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Dostoïevski, mémoires d'une vie - Anna Grigorievna Dostoïevskaïa

Dans l'intimité de l'écrivain

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Il n’est pas si fréquent d’avoir, pour éclairer la vie d’un écrivain, le témoignage de son épouse, certains de leurs écrits sont parfois des actes vengeurs et enlèvent ainsi une part de crédibilité.
Les mémoires d’Anna G Dostoïevskaïa ne sont pas du tout dans ce registre. D’un bout à l’autre on y sent la vérité, la sincérité et le souci d’une honnêteté totale.

En 1866 Anna Grigorievna se voit proposer un moyen de gagner sa vie, M Olkhine son professeur de sténographie la propose pour aider un écrivain en difficulté qui doit rendre un livre dans un délai extrêmement court sous peine de voir tous ses droits sur ses livres précédents lui échapper. Elle accepte immédiatement car " Depuis mon enfance, le nom de Dostoïevski, romancier préféré de mon père, m’était familier " et elle a lu récemment Crime et châtiment
Pour Fédor Dostoïevski c’est un ange tombé du ciel ! Il va pouvoir écrire le roman attendu dans les délais ce sera Roulettenbourg qui plus tard prendra le titre du Joueur et en même temps avancé la dictée de l’Idiot.

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La première rencontre montre un Dostoïevski qui " était de taille moyenne. et se tenait très droit. Ses cheveux châtain clair et même légèrement roux étaient fortement pommadés et soigneusement lissés."
Pendant ce travail en commun Dostoïevski va petit à petit se confier à Anna, parler de sa passion pour le jeu, des dettes énormes qu’il a contracté, et surtout de son épilepsie. Il faudra vingt six jours pour terminer le roman, et un mois pour que l’écrivain demande Anna Grigorievna en mariage.  

Elle va pour 14 ans attachée sa vie à celle de l’écrivain. Elle sera pour lui une compagne dévouée, prête à passer plusieurs années à l’étranger pour permettre à son mari d’échapper aux usuriers. Elle est  un soutien constant pendant les années d’écriture des chefs-d’oeuvre : les Démons, les Frères Karamazov, elle partage avec lui les jours sombres où il s’est remis à jouer, les jours fastes où il est invité à la cour par le Grand-duc Constantin et la grande-duchesse Alexandra. Elle le suit lorsque Dostoïevski fait des lectures publiques de ses oeuvres malgré sa fatigue et malgré les crises d’épilepsie. Elle s’efface lorsqu’il est pressenti pour faire le discours en l’honneur de l’inauguration d’un monument à Pouchkine.
Elle conduira son époux à sa dernière demeure au cimetière de Tikhvinsk dans la Laure Saint-Alexandre Nevski grâce à l’intercession du Grand-duc Constantin, entourée d’une foule nombreuse qui rendait hommage à l’écrivain du petit peuple.

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Si vous aimez Dostoïevski ce livre vous plaira, il n’est en rien une analyse de l’oeuvre, mais il est le témoignage de la vie quotidienne d’un écrivain. Anna Grigorievna n’est pas écrivain, son livre ne vaut pas par le style. Il est attachant par la vivacité, la sincérité que l’on entend derrière les mots. On y découvre un homme pressuré par son entourage familial et qui ne sait rien leur refuser, un père de famille qui vénère ses enfants et qui s’occupe d’eux " c’est aussi un tendre père de famille pour lequel tout ce qui se passe dans la maison a une grande signification "
On y voit vivre une famille russe au quotidien, les réceptions, les relations amicales, les difficultés, la résidence d’été, les voyages.
Elle ne cache rien Anna Grigorievna la jalousie maladive de son mari,  les contraintes du travail du grand écrivain qui comme Balzarc, comme Dumas, court après l'argent

" Il fallait de l’argent pour vivre, pour payer les dettes ; pour cette raison, malgré la maladie, et quelquefois le lendemain d’une crise, il était nécessaire de travailler, de se hâter, sans même revoir le texte écrit, pourvu que celui-ci pût être remis le jour fixé et rapporter le plus vite possible l’argent qu’on en attendait. "

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Bureau de Dostoïevski

C’est le manque d’ambition d’Anna qui rend le livre  si simple et si touchant. Jusqu’à la fin de sa vie après la mort de Dostoïevski, elle travaillera sans relâche pour défendre et éditer l’oeuvre de son mari. Elle ne parle de lui qu’avec admiration et amour " Il était bon, généreux, charitable, juste, désintéressé, délicat, compatissant "
Elle sait nous le rendre vivant, proche et si l’on été admirateur de l’oeuvre on éprouve de la sympathie pour l’homme après avoir lu son récit.

Si vous voulez une biographie de Dostoïevski centrée sur son oeuvre c’est le livre de Joseph Franck qu’il faut livre aux éditions Actes Sud.


Le livre : Dostoïevski, mémoires d’une vie - Anna Grigorievna Dostoïevskaïa - Traduction André Beucler - Mercure de France

Commentaires

  • Une collection qui s'appelle Le temps retrouvé ne peut que m'attirer (on y propose aussi des écrits, journaux, etc, de français du 18ème siècle, je crois). Cette dame dévouée à son mari (il y aurait beaucoup à dire sur l'importance des femmes d'écrivain) a l'air d'avoir moins souffert que celle de Tolstoi, on dirait... ^_^

  • @ Keisha : ce qui m'a intéressée c'est le contraste entre la femme de Dostoïevski et celle de Tolstoi , l'une toute en souffrance l'autre tout en bonheur

  • Oh zut!
    Je suis en manque d'inspiration en ce moment.
    Si j'avais su hier je l'aurais acheté.
    Je ne suis pas repartie les mains vides loin s'en faut mais pas convaincue par mes achats!

  • @ autourdupuits, ce livre est surtout intéressant par la vie familiale de l'écrivain, la course permanente à l'argent, les rapports avec les différents membres de la famille véritables sangsues pour certains, la qualité d'écriture est secondaire par rapport au témoignage

  • J'adore Dostoievsky, et raconté par sa femme ça doit effectivement être très interessant ...

  • @ Malika : le genre de livre indispensable pour les amateurs de Dostoïveski

  • @ miriam : ça peut être la porte d'entrée mais rien ne vaut crime et châtiments malgré tout

  • Je connais mal Dostoïevski... c'est une de mes lacunes... Cela peut être une bonne introduction à l'oeuvre !

  • @ Margotte : même réponse qu'à miriam , lance toi ça vaut la peine

  • @ dimitri : j'ai beaucoup lu Dostoievski; romans, journal, correspondance mais je ne connaissais pas ce livre

  • @ alba : bonne lecture si tu te lances

  • je lirai surement ce livre Dostoïevski a été une de mes grandes découvertes de l'adolescence.
    je veux toujours y retourner mais je suis happée par de nouvelles découvertes.
    merci pour ton billet
    amicalement
    Luocine

  • @ Luocine : si tu aime l'auteur tu seras intéressée par ces mémoires

  • Une bio, ca m'intéresse toujours : j'ai celle de Sweig dans trois maîtres : l'as-tu lu ?

  • @ maggie : oui et j'aime car Zweig a l'art de faire des bio courtes allant à l'essentiel, pourtant celle que je mets en référence est vraiment une biographie à ne pas manquer si on est une passionnée de DostoÏevski

  • Comme Luocine, j'ai lu Dostoïevski au sortir de l'adolescence et j'aimerais bien y revenir. C'est un témoignage précieux que celui des épouses, surtout si celle-ci est simple et sincère, je le note.

  • @ Aifelle : une jolie façon de revenir à Dostoïevski

  • Je note ce titre, la vie de ce grand écrivain racontée par son épouse doit être passionnante.

  • @ Alicia un bon livre peut être pas indispensable mais très intéressant pour qui aime la littérature russe

  • @ Lili Galipette : c'est aussi ce qui m'a attiré

  • @ mango : c'est une version poche mais il existe peut être une version brochée à trouver en bibliothèque effectivement

  • Ah! ces écrivains russes mariés à des femmes extraordinaires à qui ils devraient être redevables! Tolstoï aussi a eu une épouse hors du commun bien que très différente de cette Anna. Leur mariage a été un enfer!

  • @ ClaudiaLucia : j'ai beaucoup lu sur Tolstoï et sa femme, à travers des romans ou des bio ou des journaux, mais sur Dostoïevski je n'avais que sa biographie et le livre dont parle Tania et que j'ai beaucoup aimé " un été à Baden Baden"

  • Voilà qui me rappelle "Un été à Baden-Baden" de Tsypkin, un livre que j'ai découvert grâce à toi. Je retiens celui-ci, mais je voudrais aussi, d'abord, relire Dostoïevski.

  • @ Tania : Si tu as un jour envie d'une biographie c'est celle dont j'ai mis la référence qui est la meilleure à mon goût, mais il y a aussi un livre de John Cowper Powis qui est intéressant

  • Je n'ai lu dans ma jeunesse que "Crime et Châtiment", j'ai souvenir d'avoir adoré ce livre, et les hasards de la vie ne m'ont pas amenée vers d'autres titres de cet auteur.
    Cette histoire familiale est très touchante... Ah, la vie !!! Bises et belle journée Dominique. brigitte

  • @ Plumes d'Anges : si tu as des envies de revenir à cet auteur l'édition chez Babel Actes Sud est de belle qualité

  • Noté et souligné! Dostoïevski, j'adore! Et puis entrer dans sa vie quotidienne... ça me plaît beaucoup! Crime et châtiment demeure une lecture très forte et très marquante pour moi...

  • @ Allie : j'ai lu tous tes billets sur les auteurs russes et je suis certaine que ces mémoires te plairaient pour l'éclairage de la vie familiale qui est très intéressant

  • Je crois que je vais relire crimes et châtiments" avant d'acheter celui-là. Merci de nous en avoir fait le compte-rendu!
    Bonne journée

  • @ Enitram : en te lisant me revient l'envie de t'accompagner dans cette lecture :-)

  • Bonjour Dominique, c'est ce que j'appelle une femme admirable et sur la photo, quel regard pénétrant. J'avais entendu parler de cette femme en bien. Elle a eu du courage. Je ne savais pas qu'elle avait écrit ses mémoires. Bonne journée.

  • @ dasola : En filigrane de ces mémoires se dessine en effet un beau portrait

  • Je garde les références de ce livre pour deux choses (au moins) : j'aime les éditions du Mercure de France parce que leurs livres sont beaux et de qualité, et puis j'ai envie de me replonger dans les auteurs russes, dont Dostoïevski. Deux bonnes raisons de commencer par cette biographie qui me rappelle par l'angle pris celle de Tolstoï par Sofia, "Une vie" ...

  • @ Nanne : je crois qu'on est intéressées par le même genre d'ouvrage, je garde la lecture de Sofia Tolstoi pour l'été car je voudrais pouvoir lire ce gros pavé d'une traite et pour cela il faut être en vacances
    La littérature Russe est toujours attirante, je veux découvrir surtout ce que je n'ai jamais lu : beaucoup de nouvelles de Tchékhov et Gogol que j'ignore et un ou deux romans de Tourgueniev

  • Un écrivain que j'admire infiniment. Je ne connaissais pas ce livre. Je vais tenter de me le procurer par internet. Merci de ce billet. A Saint-Pétersbourg, on replace ses pas dans ceux de le l'auteur des "Frères Karamazov" et de "Crime et châtiment". Et plus encore, lorqu'on traverse en bateau, par les voies fluviales, l'immensité des campagnes et des forêts. C'est alors une immersion dans la Russie profonde dont Tolstoï et Dostoïevski ont si bien parlé.

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