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Nature et bestioles - Page 8

  • Bribes d'un marcheur

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    Père et fille

    « Le véritable marcheur aime la marche parce que, loin de distraire son esprit, elle est propice au cours régulier et abondant de la méditation sereine et à moitié consciente »

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    L'odenwald

    « Le jour où j’ai été pleinement initié aux mystères est marqué d’une pierre blanche. Ce fut quand j’ai mis un havresac sur le dos et que je suis parti de Heidelberg pour traverser l’Odenwald à pied. »

     

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    « Je quittai Chamonix tôt dans la matinée du 6 août 1873. Le soleil se levait sur une de ces aubes fraîches, pleines de rosée, de celles que l’on ignore partout, sauf dans les montagnes, où l’air vivifiant semble pénétrer tous les pores de la peau. »

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    Le Farouche Cervin

    « Un long nuage délicat, qui flottait dans l’air juste sous le soleil, se revêtit graduellement des couleurs du prisme. Autour de l’horizon sans bornes courut une légère bande de brouillard, qui n’était  malheureusement pas assez épaisse pour donner aux teintes cette profondeur qui fait parfois l’inexprimable splendeur d’un coucher de soleil alpin. » 

    Le livre : Eloge de la marche - Leslie Stephen - Traduit par Thierry Gillyboeuf - Editions Rivages poche

  • Sommes nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ?

    Autant le dire tout de suite si le règne animal m'intéresse je ne suis pas une passionaria de la cause animale. Pourtant ce livre m'a retenu de belle façon comme m'avait passionné en leur temps les livres de Konrad Lorentz.

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    Frans Wall est un primatologue néerlandais qui livre à travers des dizaines d'anecdotes ce qu'il pense des capacités cognitives des animaux et que pour se détacher des philosophes qui ont longtemps fait la loi sur le sujet, non l'homme n'est pas la mesure de toute chose et il est ridicule et faux de mesurer l'intelligence animale à l'aune de la notre.

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    Quelle est leur intention Mr Hitchcock ?

    Saviez vous que les vautours utilisent des outils, que les corbeaux sont capables de reconnaissance faciale , qu'un singe bat à plates coutures tous les humains quand il s'agit de mémoriser rapidement des suites de chiffres, saviez vous que les geais changent de place la nourriture qu'ils cachent si ils se savent observés par un des leurs ?

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    Les expériences décrites couvrent les champs de l'empathie, du langage, de la prise de conscience de soi et des autres, des capacités de prévision. Tout cela les animaux l'ont en commun avec l'homme et il n'y a entre eux et nous aucune différence de nature mais seulement de degré.

    Les anecdotes pleines d'humour montrent les animaux capables de planifier des actions selon le but à atteindre, capables de mémoriser la géographie de lieux, de développer des relations complexes avec d'autres ou avec leur environnement.

    Bref vous l'aurez compris un livre qui fait voler en éclats toutes les certitudes, qui se lit facilement grâce au talent de vulgarisateur de Frans Wall. Il y a une version poche alors pourquoi hésiter ?

     

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    Le livre : Sommes nous trop " bêtes" pour comprendre l'intelligence des animaux - Frans Wall- traduit par Lise et Paul Chemla - Éditions Les liens qui libèrent ou Babel 

  • Le jardin des brumes du soir - Tan Twan Eng

    Je crois que c'est la première fois que je lis un roman malais.

    Un pays célèbre pour son thé et l'épouvantable occupation japonaise. Le juge Theo Yun Lin est une juge estimée qui a mené des procès envers d'anciens tortionnaires et envers les communistes malais qui tentent de prendre le pouvoir. Elle termine sa carrière atteinte par des troubles neurologiques et va se retourner sur son passé. 

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    Son histoire est riche et douloureuse, prisonnière des japonais dans un camp en pleine jungle, elle a vu mourir sa soeur et lui a promis de lui créer le jardin japonais dont le rêve l'aide à survivre.

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    Camp et prisonnières malaises

    Yun Lin va tenter d'obtenir l'aide d'un spécialiste japonais, magré sa haine pour ce peuple. Aritomo refuse de créer le jardin mais accepte de l'initier à l'art du jardinage.

    C'est un beau roman qui donne envie de connaitre la Malaisie, de contempler des jardins zen. Mais sous jacent il y a des sentiments violents : la haine, le désir de vengeance, la volonté d'émancipation d'un peuple longtemps sous domination anglaise.

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    On avance dans ce récit comme dans les pas d'un jardin japonais. Les personnages sont énigmatiques, les retours en arrière faits avec habileté et malgré quelques longueurs c'est un roman à découvrir.

    le livre : le jardin des brumes du soir - Tan Twan Eng - traduit de l'anglais par Philippe Giraudon - Éditions Flammarion 

     

  • Meurtre sur la Madison

    Une fois n'est pas coutume voici la 4eme de couverture de ce roman

    La Madison River a beau être le Graal des rivières à truites du Montana, lorsqu’on y pêche un cadavre, c’est à l’intrépide shérif Martha Ettinger que la prise revient. L’homicide semble évident, et la Royal Wulff plantée dans la lèvre boursouflée de la victime a tout d’une macabre signature. Alors qu’elle mène son enquête, Martha croise la route de Sean Stranahan, lui-même pêcheur, peintre et ex-enquêteur privé venu s’installer dans les Rocheuses à la suite d’une douloureuse séparation. Lui aussi est impliqué dans une affaire : la jeune et mystérieuse sirène du Sud, Velvet Lafayette, est venue troubler le paysage et l’a persuadé de partir à la recherche de son jeune frère disparu dans le coin. Ensemble, Martha et Sean vont remonter une piste glissante qui débouchera sur les zones d’ombre du “big business” du Montana : la pêche à la mouche.

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    Et nous voilà prêt à prendre un grand bol d'air, à chausser les bottes adéquates, à choisir la bonne mouche et hop un bon coup de poignet et nous voilà transformer en pêcheur émérite.

    Bon je vous l'accorde le scénario est un rien emberlificoté mais je n'ai pas boudé mon plaisir une fois hameçonnée et puis ce roman à le parfum d'un de mes films préférés.

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    On devrait retrouver les personnages prochainement, je serai au rendez-vous.

    le livre : Meurtre sur la Madison -Keith McCafferty- traduit par Janique Jouin de Laurens - Éditions Gallmeister

  • Parce que l'oiseau - Fabienne Raphoz

    Connaissez-vous la collection Biophilia chez José Corti ? On peut y trouver des merveilles et je viens d’y faire une bonne pioche. 
    Entrons immédiatement dans le vif du sujet

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    « Au moment précis où je commence ce livre, le 30 juin, 9h38, un Troglodyte mignon est à peu près le seul de sa classe à percer le silence. Son chant, qui alterne les modes majeur et mineur, est rythmé par les gouttes d’une pluie continue dont le timbre varie selon leur densité et le support qui les accueille, feuilles de frêne ou de tilleul, gravier, friche, vitre »

     Voilà vous êtes immédiatement dans le monde de Fabienne Raphoz. Originaire de Haute Savoie elle a installé ses pénates dans le Quercy où silencieuse comme toute bonne observatrice elle épie la gente ailée.
    Amoureuse des oiseaux et des mots, son livre nous emporte dans le sillages des oies sauvages et des poètes.

             

    Elle fait chaque jour une cueillette de plumes, de couleurs, de chants et de cris, la cueillette faite il s’agit de savoir ce qu’on a vu et entendu, de nommer ce monde en se plongeant dans les guides et autres encyclopédies. Pour Fabienne Raphoz c'est une jubilation totale.

    Je l’ai suivi jumelles en main ou presque à la recherche du Rougequeue à front blanc

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    ouh ça lui donne un air sévère

    Ne pensez pas que notre ornithophile reste accrochée à son Quercy, non au fil du temps on pérégrine à la recherche de l’ibis le roi des tombeaux égyptiens derrière Jean-François Champolion, ou le Jabiru du Sénégal une sorte de cigogne.

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    déjà en ce temps là

    Chez elle, sur son domaine, c’est le pouillot véloce qui l’intéresse, celui là je l’avais déjà croisé chez Jacques Brosse. Mais elle examine et écoute aussi de près la fauvette, la grive musicienne ou la sittelle torchepot.

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    Guetter l’Hypolaïs polyglotte lui procure un plaisir indicible, moi c’est ce nom qui m’enchante, j’imagine un oiseau maitrisant plusieurs langues, et l’auteur est absolument ravie nous dit-elle 
    « d’ajouter un son inconnu à ma petite encyclopédie sonore personnelle. » 

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    Et en VO s'il vous plait

    Il faut une oreille exercée pour reconnaitre les chants, les cris, les trilles qui annoncent les amours ou le sauve qui peut.

    Si on demande à Fabienne Raphoz de se définir ? Elle propose les mots d’un poète 

    «  ouvrir la fenêtre et dire, voyez, un monde existe » 

    Je ne peux que vous encourager à lire ces « carnets d’été d’une ornithophile » et partez à la rencontre d’une exploratrice d’un genre ailé, et peut être observerez vous une espèce inconnue, le Saint Graal pour tout ornitophile qui se respecte.

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    Ce livre va prendre place juste à coté des insectes d’Ernest Jungër, des scarabées de Jean Henri Fabre, des libellules d’Alain Cugno et des oiseaux de Jacques Delamain 

     

    Le livre : Parce que l’oiseau - Fabienne Raphoz - Editions José Corti

  • La Splendeur escamotée de frère cheval - Jean Rouaud

    Les mains d’or

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    «  Les mains d’or, elles travaillent sans modèle, sans filet, à main levée, et pratiquement les yeux fermés tant est faible la lueur des torches dont on mouche la pointe contre la paroi lorsqu’elles se mettent à fumer noir »

    Les spécialistes qui les premiers pénétrèrent dans ces grottes, ont cru que ces dessins, ces gravures étaient l'oeuvre des maitres de l’époque, en somme une supercherie

    Et pourtant ceux que l’on imaginait incultes, grossiers, rustres, nous ont laissé en héritage des images peintes qui n’ont rien à envier à un Rembrandt, un Michel-Ange. 

    Un héritage de 20 000, 25 000, 30 000 ans qui a pu faire comparer Lascaux ou la grotte Chauvet à la Chapelle Sixtine, aux cathédrales gothiques. 

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    Lascaux

     

    C’est le propos de Jean Rouaud dans ce livre, tenter de comprendre le pourquoi de ces oeuvres qui peut-être n’étaient pas faites pour être vues, pas faites pour décorer ou émerveiller d’autres hommes mais peut être pour apporter témoignage, pour créer un lien entre l’homme et l’univers.

    Jean Rouaud s’interroge, les paléontologues sont figés dans leur interprétation, pas question pour un historien d’avancer des hypothèses sans les étayer. Le scientifique peut nous éclairer sur la composition des pigments, sur la façon de projeter la peinture sur la roche,  sur la datation mais aucune d’indication sur le sens même des oeuvres. 

    Le poète, l’écrivain lui peut imaginer à sa convenance.

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    Altamira

    Il nous emmène de Altamira à Pech Merle, de Niaux à Rouffiniac, et bien sûr les grottes de Lascaux et Chauvet

     

    Pour Jean Rouaud ces oeuvres sont une manifestation du sacré que ces hommes ont eu besoin de d'inventer pour comprendre et accepter les phénomènes météorologiques, les faits déroutants, la mort. 

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    Grotte de Niaux

    « Face à ce gigantesque imbroglio de manifestations étranges, jour, nuit, éclairs, soleil, lune, volcan, grêle, orage, nuages, neige, fleurs, arc-en-ciel, naissance, mort, ils sont comme des penseurs aux mains nues. »

    « Les mains d’or » qui ont oeuvré dans des conditions parfois difficiles s’adressaient sans doute aux puissances invisibles, la sûreté du geste est fantastique alors que l’artiste n’a pratiquement parfois aucun recul et trace d’un trait d’un seul un cheval de 5 mètres de long sans aucun repentir. 

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    Le cheval de Cussac 

    L’auteur nous invite à réfléchir : si nous voyons une colombe au dessus de l’enfant Jésus dans la paille, personne ne pensera qu’un oiseau s’est introduit dans la crèche

    Accordons à ces Mains d’or la même volonté que le peintre du XVème devant sa toile, Rouaud en veut pour preuve les rapprochements que l’on peut faire entre les vaches de Lascaux et les toros de Mésopotamie.

    Quant au cheval c’est le symbole peut être du soleil, métaphore et image que l’on retrouvera chez les grecs. Le cheval comme le soleil peut parcourir de grande distance rapidement, il est en majesté à Lascaux, beaucoup plus que les prédateurs qui devaient pourtant effrayer les hommes. De Chauvet à Lascaux le cheval est devenu,  en quelques 15 000 ans, prééminent.

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    «  Les mains d’or, elles travaillent sans modèle, sans filet, à main levée, et pratiquement les yeux fermés tant est faible la lueur des torches dont on mouche la pointe contre la paroi lorsqu’elles se mettent à fumer noir »

    L’imagination et les propositions de Jean Rouaud m’ont plu. Dans une interview il dit que sur les fresques lorsque qu’un cheval baisse la tête il serait un plus logique d’y voir un signe de soumission plutôt que de voir un cheval broutant de l’herbe, les oies qui décorent l’entrée de la grotte de Cussac ne sont elles pas la métaphore des saisons qui toujours reviennent « Ce qui implique, ces aller-retours des migrateurs, que le monde est fini ? » 

    L’homme cherche des réponses « Dans quel monde parallèle se repose le soleil en attente de la bonne heure matinale » 
    Pourquoi ont ils dessiné ? « Pour décider de la vie d'un simple trait » nous dit superbement Jean Rouaud.

     

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    Les chevaux de Chauvet

    « qu'au commencement l'animal était Dieu et que Dieu est un animal »

    C’est un livre passionnant, qui oblige le lecteur à s’interroger, à imaginer ce que fut la pensée de ces hommes qui ont vu les derniers volcans en activité, leur conception du monde, qui ébranle nos certitudes. Jean Rouaud a une pierre de Rosette qui lui sert un peu de fil rouge : le galet d’Etiolles. 

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    Un essai  très réussi, même si à une ou deux reprise les phrases sont un peu complexes et nous perdent un peu en route, on se rattrape bien vite et on est fasciné par la finesse de l’observation et de l’analyse, par les clins d’oeil malicieux qui parsèment le récit

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    Le livre : La Splendeur escamotée de frère cheval - Jean Rouaud - Editions Grasset

    Le paléo Circus - Jean Rouaud - Editions Flohic ( A chercher d'occasion)