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Nature et bestioles

  • Pour fêter Monsieur de Ronsard

    ronsard

    Pour les petits livres autour d’un peintre, d’un poète, je suis toujours à l’affut, j’aime ces versions courtes qui ne vous prennent pas la tête mais vous poussent doucement vers d’autres lectures.

     J’ai choisi de retrouver Ronsard à l’aide de deux livres qui chantent aussi bien le poète que le Vendômois.

    ronsard

    Les deux livres sont assez différents, l’un chante le poète à travers l’aventure de l’auteur qui sur un coup de tête achète une maison toute proche du domaine habité par Ronsard.

    L’autre est un roman que j’ai beaucoup aimé dans lequel le poète un rien condescendant avec son entourage, crée des liens avec le jardinier du prieuré de Croixval dont Ronsard a hérité.

    ronsard

    Croixval

    J’ai aimé chacun à leur façon le style de ces deux livres. J’ai pris un grand plaisir à m’initier au jardinage avec le héros de Jacques Tassin. Ronsard est fatigué, on ne le regarde plus d’un œil bienveillant à la cour il va donc se mettre au vert.

    ronsard

    Forêt de Gâtines

    Il parcourt son domaine, il retrouve avec bonheur la forêt de Gâtines et fait la connaissance du jardinier en chef du domaine : Amaury de Hupenoire.

    Les liens entre les deux hommes sont difficiles, l’un a un ego un rien surdimensionné et l’autre une rancune tenace qui vient d’on ne sait où.

    Le jardinier tente de révéler les secrets du domaine, il apparaît non comme un rustre mais plutôt comme un lettré, poète, fin penseur qui prend souvent Ronsard en défaut.
    Petit à petit on devine d’où vient la rivalité qui affleure, les guerres de religion ne sont pas loin.

    ronsard

    La Possonière

    Le livre de Franck Maubert est bien différent et m’a enchanté.
    Il a acheté d’anciens communs d’un château au bord du Loir.

    Il prend possession de son domaine et surtout des bords de rivière, des paysages magnifiques qui l’enchantent immédiatement.
    « Ronsard m’avait fait un clin d’œil dans les pages des annonces immobilières d’un quotidien. »

    Les vers de Ronsard ne sont jamais loin, Hélène et Cassandre non plus. La Possonière qui appartint à la famille Ronsard est à quelques lieues.  

    ronsard

    Franck Maubert vous invite à partager son bonheur de propriétaire mais surtout son plaisir de côtoyer les muses.

    On a envie de réciter des vers à chaque page, d’écouter le chant des chardonnerets, celui de la grenouille, l’hirondelle et le rossignol.
    « Ici, le paysage devient pays. »

    Parfois Ronsard exagère un rien « Je n’avais pas quinze ans que les monts et les bois / Et les eaux me plaisaient plus que la cour des Rois »

    J’ai eu grand plaisir à retrouver Ronsard que j’avais délaissé depuis longtemps.
    J’ai découvert celui qui inspira si fort La Fontaine en écrivant
    « J’aime à faire l’amour, j’aime à parler aux femmes, / A mettre par écrit mes amoureuses flammes, / J’aime le bal, la danse et les masques aussi, / La musique, et le luth, ennemis du souci. »  

    ronsard

    Ce petit livre de Franck Maubert est un éloge de la poésie, des mignonnes qui vont voir la rose et d’Hélène que Ronsard célébrait du temps qu’elle était belle.

    Bref ces deux livres m’ont enchanté, j’ai passé quelques soirées au bord du Loir, j’ai relu et récité Ronsard après quelques essais poussifs la mémoire est revenue.
    j’ai profité de pages printanières, de leçon de plantes, de sagesse potagère, j’ai picoré dans les deux livres selon mon humeur.

    Je vous propose en prime un podcast sur le sujet pour votre plaisir, à écouter en jardinant par exemple.

    ronsard

    Les Livres :

    Avec Pierre Ronsard – Franck Maubert – Éditions Mercure de France
    Le Jardinier de Ronsard – Jacques Tassin – Éditions Odile Jacob

  • Un herbier de prison

    rosa luxemburg

    Il y a quelques années j’ai lu et écouté des lettres de Rosa Luxemburg. Ces lettres étaient magnifiques, profondes, émouvantes, curieuses, pleines d’amour.

    rosa luxemburg

    Quand j’ai repéré la sortie de ce livre j’ai foncé sans me poser de questions.

    D’abord quelques mots sur Rosa Luxemburg, pas de panique je ne vais pas vous faire sa bio mais simplement vous dire pourquoi j’aime et j’admire cette femme.

    rosa luxemburg

    C’est une petite femme qui claudique, c’est une femme qui s’est imposé dans un milieu on ne peut plus masculin.
    Douée, lettrée, cultivée, elle parle 5 langues, c’est une oratrice capable de galvaniser les foules. Socialiste convaincue, pacifiste et amoureuse de la liberté capable d’affirmer
    « La liberté accordée aux seuls partisans du gouvernement, la liberté accordée aux membres d’un seul parti quel que soit leur nombre n’est pas une vraie liberté. La liberté sera toujours la liberté pour l’homme qui pense différemment »
    Révoltée par l’injustice, l’antisémitisme et la violence sous toutes ses formes.

    rosa luxemburg

    Donc pas étonnant qu’un jour ou l’autre elle atterrisse en prison à la veille de la Première Guerre, à un moment où dit-elle « Le monde entier est soudain devenu un asile de fous »
    Elle va passer plusieurs années en prison de 1914 à 1918.
    Pour s’échapper elle écrit, tient un journal, mais va aussi s’occuper l’esprit et les mains avec la confection d’un herbier.

    rosa luxemburg

    Son herbier de prison se compose de plus de cent planches et d’une soixantaine de lettres dans lesquelles elle exprime son amour de la nature, son enthousiasme pour les fleurs, pour le pépiement des oiseaux. Les planches sont splendides, agrémentées de dessins, de couleurs et de quelques mots d’explication.

    Elle écrit à ses amies Sophie Liebknecht ou Clara Zetkin.

    rosa luxemburg

    Clara Zetkin,

    J’avoue avoir été stupéfaite par le tour de force que représente cet herbier, elle le constitue patiemment avec parfois l’aide de ses geôliers, la cour de l’infirmerie est son terrain de jeux.
    Elle l’enrichit car ses amis lui envoient des plantes.
    Ses lettres passe de la botanique à la philosophie, à la littérature qui l’enchante. Voltaire, Goethe, Galsworthy qui vient de publier les Forsyte, Oscar Wilde sont ses compagnons.
    Elle fait partager aussi sa passion pour les oiseaux : Bruants, alouette et mésange.

    rosa luxemburg

    Elle s’attriste de ne pouvoir partager sa passion
    « Une seule chose me tourmente, c’est qu’il me faille jouir seule de tant de beauté, j’aimerais crier à haute voix par-dessus les murs ».

    Elle donne du courage à ses amis, elle s’inquiète de leur sort, s’intéresse aux évènements et l’on peut être sur qu’elle n’aurait pas adhéré aux dérives de la Révolution Russe.

    rosa luxemburg
    Elle aime faire preuve d’humour comme quand elle dit préférer être « dans l’herbe parmi les bourdons que dans un congrès du parti » 
    Parfois elle craque un peu quand l’homme qu’elle aime est tué sur le front « Pour moi, il vit toujours et je lui souris souvent quand je pense à lui. »

    rosa luxemburg

    Son herbier fut retrouvé dans les souterrains de l’institut médico-légal de l'Hôpital de la Charité, Muriel Pic sa traductrice dit
    « C’est un chant d’amour à l’endroit du moindre brin d’herbe disparu, une plainte saisissant la vie dans son évanouissement, un poème qui connaît le secret du bonheur en dépit de tout
    »

    Rosa Luxemburg est assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin avec son ami Karl Liebknecht.

    rosa luxemburg

    Je lui laisse le mot de la fin
    « Je suis couchée là, seule et silencieuse, enveloppée de tous les voiles noirs des ténèbres, de l’ennui, de la captivité, de l’hiver ; et pourtant mon cœur bat, secoué d’une joie intérieure inconnue, incompréhensible, comme si je me promenais dans une prairie en fleurs sous un soleil éclatant. »

    Ecoutez le podcast sur le livre

    rosa luxemburg

    Le Livre :
    Herbier de prison – Rosa Luxemburg – Traduit par Claudie Weill, Gilbert Badia, Irène Petit, Muriel Pic Éditions Héros-Limite

  • Par Monts et par vaux - Martin de la Soudière

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    J’aime bien surveiller les parutions des auteurs que j’aime, qui m’ont intéressé, donc me revoilà sur des chemins géographiques avec Martin de la Soudière.

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    C’est mon second voyage avec lui et je dois dire qu’il a tenu toutes ses promesses.

    En avant donc de paysage en paysage, d’alpage en bocage, d’un col à une vallée, par les landes et les forêts.

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    Je suis adepte de géographie, je me souviens encore de mes premières cartes apprises par cœur à coup de tracés sur feuilles quadrillées (c’était un temps où l’exigence était forte) j’ai dessiné des fleuves et des montagnes, des côtes et des estuaires.

    Je ne dessine plus de cartes heureusement car je suis nulle en la matière mais ma curiosité n’a jamais été émoussée.

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    Marais de brière

    Martin de la Soudière a choisi la forme abécédaire, un abécédaire tout personnel de 22 motifs, qui fait voyager d’alpage en verger, de colline en sommet sans oublier les forêts ou les vallées.

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    Alpages

    C’est une balade, on a un peu l’impression de faire l’école buissonnière, on redécouvre des espaces oubliés.

    Dans sa préface Martine Tabeaud dit « le funambule Martin de la Soudière, joue sur le fil de ses impressions. Il invite le lecteur à en faire de même. »
    J’ai forcément mes préférés : j’aime les bocages, les étangs et les marais, sans doute parce que je n’ai jamais habité dans ces paysages-là.
    J’ai aimé surtout quand l’auteur mâtine sa leçon de références littéraires ou cinématographiques.

    On croise Pérec, Sylvain Tesson, Elisée Reclus forcément, Pessoa ou Jaccottet mais aussi George Sand, Lacarrière bien entendu, Jean-Loup Trassard l’homme des haies.

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    Le Géographe – Henri de Braekeleer -

    Musée des Beaux-Arts de Belgique

    Le livre écrit par un géographe, poète ethnologue, est allé rejoindre le précédent et dorénavant j’ai la géographie à portée de main ce qui me réjouit pleinement.

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    Le Livre : Par Monts et par vaux – Martin de la Soudière – Éditions Anamosa

  • Un giono inconnu

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    ©(ERWIN BLUMENFELD / CONDE NAST COLLECTION EDITORIAL

    Il y a parfois des parutions qui vous mettent en joie et que vous ne rateriez pour rien au monde.
    Un grand merci à Marie qui m’a alerté sur cette édition.

    Un inédit de Jean Giono vient de paraître. Ne vous découragez pas il m’a fallu chercher, la Fnac, Decitre, l’annonçaient indisponible. Quant à Amazon le délai était de 7 semaines !!!
    Mais merci à la librairie Gallimard de Paris qui me l’a fait parvenir en 3 jours.

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    Le livre dormait dans des archives judiciaires, et date de 1939 au moment où Giono eu maille à partir avec la justice en raison de son pacifisme.

    Un jeune chercheur en histoire, Antoine Crovella tomba sur ce texte, ce récit est mentionné dans le journal de Giono mais personne n’avait réussi à mettre la main dessus.

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    « Voyage à pied dans la Haute-Drôme Notes pour les Grands chemins »
    La page est partagée en deux, le récit mêle les observations de Giono sur la nature, les animaux, les villages et leurs habitants, les sensations éprouvées et à côté ses réflexions.
    Giono aime cette région du Diois où il plaça Un roi sans divertissement.

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    Je n’ai pas encore lu la totalité du livre, je fais durer le plaisir. Il m’a rappelé en plus court, les cahiers de travail de Steinbeck préparatoires aux Raisins de la colère ou A l’est d’Eden.

    Il y a sous-jacent la même recherche, les mêmes questions sur la création littéraire.

    Une petite pépite.

    Les Livres 
    Chroniques romanesques  – Jean Giono – 
    Éditions Quarto Gallimard
    Voyage à pied dans la Haute-Drôme – Jean Giono – Éditions des Busclats - 2024

  • Bribes de marche

    L’amour de la marche

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    J’ai toujours aimé marcher. Cela remonte à l’enfance et à l’été de mes onze ans. Mes parents m’avaient inscrite en colonie de vacances. Pour la première fois, j’allais découvrir les contreforts des Alpes.

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     Ce fut une expérience fondatrice où j’ai découvert le bivouac et la marche dans les montagnes à vaches. La fatigue, l’endurance aussi, la lenteur : poser un pied après l’autre. Avant je ne savais pas me déplacer autrement qu’en courant et, là, j’ai appris à ralentir et à respirer en silence, à mesurer mon effort. Apprendre à boire lentement quand on a très soif est une chose étonnante. Je ne l’ai jamais oublié. Tout s’est joué, cet été-là, sur les chemins d’altitude, dans l’itinérance et le passage des vallées, à travers les pâturages fleuris, les chemins creux tapissés de fraises sauvages et de prêles : ces petits bambous verts des temps préhistoriques.

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    Le bonheur, c’était l’aventure à hauteur d’enfant, l’eau fraîche des fontaines qui dévalait et tintait comme les cloches des troupeaux, le grand air et la liberté des bivouacs loin du cadre familial, les soirées allongées près du feu à guetter les étoiles filantes ou encore à l’abri des tentes à écouter la pluie et le grondement des orages.

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    Le livre : Marcher en plein ciel -Gwenaëlle Abolivier – Éditions Le Mot et le Reste

  • Bribes de marche pour philosophes

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    « La marche est un début de chute, l’amorce d’une chute, qui est d’abord provoquée, puis aussitôt empêchée, puis recommencée et réempêchée… indéfiniment. Mettre un pied devant l’autre, c’est se faire presque tomber, se rattraper, se refaire tomber à peine, se rerattraper, sans cesse. Le mouvement est produit par cette amorce de chute constamment entretenue et arrêtée. Nous le savons, intuitivement. Nous n’y pensons presque jamais, bien que nous marchions tous les jours, pour la plupart d’entre nous. »

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    « Humains, nous sommes des « êtres marchants ». La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi. C’est pourquoi il me semble qu’on ne peut se contenter de juxtaposer ces définitions de l’humain : être marchant, être parlant, être doué de raison. Il faut en explorer les liens, en examiner l’éventuelle unité. Car se redresser pour marcher fut apparemment, pour notre espèce, le geste qui a permis de parler et de penser. Quand l’humain a commencé à marcher, il a commencé aussi à parler et à penser. »

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    « En ce sens, nos pensées marchent. Quand elles sont mises à l’épreuve – et la philosophie constitue au plus haut point cet exercice – leur manière de fuir en avant ressemble de très près au mouvement de contrariété interne, provoquée et surmontée, qui se tient au cœur de la marche. Marche et philosophie se trouvent sans doute dans un mouvement semblable de chutes et redressements permanents. »

    Le livre : Comment marchent les philosophes – Roger-Pol Droit – Editions Paulsen