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Nature et bestioles - Page 8

  • Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti

    Savez-vous que j’ai déjà énormément voyagé …..par les livres.
    Il y a environ 30 ans ( oui j'ai vérifié parce que ça m'a filé un coup) j’ai fait un voyage extraordinaire à la poursuite du Léopard des neiges avec Peter Matthiessen par les vallées et sommets du Dolpo. 

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    Aujourd’hui voilà qu’un écrivain me propose de faire un second voyage. Je n’ai pas pu refusé.L’Himalaya c’est tout à fait mythique et suivre Paolo Cognetti loin de ses Alpes de prédilection et qui veut marquer ainsi son quarantième anniversaire. C’est un bonheur pour tout aventurier en chambre.

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    D’abord présentons les protagonistes, Cognetti bien sûr et deux amis proches Nicola et Remigio parce que «  Je savais qu'en montagne on marche seul même quand on marche avec quelqu'un, mais j'étais heureux de partager ma solitude avec ces compagnons de route. »

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    Lac de Phoksumdo

    Maintenant le côté matériel du trek : 
    Une caravane composée d’hommes et de bêtes ( 25 mulets quand même) ce n’est pas rien de porter le matériel et la nourriture pour 20 personnes pendant un mois.
    Sete le chef d’expédition veille à tout, montage du camp, préparation du riz et des lentilles chaque soir, sans oublier la petite bière dans le café des villages traversés.

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    Les Hauts plateaux

    Ce trek c’est néanmoins un véritable challenge, car rappelez vous que son héros était atteint du mal des montagnes et se balader dans l’Himalaya avec ce démon à ses trousses ça tient ou de l’exploit ou du masochisme intégral.

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    Les montées sont rudes, martelées par les nausées et les vertiges. Huit cols à 5000 mètres, ce n’est pas rien, je me sens essoufflée rien que d’y penser. Et jamais on ne va au sommet ! Je vous laisse découvrir pourquoi.

    Dans son sac un carnet pour les croquis et l’écriture bien sûr, et un livre, un seul, celui qui a ouvert la piste : Le Léopard des neiges un livre important pour lui au point que parfois les mots de l’auteur se fondent avec ceux de son devancier.

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    « Marcher était notre mission quotidienne, notre mesure du temps et de l'espace. C'était notre façon de penser, d'être ensemble, de traverser le jour »

    Il retrouve un pays presque inchangé par rapport à l’américain, les campements ressemblent à ceux de Peter, il croise les mêmes personnages, les mêmes moines bienveillants et le bleu turquoise des lacs est bien là. 
    Pour un peu il pourrait lui emprunter ses cartes.

    J’ai aimé ce récit sobre, on n’y sent un homme qui laisse la nature le remplir, qui ne s’inquiète pas des frontières, ni du temps qui s’étire indéfiniment. 

    J’ai aimé les descriptions de paysage que j’avais déjà apprécié dans son roman, j’ai aimé cette recherche d’harmonie et d’équilibre entre le monde et soi.
    J’ai aimé l’écriture très simple, claire comme l’eau du torrent, j’ai aimé la présence constante de son ainé comme une protection et un modèle qui vient confirmer les sensations, les impressions, les peurs et l’émerveillement.

    Un petit défaut ? Je ne me suis pas sentie totalement rassasiée à la fin du périple, pas vraiment un défaut, juste une sensation de trop peu alors j'ai relu le Léopard des neiges pour poursuivre le voyage.

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    Le livre : Sans jamais atteindre le sommet - Paolo Cognetti - Traduit par Anita Rochedy - Editions Stock 

    A lire en complément : Le Léopard des neiges  Peter Matthieusen - Editions Gallimard l’imaginaire

     

     

  • Sagesse de l'herbe - Anne Lemaître

    Il y a quelques semaines je vous ai donné un avant goût de ce livre, il est temps de vous donner envie de le lire, de l’offrir.

    C’est à pied qu’Anne Le Maître découvre son environnement.

    Voyages lointains, rando ou simple promenade, tout est l’occasion pour elle de partir nez au vent, de marquer le pas pour observer, s’évader, trouver un refuge, répondre à son besoin de calme, de silence. 

    Lemaitre

    Elle part avec de la poésie et de la philosophie dans ses bagages et dans sa tête. La Fontaine et Pascal l’accompagnent mais aussi Rûmi le poète persan

    «  Je suis la lueur de l’aube. Je suis l’haleine du soir. 
    Je suis le murmure du bocage, la masse ondoyante de la mer…
    Je suis la chaîne des êtres, je suis l’anneau des mondes.
    Echelle de la création, l’ascension et la chute…
    Je suis l’âme de tout. »

    Lemaitre

    Elle aime contempler, méditer en compagnie des poètes mais aussi des savants quand, comme Ptolémée surtout, ils savent mettre le monde en mots
    « Moi qui passe et qui meurs, je vous contemple étoiles !…Debout tout près des cieux dans la nuit aux cent voiles, je m’associe infirme à cette immensité :  je goûte, en vous voyant, ma part d’éternité. »

    On la suit de la forêt amazonienne aux gravillons de sa cour.

    « Tous ces chemins, donc, tous ces jardins et ces vergers, ces marécages et ces bois, ces friches et ces alpages, ces landes et ces déserts…Dans l’infini vertigineux j’avance pas à pas, allant d’un battement de coeur à l’autre »

    Lemaitre

    Anne Lemaître marche nous dit-elle «  au péril de l’herbe et du vent. » Pour tenter de renouer avec la sagesse de l’herbe. Déchiffrer un paysage, se pencher sur une fleur. 

    Si vous la suivez vous apprendrez que «  Nos mots sont nos lunettes, le filtre que la pensée pose devant le réel. » C’est ainsi que j’ai appris que les néerlandais ont un mot pour dire « marcher par mauvais temps pour le plaisir : uitwaaien »

    Lemaitre

    Livre précieux et délicieux, tout bruissant d’anecdotes, de rencontres, de lectures aussi.
    Vous verrez défiler les saisons, éclore les premières primevères, vous dénicherez avec elle un crocus, vous prendrez le temps de flâner, de vagabonder.
    Une très belle photo en couverture qui s’accorde parfaitement avec le propos du livre

    A lire sur le bord d’un chemin, quand l’envie de ralentir vous prend, à glisser dans votre sac à dos ou simplement comme moi à lire pour explorer avec elle les chemins.  

    Lemaitre

    Le livre : Sagesse de l’herbe - Anne Le Maître - Editions Transboréal

     

  • Un court instant de grâce - André Bucher

    Restée seule à la mort de son mari Emilie aurait bien besoin pour survivre de la présence de son fils qui a quitté la ferme depuis plusieurs années. Il lui reste quelques vaches laitières, poules et lapins, pour les cultures elle va avoir besoin d’aide, peut-être Victor, bon il est pas tout jeune mais il travaille pour d’autres agriculteurs et puis elle le connait depuis la communale alors…

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    une centrale du genre de celle là

    Un projet pharaonique de centrale à biomasse portant l’étiquette fallacieuse d’écologique, voilà ce que prévoient les élus de la vallée. 
    Si Emilie semblait baisser un peu les bras ce projet de centrale et surtout l’idée de voir disparaitre Sa forêt vont la faire sortir de sa léthargie. 

    « La montagne empiétait sur l’horizon, sa masse inerte accaparait le paysage. Une entité dure mais également fragile, avec la forêt pour territoire, que l’on ne saurait dompter et modeler à sa guise. »

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    La montagne d'Emilie

    C’est bien là dessus que compte Emilie, une forêt que l’on ne peut dompter, parce que ce qui se profile pour Sa forêt c’est ni plus ni moins qu’une disparition programmée.
    Son quotidien change, il y a Victor qui s’est peu ou prou installé à la ferme pour aider.

    « Emilie coupait elle-même son bois, elle faisait son pain et, en fonction du calendrier , ramassait les simples, les champignons et des baies qu’elle transformait en confiture »

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    Et puis il y a les pressions exercées pour la faire vendre ses parcelles de forêt, Rachel la chargée de mission de la centrale y va de son couplet, le maire bien sûr mais plus grave, son fils qui semble sensible aux sirènes financières.

    Un roman comme je les aime chez André Bucher, je suis certaine que vous allez aimer la montage de Palle, Victor, Emilie et sa forêt.

    Un joli portrait de femme.

     

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    Le livre : Un court instant de grâce - André Bucher - Editions Le Mot et le Reste

  • brins d'herbe

    « L’herbe est porteuse d’origine, elle semble garder la saveur des premiers temps du monde 

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    Hubert Voignier a écrit un très beau livre consacré au trouble, voire au saisissement, « à l’ivresse de la profondeur » que procurent ces « brassées de voix confondues », ces surfaces toujours onduleuses, ce « grand pays luxuriant », cet « essor fulgurant de verdure » Hubert Voignier  Les Hautes herbes 

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    « Et le premier cadeau fut le genre des herbes et leur verte splendeur, dont la terre entoura les collines : voilà que par toutes les plaines les prés couverts de fleurs lancèrent leurs éclairs verdoyants. »  Lucrèce De la nature des choses

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    « Le peuple des prés m’enchante, sa beauté frêle et dépourvue de venin, je ne me lasse pas de la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l’herbe, l’orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l’ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus les météores hirondelles… » René Char Feuillets d’hypnos

     

    Le livre : La Fraîcheur de l’herbe - Alain Corbin - Editions Fayard

  • Le Sacret - Marc Graciano

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    Un tout petit livre de 87 pages et qui m’a enchanté.
    De Marc Graciano je gardais un excellent souvenir du premier roman. Nous sommes de retour au moyen-âge, une période que l’auteur aime beaucoup, comme il en aime le vocabulaire oublié.

    Un jeune garçon recueille un oiseau blessé, pas n’importe quel oiseau mais un sacret c’est à dire un faucon mâle «  l’oiseau était un mâle de bonne aire, même s’il n’en paraissait plus rien maintenant qu’il était tellement décharné par la faim » 

    L’enfant porte l’oiseau à l’autourserie du château et tente de le maintenir en vie, le nourrit, soigne son aile blessée.
    Contre toute attente l’enfant atteint son but et il est récompensé 
    «  Le garçon reçut, de la part du vieux seigneur, l’invitation à participer à une grande chasse au vol où seraient conviés les gens nobles des autres fiefs »

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    C’est un très beau récit, j’ai particulièrement aimé les pages qui montre les soins attentifs de l’enfant, le diagnostic du autoursier et ses soins à l’oiseau sont des passages superbes.

    La description de la chasse au vol est magnifique et le vocabulaire si riche de Marc Graciano vient témoigner de l’âpreté de cette chasse, de la beauté des mouvements des oiseaux.

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    Tous ces mots techniques oubliés ajoutent au récit précision, justesse du vocabulaire de fauconnerie, la gestuelle de la chasse au vol est parfaitement décrite.
    On suit la chasse de différents point de vue : celui des chasseurs, celui des proies. 

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    Un livre tendre et violent à la fois, très réussi. 
    Juste un tout petit bémol : le récit est fait d’une seule phrase, je ne suis pas persuadée que cela apporte quelque chose au récit. 

    Un peu de vocabulaire : aiglure, bliaud, chainse, aubin, palus, lanneret....

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    Le livre : Le Sacret - Marc Graciano - Editions José Corti

     

     

  • Bribes d'un marcheur

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    Père et fille

    « Le véritable marcheur aime la marche parce que, loin de distraire son esprit, elle est propice au cours régulier et abondant de la méditation sereine et à moitié consciente »

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    L'odenwald

    « Le jour où j’ai été pleinement initié aux mystères est marqué d’une pierre blanche. Ce fut quand j’ai mis un havresac sur le dos et que je suis parti de Heidelberg pour traverser l’Odenwald à pied. »

     

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    « Je quittai Chamonix tôt dans la matinée du 6 août 1873. Le soleil se levait sur une de ces aubes fraîches, pleines de rosée, de celles que l’on ignore partout, sauf dans les montagnes, où l’air vivifiant semble pénétrer tous les pores de la peau. »

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    Le Farouche Cervin

    « Un long nuage délicat, qui flottait dans l’air juste sous le soleil, se revêtit graduellement des couleurs du prisme. Autour de l’horizon sans bornes courut une légère bande de brouillard, qui n’était  malheureusement pas assez épaisse pour donner aux teintes cette profondeur qui fait parfois l’inexprimable splendeur d’un coucher de soleil alpin. » 

    Le livre : Eloge de la marche - Leslie Stephen - Traduit par Thierry Gillyboeuf - Editions Rivages poche