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Littérature française et francophone - Page 12

  • Bribes d'Honoré

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    «  C’est l’hiver à Nohant. C’est la nuit d’hiver. Une fenêtre s’ouvre à l’étage, un gros homme se penche dans l’hiver. Il pense à la littérature, à quoi pourrait-il penser d’autre ?

    Ces étoiles dans le gel sont littérature. Ce clair de lune voilé de nuages est littérature. 
    Littérature ces marronniers de février, effets de brumes aux branches, c’est dans Shakespeare. 
    Le silence est parfait. On entend soupirer le gros homme. Il ferme le volet. »

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    «  Balzac voulait si fort avoir l’air d’un auteur qu’il fut extraordinairement auteur mais je ne suis pas sûr qu’il était persuadé de l’être : de six heures du soir à dix heures du matin chaque nuit pendant quinze ans, il frimait, de toute son âme. »

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    « Pour paraître l’auteur de la Comédie humaine, il faut écrire la Comédie humaine, il faut même la publier. »

     

    Le livre : Trois auteurs Balzac, Cingria, Faulkner - Pierre Michon - Editions Verdier

  • Bribes de Chypre

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    « Chypre est un immense jardin où s’acclimatent les végétaux de la terre entière.

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    Les envahisseurs s’y succèdent pendant des siècles. Phéniciens, Grecs, Romains, Francs, Vénitiens, Turcs et Anglais y ont tous laissé des traces durables et maintes empreintes visibles. »

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    « Donc tout pousse, tout prospère : Jasmins, seringas, magnolias, hibiscus, amaryllis, bougainvilliers, volubilis, safran, eucalyptus, palmiers géants et palmiers nains; cycas, ginkgos, cadiers, bananiers, pistachiers, grenadiers. »

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    « Seules les roses ont déserté Chypre 

     

    Le Livre : Le Géographe des brindilles - Jacques Lacarrière - Editions OZOHNI

  • Le Pansement Schubert - Claire Oppert

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    J’ai longtemps exercé un métier de soignante, au fil des années je me suis forgée quelques certitudes : la douleur du corps peut et doit être prise en compte, nous revenons de loin sur ce point mais aujourd’hui enfin la douleur et l’aide que l’on peut apporter sont devenues des priorités. 
    Le titre de ce livre et plus encore son contenu ont immédiatement trouvé un écho en moi. 

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    Claire Oppert est violoncelliste, comme tous les bons musiciens elle se produit en concert, elle enseigne son art, mais elle n’est pas une musicienne comme les autres. Elle joue pour des publics particuliers. 

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    Elle joue dans un centre qui reçoit de jeunes autistes, elle joue dans un cantou pour patients souffrant de maladie d’Alzheimer, enfin elle joue auprès de patients en fin de vie dans un service de soins palliatifs. 

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    Elle propose aux patients une sorte de stimulation sensorielle par la musique parce qu’un jour elle a pu avec une équipe de soignants, mesurer l’effet de la musique sur les personnes, sur leur douleur.

    Ce furent des rencontres uniques, la voix du violoncelle apportant du réconfort, diminuant l’angoisse devant un soin ou une situation, apaisant même parfois la douleur.

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    Cette expérience est devenue une étude clinique médicale nommée « Pansement Schubert » à la suite d’une diminution radicale de la douleur chez une patiente démente lors d’un pansement difficile, à l’écoute du thème du mouvement lent du 2ème trio de Schubert, joué au violoncelle devant la patiente par Claire Oppert.

    Une sorte de médicament musical. 

    Cette expérience très limitée a été élargie : observer l’effet de la musique lors de soins tels que la toilette, les pansements d’escarres particulièrement pénibles, la pose de voie veineuse parfois transformée en parcours du combattant.

    Grâce à des fiches d’observation mis à disposition des soignants les effets furent mesurés, collationnés, parfois de façon objective : rythme respiratoire, tension artérielle, pouls, mimiques. Parfois de façon plus subjective, de l’ordre du ressenti : anxiété, ressenti émotionnel du patient ou du soignant.

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    Lorsqu’elle écrit ce livre, Claire Oppert a participé à 106 « Pansements Schubert » et le bénéfice est là, manifeste, pour les patients, les soignants et même l’entourage.
    L’effet est apaisant, stimulant parfois mais il y a toujours un impact qui augmente le bien être.

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    Au fil du temps d’autres musiques ont été invitées : Bach, Mozart, Beethoven, Tchaïkovsky, Rachmaninov, des airs d’opéra, des chansons bretonnes et andalouses, de la musique juive, arabe, africaine, du jazz, ou du rap. 

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    Je vous préviens les témoignages sont rudes, profonds, vrais.

    Il y a pour certains patients une émergence des souvenirs d’enfance chez des personnes dont la mémoire est aux abonnés absents depuis des années. 

    Je vous défie de ne pas être bouleversé par les histoires des personnes, par la plume de Claire Oppert qui mêle son expérience à ses souvenirs de musicienne.

    A titre personnel j’aime énormément le violoncelle, on dit souvent que c’est l’instrument le plus proche de la voix humaine, un instrument au timbre chaud, déchirant parfois.

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    Le livre : Le pansement Schubert - Claire Oppert - Editions Denoël 2020

  • Bribes du poète

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    « Les ruisseaux se sont réveillés.

    La voix moins claire s’entrelace à la plus claire

    comme se tressent leurs rapides eaux.

    Pour qu’on me lie avec des liens pareils,

    Je veux bien tendre les deux mains.

    Ainsi lié je me délivre de l’hiver. »

     

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    « La lumière n’est plus aujourd’hui qu’un lit de plumes 

    pour le repos du coeur. »

     

    Le Livre : Le dernier livre de madrigaux - Philippe Jaccottet - Editions Gallimard

  • Le Pinceau de Brueghel

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    « Dans un horizon immense éclairé par un soleil jaune se profile tout au fond une ville blanche estompée par la brume. 
    Au milieu,  sur une mer agitée par le vent, des bateaux voguent, voiles gonflées. Au premier plan un paysan laboure avec application, la tête penchée vers le sol. Au second plan, un berger regarde le ciel. 
    Au troisième plan un homme est tout absorbé par sa pêche. »

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    Le paysan

    « Bruegel a lu Ovide, les trois témoins en sont la preuve. Mais s’il les emprunte à Ovide, c’est pour détourner aussitôt le sens de leur témoignage : de béats, stupéfaits, émerveillés qu’ils sont dans le récit antique, ils se muent ici en témoins indifférents, peut—être même hostiles, à cette fin tragique. »

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    Le berger

    «  Sa chute alors n’est pas un accident, mais un châtiment. »

     

    Le livre : L'envol d’Icare - Jacques Lacarrière - Edition Seghers

  • La Barque de l'aube - Françoise Ascal

    Vers douze ans grâce à mon premier argent de poche, j’ai fait deux découvertes.  
    Je me suis acheté mon premier disque de musique classique : La Pastorale de Beethoven  et j’ai admiré pour la première fois un tableau de Corot  Souvenir de Mortefontaine  qui illustrait la pochette du disque. 

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    Un souvenir qui a perduré jusqu’à aujourd’hui alors que le disque est perdu.
    Quand j’ai trouvé en librairie le petit livre de Françoise Ascal j’ai fait avec elle la même promenade sous le ciel de Corot que celle que j’avais faite à douze ans.

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    Camille  Corot le batelier de Mortefontaine

    Dans ce petit livre Françoise Ascal nous promène dans les pas de deux Camille.
    En tout premier il y a Camille Corot dont elle est sensible à la peinture.

    Un peintre qui aime revenir dans des lieux bénis, les bosquets, les sous-bois. Il aime par dessus tout les arbres, les feuilles.
    Il est attiré par les rivières, les eaux calmes, les reflets dans l’eau, c’est son enfance de paysan qui parle là.

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    Camille Corto l'Etang de Ville d'Avray

    Corot est un homme de carnets, il note beaucoup, il se répète comme sa représentation plusieurs fois répétée dans son oeuvre d’une femme lisant.

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    « Ainsi, regardant ta Liseuse au bord de l’eau, on ne voit au premier coup d’œil qu’un paysage vaporeux, gaze ou tulle. Herbes, frondaisons, ciels dans de sourdes tonalités dont on ne sait si elles vont se dissoudre avec la lumière matinale, ou s’intensifier pour rejoindre l’obscur. Rivière étale, sans ride. Pas de vent dans les branches. Quelques pâles reflets esquissés sur une eau sans vertige. »

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    Il dit « Pour bien entrer dans mes paysages, il faut au moins avoir la patience de laisser le brouillard se lever ; on n’y pénètre que peu à peu et, quand on y est, l’on doit s’y plaire. » 

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    Homère et les bergers dans un paysage - C Corot  Saint Lô Musée des Beaux Arts

    « Rien n’est inutile, rien n’est à retrancher » dit Baudelaire de la peinture de Corot.

    Mais Françoise Ascal insert dans son texte un autre Camille, un jeune homme mort à la guerre « foudroyé à dix-neuf ans, deux trous rouges au côté droit » 

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    Ce jeune homme lié à sa famille semble arpenter les chemins du peintre.

    « Vous auriez pu arpenter les mêmes terres, longer les mêmes rivières, graver vos initiales sur les mêmes écorces de frêne.» nous dit-elle.

    Manifestement Françoise Ascal nourrit un penchant particulier pour le peintre et elle sait à merveille mêler les deux destins, l’émotion et la beauté sont là 

    Ce livre est une douce réflexion sur le temps qui passe, la mémoire, et la beauté de la peinture, un livre qui est un bel hommage et un objet poétique riche de lumière, de rêverie, une jolie méditation où comme le peintre en ses tableaux elle «  y suggère la vie ».

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    Le livre : La Barque de l’aube - Françoise Ascal - Editions Arléa