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Nature et bestioles - Page 13

  • Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver

    Un jour avec binette et râteau 

     

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    Fête des mères, des pères,  comment faire plaisir à un(e) écologiste en mal de sobriété heureuse ? 

    Et bien en lui offrant un livre sympa mais en version poche (moins d’euros et moins de papier parfait pour l’empreinte carbone) 

     

    Celui que je vous propose n’est pas récent du tout mais je m’y suis replongée pour vous avec délices car non seulement vous y apprendrez comment réussi votre verger, votre potager mais en prime vous aurez droit à quelques recettes

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    Un pari celui d’une famille qui désireuse de changement s’installe dans une ferme des Appalaches avec l’idée folle de se nourrir avec ce qu’ils feront pousser ou ce que pourront leur fournir les fermiers des environs. 

    Ciel des locavores ces drôles de petites bêtes qui ne mangent que les légumes et fruits de saison et qui ont poussé sur place.

    Les expériences de nos fermiers en herbe ne sont pas toujours couronnées de succès mais ils s’accrochent. Mari et filles ont participé totalement à l’expérience et à la rédaction du livre. Un livre qui donne des idées et des envies.

     

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    Ce livre là je vais tout de suite l'offrir à  Aloïs qui a déjà le jardin, le potager, les bocaux, et qui en un tour de mains peut concocter un repas de roi et vous donner la recette.

     

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    Le livre : Un jardin dans les Appalaches - Barbara Kingsolver - Editions 

  • Aucun homme ni dieu - William Giraldi

    Les loups, les loups ......

     

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    Quand la nourriture manque les loups se rapprochent des habitations, du moins c'est ce qu'on dit.

    En Alaska deux enfants ont ainsi disparus. Lorsque le fils de Medora Slone disparait elle fait appel à un spécialiste : Russel Core, un connaisseur et défenseur des loups, il accepte de venir à Keelut et de vérifier si l’enfant a bien été victime des loups. Il écoute le récit de la mère et s’enfonce alors dans l’immensité blanche à la poursuite de la meute de loups alors qu’en son for intérieur il est sûr que les loups ne sont pour rien dans cet enlèvement.

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    La vie du village a des accents claniques, tous sont plus ou moins liés et parents, Core apparait comme un intrus. L’administration d’ailleurs se tient un peu en réserve et la loi du silence est la règle.

    Ce que va découvrir Russel Core a de quoi surprendre et les faits vont s’enchainer à vive allure. 

     

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    « Les cabanes étaient peu nombreuses, rangées sur deux lignes bien distinctes. La plupart d’entre elles n’avaient qu’une seule pièce de plain-pied. Quelques-unes comportaient un étage et un toit en pente raide hérissé d’antennes radio qui grésillaient dans le froid. Les collines surgissaient tout autour, protectrices, ou bien juste prêtes à se refermer comme un étau sur le village. »

     

    Bon voilà vous êtes plongés dans le grand froid, la glace, la neige, les ours, les loups. Comme Core vous allez devoir survivre dans une nature hostile et puissante.

    Je vous préviens malgré le froid vous allez persister car ce roman est non seulement très original mais totalement passionnant. 

    La sauvagerie, la peur, la culpabilité, les hallucinations, tout est fait pour vous plonger dans un monde où la morale est reléguée loin des hommes, où l’on se sent plus proche de l’animal que de l’être humain.

    Vous participerez à une traque où la terreur vous guidera et ou la civilisation s’effacera petit à petit de votre radar. 

     

    Un roman très réussi, ambitieux, efficace et dont l’issue est surprenante. L’écriture sert parfaitement le propos. Un nord très très inquiétant.

     

     

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    Le Livre : Aucun homme ni dieu - William Giraldi - Traduit par Mathilde Bach - Editions Autrement 2015

     

  • Le bout du bout du monde - Luis Sepúlveda

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    Pas question de m’arrêter en si bon chemin et me voilà loin de l’Amazonie mais toujours avec Luis Sepulveda

     

    Après plus de vingt ans d’exil loin du terrifiant Pinochet, Sepúlveda après la lecture de Bruce Chatwin a une forte envie de retrouver son bout du bout du monde.

    Le voyage qu’il entreprend c’est celui de la mémoire et du voyage qu’il fit adolescent sur un baleinier.

    Le rêve pour un jeune qui vient de lire avec passion Moby Dick grâce à son oncle Pepe

    « C’est de lui que j'ai reçu mes premiers livres, ceux qui m'ont fait connaître des écrivains que je n'oublierai jamais ; Jules Verne, Emilio Salgari, Jack London. C'est de lui que j'ai reçu une histoire qui a marqué ma vie : Moby Dick, d'Herman Melville »

    Il fait la connaissance du Basque, grand chasseur de baleine, et de  Pancho son harponneur et la pêche commence.

    Si les souvenirs sont magnifiés par le temps il lui reste très fort le conseil du capitaine lorsqu’ils se quittent et parlant des baleines : « l’heure est venue de les laisser en paix »

     

     

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    La seconde partie du livre est une enquête à coup de téléphone, d’agences de presse, d’amis d’amis pour comprendre ce qui se passe au large du Chili et de l’Argentine dans ces eaux mythique pour tout marin mais qui excitent la convoitise des usines à tuer les baleines. Tout est bon pour masquer ces pratiques. 

    Le narrateur est vite en lien avec un mystérieux Jorge Nielsen qui crie à l’aide et demande l’appui des associations écologistes. La tuerie des baleines se fait malgré tous les interdictions.

     

    Notre journaliste va mettre ses pas dans les pas de son adolescence et partir pour cette terre mythique et cette mer porteuse de tant de légendes.

    Il faut culot et habileté pour mêler les thèses écolo et la poésie des récits de mer mais Sepulveda y parvient parfaitement et j’ai dévoré ce petit livre.

    Comme souvent dans ce cas là, j’ai eu envie de rouvrir des livres plus anciens qui sont automatiquement remontés à ma mémoire.

     

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    Le livre : Le Bout du bout du monde - Luis Sepúlveda - Traduit par François Maspero - Editions Métailié

     

  • Ecouter lire

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    Il y a quelques mois j'ai lu et chroniqué ici le livre d'Alain Cugno, livre qui m'a donné beaucoup de plaisir et en novembre Frédéric Lenoir et Nelly Anvar l'ont invité aux Racines du ciel 

    Ecoutez Alain Cugno et je crois que vous aurez envie de lire le livre ou de l'offrir à votre oncle qui adore les bestioles

  • La Troisième île - Fredrik Sjöberg

    Les éditions José Corti recèlent des livres rares un peu confidentiels. Ce livre en fait partie.

    Fredrik Sjöberg est à la fois un scientifique et un écrivain, il choisit donc dans ce livre de nous tracer la biographie d’un naturaliste Gustav Eisen. 

     

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    Pas question pour lui de faire une bio classique, il choisit donc de faire une sorte de voyage avec Eisen le spécialiste des vers de terre ! (et ce n’est pas un canular)

    Eisen fut un ami dévoué et le bienfaiteur de Strindberg qui comme chacun sait avait un caractère de cochon, cela démontre la mansuétude d’Eisen. Dans les années 1869 il écrit carrément une thèse sur un lieu défini et minuscule proche de chez lui, thèse qui fut en son temps admirée par Darwin

    Il travaille plusieurs années aux Etats Unis et en particulier à l'Académie des sciences de Californie.

     

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                            California Academy of Sciences

     

    Après l’incendie de San Francisco qui a ravagé toutes ses archives et recherches botaniques accumulées pendant des années, Eisen à court de subsides  va chercher par tous les moyens à gagner de l’argent et va se tourner vers ...la viticulture !

    Un précurseur et doublement parce que lors de ce séjour en Californie il défendit aussi avec beaucoup de talent et de force la création de « sanctuaire » de la nature à l’origine du parc national des séquoias. Un homme de la trempe d'un John Muir.

     

     

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                         Sequoia National Park en 1890

     

    Passant à un moment par New York il se promène chaque matin à Central Park et finit par y faire connaissance avec une centaine d’écureuils. 

    Ajoutez à cela qu’il fut un peintre accompli. Bref un touche à tout de génie que Sjöberg nous rend très vivant.

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    © Flickr Cesar Ojeda

    L’auteur, spécialiste pour sa part des syrphes,  nous distille cette bio à coup d’anecdotes très vivantes, parfois empreintes d’une douce folie. Il mêle à cela ses propres expériences de biologiste, les polémiques scientifiques qui font s’écharper les savants, bref par de courts chapitres il vous met en appétit et titille la curiosité du lecteur.

    Il faut dire que les souvenirs de l’auteur sont parfois excellents. Vou apprendre comment l’entomologie lui permettait de courir les filles ou de déclencher à l’aide d’une simple cellule photoélectrique l’hystérie collective des ampoules de l’éclairage d’une petite ville.

     

    Il a été très attiré par la personnalité de Eisen, sorte de dilettante  de génie, de professeur Tournesol qui à 90 ans apprenait l’écriture cunéiforme pour passer le temps.

     

    C’est un livre à offrir aux curieux, aux entomologistes amateurs, aux lecteurs de Jünger et des ses chasses subtiles ou aux passionnés de Fabre 

     

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    Le livre : La Troisième île - Fredrik Sjöberg - traduit par Elena Balzamo - Editions José Corti

     

    L'auteur

     SJOBERG_FREDRIK.jpgNé en 1958, Fredrik Sjöberg - biologiste, écrivain et critique littéraire – vit à Runmarö dans l’archipel de Stockholm. Il a été nominé pour le prestigieux Augustpriset (le Goncourt suédois) et a obtenu le Vinterpris de Samfundet De Nio (l’Académie pour la littérature, à Stockholm). Ses livres ont été traduits en allemand, en russe, en norvégien, en anglais. (source l'éditeur)

  • L'âne et l'abeille - Gilles Lapouge

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    « Jésus décida de récompenser l'âne de Bethléem. il donna à tous les descendants de cet âne le pouvoir de rire.»

     

    Voilà un homme qui aime les chauve-souris et les colibris mais qui fait carrément une fixation sur les ânes et les abeilles. 

    Son choix est poétique, c’est la faute non pas à Voltaire mais à Francis Jammes et au divin Platon.

    Tombé dans le poème de Francis Jammes quand il était jeune, mais si vous savez...

     

    J’aime l’âne si doux
    marchant le long des houx.
     
    Il prend garde aux abeilles
    et bouge ses oreilles 

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    Celui là se nomme Séraphin

    Voilà notre homme qui s’embarque dans un livre où il est question du mariage improbable de ces deux animaux.Gilles Lapouge est amoureux à la fois de l’âne « qui bouge ses oreilles » et de l’abeille industrieuse.

    L’âne têtu (et ce n’est pas un mythe) et humble comme celui de la crèche à qui il manque une vertèbre ce qui le rend corvéable à merci, ne dit-on pas âne bâté ?

    L’âne marche, musarde, flâne, « L’âne est tenté par l'anarchie. » alors que l’abeille chacun sait qu’elle est une travailleuse hors pair, acceptant de se dévouer corps et âme pour sa reine et qui nous donne son miel. Gilles Lapouge nous dit

    « Ses colonies et ses ruches préfigurent les sociétés glaciales, techniciennes, sans ferveur ni déchirements, barbares en somme, modernes en somme »

    L’abeille elle philosophiquement n’est pas pour l’anarchie  « L’abeille est utopiste, à la manière de Platon et de Thomas Moore. » et elles sont résolument pour une société loin de tout individualisme.

     

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    « Les abeilles, en s'associant les unes avec les autres, sacrifient leur indépendance, leur insouciance, leur goût du plaisir et leur passion de l'inutile. »

     

    Ânes et abeilles, ils les passe tous en revue, de Modestine accompagnant Stevenson, aux pauvres ânes des tranchées de Verdun (ils y étaient !) en passant bien évidemment par La Fontaine incontournable quand il s’agit d’animaux. Mais il y a aussi : la Bible, la mythologie, Homère, Aristote ou l’inévitable Marcel P.

    Pour les abeilles c’est itou, des blasons à l’étude des ruches, aux savants qui se sont interroger sur la fabrication du miel et sur le sexe non pas des anges mais des bourdons, là Lapouge est ferme : l’abeille n’a pas de vie sexuelle qu’on se le dise ! si ce n’est avec des fleurs....alors que l’âne lui est un des seuls animaux à s’accoupler hors de son espèces ! oh voilà bien un « exhibitionniste » osé ! 

     

    C’est une lecture délicieuse, douce comme le miel mais qui requière la ténacité de l’âne car Gilles Lapouge n’est pas en reste d’érudition et remonte allègrement les siècles pour nous enchanter. Je vous avertis que quand Lapouge vous tient il ne vous lâche plus et que l’on file doux 

    Un livre qui en en même temps fable philosophique, essai scientifique mais surtout une fantasia poétique et amoureuse.

     

    Le livre : l’âne et l’abeille - Gilles Lapouge - Editions Albin Michel