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Nature et bestioles

  • Par Monts et par vaux - Martin de la Soudière

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    J’aime bien surveiller les parutions des auteurs que j’aime, qui m’ont intéressé, donc me revoilà sur des chemins géographiques avec Martin de la Soudière.

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    C’est mon second voyage avec lui et je dois dire qu’il a tenu toutes ses promesses.

    En avant donc de paysage en paysage, d’alpage en bocage, d’un col à une vallée, par les landes et les forêts.

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    Je suis adepte de géographie, je me souviens encore de mes premières cartes apprises par cœur à coup de tracés sur feuilles quadrillées (c’était un temps où l’exigence était forte) j’ai dessiné des fleuves et des montagnes, des côtes et des estuaires.

    Je ne dessine plus de cartes heureusement car je suis nulle en la matière mais ma curiosité n’a jamais été émoussée.

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    Marais de brière

    Martin de la Soudière a choisi la forme abécédaire, un abécédaire tout personnel de 22 motifs, qui fait voyager d’alpage en verger, de colline en sommet sans oublier les forêts ou les vallées.

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    Alpages

    C’est une balade, on a un peu l’impression de faire l’école buissonnière, on redécouvre des espaces oubliés.

    Dans sa préface Martine Tabeaud dit « le funambule Martin de la Soudière, joue sur le fil de ses impressions. Il invite le lecteur à en faire de même. »
    J’ai forcément mes préférés : j’aime les bocages, les étangs et les marais, sans doute parce que je n’ai jamais habité dans ces paysages-là.
    J’ai aimé surtout quand l’auteur mâtine sa leçon de références littéraires ou cinématographiques.

    On croise Pérec, Sylvain Tesson, Elisée Reclus forcément, Pessoa ou Jaccottet mais aussi George Sand, Lacarrière bien entendu, Jean-Loup Trassard l’homme des haies.

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    Le Géographe – Henri de Braekeleer -

    Musée des Beaux-Arts de Belgique

    Le livre écrit par un géographe, poète ethnologue, est allé rejoindre le précédent et dorénavant j’ai la géographie à portée de main ce qui me réjouit pleinement.

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    Le Livre : Par Monts et par vaux – Martin de la Soudière – Éditions Anamosa

  • Un giono inconnu

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    ©(ERWIN BLUMENFELD / CONDE NAST COLLECTION EDITORIAL

    Il y a parfois des parutions qui vous mettent en joie et que vous ne rateriez pour rien au monde.
    Un grand merci à Marie qui m’a alerté sur cette édition.

    Un inédit de Jean Giono vient de paraître. Ne vous découragez pas il m’a fallu chercher, la Fnac, Decitre, l’annonçaient indisponible. Quant à Amazon le délai était de 7 semaines !!!
    Mais merci à la librairie Gallimard de Paris qui me l’a fait parvenir en 3 jours.

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    Le livre dormait dans des archives judiciaires, et date de 1939 au moment où Giono eu maille à partir avec la justice en raison de son pacifisme.

    Un jeune chercheur en histoire, Antoine Crovella tomba sur ce texte, ce récit est mentionné dans le journal de Giono mais personne n’avait réussi à mettre la main dessus.

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    « Voyage à pied dans la Haute-Drôme Notes pour les Grands chemins »
    La page est partagée en deux, le récit mêle les observations de Giono sur la nature, les animaux, les villages et leurs habitants, les sensations éprouvées et à côté ses réflexions.
    Giono aime cette région du Diois où il plaça Un roi sans divertissement.

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    Je n’ai pas encore lu la totalité du livre, je fais durer le plaisir. Il m’a rappelé en plus court, les cahiers de travail de Steinbeck préparatoires aux Raisins de la colère ou A l’est d’Eden.

    Il y a sous-jacent la même recherche, les mêmes questions sur la création littéraire.

    Une petite pépite.

    Les Livres 
    Chroniques romanesques  – Jean Giono – 
    Éditions Quarto Gallimard
    Voyage à pied dans la Haute-Drôme – Jean Giono – Éditions des Busclats - 2024

  • Bribes de marche

    L’amour de la marche

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    J’ai toujours aimé marcher. Cela remonte à l’enfance et à l’été de mes onze ans. Mes parents m’avaient inscrite en colonie de vacances. Pour la première fois, j’allais découvrir les contreforts des Alpes.

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     Ce fut une expérience fondatrice où j’ai découvert le bivouac et la marche dans les montagnes à vaches. La fatigue, l’endurance aussi, la lenteur : poser un pied après l’autre. Avant je ne savais pas me déplacer autrement qu’en courant et, là, j’ai appris à ralentir et à respirer en silence, à mesurer mon effort. Apprendre à boire lentement quand on a très soif est une chose étonnante. Je ne l’ai jamais oublié. Tout s’est joué, cet été-là, sur les chemins d’altitude, dans l’itinérance et le passage des vallées, à travers les pâturages fleuris, les chemins creux tapissés de fraises sauvages et de prêles : ces petits bambous verts des temps préhistoriques.

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    Le bonheur, c’était l’aventure à hauteur d’enfant, l’eau fraîche des fontaines qui dévalait et tintait comme les cloches des troupeaux, le grand air et la liberté des bivouacs loin du cadre familial, les soirées allongées près du feu à guetter les étoiles filantes ou encore à l’abri des tentes à écouter la pluie et le grondement des orages.

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    Le livre : Marcher en plein ciel -Gwenaëlle Abolivier – Éditions Le Mot et le Reste

  • Bribes de marche pour philosophes

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    « La marche est un début de chute, l’amorce d’une chute, qui est d’abord provoquée, puis aussitôt empêchée, puis recommencée et réempêchée… indéfiniment. Mettre un pied devant l’autre, c’est se faire presque tomber, se rattraper, se refaire tomber à peine, se rerattraper, sans cesse. Le mouvement est produit par cette amorce de chute constamment entretenue et arrêtée. Nous le savons, intuitivement. Nous n’y pensons presque jamais, bien que nous marchions tous les jours, pour la plupart d’entre nous. »

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    « Humains, nous sommes des « êtres marchants ». La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi. C’est pourquoi il me semble qu’on ne peut se contenter de juxtaposer ces définitions de l’humain : être marchant, être parlant, être doué de raison. Il faut en explorer les liens, en examiner l’éventuelle unité. Car se redresser pour marcher fut apparemment, pour notre espèce, le geste qui a permis de parler et de penser. Quand l’humain a commencé à marcher, il a commencé aussi à parler et à penser. »

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    « En ce sens, nos pensées marchent. Quand elles sont mises à l’épreuve – et la philosophie constitue au plus haut point cet exercice – leur manière de fuir en avant ressemble de très près au mouvement de contrariété interne, provoquée et surmontée, qui se tient au cœur de la marche. Marche et philosophie se trouvent sans doute dans un mouvement semblable de chutes et redressements permanents. »

    Le livre : Comment marchent les philosophes – Roger-Pol Droit – Editions Paulsen

  • Eden - Auður Ava Ólafsdóttir

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    Êtes-vous partant pour un séjour en Islande, bon c’est certain il va pleuvoir mais vous pourrez nager dans une source chaude, ceci compense cela.

    Rendez-vous chez Alba, une femme qui vit parmi les mots, et pas seulement les mots, les langues aussi. Elle est linguiste et spécialiste des langues en perdition. Elle est douée et passionnée.

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    A ce titre elle voyage un peu partout, elle jongle avec les déclinaisons, les conjugaisons, la grammaire, de quoi remplir les journées.

    Et puis quelque chose se rompt dans la machine bien huilée, son travail à l’université de Reykjavík et dans l’édition semble ne plus tout à fait suffire, il y a aussi un grain de sable dans les rouages, un étudiant lui dédit des poèmes, des écrits, ce qui risque de mettre en péril un poste qu’elle a en vue.

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    Et puis il y a ses doutes et ses inquiétudes sur l’état de la planète, sur l’extinction programmée des espèces et pas seulement des dialectes, sur tout ce qu’elle a envie de préserver : la nature, les liens que l’on forge au gré du temps, les livres qui peuplent la vie.

    Elle doit avouer « Je n'ai pas toujours été très douée pour faire coïncider mes pensées avec mes paroles. »
    Son père est un passionné des arbres et du coup Alba s’interroge.
    « Combien d'arbres je devrais planter si je voulais compenser l'empreinte carbone de tous les trajets en avion que j'ai effectués l'an dernier ? »

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    La prise de conscience est brutale, il lui faudrait planter 5600 arbres pour combler le déficit !!!
    De quoi s’interroger sur son mode de vie.
    Pas de blablas de spécialiste, pas de conférence sur le réchauffement non, tous simplement Alba remonte ses manches et se met à planter des arbres.

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    Elle achète une petite maison avec un immense terrain pour planter 2000 bouleaux, rien de moins, ah oui elle a aussi prévu un potager.

    Son petit paradis demande de l’huile de coude pour entamer cette reconstruction, mais elle a trouvé un nouveau sens à sa vie et cela change tout.

    J’ai aimé cette jolie fable pleine d’espoir, de poésie, de drôlerie.

    J’ai aimé le personnage de Danyel jeune réfugié prêt à s’approprier une nouvelle langue car il sait que cela lui permettra d’être accepté, de tisser quelques liens.Parce que dit Alba, une langue c’est une façon de « décrire comment il est possible de supporter cette chose qu'on appelle la vie »

    J’ai aimé que Auður Ava Ólafsdóttir vienne titiller notre responsabilité, pas question de nous culpabiliser non mais elle nous pousse à réfléchir à notre engagement personnel car après tout « Nous sommes à chaque instant au centre de notre existence »

    J’ai aimé comment elle montre que le trop plein d’objets, de livres « Gerður, la guichetière de la banque, m'a acheté La généalogie de la langue, Fríður qui travaille à la supérette la compilation d'articles: La grammaire en s'amusant. Et juste avant ton arrivée, j'ai vendu à Elinborg K Déclaration d'amour à ma langue maternelle »

    J’ai aimé ce vivre ensemble,la liste des « activités qui échappent aux règles du langage »

    «Marcher dans la nature.
          Travailler dans le jardin.
    Biner les rangs de pommes de terre.
    Respirer.
    Regarder le ciel au-dessus de la montagne.
    Écouter les oiseaux »

    C’est le moment de remercier le traducteur, Eric Boury, je l’ai déjà apprécié avec les romans de Stefansson ou Indridason c’est une occasion de plus d’apprécier son travail.

     Un livre tout en finesse, légèreté et simplicité, n’hésitez pas

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    Le livre : Éden - Auður Ava Ólafsdóttir - traduit par Éric Boury – Éditions Zulma

  • Bribes d'Aubépine

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    Depuis quelques années je consomme de l’aubépine pour éviter des traitements plus lourds de l’hypertension. Ridicule ? risqué ? en fait non puisque jusqu’à aujourd’hui cela marche.

    Alors j’ai eu envie de chercher et voilà le résultat de ma recherche.

    « Aubépine a pour origine le latin alba spina, qui signifie « épine blanche », l’autre appellation de cet arbre depuis toujours vénéré, comme à Rome où la plante symbolise la prospérité. La tradition conseillait par exemple d’attacher une de ses branches sur les berceaux des nouveau-nés pour tenir à distance le mauvais sort. Dans beaucoup de régions, il était recommandé aux enfants malades de toucher le feuillage de l’aubépine, car il se disait alors que c’était bon pour la santé. Si l’Église catholique n’encourage pas ces pratiques peu chrétiennes, elle ne les condamne pas davantage, en souvenir certainement de la couronne du Christ faite d’après elle en aubépine.

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    L’aubépine est un arbre de petites dimensions, mais son espérance de vie est grande. L’un des plus vieux arbres de France est une aubépine. Elle vit à Saint-Mars-sur-la-Futaie, une commune de la Mayenne, et elle est âgée de mille sept cents ans. Un texte datant de 1150 la qualifie déjà de très vieille.

    Il est difficile de rester insensible à la beauté de l’aubépine. Quand Marcel Proust publie en 1918 À l’ombre des jeunes filles en fleurs, ouvrage pour lequel il recevra le prix Goncourt, il décrit avec subtilité une plante que de toute évidence il apprécie :

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    « Tout d’un coup, dans le petit chemin creux, je m’arrêtai touché au cœur par un doux souvenir d’enfance : je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s’avançaient sur le seuil, un buisson d’aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. […] J’aurais voulu la saisir. Je m’arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l’arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l’aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. »

     

    Le livre : Dictionnaire amoureux des arbres – Alain Baraton – Éditions Plon