérobé sa face au monde, et a ainsi livré les hommes à leurs féroces instincts. »

    « Notre maison est l’un des derniers bastions de résistance du ghetto. »

    « Je suis heureux d’appartenir au peuple le plus malheureux de la terre. »

     

    « Je veux te dire clairement et sans détour. Aujourd’hui plus qu’à n’importe quelle précédente étape de notre interminable martyr, nous avons le droit, nous les torturés, les outragés, les étouffés, les entérrés vivants et brûlés vifs, nous les humiliés, les bafoués, les raillés, les assassinés par millions – nous avons plus que jamais le droit de savoir : où sont les limites de Ta Patience ? »

     

    Le livre : Yossel Rakover s’adresse à Dieu- Zvi Kolitz -Éditions Calmann-Levy

  • Lettres à une jeune poétesse - Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke, le poète de la lumière dans l'obscurité - Nos Pensées

    Elle c’est Anita Forrer, une jeune fille originaire de Suisse, lui c’est Rainer Maria Rilke, le poète, il a déjà publié plusieurs recueils de poésie et les Cahiers de Malte Laurid Brigge.

    Leur correspondance commence en 1920, Anita a assisté à une séance de lecture des poèmes de Rilke et elle lui écrit une première lettre pleine d’admiration.



    En jeune fille bien élevée elle s'inquiète de déranger le grand écrivain avec des lettres centrées sur elle-même.
    « Pourquoi je vous écris tout cela : je ne sais pas, c'est peut-être que j'obéis à une nécessité intérieure. »

     

    Le maître la rassure, l’apaise mais sans complaisance aucune, sans paroles anodines, parfois même frappant fort quand il lui écrit
    « Je ne saurai vous mettre suffisamment en garde contre la tentation de la rime, qui viole et aliène imperceptiblement ce qu'on pensait lui confier, et qui, en vérité, se perd en cours de route quand on tente une transformation poétique sans la maîtriser pleinement. Il n'est pas sans danger pour notre propre véracité de se réfugier dans une forme qui nous dénature, nous gâte et nous rabaisse un peu, là où l'on voudrait reconnaître notre image la plus chère ».


    Donc mademoiselle restez en à la prose !!!

    Le rythme des lettres étant très inégal Anita s’inquiète d’avoir conservé l’intérêt du poète car parfois plusieurs mois espacent les missives.

    1310305-Rainer_Maria_Rilke.jpg

    Comme le fut en son temps Franz Kappus des Lettres à un jeune poète, Anita Forrer est avide de conseils de lectures
    Comme il l’avait fait pour Kappus il lui propose les romans de Jacobsen qu’il apprécie beaucoup, mais il lui fait aussi découvrir Baudelaire et les Fleurs du mal, ce qui est plus osé dirait-on
    « Un livre indispensable qui doit nous accompagner tout au long de notre vie. »

    fleurs.jpg

    Rilke prodigue aussi des mises en garde à une jeune fille peut être un peu trop confiante : « Je vois bien qu'il faudrait que je vous détourne de moi pour vous mener vers d'autres livres »

    Petit à petit Anita ose lui confier ses interrogations, ses peurs, ses goûts mais aussi ses relations amoureuses et familiales. Là Rilke devient le guide, le conseiller et il fait preuve d’une grande franchise et aussi d’une tolérance rare à cette époque, les penchants d’Anita en effet sont hors normes.
    Le poète la rassure « Nous ne savons pas ce qu'est le centre d'une relation amoureuse. »
    « Des êtres travaillent depuis longtemps déjà à dissiper les soupçons si laids qui pèsent sur les relations amoureuses au sein du même sexe. »

     

    rilke.jpg

    Rilke parfois ne peut s’empêcher de séduire « Ai-je répondu à toutes vos questions Anita ? - Il en reste une : est-ce que parfois, sans qu'une de vos lettres m'y invite, je pense à vous ? »
    Le plus souvent il reste l’ami bienveillant qui apporte le réconfort.
    Elle est sous le charme « Comme il doit être beau de parcourir la vie en vous ayant pour maître. »

    Rilke parfois lui aussi se confie en particulier sur les années de guerre
    « Les cinq bouleversantes années écoulées ont ouvert en moi d'abyssales interruptions ; une réflexion et une concentration laborieuses seront nécessaires afin de les surmonter et de poursuivre ces travaux intérieurs que j'avais – ah, et avec quelles espérances ! – entamés en 14. Je ressens encore dans toute ma nature la désespérance de la guerre. » 



     Il y eu quelques rencontres mais elles furent un peu ratées et Anita est déçue « Vous étiez l’unique point lumineux et directeur dans ma vie. Vous étiez pour moi comme le Bon Dieu » Pour autant elle reste sous son charme.

    Les échanges dureront 6 ans.Dans les années trente Anita Forrer sera la compagne d d’Annemarie Schwarzenbach et l’accompagnera dans ses voyages.

    AnnemarieSchwarzenbach.jpg

    Annemarie Schwarzenbach

    La traduction, les notes, et la présentation rendent la lecture aisée,
    « En présentant cette correspondance, nous aimerions faire entendre la voix d'un Rilke arrivé dans sa pleine maturité d'homme et de poète – mais aussi donner la parole à une jeune femme qui, tiraillée entre la pesanteur de son carcan social et un élan irrépressible vers la création et vers la vie, pourra devenir, à sa manière, source d'inspiration pour les lectrices et lecteurs d'aujourd'hui. »

    Si comme moi vous avez une petite bibliothèque Rilkéenne, ce livre y prendra place.

    IMG-0356.jpg

     Le livre : Lettres à une jeune poétesse - Rainer Maria Rilke - traduit par Jeanne Wagner et Alexandre Pateau - Éditions Bouquins

  • Zao Wou ki et les poètes - Dominique de Villepin

    zao wou ki

    Zao Wou Ki. Water Music

    J’ai vécu quelques mois à Montpellier et j’ai eu la chance d’y voir une expo du peintre Zao Wou Ki.
    Lorsque j’ai vu ce livre cela a immédiatement fait tilt : un peintre et un amoureux de poésie c’était fait pour moi.

    Né en Chine en 1920, Zao Wou-Ki arriva à Paris en 1948.
    « Lorsque je suis arrivé en France, je ne voulais pas de l’étiquette peintre chinois. Cette tradition ne me permettait pas de m’exprimer. »
    Il s’est rapidement tourné vers l’abstraction.

    Son œuvre est importante, il s’est notamment tourné vers les estampes, les lithographies qu’il a mis au service de ses amis poètes.

    zao wou ki

    Pour Lecture III de Henri Michaux

    Zao Wou Ki a été l’ami de René Char, Henri Michaux, Roger Caillois, Philippe Jaccottet, François Cheng.
    Jouant avec le vide et le plein, ses estampes sont très colorées.
    C’est un travail important qu’il entreprend pour les poètes, pas moins de trente-sept livres illustrés furent exécutés.

    zao wou ki

    Pour Compagnon dans le jardin de René Char

    Il eût le bonheur et le privilège d’illustrer de nombreux poètes de son temps dans des livres devenus des raretés faisant le bonheur des bibliophiles.


    Livres qui sont des œuvres d’art à part entière.
    Les estampes subliment les poèmes, reflètent l’amitié et l’admiration du peintre au poèt

    Zao Wou-Ki avait comme le disait René Char, le don de « L’amitié admirative ».

    zao wou ki

     

    René Char illustration de Compagnons dans le jardin


    Philippe Jaccottet lui propose d’illustrer ses poèmes, René Char lui confie les illustrations du recueil « Compagnons dans le jardin » ce sera le début d’une amitié indéfectible.

    Il rencontre Henri Michaux dans un atelier le lithographie ainsi nait leur collaboration.
    À deux reprises également Zao WouKi illustra les Illuminations d’Arthur Rimbaud.

     

    zao wou ki
    Illustration des Illuminations d’Arthur Rimbaud

      « La poésie est comme la peinture il n’y a rien à comprendre mais tout à ressentir. »

    Sa rencontre avec André Malraux, alors ministre des Affaires Culturelles du Général de Gaulle, marqua la vie de Zao Wou-Ki, ceci lui permit d’obtenir la nationalité française alors que son dossier n’avançait pas depuis des année

    Jusqu’à sa mort, en 2013, ce rapport intime avec les poètes ne se démentira pas.

    Dominique de Villepin, est un fan de poésie et son intérêt le porte tout autant vers les poètes que vers le peintre.
    Grâce à lui ces recueils sont rassemblés dans un bel ouvrage qui reproduit sur double page, poèmes et estampes, couvertures, dédicaces.

    Ce sont des hymnes à la couleur, les reproductions sont très soignées et nous offrent une exposition à domicile sans être obligé d’arpenter les musées du monde entier.
    Ce livre est un « vestige d’un monde disparu » car aujourd’hui rares sont les éditeurs qui osent franchir le pas.

    La présentation de Dominique de Villepin, intitulée « Dans le labyrinthe des lumières » remplit bien sa mission et nous ouvre un monde magnifique.

    zao wou ki

    Le Livre : Zao Wou ki et les poétes – Présentation Dominique de Villepin –  Editions  Albin Michel