« La marche est un début de chute, l’amorce d’une chute, qui est d’abord provoquée, puis aussitôt empêchée, puis recommencée et réempêchée… indéfiniment. Mettre un pied devant l’autre, c’est se faire presque tomber, se rattraper, se refaire tomber à peine, se rerattraper, sans cesse. Le mouvement est produit par cette amorce de chute constamment entretenue et arrêtée. Nous le savons, intuitivement. Nous n’y pensons presque jamais, bien que nous marchions tous les jours, pour la plupart d’entre nous. »
« Humains, nous sommes des « êtres marchants ». La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi. C’est pourquoi il me semble qu’on ne peut se contenter de juxtaposer ces définitions de l’humain : être marchant, être parlant, être doué de raison. Il faut en explorer les liens, en examiner l’éventuelle unité. Car se redresser pour marcher fut apparemment, pour notre espèce, le geste qui a permis de parler et de penser. Quand l’humain a commencé à marcher, il a commencé aussi à parler et à penser. »
« En ce sens, nos pensées marchent. Quand elles sont mises à l’épreuve – et la philosophie constitue au plus haut point cet exercice – leur manière de fuir en avant ressemble de très près au mouvement de contrariété interne, provoquée et surmontée, qui se tient au cœur de la marche. Marche et philosophie se trouvent sans doute dans un mouvement semblable de chutes et redressements permanents. »
Le livre : Comment marchent les philosophes – Roger-Pol Droit – Editions Paulsen
Commentaires
Réflexion fort intéressante qui nous change des conflits
variés et multiples assaillant sans cesse nos yeux et oreilles !
La réalité s’impose : nous ne pensons plus suffisamment,
seules les philosophies d’hier et d’aujourd’hui nous aident
à monter sur les sommets…ou à suivre sereinement
les chemins du bord de l’eau .
Merci, Dominique, votre message est un cadeau
que j’ai plaisir à transmettre à mes « grands » petits-enfants !
le genre de livre que l'on peut offrir à qui aime à penser, réfléchir ET marcher
Connais pas, pourtant ma bibliothèque perso a un rayon 'marche' déjà bien garni!
c'est l'auteur qui m'a attiré , je le lis depuis des décennies alors je me suis laissée tentée
Est-ce que l'homme s'est mis à penser parce qu'il s'est mis à marcher debout ou l'inverse, je ne crois pas que les préhistoriens aient tranché mais c'est un débat fort intéressant et en effet moi qui marche beaucoup à mon modeste niveau, je sais que c'est souvent un moment où je pense beaucoup aussi, où je trouve des solutions à certains problèmes...comme si les solutions attendaient cet instant là...c'est un sujet très intéressants et un livre qui doit être fort plaisant à découvrir ! J'aime beaucoup l'idée que nos pensées marchent aussi et ce que dit ton extrait est à méditer. Merci pour cette découverte
un auteur que j'apprécie et que je lis depuis longtemps mais si tu tapote sur mon blog tu trouveras plusieurs occurrences et tu pourras enrichir ta réflexion
Marcher, cheminer, réfléchir, butter, tomber, se rattraper....et réfléchir, se parler à soi-même, à ses compagnons de marche...Je connais peu de philosophes mais j'aime les marcheurs, le premier qui me vient à l'esprit Lacarrière, ne pas l'oublier!
Lacarrière est forcément dans ma bibliothèque mais j'aime bien élargir un peu ma focale
C'est intéressant, cette comparaison entre marcher et penser, et tellement vrai que j'avais l'impression de l'avoir déjà lu !
il n'est pas le premier à écrire sue le sujet, j'ai plusieurs livres dans ma bibliothèque sur le sujet mais il est aussi philosophe et du coup cela élargit un peu sa réflexion
C'est très bien que les philosophes pensent en marchant ou marchent en pensant, ils ont une manière bien à eux de le faire, sans doute ;-). Je m'amuse, mais gare tout de même à la fuite en avant !
je dirais aussi gare à la chute ou à la rencontre douloureuse d'un arbre ou d'un poteau
On peut ruminer aussi en marchant et pas forcément avoir une pensée constructive ! Et on peut ne pas rester au bord de la chute mais y aller carrément ... je taquine là, je taquine. Réflexion d'une marcheuse frustrée qui est vite arrêtée maintenant par de vieilles douleurs.
alors penses à celles et ceux qui ne peuvent même pas commencer la balade ;-)
je suis d'accord la marche ne fait rien à la qualité de la pensée mais pour certains elle est indispensable, pensons à Nietzche
Roger-Pol Droit : ok, ça marche pour moi.
j'aime beaucoup ses livres, attention c'est de la très bonne vulgarisation mais à moi ça me va bien
Des sujets de méditationsssss...
Le premier paragraphe m'interpelle, je n'avais jamais envisagé la marche sous cet angle fort intéressant, Personnellement, quand je marche, j'ai l'impression de faire le vide dans mes pensées et d'en accueillir de nouvelles, plus douces, plus fraîches, plus colorées, c'est une sorte d'échanges de fluides. Merci Dominique, je ressens l'envie d'amorcer une chute et de me rattraper pour bien démarrer cette semaine, qu'elle soit lumineuse pour toi. brigitte
j'aime bien que l'on vienne me titiller dans mes convictions et c'est ce que fait l'auteur alors j'approuve
je lis peu les livres de réflexions je les commence avec entrain mais je les termine rarement
parfois je ne les lis qu'en diagonale mais pour certains j'aime les lire car ils me renvoient à des lectures plus lointaines mais que je n'ai jamais oublié
Je suis dubitative ! Quand je marche, je pense un peu à mes douleurs les jours où elles surviennent, un peu à ma to do liste de choses à faire, ou je rêve, je contemple l’environnement mais je ne peux pas avoir de pensée constructive !!!
je crois que la pensée constructive ne vient qu'après coup
Très intéressant et même, passionnant ! Oui, marcher et réfléchir, cela va ensemble. Je retiens ce livre (hélas, il 'n'est pas encore à la médiathèque, quel dommage).
Par contre, je viens d'y trouver (à la médiathèque), "Je marche donc je pense". Je l'ai réservé.
Tu pourrais aime le petit livre de Patrick Tudoret, En marchant
Bonne journée
Anne