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Le Goulag sur mon étagère

Après le livre de Tomasz Kizny qui manifestement vous a touché j’ai choisi de vous faire faire le tour de mes étagères sur le Goulag et le Stalinisme, cette part de l’histoire longtemps occultée, du moins du temps de ma jeunesse.

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J’ai eu la chance d’avoir un père socialiste dans l’âme mais très très très méfiant quant à toute forme de tyrannie, d’oppression, et qui a souhaité comme l’on dit « aller y voir »

Se balader en Allemagne de l’est, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie en un temps où c’était difficile d’y aller et d’y circuler laisse un fort souvenir. Et forcément l’on en revient convaincu !!!

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Bon ce n’était pas Gide évidement mais sa réflexion, sa volonté de savoir et de vérifier m’a conduit à lire beaucoup sur le sujet et à me faire ma propre opinion dès mes quinze ans.

C’est pourquoi ma bibliothèque est largement remplie et j’espère qu’elle vous inspirera des lectures salutaires car si le stalinisme est mort la tyrannie et l’oppression elles sont toujours d’actualité.

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Les plus évidents ? 

Alexandre Soljenitsyne même si sur la fin de sa vie il dérivait un peu.

Je vous conseille Le courage d’écrire et bien évidement la somme que représente l’Archipel du Goulag, difficile à lire ne nous le cachons pas mais tellement indispensable

J’y ajoute Ses 7 vie en un siècle sa biographie passionnante.

 

Varlam Chalamov c’est par lui que j’ai commencé ma lecture, à l’époque seul un petit livre de poche rassemblait quelques uns de ses récits de la Kolyma. Plus tard l’éditions complète chez Verdier a ét un choc important, j’aime aussi son témoignage sur ses lectures, de celles qui l’ont aidé lors de ses années Goulag : Mes bibliothèques 

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Pour ces deux auteurs j’ai lu  La Route de la Kolyma  de Nicolas Werth  car ils empruntèrent cette route , celle qui montre ce que furent les souffrances de ces hommes et femmes arrêtés, enfermés, punis pour des fautes imaginaires puis relégués au fin fond de la Sibérie

Lorsque l’individu qui devrait être laminé par un système cela donne Voyage au pays des Ze-Ka -de Julius Margolin  ou Proust contre la déchéance - Joseph Czapski.

Ces livres qui montrent la lutte pour la survie mais bien au-delà pour l’honneur et la dignité et ainsi prouver que l’on peut se dresser face au système.

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Le parcours si particulier d’un homme de science  Le météorologue d’Olivier Rolin, une histoire qui pourrait être magnifique si elle n’était pas si dure.

Le destin d’une femme hors de l’URSS mais terriblement atteinte par le système : Sandra Kalniete En escarpins dans les neiges de Sibérie

 

Mais il y a aussi le destin d’individus exceptionnels comme Ossip Mandelstam, sa biographie est précieuse pour moi mêlant histoire, politique mais surtout Poésie  Mon temps, mon fauve -de Ralph Dutli 

Par delà les destins individuels il y a l’analyse d’un système : Goulag une histoire - Anne Applebaum -
Une somme, un profond travail d’historienne, sans doute le livre le plus complet sur le sujet.

 

Et il y a les témoignages comme ceux recueillis par Svetlana Alexievitch qui même s’ils ne sont pas directement des témoignages autour du Goulag, permettent d’élucider ce qui a conduit un peuple tout entier à obéir, à pratiquer la délation, à participer à l’entreprise du Stalinisme

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Creusement du Canal de la mer Blanche ou Belomorkanal

La folie meurtrière d’un régime qui fait travailler les prisonniers jusqu’à la mort  pour construire un canal qui ne servira pratiquement jamais.  Les eaux glacées du Belomorkanal - Anne Brunswic -

 

On peut pour élucider ce que fut le régime et son dévoiement en lisant des romans 

Parmi les plus importants il y a bien sûr Vie et destin de Vassili, Grossman, ce livre qui faisait si peur que le NKVD finit par décider d'arrêter ...le livre.
IL qui n’apparait pas ici car je l’ai lu bien avant de tenir ce blog mais il a évidement sa place dans ma bibliothèque 

 

Ce qui m’a poussé à lire un autre roman de Vassili Grossman nettement moins connu alors qu’il dit tout des camps, des dénonciations, de la culpabilité, du retour à la vie dite normale : Tout passe - Vassili Grossman

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J’ai lu  Une Saga Moscovite - Vassili Axionov qui trace d’une façon parfaite ce que furent les destinées de ces russes malaxés par l’appareil stalinien .
J’ai lu plus récemment   Les Patriotes - Sana Krasikov dont j’ai aimé la construction 

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C’est une bibliothèque incomplète forcément mais dont je suis fière, j’espère qu’elle vous inspirera des lectures à venir 

Commentaires

  • Oui, ton billet sur Kizny était vraiment très touchant. Je trouve l'idée excellente idée de lister ainsi les livres sur ce thème et ma liste à lire va encore s'allonger !

    . J'ai trouvé aussi que le livre de Sandra Kalniete était très fort, et je viens à l'instant de terminer "Vie et destin" de Vassili Grossmann (en comprenant pourquoi le régime soviétique avait confisqué l'oeuvre) - un livre majeur ! Et oui, l'histoire de la construction du Belomorkanal doit absolument être lue également.

    Dans les classiques, je mentionnerais aussi volontiers Evguenia Guinzbourg, Le vertige. Dans la littérature contemporaine, j'ajouterais encore "Zouleikha ouvre les yeux" de Gouzel Iakhina, qui a eu un vrai succès à sa sortie (https://etsionbouquinait.com/2019/03/17/gouzel-iakhina-zouleikha-ouvre-les-yeux/)

  • je sais que nous avons des lectures en commun, Vie et destin fut une lecture éprouvante et marquante, il était mal traduit à l'époque car passé sous le manteau
    j'ai lu Evguenia Guinzbourg mais il y a très longtemps et du coup j'ai oublié de la mentionnée
    je note le livre que tu cites que je ne connais pas merci à toi

  • J'en ai lu un certain nombre, mais je suis loin d'avoir fait le tour. J'avais noté "les patriotes", il ne faut pas que je le perde de vue.

  • on n'a jamais tout lu, c'est un sujet auquel j'étais sensible donc j'ai appronfondi mes lectures et au fil des années l'étagère s'est bien remplie

  • Merci Dominique, il y a aussi, plus récents les voyages de journaliste polonais Marius aux Solovki oùil a habité Le voyage du loup, de Jacek Hugo-bader Journal de la Kolyma ou La fiévre blanche ou encore d'un autre journaliste polonais dont le nom m'échappe ( pas Staziuk ni Rudzyard Kapuscinski qui ni l'un ni l'autre ne sont allés en Sibérie) tous ont la curiosité d'aller voir le climat, les gens, de s'étonner du peu de traces des goulag où ont vécu et sont morts tant de gens.

  • Mariusz Wilk n'écrit pas sur le Goulag, son journal que j'aime beaucoup parle en effet des Solovki mais pas directement
    par contre je note l'autre titre que tu cites qui est certainement intéressant et me fait penser à La route de la Kolyma dont je parles dans le billet

  • Votre liste est très bonne et remarquable à bien des égards! On peut y ajouter bien sûr Les Ténèbres d'Oleg Volkov, Un monde à part de Gustav Herling ou 7000 jours en Sibérie de Karlo Stajner, mais vous avez l'essentiel et votre connaissance du sujet fait chaud au coeur ! Puisque vous semblez avoir été très touchée par l'oeuvre de Chalamov, je serai heureux de vous envoyer une photo de lui que j'ai prise quelques mois avant sa mort à Moscou.

  • ah oui vous avez raison, j'ai le livre de Herling sur mes étagères et en effet il peut parfaitement prendre place ici
    je note Les Ténéèbres que je ne connais pas du tout

  • Wouah c’est impressionnant. J’ai seulement lu les récits de la Kolyma dans ce que tu cites et c’était une lecture vraiment pas évidente.
    C’est intéressant ces bibliothèques constituées et prolongées sur plusieurs générations !

  • ma bibliothèque a été commencée quand j'avais 15 ans j'ai commencé par des poches et maintenant c'est devenu une présence incontournable qui a petit à petit envahi un peu l'appartement dans toutes les pièces, il y a des livres dans les chambres, séjour, cuisine, bref partout

  • Toute une bibliothèque! Je t'en propose deux autres sur un sujet voisin : la surveillance du Rideau de Fer en Bulgarie dans la Strandja : Lisière et Carnets de la Strandja

  • ce sont deux titres que n'ai noté récemment chez toi et chez Passage à l'Est
    je sens que ma bibliothèque va s'enrichir

  • Cette bibliothèque m'impressionne et certains de ces livres aussi... plusieurs sont des pavés où il faut vraiment la volonté de se plonger.
    Merci pour cette bibliographie et aussi pour le billet précédent, les photos parlent tellement plus que les nombres.

  • c'est impressionnant parce que il y a là toute ma vie de lecture d'engranger mais ça s'est constitué doucement
    mais oui je le concède beaucoup de ces livres sont des pavés

  • Oui, une bibliographie impressionnante, C'est bien le mot ! Je ne connais pas la plupart des titres ! J'y ajouterai Toutes les vagues de l'océan de Victor del Arbol dont une partie est consacrée à l'exil de prisonniers envoyés par Staline sur l'île Nazino.

  • oui j'avais lu ce polar qui effectivement évoque la famine imposée aux prisonniers mais je n'ai pas chroniqué le polar car certains éléments m'ont paru peu crédibles dans le scénario et j'avais été déçue

  • Je ne pourrais pas dire que votre bibliothèque est incomplète ! De toute façon, le nombre de livres sur ce thème est si important qu'il doit être difficile de tout avoir. Vous avez les principaux. Merci pour cette bibliographie qui peut être une liste à laquelle se référer en cas de besoin.
    J'ai le souvenir d'une émission sur Soljenitsyne, de Pivot peut-être, dans laquelle il montrait les papiers tout petit petit petit sur lesquels il écrivait tout petit petit petit car il en avait si peu à sa disposition. C'était très émouvant. Et je me souviens aussi avoir lu quelque part que l'épouse de Mandestalm avait appris ses poèmes par coeur avant qu'ils ne soient saisis et détruits.
    La lutte contre la barbarie doit se poursuivre, oui. Je me demande parfois si moi-même je pourrais être à la hauteur du courage qu'ont eu certains...

  • Que ce soit Grossman, Soljenitsyne ou Mandelstam le Stalinisme les a laminé et chacun à sa façon a tenté de faire savoir,
    l'histoire des différents manuscrits est passionnante en soit on y voit des russes prendre des risques inouïs pour faire passer les écrits à l'ouest, et effectivement Nadejda Mandelstam apprenait par coeur les poèmes de son mari pour qu'ils ne soient jamais détruits

  • J'en ai lu quelques uns, mais L’archipel du goulag ainsi que deux livres d'E guinzbourg attendent lecture depuis des décennies!

  • Vas y lance toi !!

  • Quelle bibliothèque fournie sur ce sujet ! merci pour ce billet si complet, je note quelques titres.
    Ah si la connaissance du passé pouvait éloigner la barbarie des temps à venir....!

  • La barbarie est bien toujours hélas et parfois on est découragé

  • C'est certain, c'est une belle bibliothèque. Je retrouve dans ce billet tous les titres que j'ai notés grâce à toi dont le Proust contre la déchéance. Après ma lecture du Docteur Jivago, j'ai lu les lettres de Chalamov adressées à Pasternak. Je note précieusement le Verdier, et puis il faudra que je me décide pour Vassili Grossman.

  • Proust contre la déchéance fait partie de ces livres qui donnent de l'espoir je trouve
    ce sont tous de gros pavé mais je crois que Patrice qui vient de lire Vie et destin nous en parlera bientôt

  • Riche bibliographie sur le sujet, j'y reviendrai à l'occasion. J'en ai lu quelques-uns et les derniers qui m'ont marquée sont "Voyage au pays des ze-ka" de Margolin (grâce à toi) et "Terres de sang" de Timothy Snider au sujet plus large. Je regrette un peu d'avoir laissé "L'archipel du Goulag" à la bibliothèque des élèves, je me demande si quelqu'un y consulte encore ces gros volumes.

  • vrai que l'Archipel est un peu oublié aujourd'hui parce que depuis la chute du bolchevisme les écrits ont fleuri, les historiens ont un peu plus accès aux archives
    mais il ne faut pas oublier le courage qu'il a fallu à cet homme pour écrire écrire au fil des jours, cacher ses écrits puis les recopier pour pouvoir les faire diffuser
    c'est la première voix qui l'est élevée et le combat fut dur et long

  • Je n'ai toujours pas rencontré le livre d'Olivier Rolin, noté à l'époque... Je le remets en haut de ma longue longue liste. Merci Dominique, le passé est derrière nous mais il faut avoir à l'esprit ce que certains peuvent faire et en tirer les bonnes leçons. Bises. brigitte

  • je ris parce que je fais pareil je rempile mes livres différemment après la lecture d'un billet

  • Je crois que c'est toi qui m'a fait découvrir Nicolas Werth , je suis étonnée que tu ne cites pas. Il a participé aux documentaires sur le Goulag absolument remarquables.
    Je conseille "l'île aux cannibales"

  • je le cites je crois pour son livre La route de la Kolyma , l'île aux cannibales est sur ma liste

  • J'avais lu "l'archipel du goulag" adolescente mais je ne me rappelle pas de plusieurs tomes. Un condensé ?
    Merci Dominique de cette bibliographie impressionnante sur ce sujet.
    Si tous ces livres pouvaient aider au "plus jamais cela"....
    Belle journée et à bientôt !

  • l'Archipel a paru une première fois incomplet, tronqué et mal traduit, il a fallu que Soljenitsyne passe à l'ouest pour que la publication de des écrits soit corrigé et complétée

  • Tu as vraiment une bibliothèque incroyable ! Pour l'instant, j'ai surtout découvert la Russie impériale à travers les grands classiques du XIXe, mais Alexievitch, Grossman et Soljénitsyne sont dans mon viseur depuis longtemps.

  • la littérature russe est passionnante et ce qu'on y lit explique en partie pourquoi le bolchevisme a pris racine, le peuple avait été plus que malmené
    c'est bien quand on a des livres dans le viseur c'est excitant

  • Dominique, il me semble que vous faites erreur concernant la première publication de l'Archipel du goulag. Elle n'était ni incomplète ni tronquée (peut-être confondez-vous avec la première édition en français des Récits de Kolyma par Gallimard en 1969 - texte traduit de l'allemand !!! Honte à Gallimard, alors que le texte russe était disponible en Occident.)
    Soljenitsyne a juste ajouté-dans les dernières éditions de l'Archipel, quand cela ne présentait plus de risque pour personne, la liste de celles et ceux qui lui ont fourni leurs témoignages pour écrire son livre Et je vous assure que la traduction en français est excellente.

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