Quand la montagne se fait danger
Le Valais Suisse
Ramuz était en bonne place dans mes intentions de lecture aussi quand Christian a fait un billet sur un des ses livres j’ai dressé l’oreille, ou l’oeil si vous préférez, et je me suis laissée tentée par la version numérique d’un de ces romans.
A quoi comparer La grande peur dans la montagne ? dans un style d’écriture totalement différent je rapprocherai ce roman de Collines de Giono mais aussi du Vampire de Ropraz de Chessex
Terreur, bluff, manipulation, méchanceté, haine et superstition…..voici les thèmes de ce roman.
Tout là haut dans le Valais Suisse un alpage porte malheur, tout le monde le sait dans la commune de Sasseneire, tout le monde en est certain au point de laisser perdre cette bonne herbe qui enrichirait facilement le village et nourrirait ses troupeaux.
La malédiction date de 20 ans et ils sont nombreux à en avoir été témoins.
Maurice Prâlong, Président du Conseil général, finit par emporter la décision de remonter sur l’alpage maudit. Les arguments financiers ont eu raison de la peur.
les personnages
Pas facile de trouver des volontaires pour passer les 3 mois d’été, bon gré malgré on finit par constituer un groupe d’hommes.
Il y a là Pierre Crittin l’amodiateur et son neveu, Ernest dit le boûbe le simplet du village, Romain le jeunot et Barthélémy qui se prémunit du mal avec un talisman, Joseph qui veut pouvoir marier sa promise et voit là l’occasion de se faire un petit pécule. Enfin il y a Clou, le mauvais, le tordu, le fourbe prêt à pactiser avec le diable.
La Grande Peur dans la Montagne par AVWorld
L’alpage est magnifique « On a trouvé que le pâturage avait une riche apparence » gage de profits. Mais rien de plus contagieux que la peur, un rien peut la réveiller : le bruit d’une sonnaille, un nuage à la forme bizarre, l’eau qui devient sournoise, un vent agaçant « une couleur méchante »
Des tensions naissent, tout le monde observe le ciel, les pâturages, les bêtes. Un soir Barthélémy raconte ce qui s’est passé autrefois, chacun écoute et gamberge.
©Enzo Photographie
Et le malheur se produit, les vaches sont victimes d’une fièvre mystérieuse, personne ne sait plus réfléchir, le moindre signe est interprété, les hommes se méfient les uns des autres, des objets disparaissent, c’est le règne de la peur, de l’irrationnel.
L’alerte est donnée au village mais les hommes sont condamnés à rester sur l’alpage jusqu’à la fin de l’épidémie pendant que le village sombre un peu dans le chaos quand la fatalité s’en mêle.
Vous conviendrez que la trame de ce roman est mince et pourtant par la grâce d’une écriture très personnelle et savoureuse, par un art consommé pour créer une atmosphère inquiétante, par une habile manipulation du lecteur, on se laisse prendre à ce récit.
Rien de folklorique dans ce roman, la Suisse de Ramuz pourrait être ailleurs tant les sentiments et les émotions sont de tous les pays.
Je vous invite à venir faire un tour sur ce pâturage maudit.
Le site de la fondation Ramuz
version numérique
Le livre : La grande peur dans la montagne - Charles-Ferdinand Ramuz - Editions Grasset numérique
Commentaires
Pas à dire, tu titilles juste com me il faut la curiosité !
@ Clara : l'étrangeté est dans le récit et le style de Ramuz mais une fois ouvert on va au bout c'est certain
Je me demandais si je l'avais lu, mais à lire ton résumé non. Mais j'ai dû y penser plusieurs fois. Je vais essayer de ne pas le perdre de vue.
@ Aifelle : je l'avais depuis longtemps dans ma liste mais c'est Christian qui a su me convaincre et j'ai vraiment apprécié
Content que vous ayez apprécié ce roman. J'espère que vous n'avez pas eu trop de coquilles avec la version numérique, je me rappelle en avoir constaté beaucoup.
J'aime beaucoup la photo dramatique de vache ! En harmonie avec l'atmosphère du roman.
Dans Littérature présente (M Nadeau), lire que je parcours par intermittence pour le moment, se trouve un texte sur Ramuz: je vous en fais un retour dès que je l'ai lue et si elle semble utile.
@ Christw : deux ou trois coquilles mais finalement pas plus que dans certaines versions papier
j'ai apprécié le récit et l'atmosphère particulière qui fait penser à Collines ou à Un roi sans divertissement pour la forme et la manipulation du lecteur
je sais que je lirai à nouveau Ramuz maintenant
Mouais, je dois avoir du mal avec la montagne, ce thème ne me fascine pas...
@ Keisha : tu as le droit de sortir ton joker....
La peur est contagieuse certes, et nous attirons ce que nous émettons... Je n'écouterai pas monsieur Ramuz et j'irai volontiers marcher dans le Valais... Bises. brigitte
@ Plumes d'Anges : j'ai d'excellents souvenirs de vacances et randonnées dans le valais avec le soir pour se remettre une petite fondue !
Ce roman de méfiance, de peurs contagieuses me tente beaucoup! Et merci pour le lien sur le site Ramuz, intéressant!
Et puis la "figure" de la vache...oh là là :-)
@ colo : cette vache donne bien le ton du roman : sombre et un peu mystérieux
Enendu parler, jamais lu. peut être l'occasion, je note.
@ miriam : je suis restée longtemps avec uniquement l'intention de le lire mais Christian m'a convaincu
Bonsoir Dominique, n'ayant encore jamais lu de roman de Ramuz, je retiens ce titre. D'après ce que tu écris, on est proche du roman policier. Pourquoi pas? Bonne soirée.
@ dasola : l'atmosphère peut s'apparenter à certains romans policiers, par exemple le roman de Giono un roi sans divertissement et aussi au livre de Bernanos : un crime
mais ici aucune énigme en réalité seulement des "impressions"
Ramuz:une Suisse violente et âpre comme la Provence d'un Giono.Et un téléfilm de qualité.
@ Eeguab : je n'ai jamais vu ce téléfilm et je le regrette car les acteurs sont fait pour donner envie
Apre cette Suisse là oui je suis d'accord et le lien avec l'âpreté de la Provence de Giono est immédiat
Voici un auteur que je ne connais pas du tout. Il faudra quand même qu'un jour j'aille y voir d'un peu plus près.
Bon week end.
@ Bonheur du jour : Ramuz mérite vraiment un détour par le Valais
Même peu d'envie que pour "Premier de cordée" et pour les mêmes raisons...
Par contre; comment naît la peur te comment elle se diffuse, cela me plaît bien étant facilement moi-même peureuse ! Un bruit, un vague sentiment ....un vrai petit cinéma personnel !
@ Annie : la montagne est beaucoup plus secondaire ici que chez Frison-Roche, la montagne pourrait être la forêt ou un marécage ....Lorsque la nature engendre et fait croître la peur, lorsque l'irrationnel vient brouiller la pensée des hommes et qu'ils regardent les autres hommes avec méfiance et haine parfois
J'ai bien envie d'aller télécharger ce texte que ton billet me donne envie de lire et aussi cette photo de vache sur un ciel tourmenté.
@ nadejda : les livres numériques ne remplaceront jamais pour moi le plaisir de feuilleter les ouvrages de ma bibliothèque mais en voyage ou en déplacement c'est un moyen tout à fait intéressant de lire sans s'encombrer
Grasset à sorti pas mal de titres en numériques qui peuvent remplacer les vieux poches en piètre état
Les auteurs avec lesquels tu compares celui-ci donnent tout de suite envie de se plonger dans ce roman !!!
@ Margotte : de la bonne littérature et une forme très attrayante
Je ne connais pas le Vampire de Ropraz, jamais entendu parler! Tu vas écrire sur ce livre?
@ Claudialucia : je l'ai écouté en fait il y a quelques mois mais tu as raison je ferais un billet prochainement
Je reste sur des lectures anciennes (Premier de cordée et autres) dans le domaine montagnard, si l'on excepte La voie Marion que j'ai lu l'année dernière... Ce thème ne me tente pas trop pour le moment.
@ Kathel : je me souviens avoir lu un livre intitulé "moi j'aime pas la mer" nul besoin de s'obliger en effet à lire ce qui n'attire pas, je passe mon tour bien des fois et sur bien des blogs ! ça fait une moyenne avec tous les livres que je retiens sur ma liste