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Littérature française et francophone - Page 4

  • Se construire une bibliothèque

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    Se construire une bibliothèque

    Voilà la deuxième chronique consacrée au livre de Marie Gillet comme promis.

    Quel amateur de livres n’a pas rêvé d’avoir une bibliothèque, mais attention, une vraie, une grande.
    « J’ai vécu dans des appartements ou des maisons dont les murs étaient recouverts de livres, ce qui me semblait le comble de la réussite. »

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    « Je vais me faire une bibliothèque, une vraie, avec des étagères jusqu’au plafond et j’aurai une échelle pour atteindre ceux qui seront tout en haut. »

    Ah comme les lectrices, lecteurs fanatiques se ressemblent. J’ai rêvé aussi de cette bibliothèque, vous savez un peu comme celle d’Alberto Manguel.

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    Mais avec ou sans bibliothèque, les livres ont joué leur rôle, « ils sont toujours restés tout près, me retenant quand je trébuchais. »
    « Ils furent tous là près de moi, disponibles et ardents. »

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    Marie nous parle de tous les livres « Il n’y a pas eu autour de moi de petits livres, de grands livres, de mauvais livres, de bons livres mais tous les livres. »

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    Dans la prochaine chronique il sera temps des les ouvrir ces livres-chevaliers si précieux.

    Le livre : Ma vie est un fusil chargé - Marie Gillet –Les Impliqués Éditeurs

  • Bribes de marche

    L’amour de la marche

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    J’ai toujours aimé marcher. Cela remonte à l’enfance et à l’été de mes onze ans. Mes parents m’avaient inscrite en colonie de vacances. Pour la première fois, j’allais découvrir les contreforts des Alpes.

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     Ce fut une expérience fondatrice où j’ai découvert le bivouac et la marche dans les montagnes à vaches. La fatigue, l’endurance aussi, la lenteur : poser un pied après l’autre. Avant je ne savais pas me déplacer autrement qu’en courant et, là, j’ai appris à ralentir et à respirer en silence, à mesurer mon effort. Apprendre à boire lentement quand on a très soif est une chose étonnante. Je ne l’ai jamais oublié. Tout s’est joué, cet été-là, sur les chemins d’altitude, dans l’itinérance et le passage des vallées, à travers les pâturages fleuris, les chemins creux tapissés de fraises sauvages et de prêles : ces petits bambous verts des temps préhistoriques.

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    Le bonheur, c’était l’aventure à hauteur d’enfant, l’eau fraîche des fontaines qui dévalait et tintait comme les cloches des troupeaux, le grand air et la liberté des bivouacs loin du cadre familial, les soirées allongées près du feu à guetter les étoiles filantes ou encore à l’abri des tentes à écouter la pluie et le grondement des orages.

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    Le livre : Marcher en plein ciel -Gwenaëlle Abolivier – Éditions Le Mot et le Reste

  • Ma vie est un fusil chargé - Marie Gillet

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    Plutôt que de faire une recension unique du livre de Marie Gillet, j’ai choisi de vous faire partager mes émotions à la lecture de son livre.

    Les mots de Marie ont totalement fait écho chez moi parce que comme elle j’ai été une lectrice compulsive et que parfois je le suis encore.
    « Je faisais des listes de livres à lire et je cochais au fur et à mesure l’avancée de mes lectures. »

     

    Ces listes deviennent prioritaires, il y a une jouissance puissante lorsque l’on met la coche, lorsque l’on compte et recompte les livres lus.
    Certes aujourd’hui cela me semble dérisoire mais comme je comprends ce besoin.

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    Je me suis sentie totalement en pays de connaissance quand Marie Gillet écrit « Je lus tout Jules Verne d’un coup, tout Milan Kundera d’un coup ; tout Dostoïevski d’un coup ; tout Rousseau d’un coup ; tout Dickens d’un coup ; tout Tolstoï d’un coup … »

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    J’ai lu des livres en bibliothèque et puis comme Marie j’en ai acheté, trop, beaucoup trop ; c’est venu avec les moyens financiers bien entendu. Mais je me retrouve dans ces mots « J’ai longtemps acheté beaucoup de livres, bien plus que je ne pouvais en lire »

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    Je vous laisse découvrir comment elle est passée de la compulsion totale à une lecture où la sagesse l’emporte.

    Alors les livres deviennent vraiment des amis « Les livres ont été merveilleux, ils ont tout fait pour que j’avance sur mon chemin »

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    Ces livres merveilleux elle vous les fera découvrir, ses livres-chevaliers comme elle les nomme.

    Je vous retrouve dans quelques jours pour partager un peu de cette chevalerie des livres.

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    Le livre : Ma vie était un fusil chargé - Marie Gillet –Les Impliqués Éditeurs

  • Un tableau un livre Chagall

    Du violon de Chagall à sa palette | Le Devoir

    « Je me retourne, et Le Violoniste, avec sa face toute verte couleur absinthe, sa silhouette imposante, me surprend. J’ai envie de le rejoindre sur le toit, de braver le froid, la neige, de danser sur sa musique, je voudrais le serrer dans mes bras, lui dire combien je suis émue. J’ai l’impression de retrouver un frère, un ami. Son violon joue un air familier, je fredonne avec lui, les notes s’élèvent d’elles-mêmes dans cette scène poétique vibrante. Je partage son bonheur. Je peux le ressentir avec tous mes sens. »
     
    Le Livre : Ma double vie avec Chagall - Caroline Grimm - Editions Héloïse d’Ormesson
    Le Tableau : Le violoniste - Marc Chagall - Musée de Montréal

  • Madame de Sévigné : un film, deux livres

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    Les cours de français au lycée m’ont toujours pesé, froids, sans âme, je m’y suis ennuyée à périr à quelques exceptions près, par exemple quand il fut question de Mme de Sévigné, cette femme me plaisait infiniment.

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    Depuis outre ses lettres j’ai lu une biographie sérieuse, un petit livre très plaisant, et maintenant deux livres qui donnent envie de replonger dans la correspondance de la marquise.

    C’est un péché mignon pour moi, de faire ces balades sur les pas d’un écrivain, faute de retourner à Grignan comme autrefois.

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    On se plait bien vite en lisant Isabelle Brocard, à imaginer Madame de Sévigné en compagnie de Madame de La Fayette, ou dans un salon avec Monsieur de La Rochefoucauld, ou plus sagement avec un des messieurs de Port Royal ou de façon plus attendue, la plume à la main pour délivrer tout son amour de mère à Françoise de Grignan « la plus belle fille de France » c’était semble-t-il l’avis du roi lui-même.

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    La plus belle fille de France
    Pierre Mignard – Musée Carnavalet

    Bon voilà un livre destiné à ceux et celles qui ne veulent pas lire toute la correspondance, à celles et ceux qui sont allés voir le film et qui veulent élargir un peu la focale.

    Pour compléter et pour faire nettement plus sérieux sans être pédante je vous propose un essai sur l’écriture de la belle marquise.
    Le livre de Nicolas Garotté est un livre un peu exigeant mais parfaitement composé.

    Il y a une longue analyse très détaillée, ce que j’ai bien aimé c’est pouvoir repérer dans les lettres quelle personne, quel événement, quel auteur, était à l’origine de certaines expressions, de certaines métaphores de Mme de Sévigné car dit Nicolas Garotté
    « son principe n’est pas la réduction mais la reprise. Faite d’allusions, de citations, d’imitations, elle consiste à toujours prendre un mot pour un autre, à réécrire au lieu d’écrire. »

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    Ce qui inspire Madame de Sévigné lorsqu’elle rêve assise devant son écritoire la plume à la main ou au long de ses multiples voyages, songez qu’à l’époque il ne fallait pas loin de dix-huit jours pour aller de Paris en Provence !

    Vous pourrez découvrir où elle trouve son inspiration pour rendre ses lettres attractives, drôles, parfois vachardes mais toujours pleines d’esprit. Les célèbres rabutinades moqueuses et caustiques qu’elle partage avec son cousin Bussy-Rabutin, celui qui lui écrira lorsqu’il la saura souffrante : « Que ferais-je au monde sans vous ?»
    Les vers de La Fontaine dont elle raffole, les bons mots de Monsieur de La Rochefoucauld. 
    Un vocabulaire foisonnant, imagé, riche, drôle, quelques exemples ?
    « escousse, coqueter, se panader, billebaude, trémeur, hurlubrelu…. »
    Elle aime faire référence au sacré en parsemant ses lettres de citations bibliques « Madame de Sévigné enrôle la liturgie au service de son amour » amour pour sa fille bien entendu.

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    Elle a grandi avec Molière nous dit Nicolas Garotté, elle a avec sa fille assisté à toutes les pièces, et l’on retrouve moult citations dans les lettres « Madame de Sévigné déchiffre le livre du monde avec des lunettes moliéresques »

    Pour Molière et La Fontaine, Nicolas Garotté parle « d’affinités électives » elle donne aux personnages de son entourage des surnoms empruntés aux fables et au théâtre, elle emprunte des tournures de phrases à la Tartuffe « c’est un homme qui …ah…un homme…un homme enfin »
    Elle écrit à sa fille « vous sentez donc l’amour maternel ; j’en suis fort aise et bien moquez-vous … »

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    Château des Rochers en Bretagne

    Une caractéristique de son rapport aux livres ? « Elle les lit et relit intégralement ou comme elle dit jusqu’à l’Approbation » elle voltige d’un livre à l’autre mais peut « s’appesantir sur Le Tasse, Pascal, Nicole, Rabelais ou Cervantès »

    Un film et deux livres pour suivre la Marquise de la Bretagne à la Bourgogne, de Paris à Grignan et qui m’ont fait rouvrir mes pléiades avec bonheur.

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    Les livres :
    Madame de Sévigné, l’excessive tendresse - Isabelle Brocard – Éditions Fayard.
    Poétique de Madame de Sévigné – Nicolas Garotté – Éditions PUF

  • Bribes de marche pour philosophes

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    « La marche est un début de chute, l’amorce d’une chute, qui est d’abord provoquée, puis aussitôt empêchée, puis recommencée et réempêchée… indéfiniment. Mettre un pied devant l’autre, c’est se faire presque tomber, se rattraper, se refaire tomber à peine, se rerattraper, sans cesse. Le mouvement est produit par cette amorce de chute constamment entretenue et arrêtée. Nous le savons, intuitivement. Nous n’y pensons presque jamais, bien que nous marchions tous les jours, pour la plupart d’entre nous. »

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    « Humains, nous sommes des « êtres marchants ». La marche peut définir l’humain tout autant que la parole et la pensée. Il est le seul, de tous les vivants, à se déplacer ainsi. C’est pourquoi il me semble qu’on ne peut se contenter de juxtaposer ces définitions de l’humain : être marchant, être parlant, être doué de raison. Il faut en explorer les liens, en examiner l’éventuelle unité. Car se redresser pour marcher fut apparemment, pour notre espèce, le geste qui a permis de parler et de penser. Quand l’humain a commencé à marcher, il a commencé aussi à parler et à penser. »

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    « En ce sens, nos pensées marchent. Quand elles sont mises à l’épreuve – et la philosophie constitue au plus haut point cet exercice – leur manière de fuir en avant ressemble de très près au mouvement de contrariété interne, provoquée et surmontée, qui se tient au cœur de la marche. Marche et philosophie se trouvent sans doute dans un mouvement semblable de chutes et redressements permanents. »

    Le livre : Comment marchent les philosophes – Roger-Pol Droit – Editions Paulsen