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Nature et bestioles - Page 6

  • Ma Transhumance carnet de route - Antoine de Baecque

    Voulez-vous faire la Routo ?

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    Lire ce livre  m’a donné des fourmis dans les chaussures peut-être vous fera-t-il le même effet. 

    Avez vous vu des fêtes de l’Estive et le retour des troupeaux mais savez-vous qu’il n’y a pratiquement plus de vraie transhumance, c’est à dire le troupeau, les bergers, les chiens et la route, non tout passe aujourd’hui par des convois de camions.

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    Dans les Pyrénées 

    Ressortant les vieilles cartes, aidé par les associations locales Antoine de Baecque a préparé sa petite odyssée qui porte un nom du sud : la Routo

    Grand marcheur devant l’Eternel il a repris les chemins parcourus par les troupeaux de moutons, les grandes carraires qui d’Arles au Piémont voyaient passer des milliers de bêtes dans des décors à la Giono. Il y avait la Carraire des arlésiens qui fut tracé en partie par H Fabre l’entomologiste.
    Savez-vous qu’une carraire pouvait faire jusqu’à 100 mètres de large, draille où les troupeaux semblaient voguer entre ciel et terre.

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    Drailles et Carraires 

    Aujourd’hui c’est une pratique moribonde que la transhumance et sur les cartes les chemins n’apparaissent plus. 
    Le tracé comporte plus de routes nationales que de chemins, les cultures se sont étendues, il faut protéger les véhicules et les conducteurs, l’épopée des bêtes et des bergers est terminée. 
    Alors l’idée de faire à pied ce chemin m’a enchanté.

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    La Route autrefois

    Notre marcheur part d’Arles, traverse  la Crau et sa garrigue, les oliviers des Alpilles, fait un passage avec un clin d’oeil à Zola et Cézanne dans la campagne aixoise. 
    Puis c’est la traversée du plateau de Valensole, la vallée de la Bléone, celle de l’Ubaye et enfin le col de l’Arche et l’Italie. Joli périple non ?

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    En Haut Provence

    Ce chemin est fait aussi de rencontre avec les bergers, les propriétaires de troupeaux. 
    C’est un bel hommage et j’ai aimé le périple, les paysages et les hommes J’ai aimé ce journal de voyage où Giono est souvent nommé qui permet au lecteur de s’évader du quotidien de belle façon.

    Si vous êtes randonneurs vous pourrez dès 2020 suivre cet itinéraire car Antoine de Baecque avec son périple a participé à corriger, compléter, enrichir cette Routo des hommes et des bêtes.

    Tout est sur le site : La Routo

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    Le livre : Ma transhumance carnet de Route - Antoine de Baecque - Editions Arthaud

  • Les Simples - Yannick Grannec

     

    Je sais que l'on vient de vivre un confinement mais partir dans une abbaye bénédictine ça vous tente ? Si je vous dis que c’est dans le sud de la France ? Tout près de Vence ? Je vous sens déjà plus tenté.

    Dans les années quinze cent quelque chose la congrégation de Notre -Dame du Loup est plutôt prospère grâce aux sirops, pommades, onguents et plantes qui ont fait sa renommée et sa richesse, même les grands utilisent le savoir des nonnes, jusqu’au roi de France et au Pape. 

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    « Notre-dame du Loup est une forteresse austère, ceinturée de façades aveugles, sans aucun des charmants agréments que le siècle a apportés »

    Entrons plus avant dans l’abbaye des Louventines.  La Mère abbesse Marie-Vérane la dirige avec poigne et justesse mais la règle de Saint Benoit n’empêche ni l’envie, ni la jalousie, et moins encore la convoitise, le tout mêlé parfois à une aspiration à la sainteté !
    Une guerre en règle est déclarée entre l’Abesse et la prieure, sœur Marie-Angèle de l’Incarnation.

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    Soeur Clémence, la doyenne est l’âme de l’abbaye, c’est elle qui connait les simples et leurs vertus.
    Savoir qu’elle tente de partager avec Gabrielle une novice instruite, intelligente.
    La recherche, la récolte et les préparations sont le secret le mieux gardé de l’abbaye.

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    Les soeurs exercent aussi leur savoir dans un dispensaire pour les nécessiteux. L’existence à cette époque est toujours menacée par les accouchements désastreux, les épidémies ravageuses et les superstitions qui balayent toute rationalité.

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    La richesse acquise par les Louventines grâce aux simples, aux plantes médicinales, est parfaite pour attiser la convoitise du clergé local. 
    Le savoir de ces femmes frise l’hérésie car il échappe au pouvoir temporel et à la férule de l’évêque, double pêché.
    L'inquisition n’est jamais loin pas plus que l’accusation de sorcellerie

    Léon de la Sine est un jeune homme très obéissant, il n’a guère le choix, dans sa famille c’est l’ainé qui héritera des terres et du titre. Il est en mission pour l’évêque de Vence Jean de Solines afin d’ inspecter cette abbaye et si possible y trouver des manquements qui permettent à l’évêque de glisser son pied dans la faille et de s'en approprier les biens.

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    Ce qu’il veut : mettre la main sur les recettes, les bénéfices, supprimer l’hôpital des indigents et surtout rapatrier  en son église les reliques de Sainte Vérane qui assure la notoriété de l’abbaye
    Le meilleur moyen c’est de jeter le discrédit sur l’abbaye et son abbesse 
    Il a le soutien du clergé et du corps médical local, tous acquis à sa cause car l’abbaye leur fait de l’ombre.

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    Léon de la Sine encore très naïf va trouver du charme à Gabrielle la novice. Victime d'un grave accident il va être soigner par les soeurs du couvent et sa mère va lancer une opération récupération qui va faire basculer tout ce beau monde cul par dessus tête.

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    Un roman plein de richesse, fouillé, dense  plein d’érudition et d'originalité, très visuel je verrai bien ce roman en mini série. C’est savoureux. J'ai aimé certains personnages et en premier lieu les simples qui deviennent les héroïnes principales.

    L’écriture s’appuie sur une belle documentation qui restitue le souffle et l’esprit , un bel éclairage d’une période que j’aime. J'avais aimé le premier roman de Yannick Grannec sur un sujet très différent. 

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    Le livre: Les Simples - Yannick Grannec - Editions Anne Carrière

     

     

  • Bribes de Florence

    Après Venise, une petite balade à Florence ?

     

    «  D’où vient donc Florence ? - De l’Arno »

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    « L’Arno prend sa source au mont Falterona. C’est un torrent. L’hiver il charrie des troncs d’arbre. Au printemps, des canoteurs. Après quelques mois de sécheresse, l’eau du fleuve pourrit. On la voit mousser sous les ponts, et, le dimanche, les pêcheurs sont néanmoins si serrés sur les berges qu’on dirai l’arrivée d’une course cycliste. »

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    Le Livre : Florentiana - Thierry Laget - Editions Gallimard L’un et l’autre

  • Ecrits de nature tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen

    Observateur de la nature et poète voilà un auteur fait pour moi. Son oeuvre sera rassemblée en trois tomes chez Maurice Nadeau, à ce jour seuls les deux premiers sont sortis. 

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    Baie d'Audierne

    Les deux livres sont constitués d’écrits invitant au voyage : Cornouailles, Ecosse ou Pays de Galles, Vannes ou la Baie d’Audierne. Le troisième tome qui devrait nous emporter à Saint Pierre et Miquelon.

    J’ai erré tout l’été en sa compagnie, ce sont des textes qui défient le temps, la géographie, la poésie car c’est un mélange des trois. 
    Alexis Gloaguen nous promène dans des friches, des mines abandonnées, des écluses ou estuaires, des marais, des sentiers cachés à l’oeil du passant ordinaire. 

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    Ecluse bretonne

    Sa relation aux lieux, aux plantes, aux insectes est toute personnelle, elle est irriguée de poésie, on s’immerge dans des marais salants, on se fait pêcheur d’oiseaux, observateurs de libellules, la nature sauvage nous est donnée, offerte

    Un monde sauvage de vent et de pluie avec en arrière fond les connaissances de l’entomologiste :

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    « Voir la danse de l’æschne bleue au-dessus d’un étang forestier peut donner l’approximation rapide de l’éternité. Oblique, elle gobe les moucherons et semble téter le ciel. Imprévisible, elle va du sommet des chênes au col des joncs en passant par les ramures basses des saules. Elle vire et roule en quête d’une image mentale sur laquelle soudain ressortent les proies. Sa rapidité presque sans limites n’autorise que les plus prompts des oiseaux, et les moins réticents aux pirouettes aériennes, à la capturer en vol. »

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    Du botaniste :

    « À mes pieds vibre une hampe de ciguë de l’année passée. Elle est sèche, marquée par les trous que les insectes de l’hiver y ont faits pour s’abriter. De ce cylindre cloisonné, qu’ils ont bouché puis rouvert au printemps, il reste aujourd’hui la longue archéologie d’un train vertical. » 

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    De l’ornithologue

    « Lors du vol migratoire, l’oie de tête, source d’ondes aériennes qui aident les suivantes et les orientent, est fréquemment relayée. Et lorsque la troupe s’alimente au bord des rives, chaque oiseau veille à son tour, laissant les autres tamiser la vase au filtre sensible de leurs becs, chicaner pour des raisons mystérieuses, émettre leurs cris tragi-comiques, se lisser les plumes, osciller sur le clapot. »

     

    J’ai aimé le côté contemplatif mais aussi crapahuteur de l’auteur. J’ai aimé le rythme de l’écriture, la passion du vent, des paysages, d’une nature en train hélas de disparaitre « C’est pour moi une source perpétuelle d’inspiration… C’est la montagne, l’estuaire, les oiseaux qui écrivent. »

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    Si vous êtes lecteur des Souvenirs entomologiques ou de Walden vous êtes prêts pour explorer la nature d’Alexis Gloaguen 

    Les photos de Rémy Basque et les dessins de Jean-Pierre Delapré illustrent parfaitement les textes.

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    Les Livres : Ecrits de Nature Tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen - Editions Maurice Nadeau

     

  • Embrasse l'ours - Marc Graciano

    J’aime retrouver les auteurs qui une fois m’ont fait rêver ou vibrer, parfois un livre d’eux est une déconvenue alors tristement on passe, mais on garde néanmoins un oeil aux aguets.

    De Marc Graciano j’ai aimé énormément  Liberté dans la montagne puis après un ou deux romans un rien décevants j’ai repris langue avec lui avec Le Sacret.
    Aujourd’hui c’est au pays de l’ours qu’il nous convie avec un titre réjouissant :  Embrasse l’ours.

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    On pourrait penser que l’ours est aujourd'hui mal accepté mais que c’est récent, pas du tout nous dit Graciano qui retourne pour nous au moyen-âge. 
    Une ourse magnifique attirée par « une frénétique recherche de nourriture » vient jusque dans le village s’emparer d’oeufs, de fruits, de viande. 
    Les risques sont énormes mais la tentation et la faim font taire la prudence. La chasse est donnée, c’est un ourson qui est capturé dans la tanière de l’ourse avant que la bête meurt.

    Un ourson sauvé du massacre par un loutier est adopté par des oursaillers
    « C’étaient des baladins qui donnaient spectacle dans les villages qu’ils visitaient, et ils ne se nourrissaient que d’herbes et de graines, et de miel et d’oeufs, et de lait »

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    Ce n'est pas si vieux 

    Il devient un ours imposant, qui tient droit sur ses pattes « une bête qui se prend vraiment pour un homme »
    On le déguise, il partage la vie de la troupe. Danse avec une belle jeune fille. Le public est partagé entre peur et émerveillement.
    Mais la mort rôde. L’évêque du village déclare la chasse à l’ours ouverte car dans l’inconscient collectif il y a l’idée d’amours possibles entre la bête et la femme. 

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    La troupe des oursaillers rappelle un peu les personnages de Liberté dans la montagne, le lien magique entre hommes et bêtes mais en même temps une cruauté, une violence toujours sous-jacente.

    Un conte plein de tendresse, sensuel et poétique. Marc Graciano se met à hauteur d'animal, il est toujours aussi amoureux des mots dont le sens s’est perdu mais qui servent de balises à son récit. Une langue superbe.

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    Le livre : Embrasse l’ours - Marc Graciano - Editions José Corti

  • Brindilles du pays des ours

    « Le grand ours s’arrêta à dix mètres de moi. 
    Il montra les dents en grognant et coucha les oreilles. Entre ses épaules, les poils de sa bosse étaient hérissés. Nous nous fixâmes l’un l’autre pendant des secondes qui me parurent des heures »

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    « Le grizzly redressa les oreilles et regarda sur le côté. Reculant un peu, je tournai la tête vers les arbres. 
    Je sentis quelque chose passer entre nous. L’ours se détourna lentement, avec élégance et dignité, puis, d’un pas cadencé, il s’enfonça dans le bois à l’autre bout de la clairière, j’avais le souffle court et le visage cramoisi. Je sentais que je venais d’être touché par quelque chose de très puissant et de très mystérieux. »

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    « Ce versant de montagne est un endroit tout à fait particulier pour moi, un lieu d’où émane un certain pouvoir, il en est de même de certaines autres vallées de cette région et du nord du Montana, où les grizzlys errent encore. Je reviens sur ces lieux chaque année afin de suivre les ours à la trace et de tenir le journal de ma vie. »

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    Le livre : Mes années grizzly - Editions Gallmeister