Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Poésie - Page 3

  • Bribes d'Aran

    aran pierres.jpg

    «  Marcher, c’est tout un art. En arrivant sur ces îles, il faut le réapprendre.

    Il faut d’abord oublier le pas précipité de la vie citadine et laborieuse : impossible, au reste, de courir ; il s’élève toujours un obstacle, mur ou rocher, pour rappeler qu’ici on prend son temps, on prend le temps de marcher » 

    « Il faut aller l’amble. S’arrêter souvent, divaguer, se perdre. 
    C’est l’endroit où aller vérifier si un sac d’or est bien enfoui au pied de l’arc-en-ciel. » 

    arc en ciel.jpg

    Arc en ciel sur l'île d'arak © Bertrand Rieger 

    « Mettez vos pas dans les hiéroglyphes délicats que les oiseaux de mer impriment sur les sables humides.
    Marchez dans l’eau et laissez sécher le sel sur vos pieds nus. »

    Traces_oiseaux_18_06_2015_003.jpg

    Hieroglyphes délicats 

    « Imprimez l’île sous vos pieds et vos pieds sur l’île. »

     

    Le livre : Grain d’Aran - Dominique Beugras - Editions La Bibliothèque

  • Ma bibliothèque Dickinsonienne

    timbre.jpg

    J’aime la poésie depuis l’enfance. 
    J’avais environ 7 ans, les premiers poèmes qui m’ont touché furent ceux qui me furent inculqués par la force et pourtant ils me sont restés en mémoire au point qu’aujourd’hui encore je peux les réciter par coeur.
    Et puis il y a les poètes qui se sont révélés au fil du temps. Parmi eux il y a une poétesse qui n’a plus jamais quitté ma mémoire dès le premier poème lu.

    enfants dickinson .jpeg

    Emily  Austin et Lavinia

    Emily Dickinson habite chez moi depuis maintenant quelques décennies. Et bien entendu au fil du temps je me suis constituée une petite bibliothèque autour d’elle. 
    Il y a des films pour la faire revivre, oui mais le plus important ce sont ses poèmes et donc les traductions de sa poésie, ce qui n’est pas chose facile. 

    Un des traits de la poésie d’Emily Dickinson est sa forme propre, toute de concision, les toujours étonnants tirets sont un marqueur indéniable reliant et séparant en même temps, ils imposent au poème un rythme unique dont tout pathos est absent.

    emily-dickinson.jpg

    Il y a une amplitude dans ses poèmes, des sonorités qui sont très difficiles à rendre en traduction. 
    Certains poèmes sont facétieux ou moqueurs, elle balaie tout le vivant : les plantes, les animaux, la pluie et le vent.
    Curieusement la guerre est absente alors qu’elle connut la Guerre de Sécession, une volonté de se préserver ? 

    maison emily.jpg

    Maison devenue musée

    Dans ma bibliothèque il y a les livres de Françoise Delphy, qui fit la première traduction complète d’Emily Dickinson, elle ajouta une biographie : Dans la poche du Kangourou 

    IMG-0412.jpg

    Et puis il y a ma préférée : Claire Malroux et son magnifique livre : Chambre avec vue sur l’éternité.
    Claire Malroux a traduit elle aussi Emily Dickinson mais hélas hélas mon livre s’est perdu, envoyé à une amie chère il ne lui ait jamais parvenu et n’a jamais fait retour chez moi, je suppose qu’il erre toujours dans l’éther.

    l'herbien de la poétesse.jpg

    Son Herbier

    Si vous vous intéressez à sa correspondance il faut savoir qu’elle utilise celle-ci  pour tester ses poèmes, elle les adresse à plusieurs correspondants. Ses lettres sont une sorte de laboratoire poétique.

    J'ai lu également :
    Jérome Charyn  : La vie secrète d’Emily Dickinson, livre auquel je n’ai pas vraiment accroché.
    Il y a Christian Bobin et sa Dame blanche mais là j’ai trouvé qu’il transforme l’auteure d’une façon qui me gêne : un rien trop Sainte Emily.
    J’ai préféré Les villes de papier de Dominique Fortier ou Susan Howe Mon Emily Dickinson.

    à l'écran.jpg

    A l'écran

    J’ai aimé la biographie de Françoise Delphy, avec de nombreux extraits des poèmes.
    Elle reste malgré tout une poétesse un rien insaisissable 

    Je vous invite à la retrouver dans sa bourgade, auprès de sa famille, s’abreuvant de Shakespeare ou Keats, cousant les liasses de ses écrits, écrivant sans fin ce qui fut sans doute sa raison de vivre.

    « L’Eau, s’apprend par la soif. / La Terre – par les Mers franchies. / L’Extase – par les affres – / La Paix, par le récit de ses combats – / L’Amour, par l’effigie – / L’Oiseau, par la neige. »

    Une poésie parfois violente
    « L’âme par moments s’échappe – / Quand brisant toutes les portes – / Elle danse au large comme une Bombe, / Et se balance sur les Heures, // Comme fait l’Abeille – portée par son délire – / Longtemps Emprisonnée loin de sa Rose – » 

    Imprégnez vous de sa poésie, tenez jusqu'à Noël lisez un poème par jour et vous ne la quitterez plus.

    IMG-0411.jpg

    Les Livres
    Chambre avec vue sur l’éternité - Claire Malroux -  Editions Gallimard 
    Une âme en incandescence - Emily Dickinson - Traduit par Claire Malroux - Editions José Corti 
    Poésies complètes Bilingue  Emily Dickinson - Traduit par Françoise Delphy - Editions Flammarion
    Emily Dickinson poète  Dans la poche du kangourou - Françoise Delphy - Editions Orizons 
    La Dame blanche - Christian Bobin - Editions Gallimard folio 
    Les villes de papier - Dominique Fortier - Edtions Grasset 
    Mon Emily Dickinson - Susan Howe - Editions Ypsilon 

  • Bribes de lecture

    lire.jpg

    « Soudain, on sait lire. Comme on sait marcher ou nager. Une fois pour toutes. Le miracle a eu lieu. Le corps se tient en équilibre dans le milieu qui le porte, au sein duquel il a trouvé ses appuis et où il peut désormais évoluer à sa guise. Maladroitement d’abord : tombant par terre, buvant la tasse, butant sur des mots trop compliqués, s’égarant parmi des phrases sans fin. Mais : sachant le secret afin de s’orienter seul au sein de ce qui, dès lors, n’est plus tout à fait un univers opaque et hostile. »

    enfant .jpg

    « J’étais cet enfant, élevé parmi des livres, et peut-être les préférant à la vie, convaincu qu’ils valaient mieux qu’elle puisqu’ils en livraient le sens. A la condition de savoir vraiment les lire. Comme si chaque livre constituait un rébus, une devinette et qu’il fallait donc, encore et toujours, retrouver la forme de la chose derrière la forme du mot, repérant le lien qui les lie et qui se trahit, pour l’œil exercé, à la lettre initiale désignant l’être ou l’objet qu’elle imite. »

    baudelaire.jpg
    Mon berceau s’adossait à la bibliothèque,
    Babel sombre, où roman, science, fabliau,
    Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
    Se mêlaient. J’étais haut comme un in-folio.

    Charles Baudelaire

    Le livre : Une fatalité du bonheur - Philippe Forest - Editions Grasset 

  • Le Poète est sous l'escalier Jacques Lèbre

    J’ai lu deux fois ce livre à environ un an d’intervalle. Parfois je m’assure ainsi que mon impression première était bien la bonne. 

    L’image du poète caché sous l’escalier, poète que tout le monde oublie est de Hugo Hofmannsthal et Jacques Lèbre l’adopte.

    hofmannsthal_categorie.jpg

    Hugo Hofmannsthal

    En exergue le vers de Baudelaire dit déjà presque tout de la teneur de ce livre. « Comme de longs échos qui de loin se confondent »

    « Une lecture me faisait souvenir d’une autre, réveillant un écho, dévoilant une correspondance. » Nous dit l’auteur à la première page.

    Les vers de Roberto Juarroz vont répondre à ceux de Philippe Jaccottet, puis ce sont les mots de David Gascoyne qui viennent se mêler à la danse.

    Comment l’amoureux de poésie passe de l’un à l’autre ? C’est ce que Jacques Lèbre dévoile dans ce petit livre, comment l’on saute de Rilke à Ludwig Hohl, comment il s’interroge sur une rencontre avortée entre Claudel et Kafka.

    C’est simple d’après lui : 

    « La poésie est comme cette eau qui s’infiltre dans les failles calcaires des causses arides pour cheminer souterrainement avant de resurgir plus loin »

    Et Ossip Mandelstam d’ajouter 

    « Ainsi en poésie les frontières nationales tombent »

     

    Ainsi Jacques Lèbre ne vous lâchera plus, vous irez d’Henri Thomas à Max Picard, de W G Sebald à Elias Canetti car « une lecture en réveille une autre. »

    Le réveil se fait par un mot, un thème, la vie, la mort, la solitude, une concordance «  C’est alors une conversation qui s’engage » avec le poète.

    poésie.jpg

    L’auteur élargit un peu son propos et vous pourrez ainsi par ricochet vous intéresser à la prose de romanciers, d’essayistes.

    Un petit livre riche, quasi miraculeux pour vous faire découvrir des richesses inconnues « Lire c’est s’avancer dans des contrées inconnues. »des auteurs méconnus, et rappeler à vos souvenirs des vers oubliés. 

    Un petit livre indispensable aux amateurs de poésie.

    IMG-0397.jpg

    Le Livre : Le poète est sous l’escalier - Jacques Lèbre - Editions José Corti 

  • Un Tableau et un livre 1

    AleksandrPushkin.jpg

    Une nouvelle rubrique sur ce blog, le lien entre un livre et un tableau au gré de mes lectures présentes ou passées.  Donnez moi votre avis.

    pushkins_duel_with_danthes_atrist_a_naumov_b.jpg

    « La neige, les branches noires des arbustes, deux hommes tout noirs qui en raccompagnent un troisième – ils l’ont pris sous les aisselles – jusqu’au traîneau – et un autre encore, de dos, qui s’en va. Pouchkine, celui qu’on emmène. D’Anthès, celui qui s’en va. »

    Le livre : Mon Pouchkine - Marina Tsvetaïeva.- Traduit par André Markovitz -Editions Actes Sud

    Le tableau : Duel Pouchkine et Georges d’ Anthès - A. A. Naumov - Musée Pouchkine Saint Pétersbourg

  • Bribes de folie

    holderlin.jpg

    Chez Hölderlin en fait, on trouve toute l’aventure des romantiques dans sa quintessence.

    Ce fut l’un des romantiques les plus intransigeants au point de sombrer dans la folie, et la folie est la conséquence logique du romantisme.

    Il a été au-delà du romantisme car sa poésie est plus forte que le désespoir et touche à l’avenir et à la lumière

    tubingen.jpg

    Tubingen 

    Toute la journée ses livres sont ouverts sur sa table devant lui et, quand il est seul, il lit des passages à haute voix, du matin au soir, déclamant comme un acteur.

    Il semble alors vouloir conquérir le monde entier.

    poesie-romantique.jpg

    A l’aube les rivières se jetèrent dans la mer

    Les oiseaux des montagnes

    Surgirent du sommeil comme un nuage ailé, en une seule nuée,

    Et plongèrent dans le soleil à peine levé.

    440px-FK_Hiemer_-_Friedrich_Hölderlin_-_(Pastell_1792).jpg

     

    et les roses et leurs épines

    Et les citrons sucrés diffusent leurs parfums à côté

    Des hêtres à midi, quand le blé sauvage s’anime

    Du souffle de sa croissance dans ses tiges droites

    Et tous les épis se penchent du même côté

    Comme vers l’automne - Maintenant sous 

    Le balancement gracieux des chênes,

    Quand je contemple, quand j’interroge les airs,

    Le son des cloches 

    Que je connais si bien 

    Résonne comme l’or et s’entend au loin 

    C’est l’heure où les oiseaux s’éveillent.

    Alors tout est en paix.

    IMG-0360.jpg

    Le livre : La folie de Hölderlin - David Gascoyne -Traduction Caroline-Jane Williams - Editions Livrets d’art