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Nature et bestioles - Page 5

  • Les Rois du Yukon - Adam Weymouth

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                                              Le roi du Yukon

    Le fleuve Yukon coule sur environ 3200 km du Canada à l’Alaska jusqu’à la mer de Béring.

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    La particularité extraordinaire de ce fleuve est que chaque été des centaines de milliers de saumons, les rois du Yukon, remontent la rivière jusqu’au lieu de leur naissance, jusqu’à la frayère où ils ont grandi.

    Ils font cette rude remontée pour aller pondre où ils sont nés, ils s’y reproduisent puis après quelques remontées, ils y meurent.

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    C’est la plus grande migration de la planète !

    Le Yukon coupe en deux l’Alaska et est selon les endroits parfois large de 11 km, réparti dans un dédale de chenaux, d’îles plus ou moins inondables.

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    Adam Weymouth a voulu comprendre la destinée de ces saumons mais surtout ce qui aujourd’hui fait qu’ils sont en perdition.
    Il embarque seul puis accompagné dans une nature plus que sauvage, avec un simple canoé et un vaste territoire à investiguer.

    Il mettra 4 mois pour descendre le Yukon, en faisant des haltes dans des villages, des points de pêche, il veut comprendre la pêche et son déclin? 

    La pêche a été autorisée au Canada et en Alaska sans précautions aucunes, sans écouter le savoir des autochtones, l’utilisation de filets dérivants a été une catastrophe écologique. Des communautés qui longtemps ont vécu du saumon et qui aujourd’hui se retrouvent démunies.

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    « En voyageant en canoë  et en parcourant le même chemin que les poissons, bien que pagayant dans la direction opposée, j'espérais mieux comprendre ce qui change, non seulement dans la vie de la rivière, mais dans la vie de les gens qui en dépendent. »

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    cuisiner en chemin mais attention aux ours

    Ces femmes et ses hommes sont parfois à plusieurs centaines de km de la route la plus proche. 
    L’avion est très coûteux, les déplacements pratiquement impossibles une bonne partie de l’année.
    Le lien avec la culture des ancêtres est rompu. Certains deviennent pour survivre des stars de la téléréalités : survivre en Alaska !!!

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    Téléralité : 100 jours pour survivre, les revenus remplacent la pêche 

    Les changements climatiques aggravent encore le problème

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    Il rencontre des pêcheurs, des biologistes, ils échangent sur les problèmes de surpêche, d’industrialisation, de déforestation qui modifie les berges du fleuve, des barrages qui empêchent la remontée des Rois du Yukon

     en 2015, l'interdiction des rois a été étendue à l'ensemble du fleuve Yukon, une décision sans précédent mais qui ne s'avère pas suffisante.

     

    J’ai aimé ce livre, pour les informations bien entendu mais surtout pour le partage avec toutes les personnes rencontrées, pêcheurs, missionnaires, filous, aventuriers.

    Adam Weymouth partage leur vie, relève les filets avec eux, entretien le fumoir à saumon, cuisine avec les femmes parfois,  prend le temps de les écouter et c’est passionnant.

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    Parce que l'Alaska c'est ça aussi l'or noir sur l'or blanc 

    Le constat est alarmant car si la destruction est rapide, elle est surtout durable et les choix qui s’offre pour inverser ce changement se révèlent coûteux et pas forcément couronné de succès

    Ce livre se lit comme un roman d’aventures avec ours et loups en prime, l’écriture est très agréable, les chiffres ne viennent pas tourmenter le lecteur mais sont suffisamment clairs pour que le message soit délivré.

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    Il y a de belles descriptions des paysages, de belles rencontres comme Mary âgée de 80 ans qui a vécu de façon traditionnelle pendant des décennies et qui aujourd’hui communique avec sa très nombreuse famille avec un iphone !

    Pour ceux et celles qui suivent ce blog, le livre le plus proche de celui-ci c’est Rêves arctiques de Barry Lopez 

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    Le livre : Les rois du Yukon - Adam Weymouth  - Traduit par Bruno Boudard - Editions Albin Michel 2021

  • Bribes d'arbre

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    L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin.

    Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque.

    Le grand se penche sur le petit et lui envoie  un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit.

    Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile.

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    L'olivier éternel

     

    Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre.

    Devenu barque, l’arbre apprend à nager. 

    Devenu porte, il protège en permanence les secrets.

    Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent.

    Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron.

     

                                Poème de Mahmoud Darwich

     

    Le Livre : Le Géographe des brindilles - Jacques Lacarrière - Editions OZOHNI

  • L'art de voir les choses - John Burroughs

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    Voilà bien une lecture par ricochet, après avoir lu  La maison en chantier, j'avais été intriguée par les passages faisant référence à un écrivain américain « à la Thoreau », écrivain dont je n’avais jamais lu le nom.

    Lorsque ces choses là me titillent je suis mon idée jusqu’au bout, après avoir tapoter sur le clavier, fait le tour de ce que je pouvais trouver en bibliothèque, je me suis résolue à commander ce livre.

    Quel plaisir ! la couverture d’abord, superbe et empruntée à Audubon, c’est une petite anthologie de textes, choisis par le traducteur, précédée d’une présentation du traducteur très éclairante et suivie d’une petite biographie en fin de volume.

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    John Burroughs est décrit comme un «  écrivain très populaire, personnage bonhomme et pittoresque » dont les livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et qui était célèbre à l’égal de H D Thoreau et de John Muir

    Amoureux de la nature et de l’observation de celle-ci, il possède un oeil à mi chemin entre « l’oeil du savant et l’oeil du poète »
    Il aime la vie simple « car c’est celle que j’ai vécu et je l’ai trouvé bonne » dit-il. 

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    C’est un naturaliste précis et riche dans ses observations des oiseaux, des plantes, mais qui se passionne aussi pour la pêche à la truite ou le chant de la colombe 

    Il nous invite à être un observateur attentif qui « déchiffre les signes subtils du temps, les étoiles lui prédisent le lendemain, les nuages du soir et du matin sont des présages »

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    Sa maison des Catskill

    C’est un redoutable marcheur comme Thoreau, il nous convie à « en rabattre un peu avec notre fierté de citadin des grandes villes » et à prendre notre bâton de marche. Il a parcouru les Adirondacks, les forêts du Maine avant de poser sa maison dans les Catskill.

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    Thomas Cole View on the Catskill  Musée de San Francisco

    « Partir à pied sur la grand-route c’est prendre enfin un bon départ dans la vie » alors n’hésitez pas à le suivre car « le piéton se réjouit toujours, allant revigoré, renouvelé, le coeur dans la main et la main disponible »

    A vous « les pommes sur le bord de la route, et les baies, et la source et l’abri accueillant » N’hésitez plus, mettez vos pas dans les pas de John Burroughs.

    Vous avez compris que j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai parfois pensé à Jean Henri Fabre en le lisant, il a trouvé sa place dans ma bibliothèque à côté de Walden et des Souvenirs entomologiques.

    John Burroughs est né en 1837, instituteur de campagne il abandonne l’enseignement en 1846  il rencontre Walt Whitman à qui il consacre son premier livre, en 1873 il fuit la ville, s’installe dans les Catskill. 

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    Le livre : L’art de voir les choses - John Burroughs - Traduit de l’anglais par Joël Cornuault - Editions Fédérop

  • bribes de ciel

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    «  Ô cette grâce inouïe que la terre possède de me donner le ciel ! Non pas seulement comme une récompense, mais comme un compagnon ; non pas comme un étranger, mais comme un autochtone. 

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    Car le ciel même, le grand ciel caravanier qui passe est natif de la terre, comme sa floraison, comme sa fenaison, comme sa frondaison.

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    De même âge, de même lignage, de même humeur, de même allure que la terre qu’il foule, dans la poursuite assidue d’une même harmonie, dans la résolution d’un même accord, dans la composition d’un même nuancier. »

    Le livre : Cantique de l’Infinistère - François Cassingena-Trévedy - Editions Desclée de Brouwer

     

  • Vers le nord

    Du Saint Laurent à la Terre de Baffin

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    " Cette batture, à la naissance de l'estuaire, serait-elle pour moi aussi envoûtante sans la présence des grandes oies des neiges qui, chaque année, d'avril à la fin de mai, viennent y faire halte avant de repartir pour la Terre de Baffin? Ici, juste devant le chalet, est le lieu des contemplations portées par l'incessant jargon des oiseaux blancs. Lieu fertile aussi en spectacles singuliers: le paysage tout à coup s'anime d'une vie étrange, la seule à pouvoir vraiment combler l'écouteur de nature, et parfois même le ravir, au sens premier du terme."

    morency

    jusqu'en Terre de Baffin

     

    Le livre : Lumière des oiseaux - Pierre Morency - Editions Boréal

  • Lumière d'été puis vient la nuit - Jón Kalman Stefansson

    Aujourd’hui je vous donne rendez-vous dans un village un brin atypique puisqu’il n’a ni église ni cimetière et c’est bien dommage car « le doux tintement des cloches réjouit les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l’éternité » enfin ça c'est l'auteur qui le dit.

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    Bon c'est pas celui là car il y a une église 

    Et ce ne sont pas les seuls particularités de ce village car il est composé de « centenaires rigolards » et de toute une galerie de personnages plus déjantés et particuliers les uns que les autres. 

    JK Stefansson dresse huit portraits au fil des chapitres et pour vous appâter un peu voici une petite liste : 
    Un directeur de l’atelier de tricot qui rêve en latin et va en faire sa carrière et qui ne jurera plus que par les constellations et les trous noirs.
    Jonas qui voit et peint des oiseaux partout et transforme la vie des habitants avec ses pinceaux.
    David le fils du directeur latiniste qui lui est en bisbille avec quelques fantômes.
    Et mon préféré Kjartan qui va céder à la tentation de la chaire.

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    Peut être comme ça 

    D’anecdote en anecdote la vie du village s’impose et la galerie de personnage prend vie
    Des liens connus ou secrets se tissent.

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    Je verrai bien Kjartan habiter là 

    On ne reste pas au ras des pâquerettes, non on voyage aussi dans le cosmos et l’on approche les trous noirs.
    Ne cherchez pas d’inutiles rebondissements, la vie s’écoule, chacun poursuit ses rêves mais l’auteur balaie tout ce qui fait notre vie quotidienne : la peur, la perte et le manque, l’amour, la douleur ou la joie, la solitude ou l’échange.

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    Le père de la comédie humaine à l'islandaise

    C’est la comédie humaine à l’islandaise dont le caractère universel ne vous échappera pas.
    Pourquoi j’ai aimé ce livre ?

    Parce que JK Stefansson a l’art du paysage chevillé à l’ écriture 
    J’ai aimé la truculence et la bonhomie de ses personnages hilarants.
    J’ai aimé les adresses aux lecteurs que émaillent le récit et qui sonnent tellement justes
    Parce que j’aime le pays des fjords au climat aventureux
    Parce que l’humour est présent tout du long 
    Parce que l’auteur nous parle des incertitudes de l’existence, des bifurcations qui se présentent, des erreurs possibles, bref de la vie !

    Parce qu'il m'a rappelé les Racontards de Jorn Riel qui m'ont fait passer de tellement bons moments 

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    Jorn Riel

    Il tente de nous dévoiler le mystère de l’existence « ces recoins sombres parfois aussi vastes que des palais »

    Parce qu’au bout du compte il n’y a que l’amour « cet oiseau qui vous entame constamment le cœur » alors « Qu’importe le tumulte du monde, l’avènement et la chute des civilisations, le hasard et le néant, si on n’a pas de lèvres à embrasser, une poitrine à caresser, un souffle qui vous emplit les oreilles. »

    Le style est cocasse, drôlatique même, parfois un brin caustique, souvent plein de poésie et toujours bienveillant.
    L’écriture singulière de cet auteur est très reconnaissable et magnifiquement mise en valeur par une traduction parfaite.
    Merci Monsieur Boury 

    Hasard des parutions sur les blogs Nathalie fait paraitre aujourd'hui son billet sur ce livre. 

    Si vous ne l'avez jamais lu je vous recommande sa trilogie magnifique 

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    Le Livre : Lumière d’été, puis vient la nuit -  Jón Kalman Stefansson - Traduit par Eric Boury - Editions Grasset