Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Littérature française et francophone - Page 8

  • Alabama 1963 - Christian Niemiec et Ludovic Manchette

    suprémacistes.jpg

    Les USA et le monde ont échappé à un deuxième mandat de Trump, les images de hordes de blancs suprémascistes et brandissant des croix m’ont effrayées comme beaucoup d’entre vous je pense. 

    Peu après j’ai vu passer un roman qui immédiatement m’a fait de l’oeil par son sujet.
    Je l’ai lu, et il est allé rejoindre des livres sur le sujet. 

    symbole.jpg

    La couverture du livre est un symbole à elle seule, et la date de 1963 ne peut échapper à personne, je me souviens je commençais à m’intéresser à la vie du monde et ce soir là nous étions réunis pour le repas, j’aimais quand mon père mettait les informations ce qui donnait lieu à des échanges parfois musclés, le programme fut interrompu pour annoncer l’attentat de Dallas. Un vrai choc.

    dallas.jpg

    L’année est ainsi forcément restée dans ma mémoire et depuis sont venues s’ajouter des dates qui marquent le combat des noirs américains contre la ségrégation dans les écoles, les emplois, la justice, la santé, la police.

    Il y a plusieurs façons de traiter le sujet, sérieusement comme dans Little Rock, ou à la façon d’un reportage comme Doug Marlett et son Magic Time ou à la façon d’Alan Parker dans Mississipi burning.

    Et puis il y a la façon romanesque qui peut être très efficace comme dans Les rues de feu de Thomas H Cook ou dans la Couleur des sentiments et aujourd’hui ce roman Alabama 1963

    la couleur.jpg

    Birmingham Albama

     « Adela Cobb était un petit bout de femme énergique de trente-quatre ans » qui  travaille comme domestique et elle vient de se faire virer par une patronne irascible parce que son « négrillon » de fils a joué avec l’enfant de la maison.

    Comme toutes les domestiques noires de l’époque elle a plusieurs emplois alors elle demande à une de ses patronnes de lui fournir une recommandation pour trouver un travail en remplacement, la lettre en question débutant par «  Je la crois volontiers menteuse, comme toutes les femmes de couleur que j’ai employées avant elle, mais plutôt moins que la moyenne » elle choisit de s’en passer.

    enfants disparus.jpg

    Dans son quartier une battue est organisée pour retrouver une fillette disparue depuis plusieurs jours, la police restant inactive la famille va trouver Bud Larkin, un ancien policier reconverti en détective privé. 

    La fillette est retrouvée morte et violée et les meurtres vont s’enchainer dans l’Alabama de 1963 la police bien blanche ne s’active pas franchement pour élucider trois meurtres de fillettes noires.

    alabama 2.png

    Bud Larkin est une pure caricature, alcoolo fini, pestant en permanence contre les nègres, vivant dans ce qu’on peut appeler une bauge « C’était une porcherie. Et le type, soi-disant un détective… Agressif, grossier, sale. Et arrogant. Et fainéant. » 
    Celui ci doit se décider à remettre d’aplomb son cabinet s’il veut travailler un minimum. 
    Voilà comment Adela se retrouve à faire des heures de ménage dans l’antre de Bud le détective 

     

    Bon essayons d’être plus positive, Bud c’est un alcoolo bougon mais pas vraiment méchant, plein de préjugés qu’il brandit mais dont on n’arrive pas à savoir si il y croit vraiment ou s’il se soumet bêtement à l’ambiance du moment.
    Pour accéder et soutirer des informations à la communauté noire il va devoir faire un effort et demander de l’aide à ….et oui à Adela. 

     

    Et il se passe quelque chose, ces deux là vont commencer doucement à dialoguer, même si Bud est toujours persuadé qu’Adela va le voler, le gruger comme font …et bien tous les noirs non ? 
    Et si Adela est persuadée qu’il est le diable incarné.

    On ne parirait pas trois sous sur le duo détective blanc et la domestique noire analphabète.
    Et pourtant l’alchimie est là, ça marche !!!

    detective.jpg

    Inutile d’essayer vous ne me tirerez pas les vers du nez. Rien, nada.
    Juste j’accepte de vous dire que dans ce polar il y a tout : les noirs en colère, les racistes bornés et vindicatifs, les insultes racistes 
    Mais surtout des dialogues fantastiques de justesse entre  Bud et cette futée d’Adela. 

    Alabama_1963_3.jpg

    La sauce prend, le respect s’installe. L’ambiance reste bien noire évidement mais l’humanité des personnages apporte au lecteur un vent de tendresse. 
    C’est un polar et tout nous est livré au compte goutte, l’enquête est longue mais ni Bud ni Adela ne baissent les bras 

    Les auteurs sont toujours un rien border line,  ne rien masquer de ce que fut cette ségrégation mais le faire en distillant des dialogues savoureux, parfois plein d’humour et si justes qui vont faire travailler ensemble ces deux mondes irréconciliables.

    Une réussite 

    9782749165912-475x500-1.jpg

    Le livre : Alabama 1963 - Christian Niemiec et Ludovic Manchette - Editions pocket

  • L'instant précis où Monet entre dans l'atelier - Jean-Philippe Toussaint

    Comment dit-on lorsque l’on trouve un petit trésor ? Une petite pépite. 

    trésor.jpg

    Amoureux de Monet, de Giverny et des Nymphéas ce minuscule livre est fait pour vous.
    Comment rendre compte de la création, de cet instant éphémère où la main va réaliser un miracle de beauté ?

    musée de l'orangerie .png

    C’est ce moment que Jean-Philippe Toussaint tente de surprendre pour nous l’offrir.
    « Je veux saisir Monet là, à cet instant précis où il pousse la porte de l’atelier dans le jour naissant encore gris »

    monet-dans-son-atelier-750x410.jpg

    Nous le suivons dans l’atelier. Ouvrant grand les yeux, pour saisir ce moment où la peinture se transforme en « paysages d'eau et de lumière, fragments de branches inclinées de saules pleureurs, reflets bleutés, ciels, transparences. »

    nympheas_monet_claude_orangerie_musee_paris_11.jpg

    Nous sommes à Giverny, c’est un temps de fièvre et de chaos, 1916, et Monet peint des fresques gigantesques, imagine leur placement à l’Orangerie avec l’aide de Clémenceau, La guerre est oubliée pour un instant.
    « Que sont les événements du monde pour l’artiste quand il crée ? Un tourment lointain et invisible. Une rumeur angoissante, entêtante, importune. » 

    nympheasetsaule.jpg

    Chaque paragraphe commence par la même phrase et cette litanie qui scande le texte nous invite à nous plonger dans l’univers du peintre, à voir ces interminables retouches de l’oeuvre, une oeuvre en perpétuel recommencement, en éternel inachèvement.
    « Il ne sait rien du grand destin aveugle qui attend les Nymphéas. » 

     

    560x315_les-nympheas-chapelle-sixtine-de-limpressionnisme.jpg

    « Partout des bleus, des bleus mêlés de rose, des bleus mauves et des bleus plus profonds, des bleus de cobalt, des bleus nocturnes, et ici et là, un bref feu d’or qui contraste, un incendie de jaune » 

     

    En quelques mots JP Toussaint nous dit l’âge qui avance, le corps qui s’affaiblit, la vue qui flanche et l’homme, le peintre « laissant la vie derrière lui, prenant congé du monde »

    monet.png

    C’est peu dire que j’ai aimé ce texte, alors que, il faut que je le confesse je n’aime pas les autres livres de l’auteur, ben oui désolée !!

    Mais là j’ai lu ce petit opuscule trois fois de suite, j’ai ressorti mon gros livre sur Monet, sa biographie, sa correspondance avec Clémenceau, bref je me suis offert un bain d’impressionisme et rien que pour ça merci Monsieur Toussaint.

    IMG-0359.jpg

    Le livre : L’instant précis où Monet entre dans l’atelier.- Jean-Philippe Toussaint - Editions de Minuit 

  • Fantaisie vagabonde en Bretagne avec Flaubert - Thierry Dussard

    Flaubert.jpg

    Flaubert et Maxime Du Camp 

    Et si je vous proposais une balade en Bretagne, l’été approche alors pourquoi ne pas prendre le large en compagnie d’un livre évidement. ? 

    Je vous invite à suivre un journaliste amoureux des chemins et d’une bretonne, des grèves et des couleurs, des menhirs, des landes et de Flaubert.

    bretagne.jpg

    La région a déjà attiré Stendhal, Balzac et Victor Hugo, Flaubert va faire là ses premières armes littéraires avec « Par les champs et par les grèves »  récit à quatre mains comme le nomme Thierry Dussard. C’était avant que l’amitié Du Camp /Flaubert vole en éclats.
    Si vous voulez en savoir plus sur le livre original rendez-vous ici.

    9782350746418-475x500-1.jpg

    L’original c’était en 1847, aujourd’hui le journaliste et sa bretonne d’épouse partent sur les traces des deux compères.

    Il nous entraine à la suite de Gust alias Flaubert, et il n’est pas pingre aussi allonge-t-il la liste avec Segalen, Théophile Gautier, Joseph Kessel et même Kerouac qui font partie du voyage. 

    bretagne.jpg

    T Dussard a fait cette balade après le confinement et des difficultés familiales « Cette impression de vide, ce sentiment que la vie vous trahit, fragilise et cautérise tout à la fois. On en ressort différent, et sinon plus fort, soucieux d’aller à l’essentiel »

    Flaubert lui sortait d’une crise forte liée à son épilepsie « Je suis résigné à tout, prêt à tout ; j’ai serré mes voiles et j’attends le grain, le dos tourné au vent et la tête sur ma poitrine. »

    J’ai l’impression que la Bretagne est un remède souverain qu’on se le dise.

    bretagne 3.jpeg

    T Dussard a mis dans ses bagages le texte intégral de Par les champs et par les grèves , son épouse elle a ses carnets de croquis, et son matériel d’aquarelle.

    Les voilà partis pour la Bretagne d’aujourd’hui confrontée à celle d’hier.Une Bretagne qui était un territoire presque oublié, pas de chemin de fer, des routes et chemins difficiles, une province farouche au catholicisme plus qu’étouffant. La Bretagne d’avant le chemin de fer et l’école de Jules Ferry, celle qu’a si magnifiquement raconté Pierre-Jakez Hélias dans le Cheval d’Orgueil.

    M02259183964-large.jpg

    La magie fonctionne, on savoure le dialogue entre un Flaubert bougon et un Dussard joyeux et amoureux.

    Les deux compères ont usé de moyens de transport très variés «  à pied, en voiture, cabriolet, diligence, bateau, carriole, omnibus, tilbury ou chaise de poste » les Dussard eux choisissent une Peugeot c’est un brin plus confortable.

    On explore le Morbihan, le Finistère, les côtes de la Manche, pour finir à Cancale. « Il faut avoir le jarret solide pour vouloir frayer avec Flaubert »

    saint malo.png

    À Saint-Malo, la statue de Chateaubriand est l’occasion de quelques jolies paragraphes. 

    Je fais en ce moment une lecture lente et patiente des Mémoires d’Outre-tombe j’ai donc été plus que sensible aux mots de Flaubert devant sa tombe

    Tombe_Chateaubriand.jpg

     « Dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout entourée d’orages. Les vague avec les siècles murmureront longtemps autour de ce grand souvenir ; dans les tempêtes, elles bondiront jusqu’à ses pieds (…) entre son berceau et son tombeau, le cœur de René devenu froid, lentement, s’éparpillera dans le néant, au rythme sans fin de cette musique éternelle. »

     

    Mais, car il y a un mais, natifs de Saint-Malo, je vous avertis que Flaubert n’aime pas vraiment la ville, et c’est un euphémisme. D’ailleurs il ne se prive pas de donner des petits noms d’oiseaux aux bretons et ce n’est pas toujours du meilleur goût.

    presqu-ile-de-crozon-1-1920x960-crop-1541415860.jpg

    Presqu'ile de Crozon

    À Crozon Gust et Maxime sont saisis d’une « attaque d’archéologie foudroyante »  jusqu’à ce que le propriétaire du champ les chasse !
    Ils profitent du soleil mais aussi souvent du vent et de la pluie : c’est la Bretagne quand même !

    Pas question de tout vous révéler je vous laisse le plaisir de la découverte du reste du voyage.

     

    Vous avez deviné j’ai beaucoup aimé ce livre. Ce tricotage du récit de Flaubert et celui du journaliste.
    Quand le guide touristique croise le guide littéraire loin des thèses universitaires, des guides sérieux sur la région. 

    Thierry Dussard mêle le rêve, les brumes maritimes, les menus riches en crustacés, les crêpes (faut ce qu’il faut) ses souvenirs d’enfance, son amoureuse épouse et ses lectures.
    C’est fait avec légèreté, humour et un élégant savoir faire.

    Un récit plein de charme, un vagabondage très réussi qui fait honneur aux Editions Paulsen qui détiennent bien d’autres trésors.

    fantaisie-vagabonde-en-bretagne-avec-flaubert-format-broche-1931270373_L.jpg

    Le livre : Fantaisie vagabonde en Bretagne avec Flaubert - Thierry Dussard - Editions Paulsen

  • Aussitôt que la vie - Marie Gillet

    Ecrire en marchant, quelqu’un qui démarre son livre ainsi c’est fait pour me plaire instantanément, j’ai pensé à Nietsche, grand marcheur devant l’éternel. 

    garrigues.jpg

    Marcher « Dans la colline éblouissante de lumière » ou bien écrire « Dans le bureau mansardé tapissé de livres » je prends les deux instantanément.

    17920314478967553-640x640.jpg

    Le Garlaban 

    Marie Gillet nous propose de marcher avec elle sur les chemins. De jour en jour, de saison en saison, cheminer lentement. 
    Dans le sac à dos de la marcheuse, en plus des carnets, il y a toujours un livre, pour accompagner les pauses, les moments de contemplation. 

    carnet.jpg

    Le plus traditionnel 

    Thoreau écrivant son journal parlait de Journal météorologique de l’âme, Marie Gillet tient ce genre de journal depuis des décennies, à travers une multitude de carnets.
    Aujourd’hui, elle nous offre, comme un présent, quelques Bribes et Brindilles des mots engrangés mêlés aux souvenirs d’enfance.

    carnet d'écriture.jpg

    J’ai aimé les carnets que Marie Gillet utilise. Ceux que l’on glisse dans la poche, ceux qui attendent le retour de promenade. Ceux achetés lors de voyages, ceux plus simples mais pleins de mots et d’autres choses 
    «  Tous sont boursouflés de feuilles, de brindilles, de grains de terre, plus rarement de fleurs »

    crocus-.jpg

    Non celui là n'a pas été cueilli 

    Le lecteur pourrait facilement se perdre dans cette multitude comme on se perd devant une brassée de mots, une avalanche de sensations, un tsunami d’odeurs et de couleurs.

    Ces carnets sont là pour « l’action d’écrire » et deviennent  « des herbiers de mots, des dictionnaires personnels, des bibliothèques de traces ».
    Carnets relus parfois « un jour de pluie d’hiver ou une nuit de givre ».

    Ces carnets sont aussi un retour en arrière, vers l’enfance qui fut à la fois douloureuse et lumineuse.
    Elle découvre, enfant, le Mistral, « Dès que j’ai habité chez Mètou, j’ai appris à vivre comme on vit ici : avec le vent. »
    Cela  m’a beaucoup touché car j’ai fait la découverte de ce vent si particulier à 7 ans sur le site du château des Baux de Provence, le vent était tel que ma grand tante du m’arrimer à elle très fortement pour que la brindille que j’étais ne soit pas emportée. 

    Elle nous dit ses compagnons de marche et lumière : Hyacinthe (cela m’a rappelé Henri Bosco bien entendu) Loulou, Ange et Le chef la figure tutélaire dont on ne saura jamais s’il fut ange ou démon.

    chateau.jpg

    J’ai retrouvé dans ses mots la sensation de chaleur et de lumière que j’ai ressenti enfant dans cette Provence, j’ai retrouvé mon plaisir à crapahuter dans la colline au dessus du village dans le thym et le romarin, la chaleur des vieilles pierres du vieux château dans la Montagnette et de « laisser être la beauté, même cachée, pour qu’elle participe à l’équilibre du monde. »

     

    J’ai aimé ce moment où cessant de faire la course à la randonnée la plus difficile, la plus rapide, la course au « butin » à rapporter pour être pendant un petit moment une personne importante, Marie choisit de lâcher prise.
    Ne plus être  celle qui doit « régler touts les problèmes, trouver toutes les solutions, toujours progresser, s’élever » mais devenir celle qui ne ramasse plus rien, qui ne cueille plus aucune fleur, qui se contente d’admirer, de contempler et de remercier.

    chene rouvre.jpg

    Chêne Rouvre 

    Les arbres et les couleurs occupent une place privilégiée dans ce livre. Le chêne tout d’abord et j’ai aimé que Marie Gillet secoue un peu la perruque de La Fontaine sur le sujet.
    Le chêne on devrait dire les chênes car il y en a de toutes sortes, et celles du sud sont un peu mes préférées : Rouvre, Kermès, Yeuses.

    Quant aux couleurs c'est Le bleu qui domine, le bleu Poussin, le bleu polaire, le bleu de Turner. C’est un festival de bleu que Marie Gillet nous offre, sous la bienveillance de Rimbaud, de Baudelaire ou de Giono.

    william-turner-chateau-de-norham.jpg

    Le bleu de Turner : le Château de Norham 

    L’odeur et la fragilité des violettes m’ont particulièrement touché, une des mes fleurs préférées mais uniquement dans un bois, vous savez le petit bois du Sous préfet au champs.

    16753385.jpg

    La beauté des asphodèles qui m’a contraint à rouvrir mon exemplaire de l’Odyssée. Et bien j’avais totalement oublié ce passage et du coup ce n’est pas juste le passage que j’ai relu, non j’ai replongé dans le livre la tête dans les étoiles.

    asphodelus-02.jpg_590_590_3.jpg

    J’ai aimé les listes qui viennent au jour «  lors d’une promenade aux alentours de la maison ou d’une marche de l’aube au soir » listes de fleurs, d’arbres, de lieux, mais surtout de personnes qui ont marqué la vie de l’auteur à jamais.

    J’ai aimé comprendre comment les mots engrangés deviennent textes un jour pour dire l’éblouissement ressenti, le chemin vers la lumière parfois très douloureux.

    IMG-0348.jpg

    Vous avez compris j’ai aimé ce livre, il est désormais plein de petits coups de crayon, des petits signes qui évolueront lors d’une autre lecture, qui se déplaceront, qui seront effacés, remplacés au gré de mon humeur, de mon plaisir.

    Ah dernier détail Marie Gillet vous la connaissez sans doute déjà pour vous assurer de petits bonheurs du jour régulièrement 

    Le livre : Aussitôt que la vie  - Marie Gillet  - Editions L’Harmattan 

  • La Fabrique du chef-d'oeuvre - Sébastien Le Fol

    chef d'oeuvre.jpg

    Je vous propose un livre qui évoque les grandes oeuvres de notre littérature, les inoubliables, les incontournables.

    Le maitre d’oeuvre de ce livre nous propose d’entrer dans la fabrique elle même, celle qui livre les secrets de la création d’un chef d’oeuvre. car comme le disait Bernard de Fallois « Quel  roman que l’histoire des romans » et bien ici vous allez vous en donner à coeur joie.

     

    Comment certaines de ces oeuvres ont traversé les siècles ? Comment ont elles été écrites ? 
    Pourquoi sont elles enseignées encore dans les écoles ?

    Frédéric Le Fol est allé le demander à des écrivains, des journalistes, des philosophes.
    Il a sélectionné 23 oeuvres, on imagine le casse tête qui fait que l’on élimine Baudelaire mais qu’on garde De Gaulle !!! 
    Bref 23 oeuvres qu’on lit encore aujourd’hui. 

    pour les nuls.jpg

    J’ai été autant intéressée par le choix des oeuvres que par celui des accompagnateurs qui cherchent à nous faire partager leur passion, leur admiration, leurs avis. 
    Tous ces accompagnateur partagent une passion pour la littérature et nous donne envie de la partager à notre tour.
    J’ai retrouvé là des amis de lecture. 

    Port-Royal-des-Champs_-_statue_de_Pascal_dans_l'abbatiale.jpg

    Pascal à Port Roya

    Laurence Plazenet et sa connaissance de Pascal mais aussi de Port Royal. 

    Jean Michel Delacomptée que je lis depuis des années et qui m’a transporté dans le siècle de Louis XIV mais aussi chez Montaigne et qui ici nous emporte chez La Fontaine 

    la fontaine.jpg

    L’article d’Antoine Compagnon sur Montaigne est une parfaite introduction à l’auteur et son avis sur l’adaptation la meilleure en langue d’aujourd’hui me convient parfaitement car il fait une belle place à Bernard Combaud et à l’éditions chez Bouquins qui devrait rester pour l’avenir comme une édition de référence.

    « Leur actualité (Les Essais), c’est celle d’une pensée émancipée, promeneuse et plurielle, d’une pensée à l’essai, ennemie de tous les fanatismes et de tous les fondamentalismes, d’une pensée politique au sens noble, portant sur l’identité de la nation par delà les croyances et les dévotions. »

    livre-audio-memoires-d-hadrien-marguerite-yourcenar.jpg

    Josyane Savigneau nous introduit chez Marguerite Yourcenar et Hadrien et donne envie de relire la bio qu’elle a fait de l’auteure.

    les-miserables.jpg

    « Lorsque l’unique maison d’édition de Gaza fut écrabouillée par un bombardement israélien, que découvrit on ? Qu’après le Coran, son livre le plus vendu était Les Misérables de Victor Hugo traduit en arabe »

    Les Misérables reste pour moi le modèle même du roman, n’en déplaise aux grincheux, l’histoire elle même est dans toutes les mémoires, les noms des personnages sont dans la langue courante, et l’article de Jean François Kahn est juste …parfait 

    A74843.jpg

    Olivier Frébourg que je connais déjà est idéal en passeur des MOT ….pour les non initiés Les Mémoires d’Outre Tombe de ce prétentieux mais si éblouissant Chateaubriand.

    « On pourrait penser que cet ouvrage est un fleuve, un océan. Il l’est ! Mais c’est aussi un kaléidoscope composé de l’Iliade et l’Odyssée, des Confessions celles de Saint Augustin et de Rousseau. »

    Comment tous ces livres ont vu le jour, comment ils ont été pensé, publié ? La critique fut parfois et est encore parfois, féroce mais ….ces livres sont inscrits dans notre patrimoine littéraire et leur postérité est incontournable.

    Il y a quelques surprises : le Mémorial de Saint Hélène ! Vu par un spécialiste comme Thierry Lentz cela prend une autre tournure. 

    mémorial.jpg

    J’ai lu avec intérêt Jérôme Dupuis quand il parle de Céline. J’ai aimé l’article sur Jules Verne et sur Alexandre Dumais mais j’étais là moins surprise, moins épatée.

     

    Je vous sens un peu dubitatif ? Il en manque, et Proust alors ? Et Stendhal ? J’ai fait l’impasse parce que Proust est partout sur ce blog, Stendhal n’est pas en reste et l’article est passionnant mais je suis restée un peu en retrait car je les connaissais déjà très bien.

    Balzac est à la noce en ce moment avec les films qui sortent : Les Illusions perdues, Eugénie Grandet et il a une place réservée avec Splendeurs et misères des courtisanes.

    illusions.jpg

    Je n’admire pas le De Gaulle du coup d’état de 58 mais j’admire celui du 18 juin et ses mémoires méritent sans doute leur place ici.

     

    J’ai aimé la préface de Sébastien Le Fol qui sait nous faire partager sa passion, lui qui n’eut pas de livres dans sa famille mais qui a trouvé celui qui va le conduire vers l’écrit un peu comme Monsieur Germain qui prit par la main un nommé Albert Camus.

    «  Est ce parce que j’ai manqué de livres les quinze premières années de ma vie ? Les grands écrivains sont sacrés pour moi. Je pénètre dans les bibliothèques comme dans les abbayes cisterciennes : sur la pointe des pieds. Je n’ai pas reçu le baptême mais j’éprouve la foi du converti. »
    Certes je connaissais la plupart des oeuvres et parfois la façon dont elles avaient été éditées mais c’est là qu’interviennent les accompagnateurs qui viennent mettre leur grain de sel, leur savoir, leur étincelle pour rendre tout cela clair, pour rendre l’envie de lire et relire tout à fait dévorante.

    IMG-0347.jpg

    Le livre : La Fabrique du chef d’oeuvre - sous la direction de Frédéric Le Fol - Editions Perrin

  • Bribes de cueillette

    recolte-pommes-183148.jpg

    « Serrer les pommes prend quelques journées tous les ans, sauf les années où il n’y a pas de pommes, que les fleurs ont gelé, suffit d’une nuit, un coup de gelée en fin de nuit . » 

    panier.jpg

    « Moi, je vais à genoux sur un vieux sac, je serre devant moi, je pousse le panier et j’avance mon sac. Le plus dur c’est de se relever, parce que j’ai mal dans les genoux. Enfin sans que ça se voie de trop je m’appuie sur l’anse du panier, c’est costaud les paniers de châtaignier. » 

    paner.jpg

    « Et puis il faut lever la panerée de pommes pour la mener au camion, c’est les reins alors qui font mal, des fois aussi l’épaule quand je vide le panier en haut, j’ai comme un rhumatisme à cette épaule-là, elle qui travaille le plus. »

    vaches.jpg

    « Si les pommiers ont des branches que les vaches peuvent attraper — c’est presque toujours — elles vont se dépêcher de les attirer pour avoir les pommes et quand elles ont la tête levée, une pomme entière peut tomber dans la gorge, les étouffer. Alors là, c’est de courir chez le vétérinaire bien vite ! »

     

    Le livre : L’homme des haies - Jean-Loup Trassard - Editions Gallimard