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le vent de la lune

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Nous sommes en juillet 1969 à Magina, petite cité andalouse où le progrès peine à faire son apparition. Dans une famille de maraîchers un jeune adolescent se passionne pour l’aventure spatiale.
Il collectionne tout ce qui a trait aux fusées, aux cosmonautes, il sait tout sur chacun des membre de l’équipe d’Apollo XI, Armstrong et Aldrich sont ses héros, il suit leur voyage dans l’espace de jour en jour.

Le narrateur est en pleine transformation physique, taraudé par les premiers émois sexuels, il est mal dans sa peau et trouve refuge dans le monde chimérique des livres, Il ne se sent pas à sa place dans sa famille où l’on met depuis peu des couverts individuels pour remplacer le plat collectif, contraint de participer aux travaux des champs qui le rebutent.

Avec le héros nous parcourons les rues de Magina, nous l’accompagnons à la bibliothèque, nous assistons aux séances de cinéma en plein air qui ne sont pas sans rappeler Cinéma Paradiso
Il peut enfin regardé la télévision car poussée par la tante Lola qui symbolise la richesse et la modernité, la famille a fait l’acquisition d’un poste qui trône dans une maison sans eau courante.

Le héros, lecteur de Jules Verne et de Wells,un soir, à l’aide d’une pastèque, d’une pêche et d’une salière, il s’efforce de faire comprendre à sa famille incrédule ou, ce qui est pire, indifférente, la course des planètes et les enjeux de la mission spatiale
Le travail de la terre le rebute mais les pages consacrées au labeur des maraîchers sont d’une sauvage poésie qui n’occulte pas la dureté du travail  hymne chaleureux aux gens de la terre.

Le voyage d’Apollo est une brillante métaphore d’un avenir possible pour l’Espagne, Muñoz Molina nous invite à suivre l’évolution d’un pays gangrené par le franquisme à travers l’agonie d’un vieillard qui a spolié la famille du héros au moment de la guerre civile.
L’adolescent en même temps que l’homme prend pieds sur la lune,  prend lui pieds dans le monde des adultes.

Le vent de la lune est un roman de formation, roman de la mémoire, on pense inévitablement à Proust en particulier dans les dernières pages du roman, le Combray de Muñoz Molina se nomme Magina et l’auteur à travers ce roman rend un hommage vibrant à sa famille et surtout à son père. Le style est sobre et très beau.

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Extrait
Dans la première lumière, dans l’air frais et parfumé du matin de juillet, mon père déjeune debout de lard et de pain, et regarde autour de lui la terre qui lui appartient, celle qu’il a soignée, labourée, débarrassée de la mauvaise herbe, ensemencée chaque fois au juste moment, amendée avec le meilleur fumier et bêchée en suivant une géométrie immémoriale de canaux, de levées, de sillons, la nivelant pour que l’eau de l’irrigation y progresse à la bonne vitesse, de manière qu’elle ne déborde pas, mais qu’elle ne s’immobilise pas non plus en stagnant. (...)
A l’aide d’un roseau et de la pelote de ficelle d’un cordeau, dès qu’il l’a bêchée, mon père sait tracer sur cette terre si légère que le pied s’y enfonce, les lignes droites, les angles, les parallèles des sillons, comme l’aurait fait il y a cinq cents ans un paysan morisque, ou il y a quatre mille ans un arpenteur égyptien.


L’auteur

Munoz-Molina.jpgAprès des études d'histoire de l'art à l'université de Grenade et de journalisme à l'université de Madrid, Antonio Muñoz Molina travaille comme fonctionnaire à Grenade et écrit des articles qui seront réunis et publiés en 1984. Il publie en 1986 son premier récit, Beatus Ille, entamant une carrière brillante d'écrivain couronné par de nombreuses récompenses littéraires.

Son deuxième roman, Un hiver à Lisbonne, reçoit le Prix de la Critique et le Prix national du roman, et est un hommage aux romans noirs américains, à ses héros et au jazz. Le Royaume des voix reçoit le Prix Planeta et Pleine Lune le Prix Fémina étranger en 1998.

Le livre : Le vent de la lune - Antonio Muñoz Molina – Traduit par Philippe Bataillon -Editions du Seuil

 

Commentaires

  • Suite à la lecture de ton billet, je me suis renseigné un peu plus sur Antonio Muñoz Molina pour découvrir qu'il a déjà remporté plusieurs prix pour différents romans (en plus du Fémina) et que sa popularité semble très importante dans plusieurs pays. Merci pour cette belle découverte.

  • Louis : effectivement Molina a remporté des prix aussi bien en Espagne, pour moi c'est vraiment un grand écrivain européen, je l'ai découvert il y a environ 15 ans avec " le royaume des voix" et un roman dur et très prenant sur ses souvenirs du service militaire "une ardeur guerrière" un grand bonhomme

  • Je note ce titre, ton commentaire est alléchant. D'autant que la littérature espagnole me tente en ce moment. Merci

  • Si pour commencer tu préfère un poche je te recommande le royaume des voix qui est également d'une grande qualité

  • J'ai offert ce roman à quelqu'un de ma connaissance. Je n'ai pas eu de retour (encore). Mais ayant beaucoup aimé Plein Lune et ton blllet y incitant, je pense que je vais l'acheter. C'était un des coups du coeur du libraire où j'ai été. Bonne fin d'après-midi.

  • @ C'est un livre qui m'a procuré beaucoup de plaisir et que je relirai, j'espère qu'il en sera de même pour toi

  • Voilà un livre que j'ai beaucoup aimé moi aussi. Et un auteur que j'apprécie énormément: outre "Pleine lune" et "Le royaume des voix", je recommanderais aussi "Séfarade" - pas vraiment un roman, plutôt une méditation sur les innombrables visages de l'exil et du déracinement, et c'est magnifique...

    Un grand bonhomme, assurément.

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