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Littérature française et francophone - Page 14

  • 555 - Hélène Gestern

    C’est agréable de reprendre contact avec un auteur que l’on a déjà lu avec plaisir.
    J’ai lu deux romans d’Hélène Gestern, le dernier L’odeur de la forêt avait été un vrai plaisir de lecture. 
    J’ai donc repiqué avec son dernier roman et je vous invite à faire de même.

    Un roman qui a la musique comme toile de fond mais aussi l’art si intrigant de la lutherie, l’ébénisterie d’art, la connaissance pointue des partitions , le monde des musicologues et enfin la musique qui envoûte.

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    Domenico Scarlatti 

    Petite colle : Savez vous combien Scarlatti a composé de sonates ?  555 mesdames messieurs, du moins 555 qui nous soient parvenues.

    Aussi lorsque Grégoire Coblence ébéniste se voit confier un étui de violoncelle et qu’il y découvre une partition très ancienne sa curiosité est piquée. Il n’est pas musicien mais fou amoureux de musique, serait il possible que ce soit une oeuvre du compositeur italien, la 556 ème sonate ?

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    Un ébéniste d'art 

    La recherche qu’il va entamer va lui permettre d’oublier un peu sa femme qui l’a planté là deux ans auparavant sans aucune explication.

    Il partage son atelier avec un luthier, Giancarlo Albizon homme à femme et en proie au tourment du jeu et des dettes qui vont avec. Celui ci voit immédiatement dans la partition l’occasion de payer ses dettes  oubliant un peu vite que la partition appartient avant tout au propriétaire du violoncelle. 

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    Un luthier 

    Lorsque la partition est volée les deux hommes vont devoir faire appel à des connaisseurs pour tenter de retrouver la partition et l’authentifier. 

    Hélène Gestern nous fait faire connaissance avec un musicologue odieux, un mécène riche comme Crésus, et Manig Terzian célèbre claveciniste qui a enregistré l'intégrale des 555 sonates.

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    « Quand je l'ai déplié, des grains de poussière ont dansé dans le soleil. J'ai reconnu immédiatement les lignes qui réglaient les pages et les notes qui s'y accrochaient en zigzag. C'était une partition »  Ici la partition de la sonate K 466

    Nous voila dans une partition à cinq voix, elles vont s’entremêler pour promener le lecteur dans le monde de la musique celle - ci étant LE personnage majeur du roman.  

    J’ai aimé cette découverte, elle m’a instruite et amusée à la fois.
    Tous ces personnages partagent d’une certaine façon l’amour de la musique, pour certain c’est l’occasion de jouer Scarlatti peut être pour la dernière fois, pour un autre c’est l’occasion d’écraser ses confrères, pour le troisième c’est le moment d’assouvir le besoin compulsif de posséder. 

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    Scott Ross

    Hélène Gestern se nourrit de musique, elle dit dans une interview qu’elle a découvert Scarlatti grâce à l’intégrale de Scott Ross.

    Avec son roman elle a fait une adepte supplémentaire de Scarlatti que je connaissais très peu et dont je vous invite à écouter la K. 466  je suis tombé sous le charme immédiatement.

    L'avis de Jostein 

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    Le livre : 555  - Hélène Gestern  - Editions Arléa

  • Bribes de notre planète

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    Québec Baie des chaleurs 

    « À l’une des extrémités du lac où se situe notre chalet au Québec, il y a une petite anse marécageuse. C’est un coin sombre bordé de cèdres, où la profondeur de l’eau ne dépasse pas une trentaine de centimètres. Des plantes aquatiques font surface, cachant partiellement de vieux troncs d’arbres noyés depuis des décennies, voire des siècles. Nous avons surnommé cette anse « la baie du fond des temps ». »

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    Le héron bleu

    « Tout à coup, il détend tout son corps et darde sa tête dans l’eau. Là! D’un coup de bec, il a capturé une grenouille, je vois des pattes vertes qui s’agitent. Puis il se redresse et, d’un mouvement fluide, il fait glisser la bestiole dans son gosier, elle est avalée en une seule bouchée. »

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    un sphinx colibri ou moro-sphinx prénommée Ernestine

    « Toujours est-il qu’ Ernestine butinait nos fleurs d’une manière assidue, sortant sa longue trompe (macroglossum en latin ou « grande langue ») au-dessus des fleurs et la descendant pour chercher le nectar. Nul doute qu’avec cette longue trompe elle pompe le nectar que d’autres insectes ne peuvent pas atteindre. Certains jours, je l’ai vue inspecter de manière rapide les fleurs en pot, toujours en vol stationnaire, sans jamais se poser, et repartir aussitôt. Apparemment, elle ne trouvait pas le butin qu’elle était venue chercher. Mais d’autres jours, elle s’attardait, aspirant la moindre goutte de nectar. Je me suis dit que, étant donné qu’elle ne plongeait pas son corps entier dans la fleur, seule sa trompe revenait avec un peu de pollen collé dessus et qu’elle participait donc peu à la fécondation des fleurs. »

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    Le livre : La planète du héron bleu - Jean-Pierre Rogel - Editions La Presse/Fides 

  • Bribes stendhaliennes

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    « Avec qui aurais-je envie de m’asseoir à la table d’un café (d’un glacier) et de bavarder tranquillement ? 

    Pas avec Balzac, de peur qu’il ne me lise le caractère des passants d’après les bosses de leur crâne ; ni avec Flaubert, par crainte d’être assommé par ses gueulades contre les bourgeois ; ni avec Tolstoï, qui me reprocherait de perdre mon temps au lieu de travailler à mon perfectionnement spirituel. 
    Devant Baudelaire je me sentirais un imbécile. Proust serait trop intimidant, Dostoïevski trop encombrant. 
    Reste Stendhal, parce que avec lui je ne saurais même pas que je suis assis auprès de quelqu’un qui fait les plus beaux livres du monde. On parlerait Italie, on parlerait musique, on comparerait le dôme du Panthéon et la coupole de Saint-Pierre ; et seulement, en me levant, je découvrirais qu’il a écrit Le Rouge et le Noir. »   Dominique Fernandez 

     

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    Musée Stendhal  -  Grenoble

    « Balzac est ce qu'il est ; mais la vingtaine de romans où il tente de ressusciter l'atmosphère sociale de la Restauration n'atteignent pas l'évidence de l'évocation obtenue dans les 500 pages de Le Rouge et le Noir » Giuseppe Tomasi di Lampedusa 

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    Stendhal - Henri Lehmann - Musée Stendhal 

    « À travers son Julien Sorel, Stendhal s'est exprimé lui-même, tel qu'il était réellement, avec ses ambitieux désirs. Avec Fabrice del Dongo, en revanche, il a donné une vie réelle à l'homme qu'il aurait voulu être, à l'homme noble, riche, aimé, qu'il ne fut pas. Il lui donna la vie, puis il l'enferma en prison » Giuseppe Tomasi di Lampedusa 

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    Giuseppe Tomasi di Lampedusa 

    « Il écrivit un livre entier intitulé De l’amour, où il disséquait ce sentiment sous toutes ses formes et donnait des conseils pour réussir, lui qui n’était fait que pour l’échec en amour. » Dominique Fernandez

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    Giuseppe Tomasi di Lampedusa 

    « Stendhal, donc, resavourait, ruminait longuement ses propres expériences, ses propres velléités de plaisir, les innombrables anecdotes qu'on lui racontait et dont il était très friand ; mais en les resavourant il les soumettait à une critique psychologique et esthétique qui s'exerçait toujours dans le sens de l'élimination ; à un moment donné il ne lui restait que l'essentiel dans la tête » Giuseppe Tomasi di Lampedusa 

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    Un Fabrice del Dongo inoubliable 

    « Le clocher, la tour, la prison : figures de la solitude placée par Stendhal au-dessus de tous les plaisirs, de la solitude où il a vécu malgré ses dehors mondains, de la solitude qu’il jugeait nécessaire à l’exercice de la liberté et inséparable de ce qu’on se doit à soi-même. » Dominique Fernandez 

     

    Les Livres 

    Stendhal - Giuseppe Tomasi di Lampedusa - Traduit par Monique Baccelli Editions Allia

    Stendhal - Dominique Fernandez - Editions Buchet Chastel 

     

  • La nuit des orateurs — Hédi Kaddour

    Nous sommes à Rome et je vous propose de rencontrer Publius Cornelius Tacitus, bref Tacite vous l’aurez compris. 

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    Tacite 

    Tacite n’a encore rien écrit, les Annales viendront plus tard. Il est le mari de Lucretia Agricola, femme de haute noblesse, elle est l’amie de Domitien l’empereur actuel, cette proximité va t elle suffire à protéger Tacite de la colère de l’empereur ? 

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    Domitien 

    Quel est le tord de Pline, de Senecio et de Tacite ? Celui d’avoir défendu une province mise en coupe réglée par un préfet aux ordres de Domitien. 

    C’est suffisant pour compromettre les trois hommes et risquer la colère de l’empereur qui « tue comme il éternue » 

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    Pline le Jeune

    Tout peut passer pour un crime de lèse-majesté : un mot de trop, une référence littéraire, un geste, alors avoir pris fait et cause pour un opposant !!!
    C’est peut être la nuit qui précède leur arrestation, la mort dans l’infamie 

    L’entourage de Domitien est là pour le servir et même pour anticiper sur ses désirs, Norbanus le préfet de sa garde prétorienne est près à toutes les bassesses.

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    La garde Prétorienne

    Lucretia va combattre contre Domitien à fleuret moucheté, contre Flavie la maitresse en titre de son mari, c’est une longue nuit qui s’avance.

    Une superbe réflexion sur le pouvoir et ses dérives.
    Rumeurs, complots, dénonciations, tout sent la pourriture, le danger, la mort.
    C’est violent, noir, une réflexion sur le pouvoir sans concessions aucunes.
    Le roman prend des allures de manuel de survie par temps de tyrannie.

    L’écriture m’a plu, la fin n’est pas tout à fait réussie, c’est un péché véniel par rapport à l’art d’hédi Kaddour pour nous transporter en un siècle plein de fureur et de bruit 

    Si vous voulez avoir un aperçu du règne de Domitien je vous renvoie à Lucien Jerphagnon et à son histoire de Rome 

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    tacite

    Les livres 

    La nuit des orateurs  Hédi Kaddour  Editions Gallimard
    Histoire de la Rome antique  Lucien Jerphagon  Editions Hachette pluriel 
    Les Divins Césars  Lucien Jerphagnon Editionts  Tallandier 

  • Bribes du Mont Athos

    «  Une fois obtenu le Diamonitirion, chaque visiteur qui a fait le chemin est reçu comme s’il était le Christ et reçoit le gîte et le couvert.
    Le moine hôtelier invite, un peu brutalement, à la manière d’un gardien de refuge, à patienter. 
    Pendant qu’il prépare l’ouzo, l’eau et les loukoums traditionnels, le pèlerin remplit le registre. »

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    «  Le lendemain, l’hôtelier me remet du pain et des olives, du fromage et des tomates car la marche est longue jusqu’au monastère de Karakallou 
    Le monastère, entouré de jardins et d’arbres fruitiers, se dresse sur les hauteurs et domine la mer. »

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    Monastère de Karallou

    « Je quitte le monastère par le sentier côtier pour rejoindre Daphni. Des éboulis me contraignent à faire un grand détour de deux heures par les collines, à me hisser jusqu’à Xeropotamou, puis à redescendre sous un ciel devenu plombé.

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    Monastère de Xeropotamou

    J’ai juste le temps de m’abriter sous l’auvent de l’unique auberge puis me nourris d’une tyropita feuilleté au fromage dans une ambiance digne d’un roman d’Alvaro Mutis. »

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    Le livre : Athos la Sainte Montagne - Ferrante Ferranti - Editions Desclée de Brouwer

  • Bribes de Joseph Joubert

    « Joubert, le plus léger, le plus délicat des moralistes français, celui qui m’est le plus cher »  Elias Canetti 

     

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    « Tout son dans la musique doit avoir un écho ; toute figure doit avoir un ciel dans la peinture ; et nous qui chantons avec des pensées et peignons avec des paroles, toute phrase et chaque mot devrait aussi dans nos écrits avoir son horizon et son écho. »

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    « Le transparent, le diaphane, le magique ; l’imitation du divin qui a fait toutes choses avec peu et , pour ainsi dire, avec rien : voilà l’un des caractères essentiels de la poésie » 

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    « Le poète a un souffle qui enfle les mots, les rends légers et leur donne de la couleur ; une teinture, une liqueur, comme ce nectar de l’abeille qui change en miel la poussière des fleurs »

     

    Le livre : Le repos dans la lumière - Joseph Joubert - Editions Arfuyen