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Nature et bestioles - Page 12

  • Dans la famille Durrell donnez moi le frère

    Après quelques brindilles pour vous appâter voici le complément.

     

    La Grèce d’autrefois, la Grèce mise en scène par la famille Durrell. Une bonne façon de retrouver les paysages, les personnages que l’on a croisé dans des livres, de jouir d’un pays magnifique assez loin des mots comme dette ou austérité 

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     « La petite baie est d'une perfection à vous couper le souffle : c'est une sublime conspiration de lumière, de bleu et de cyprès ». 

     

    En choisissant de lire ou relire ces trois livres je savais ce que je faisais, passer de la poésie des paysages au rire de situations cocasses, au bonheur de croiser les habitants des îles de Corfou ou de Rhodes, d’y puiser un brin d’histoire mais surtout d’y sentir la chaleur du soleil, le parfum de myrtes et les divagations des frères Durrell.

     

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    Satanés frères Durrell © Loomis Dean/Time Life Pictures/Getty Images

     

    De savants mélanges dans ces trois livres. Vous pourrez passer des mythes antiques à des bestioles bien vivantes, faire le grand écart entre la prose de Lawrence et le ton joyeux et irrévérencieux de Gerald.  

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    Gerald au temps de Corfou

    Lawrence préfère le ton journalistique, un peu sérieux, bien documenté, agrémenté des conversations avec les uns et les autres, de bouts de correspondance avec des amis, les tribulations des statues des saints locaux, de baignades au clair de lune, de tapis de fleurs sauvages, de vergers magnifiques et de vignes séculaires. 

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    Henry Mille rendit visite à Durrell à Corfou et en fit un livre : le Colosse de Maroussi

    Lawrence imagine l’île de Corfou comme le repaire de Prospéro, le Prospéro de la Tempête,  vérité ou invention ? Allez donc le demander aux autres occupants, Tibère ou Homère, enfin s’ils acceptent de vous parler.  

    Lawrence occupe une villa à Kalami avec sa femme, havre où il espère trouver l’inspiration et être à l’abri des bestioles que son damné petit frère rapporte avec régularité dans la maison occupée par le reste de la famille.

     

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    « Là poussent de grands arbres florissants, poiriers, grenadiers, pommiers aux fruits éclatants, figuiers domestiques et luxuriants oliviers. » 

     

    Le Jardin des Dieux n’avait jamais été traduit, quel manque ! Toute la magie de Corfou est condensée dans ces pages, magie d’une île, magie de l’enfance.

    Car pendant que le grand frère Lawrence s’échine à écrire, Gerald qui n’a qu’une dizaine d’années s’en donne à coeur joie grâce à Theodore Stephanides  un ami de Lawrence qui va prendre Gerald sous son aile et transformer pour lui Corfou en un terrain de jeu extraordinaire et fascinant. 

     

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    «  Par ailleurs, j’imaginais sans mal la réaction de Larry (Lawrence Durrell) à l’idée d’un vautour dans la maison »

     

    On peut dire que c’est ici que s’est forgée son âme de biologiste.

    Je vous engage à suivre Sally l’ânesse sur les chemins, prendre place à bord de l’embarcation de Gerald avec chien et hibou. Un brin d’entomologie, un rien de biologie marine et toc voilà l’éducation du jeune boy qui prend forme d’autant que Lawrence,  bien que parfois victime des facéties du gamin, scorpion et serpent sont de la partie, initie son frère aux livres important comme ceux du naturaliste Jean-Henri Fabre.

     

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    Le décor de Vénus et la mer à Rhodes 

     

    Ces diables de Durrell ont réellement la bougeotte et quelques années plus tard Lawrence va travailler à Rhodes, l’occasion pour nous d’y faire un voyage dans le temps, 

    Plus historique le livre est tout à fait passionnant.

     

    Voilà une trilogie bien sympathique et si comme moi vous n’avez jamais fait le voyage en Grèce cela vous permettra au moins d’en rêver.

     

    Les Livres

    L’île de Prospero - Lawrence Durrell - Editions Le livre de poche

    Vénus sur l’île - Lawrence Durrel - Editions Le livre de poche

    Le Jardin des Dieux - Gerald Durrell - Editions La table ronde 

  • Dans l'oeil du faucon - Kathleen Jamie

    Un essai naturaliste comme je les aime. Peut-on être poète ET naturaliste, oui bien sûr, j’ai déjà fait l’expérience avec Alain Cugno le passionné de libellules ou les oies des neiges de W Fienes alors j’ai choisi de prendre les airs en compagnie de Kathleen Jamie.

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    Les Orcades

     

    Elle est poète et enseigne la littérature en Ecosse où se déroulent les chapitres de Dans l’oeil du faucon 

    Les îles d’Ecosse me font rêver malgré leur climat disons... pas vraiment sec, mais la beauté de ces paysages m’attire. Dans ce livre pas de découvertes extraordinaires, pas de plaidoyer tonitruant, non juste la nature et sa beauté, les dangers qui la menacent. 

     

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    Près de chez elle K Jamie a eu la chance d’avoir un faucon pèlerin qui nichait, « véritable pilote de formule un » d’après elle, elle l’observe alors que « les fleurs de prunier vont éclore »

    Mais nous dit-elle les pèlerins ne s’intéressent pas aux fleurs « ils les laissent aux bouvreuils pivoine et aux mésanges bleues »

    Elle consulte des livres pour comprendre ce qu’elle voit, pour mieux observer ces oiseaux qui se déplacent en « formation d’avions de combat » , elle lit William Fienes et surtout J.A. Baker un ornithologue amateur qui a écrit un livre magnifique :  .(il est dans ma bibliothèque je vous en parlerai un jour) 

     

    Elle nous fait vivre au rythme des oiseaux, éprouver leur peur et nous montre leur quête de nourriture.

    Elle nous rend ce monde là sensible et nous invite à lever les yeux pour apercevoir un faucon dans les nuages ou un crâne d’oiseau blanchi sur une plage.

     

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    Le Cairn de Maeshowe

     

    Vous visiterez aussi les vestiges d’une vie antique, vous entrerez dans les shielings ces drôles de cabanes qui l’été servaient d’habitation aux bergers qui venaient faire pâturer les moutons et fabriquaient leur fromage et leur beurre.

     

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    Les Shielings

     

    Mais cet essai n’est pas le seul du livre, vous pouvez aussi avec elle voir dans les dauphins, s’agiter les girouettes d’Edimbourg et admirer la nature qui perd pied petit à petit devant l’homme même dans cette région assez sauvage.

    J’ai aimé sa simplicité. Elle ne cherche pas à faire oeuvre de technicien, foin de l’identification et de l’étiquetage des oiseaux, elle préfère nous inviter sur son île un jour de solstice d’hiver sur les Orcades. Elle nous apprend à regarder, à écouter et son livre est à lire dehors, sur une plage déserte ou au bord d’une falaise bretonne ....

     

    Pour répondre à votre curiosité lisez le billet de Lewerentz

     

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    Le livre : Dans l’oeil du faucon - Kathleen Jamie - Traduit par Béatrice Vierne - Editions Hoëbeke 2015

  • Jardins de papier - Evelyne Bloch-Dano

    Les jardins : j’ai déjà lu quelques livres tout à fait réjouissants sur le sujet mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? 

    Le titre d’abord est attirant : jardins de papier, un comble quand on songe qu’aujourd’hui les livres eux-mêmes peuvent être virtuels !

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    Le pré Catelan à Illiers-Combray

     

    Evelyne Bloch-Dano aime les jardins, aime ses jardins car la chanceuse en a deux. Elle était parfaitement bien placée pour nous donner une petite histoire des jardins, sans prétention avec juste ce qu’il faut de détails pour nous donner envie de prendre son livre et d’aller le lire sous une tonnelle.  

    Du jardin d’Eden à ceux de Babylone elle nous trace une histoire, des jardins tirés au cordeau à ceux plus british et plus foisonnant voilà une jolie balade mais elle ne fait que commencer.

    La partie la plus intéressante c’est celle qu’elle consacre aux auteurs qui ont su nous parler de leur jardin, de leurs fleurs, de leurs légumes et de leur joie d’y mettre les mains.

    Elle nous fait parcourir les jardins de Rousseau, bon bien sûr lui ce ne sont pas les siens ! Mais si vous l’avez un jour visité, quel plaisir de de vagabonder dans le jardin des  Charmettes, de grimper tout en haut pour avoir une vue d’ensemble et s’imaginer Rousseau assit là.

     

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    Les Charmettes 

    Avez-vous remarqué que dans tous les romans de George Sand il y a un jardin ? elle ne peut pas s’en empêcher la bonne dame car Nohant fait partie d’elle, c’est son refuge, son havre et l’endroit où botaniste et jardinière elle gratte la terre avant de gratter le papier de sa plume.

    Colette là bien sûr vous l’attendiez, mais attention ce n’est pas le jardin de Colette, non c’est plutôt celui de Sido, saviez-vous qu’il est en pleine rénovation pour lui redonner son allure d’antan ? 

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    © photo Figaro Franck Prignet 

    Cette lecture c’est l’occasion pour moi d’avoir une folle envie de relire Le lys dans la vallée pour retrouver les jardins et terrasses de Clochegourde et leur parfum dans l’air du soir.

     

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    Le château de Vonnes qui devint Clochegourde chez Balzac

    Bon la liste est loin d’être terminée mais je m’arrêterai au Paradou de Zola, à Gide le botaniste (ça je dois dire que j’ignorais) et Marcel bien sûr dont la grand-mère fait chaque soir le tour du jardin. 

     

    Je vous laisse le plaisir de découvrir les amateurs plus surprenants. 

    Je suis certaine que ce livre plaire à Enitram qui sait toujours nous gaver de fleurs et de verdure.

     

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    Le livre : Jardins de papier - Evelyne Bloch-Dano - Editions stock

  • Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver

    Un jour avec binette et râteau 

     

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    Fête des mères, des pères,  comment faire plaisir à un(e) écologiste en mal de sobriété heureuse ? 

    Et bien en lui offrant un livre sympa mais en version poche (moins d’euros et moins de papier parfait pour l’empreinte carbone) 

     

    Celui que je vous propose n’est pas récent du tout mais je m’y suis replongée pour vous avec délices car non seulement vous y apprendrez comment réussi votre verger, votre potager mais en prime vous aurez droit à quelques recettes

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    Un pari celui d’une famille qui désireuse de changement s’installe dans une ferme des Appalaches avec l’idée folle de se nourrir avec ce qu’ils feront pousser ou ce que pourront leur fournir les fermiers des environs. 

    Ciel des locavores ces drôles de petites bêtes qui ne mangent que les légumes et fruits de saison et qui ont poussé sur place.

    Les expériences de nos fermiers en herbe ne sont pas toujours couronnées de succès mais ils s’accrochent. Mari et filles ont participé totalement à l’expérience et à la rédaction du livre. Un livre qui donne des idées et des envies.

     

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    Ce livre là je vais tout de suite l'offrir à  Aloïs qui a déjà le jardin, le potager, les bocaux, et qui en un tour de mains peut concocter un repas de roi et vous donner la recette.

     

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    Le livre : Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver - Editions 

  • Aucun homme ni dieu - William Giraldi

    Les loups, les loups ......

     

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    Quand la nourriture manque les loups se rapprochent des habitations, du moins c'est ce qu'on dit.

    En Alaska deux enfants ont ainsi disparus. Lorsque le fils de Medora Slone disparait elle fait appel à un spécialiste : Russel Core, un connaisseur et défenseur des loups, il accepte de venir à Keelut et de vérifier si l’enfant a bien été victime des loups. Il écoute le récit de la mère et s’enfonce alors dans l’immensité blanche à la poursuite de la meute de loups alors qu’en son for intérieur il est sûr que les loups ne sont pour rien dans cet enlèvement.

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    La vie du village a des accents claniques, tous sont plus ou moins liés et parents, Core apparait comme un intrus. L’administration d’ailleurs se tient un peu en réserve et la loi du silence est la règle.

    Ce que va découvrir Russel Core a de quoi surprendre et les faits vont s’enchainer à vive allure. 

     

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    « Les cabanes étaient peu nombreuses, rangées sur deux lignes bien distinctes. La plupart d’entre elles n’avaient qu’une seule pièce de plain-pied. Quelques-unes comportaient un étage et un toit en pente raide hérissé d’antennes radio qui grésillaient dans le froid. Les collines surgissaient tout autour, protectrices, ou bien juste prêtes à se refermer comme un étau sur le village. »

     

    Bon voilà vous êtes plongés dans le grand froid, la glace, la neige, les ours, les loups. Comme Core vous allez devoir survivre dans une nature hostile et puissante.

    Je vous préviens malgré le froid vous allez persister car ce roman est non seulement très original mais totalement passionnant. 

    La sauvagerie, la peur, la culpabilité, les hallucinations, tout est fait pour vous plonger dans un monde où la morale est reléguée loin des hommes, où l’on se sent plus proche de l’animal que de l’être humain.

    Vous participerez à une traque où la terreur vous guidera et ou la civilisation s’effacera petit à petit de votre radar. 

     

    Un roman très réussi, ambitieux, efficace et dont l’issue est surprenante. L’écriture sert parfaitement le propos. Un nord très très inquiétant.

     

     

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    Le Livre : Aucun homme ni dieu - William Giraldi - Traduit par Mathilde Bach - Editions Autrement 2015

     

  • Le bout du bout du monde - Luis Sepúlveda

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    Pas question de m’arrêter en si bon chemin et me voilà loin de l’Amazonie mais toujours avec Luis Sepulveda

     

    Après plus de vingt ans d’exil loin du terrifiant Pinochet, Sepúlveda après la lecture de Bruce Chatwin a une forte envie de retrouver son bout du bout du monde.

    Le voyage qu’il entreprend c’est celui de la mémoire et du voyage qu’il fit adolescent sur un baleinier.

    Le rêve pour un jeune qui vient de lire avec passion Moby Dick grâce à son oncle Pepe

    « C’est de lui que j'ai reçu mes premiers livres, ceux qui m'ont fait connaître des écrivains que je n'oublierai jamais ; Jules Verne, Emilio Salgari, Jack London. C'est de lui que j'ai reçu une histoire qui a marqué ma vie : Moby Dick, d'Herman Melville »

    Il fait la connaissance du Basque, grand chasseur de baleine, et de  Pancho son harponneur et la pêche commence.

    Si les souvenirs sont magnifiés par le temps il lui reste très fort le conseil du capitaine lorsqu’ils se quittent et parlant des baleines : « l’heure est venue de les laisser en paix »

     

     

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    La seconde partie du livre est une enquête à coup de téléphone, d’agences de presse, d’amis d’amis pour comprendre ce qui se passe au large du Chili et de l’Argentine dans ces eaux mythique pour tout marin mais qui excitent la convoitise des usines à tuer les baleines. Tout est bon pour masquer ces pratiques. 

    Le narrateur est vite en lien avec un mystérieux Jorge Nielsen qui crie à l’aide et demande l’appui des associations écologistes. La tuerie des baleines se fait malgré tous les interdictions.

     

    Notre journaliste va mettre ses pas dans les pas de son adolescence et partir pour cette terre mythique et cette mer porteuse de tant de légendes.

    Il faut culot et habileté pour mêler les thèses écolo et la poésie des récits de mer mais Sepulveda y parvient parfaitement et j’ai dévoré ce petit livre.

    Comme souvent dans ce cas là, j’ai eu envie de rouvrir des livres plus anciens qui sont automatiquement remontés à ma mémoire.

     

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    Le livre : Le Bout du bout du monde - Luis Sepúlveda - Traduit par François Maspero - Editions Métailié