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A sauts et à gambades - Page 48

  • Bribes anglaises

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    « Dickens a sa place parmi les causes d’ordre moral qui ont épargné à l’Angleterre une révolution. »

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    « Il y a une saveur Dickens. Il y a un parfum Dickens.
    Nous reconnaissons vingt lignes de Dickens au milieu de toute la littérature anglaise

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    Illustration du livre Georges Tcherkessof 

    « Toutes les fois qu’en entrant dans un de ses livres nous trouvons certaines rues de Londres, certains brouillards à travers lesquels brillent les feux des voitures et ceux des boutiques, certaines maisons de campagne où l’on fait de bons repas coupés d’innocentes plaisanteries, certains quartiers sombres où l’on devine derrière les portes closes d’étranges repaires, nous éprouvons un sentiment mêlé de tendresse, de désir de confort et de crainte qui était celui du petit enfant Dickens au temps où il rentrait de la fabrique de cirage »

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    David Copperfield à Plymouth

    « Il a su pénétrer une vision de son temps, il est le seul personnage qu’un romancier doive souhaiter devenir : le créateur d’un monde nouveau. »

    « Mais quand nous voudrons reprendre contact avec les grandes et simples émotions humaines, n’hésitons pas à rouvrir Dickens. »

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    Illustration Georges Tcherkessof

    « Mr Pickwick, ses lunettes, son gilet blanc, ses culottes collantes, son petit ventre et les bras soulevant avec bonhomie les pans de sa jaquette »

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    Le Livre : Dickens  André Maurois - 1935

  • Ecrits de nature tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen

    Observateur de la nature et poète voilà un auteur fait pour moi. Son oeuvre sera rassemblée en trois tomes chez Maurice Nadeau, à ce jour seuls les deux premiers sont sortis. 

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    Baie d'Audierne

    Les deux livres sont constitués d’écrits invitant au voyage : Cornouailles, Ecosse ou Pays de Galles, Vannes ou la Baie d’Audierne. Le troisième tome qui devrait nous emporter à Saint Pierre et Miquelon.

    J’ai erré tout l’été en sa compagnie, ce sont des textes qui défient le temps, la géographie, la poésie car c’est un mélange des trois. 
    Alexis Gloaguen nous promène dans des friches, des mines abandonnées, des écluses ou estuaires, des marais, des sentiers cachés à l’oeil du passant ordinaire. 

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    Ecluse bretonne

    Sa relation aux lieux, aux plantes, aux insectes est toute personnelle, elle est irriguée de poésie, on s’immerge dans des marais salants, on se fait pêcheur d’oiseaux, observateurs de libellules, la nature sauvage nous est donnée, offerte

    Un monde sauvage de vent et de pluie avec en arrière fond les connaissances de l’entomologiste :

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    « Voir la danse de l’æschne bleue au-dessus d’un étang forestier peut donner l’approximation rapide de l’éternité. Oblique, elle gobe les moucherons et semble téter le ciel. Imprévisible, elle va du sommet des chênes au col des joncs en passant par les ramures basses des saules. Elle vire et roule en quête d’une image mentale sur laquelle soudain ressortent les proies. Sa rapidité presque sans limites n’autorise que les plus prompts des oiseaux, et les moins réticents aux pirouettes aériennes, à la capturer en vol. »

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    Du botaniste :

    « À mes pieds vibre une hampe de ciguë de l’année passée. Elle est sèche, marquée par les trous que les insectes de l’hiver y ont faits pour s’abriter. De ce cylindre cloisonné, qu’ils ont bouché puis rouvert au printemps, il reste aujourd’hui la longue archéologie d’un train vertical. » 

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    De l’ornithologue

    « Lors du vol migratoire, l’oie de tête, source d’ondes aériennes qui aident les suivantes et les orientent, est fréquemment relayée. Et lorsque la troupe s’alimente au bord des rives, chaque oiseau veille à son tour, laissant les autres tamiser la vase au filtre sensible de leurs becs, chicaner pour des raisons mystérieuses, émettre leurs cris tragi-comiques, se lisser les plumes, osciller sur le clapot. »

     

    J’ai aimé le côté contemplatif mais aussi crapahuteur de l’auteur. J’ai aimé le rythme de l’écriture, la passion du vent, des paysages, d’une nature en train hélas de disparaitre « C’est pour moi une source perpétuelle d’inspiration… C’est la montagne, l’estuaire, les oiseaux qui écrivent. »

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    Si vous êtes lecteur des Souvenirs entomologiques ou de Walden vous êtes prêts pour explorer la nature d’Alexis Gloaguen 

    Les photos de Rémy Basque et les dessins de Jean-Pierre Delapré illustrent parfaitement les textes.

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    Les Livres : Ecrits de Nature Tome 1 et 2 - Alexis Gloaguen - Editions Maurice Nadeau

     

  • bribes solitaires

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    « Fuir le monde : cette pensée, beaucoup l’ont eue, certains en ont fait des livres, mais rares sont ceux qui l’ont mise en pratique. 
    Le motif de la fuga mundi revient à toutes les époques. Qu’il touche une infime minorité d’individus dans les faits (les moines, les artistes, les ascètes, les philosophes), il exerce la même fascination, il engendre la même nostalgie; il suscite le même regret. »

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    « Quand on s’y penche et qu’on essaie de comprendre ce qui émerveille dans ce geste de rupture, on retrouve sous différentes formes le même secret étonnant et paradoxal : la fuite hors du monde n’est rien d’autre qu’une façon d’y entrer vraiment. »

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    Le livre : Petit éloge de la fuite hors du monde - Rémy Oudghiri - Editions Arléa

  • Le Guépard - Tomaso di Lampedusa

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    Classer, ranger, dépoussiérer sa bibliothèque c’est une tâche longue mais réjouissante car c’est l’occasion de faire réapparaitre des livres enfouis derrière d’autres livres, ceux qu’on a lu il y a longtemps et qui retrouvent à cette occasion une nouvelle jeunesse.

    Concours de circonstances une amie de blog m’a envoyé une photo de son voyage en Sicile, la coïncidence était trop forte me voilà replongée dans Le Guépard, à humer les citronniers, à m’abriter de la chaleur insupportable à faire froufrouter ma robe de bal.

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    Juste un brin d’histoire mais vite, comme en passant : Le roman se passe en 1860, Garibaldi débarque pour réaliser l’union de l’Italie et le rattachement de la Sicile à la couronne de Victor-Emmanuel de Savoie. Une révolution qui verra l’émergence d’une nouvelle classe sociale. 

     

    Le roman est une succession de tableaux, ceux d’une aristocratie fin de races avec des personnages inoubliables.

    Le Prince de Salina, Don Fabrizio, frivole, colérique, dernier représentant de cette aristocratie sicilienne sur le déclin. Si il aime le faste, il aime aussi vivre un rien en reclus entouré de ses livres, de ses télescopes, plus passionné par l’astronomie que par l’évolution orageuse de l’Italie et la victoire de Garibaldi 

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    « Inutile de se forcer à croire le contraire, le dernier Salina, c’était lui. Ce Garibaldi, ce Vulcain barbu avait gagné. »

    Ce sera la naissance d’un nouveau monde représenté par l’inénnarable maire de Donnafugata qui ne sait pas porter le frac, ni faire un noeud de cravate. Une nouvelle aristocratie dont Lampedusa illustre magnifiquement la naissance.

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    Donnafugata dans le roman  Palma di Montechiaro en réalité

    Tancrède Falconeri, le neveu, c’est la nouvelle génération, jeune insolent avide de plaisirs  dont l’héritage est parti en fumée mais qui va pouvoir prendre sa revanche. Le prince l’aime plus que ses propres fils. 

    Il accepte donc sans barguigner le mariage avec la belle Angelica, fille du maire local qui est en train de devenir le plus riche notable du pays. Il en tombe même éperdument amoureux.

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    Ah l’arrivée d’Angelica dans la famille est un morceau de bravoure que j’ai relu avec un plaisir absolu, Concetta la fille du prince amoureuse en secret de Tancrède est contrainte de faire bonne figure et c’est très douloureux.

    Le prince le met en garde envers cet amour tout neuf  « Feu et flammes pendant un an, cendres pendant trente.» Il parle d'expérience.
    Tancrède et Angelica Sedara marque le changement de la société mais le prince voit au-delà

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    « Ils offraient le plus pathétique des spectacles, celui de deux très jeunes amoureux qui dansent ensemble, aveugles à leurs défauts respectifs, sourds aux avertissements du destin, dans l’illusion que tout le chemin de la vie serait aussi lisse que les dalles du salon »

    Comme dans les adaptations marquantes d’une oeuvre littéraire, il est difficile aujourd’hui de penser aux héros du roman sans voir Claudia Cardinale danser au bras de Burt Lancaster. 
    Le fameux bal chez les Ponteleone, au cours de laquelle le Prince dansera avec Angelica qui a appris ce qu’est la bonne tenue en société

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    « Son maintien ne se démentit pas une seule minute : on ne la vit jamais errer seule la tête dans les nuages, jamais ses bras ne s’écartèrent de son buste ; jamais sa voix ne s’éleva au-dessus du diapason » 

    La danse, la musique, le cristal et l’argenterie, et les parfums de la nuit, le Prince se sent vieux et fatigué mais encore sensible à la beauté d’Angelica.

    Le bal est le point culminant du roman, il n’empêchera pas l’effondrement de cette aristocratie et de ses privilèges.
    De sa tour, derrière son télescope le Prince Salina regarde de loin son monde s’écrouler, le bal a été son adieu, son chant du cygne. Le thème du temps qui passe est très fort dans le roman un peu comme dans le dernier tome de La Recherche.
    C’est un roman splendide sur la mort et le vieillesse qui vient, sur la fin des illusions.

    C’est aussi un superbe tableau de la Sicile comme le dit Dominique Fernandez

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    « Les paysages brûlés de soleil, la canicule immuable, l’odeur de poussière et de fleur d’oranger, les vieilles demeures seigneuriales ceinturées d’eucalyptus, les intérieurs sombres et lugubres derrière une façade baroque, l’union fabuleuse du faste et de la misère »

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     Giuseppe Tomasi de Lampedusa l’aristocrate sicilien s’inspire largement de sa propre vie pour concevoir son héros, le prince Fabrice de Salina. A travers lui, l’auteur dépeint la fin d’un monde 
    En 1954, le prince sicilien Giuseppe Tomasi di Lampedusa, duc de Palma essuie un double refus de deux importants éditeurs italiens et meurt avant de voir son roman publié

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    Le Livre : Le Guépard - Tomaso di Lampedusa - Traduit par Jean Paul Manganaro - Editions du Seuil

  • Le Pinceau de Boticelli

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    « Sur la toile intitulée La Naissance de Vénus peinte par Sandro Boticelli en 1485, on voit un couple vêtu de légers voiles et nanti d’ailes puissantes voler en direction de la déesse, tout juste surgie des flots. De la bouche de l’homme et de celle de la femme sort un souffle ténu suggérant la caresse d’une brise ou l’effleurement d’un zéphyr. »

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    « Nous sommes en présence de cet instant unique et à jamais précieux où l’Amour et la Beauté viennent d’apparaître sur la terre sous les traits d’une déesse nue au sourire sensuel. Et les premiers témoins je dirai même les premiers complices de ce moment de grâce, ce sont les Souffles, ce sont les Vents. »

     

    Le livre : Le Géographe des brindilles - Jacques Lacarrière - Editions Hozhoni

  • Ma bibliothèque lilliputienne

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    En écrivant mon billet pour le Berger de l’avent, j’ai repensé à ces livres qui m’ont apporté un bonheur simple, parfois fort et maintes fois renouvelé, sous un format plutôt restreint.

    Des livres qui sont faits pour le lecteur qui parfois refuse de lire des pavés, qui préfère le court, le vite lu MAIS qui aime les récits sensibles, profonds, graves ou déjantés, voici ma bibliothèque lilliputienne. Certains vous sont connus évidement mais peut être pas tous ceux qui sont sur mes étagères depuis des années.

    Pourquoi j’aime ces livres ? 

    Parce qu’en raison de leur taille on en mémorise presque totalement le contenu, j’ai une bonne mémoire mais ne plaisantons pas, je ne me souviens plus de tous les détails de La Montagne magique ou de Guerre et Paix. Par contre avec ces livres très courts c’est possible.

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    Il est facile de se rappeler les prénoms des deux héros d’Inconnu à cette adresse, ou bien le nom du libraire qui envoie  à Hélène Hanff les livres qui lui manquent contre parfois des oeufs et du jambon.

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    Impossible de perdre le nom du héros de l’Ami retrouvé grand collectionneur de pièces de monnaie et dont vous avez vous aussi cherché le nom sur une liste que vous voudriez oublier.

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    Ce sont de petits joyaux, qui parfois ont eu un succès retentissant alors que d’autres passent inaperçus.

    Je vais en ajouter quelques uns à votre liste en variant les genres pour qu’ils deviennent vos compagnons quand vous broyez du noir, quand vous avez envie de légèreté ou tout simplement pour passer un bon moment de lecture.

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    Un grand-père quasiment confit dans l’alcool qui hérite d’un petit fils et un volatile obèse voilà un récit totalement déjanté et loufoque mais qui me fait encore rire aux éclats après plusieurs lectures.

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    Ou alors la tendresse qui sourd du récit de la déchirure vécue par un petit garçon qui va être séparé de son grand-père, délicatesse et blessure secrète et un talent extraordinaire de l’auteur font de ce récit un moment plein de charme et de nostalgie. 

    Ou la Petite lumière qui reste éclairée pour moi à jamais.

    Ou ces mots qui disent la douleur et qui contre toute attente produisent un effet réconfortant quand cette douleur devient la votre. 

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    Enfin un livre qui vous avez certainement lu et peut être offert mais qui a pour moi encore, malgré des lectures répétées,toute la magie de la poésie et de la beauté de Yuko et de l’île d’Hokkaido, de la neige qui inspire tellement les peintres japonais. Un récit plein d’élégance et d’harmonie parce que  « Ecrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. »

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    Bon il y en a d’autres mais je vais laisser la liste ouverte pour vous, venez et ajoutez votre choix vos petits grands livres qui donnent du bonheur.

     

    Les Livres dont je parle dans l’ordre du billet 

    Inconnu à cette adresse - Kathrine Kressman Taylor - Editions Autrement

    84 Charing Cross road - Helen Hanff - Editions Autrement

    L’Ami retrouvé - Fred Uhlman - Editions folio Gallimard 

    L’Oiseau canadèche - Jim Dodge - Editions Kambourakis 

    Un été indien - Truman Capote - Editions Rivages

    La Petite Lumière - Antonio Moresco - Editions Verdier

    La Doulou - Alphonse Daudet 

    Neige - Maxence Fermine - Editions Arléa