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A sauts et à gambades - Page 44

  • Le Sourire de Mandela - John Carlin

    Ni surhomme ni saint

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    Peut-être comme moi êtes vous enclins à admirer certaines personnalités de l’histoire, non  qu’elles soient des personnes sans défauts mais parce qu’au-delà de leur faiblesse vous leur reconnaissez une grandeur, vous admirez certaines de leurs actions, vous leur reconnaissez du courage, vous applaudissez à certaines de leurs idées. 

    Pour moi il y a quelques hommes et femmes de cette trempe et Nelson Mandela en fait partie.

     

    Voici un livre extrêmement intéressant et agréable à lire ce qui ne gâche rien.
    L’auteur est un journaliste anglais « je suis un des rares journalistes étrangers à s’être trouvés sur place pour couvrir à la fois sa sortie de prison, le 11 février 1990, et son accès à la présidence quatre ans plus tard. » Dit-il.

    Le livre décrit  la trajectoire politique de Mandela à l’aide de nombreuses interviews de ses proches ou ennemis noirs et blancs, 

    Ce n’est pas un biographie mais plutôt un portrait. L’auteur est admiratif de Mandela aussi cherche-t-il à rendre son portrait le plus juste possible, à déceler chez lui l’art de la manipulation car comment cet homme a pu en si peu de temps retourner l’opinion, prendre le pouvoir ?

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    Nelson Mandela le jour de sa sortie de prison 11 février 1990

    Comment les 27 années de prison n’ont pas réussi à faire plier la volonté et la foi en l’avenir de cette homme. Comment son apprentissage de la langue et de l’histoire afrikaner va lui permettre d’être l’homme du compromis et du pardon.

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    le film magnifique qui illustre les années de prison

    Oubliant toute rancune on voit naitre un homme politique qui va parvenir à tenir la dragée haute à ses pires ennemis 

    Le film de Clint Eastwood le montre bien, film qui a certes des défauts mais dont on est incapable d’oublier l’image d’un Nelson Mandela portant le maillot des Springboks équipe qui illustrait l’apartheid dans sa version la plus primitive, et lançant un appel pour que blancs et noirs se rassemblent lors de la Coupe du monde de Rugby. 

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    Invictus avec Matt Damon et Morgan Freeman

    Il a réussi son pari : «  tendre la main de manière rassurante à l'Afrique du Sud blanche »
    Un peu manipulateur ? Peut-être mais surtout fin politique et stratège hors pair.

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    L'homme qui passe de la prison au gouvernement

    Il va imposer une politique de réconciliation avec les commissions vérité pour empêcher l’explosion de toute haine raciale.

    Un exemple lors d’un meeting animé : 

    «  Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait. "Cette femme, là-bas", dit-il avec un large sourire. "Elle m'a sauvé la vie." 

    Il l'invite à monter sur scène et l'embrasse chaleureusement. Il raconte qu'en 1988, alors qu'il était incarcéré dans la prison de Pollsmoor, près du Cap, il avait été hospitalisé après avoir attrapé la tuberculose et que c'était cette femme, une infirmière, qui l'avait soigné. » 

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    L’homme qui reconnait le gâchis de sa vie privée, divorce et difficultés avec ses enfants.
    L’homme capable d’aller saluer la veuve de l’homme qui l’a envoyé en prison.

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    On peu aussi admirer l’homme qui renonce au pouvoir après un mandat seulement ! Et celui qui reçoit le Prix Nobel de la paix en 1993.

    On décèle à travers le livre la qualité de l’engagement, la figure morale et politique qui se forme, et l’héritage que cet homme a laissé au monde. Un homme qui incite à devenir meilleur, a reconnaitre les vertus de la réconciliation.

    Le sourire de Mandela vient du fond de l’âme et en cela il est universel.

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    Le livre : Le sourire de Mandela - John Carlin  - Editions du Seuil ou Points poche

  • Bribes de chanson

     

    Une chanson peut elle influencer la vie ?

     

    1988

     

  • Sanctuaire - William Faulkner

    Le roman d’une descente aux enfers.

    faulkner

    Le jugement dernier Hans Memling 

    Un roman puissant, sulfureux, qui demande une lecture très très attentive ou, peut-être comme je l’ai fait, deux lectures à quelques semaines d’intervalle.

    Je vous propose d'élucider ce qui dans ce roman, l’emporte : la pitié et la compassion pour Temple Drake l'héroïne, la colère et l’effroi envers Popeye ?  

    Ou par dessus tout comme pour moi : l’admiration pour la construction tordue et maléfique du récit.

    faulkner

    Popeye est un gangster froid, cruel, un gringalet dangereux sa silhouette a « la méchante minceur de l’étain embouti », rien de normal en lui, c’est la malveillance faite homme.
    Popeye va commettre l’irréparable, Temple Drake va en faire les frais.

    Temple elle c’est une jeune fille de bonne famille « Mon père est juge » répète t-elle à satiété, mais c'est une jeune fille qui aime s’encanailler. 

    Horace Benbow l’avocat va lui aussi croiser la route de Temple,  lui c’est la lâcheté personnifiée et son portrait dit à peu près tout ce que Faulkner pense de la justice.

     

    faulkner

    Temple Drake va passer très vite de « il va m’arriver quelque chose ? » à « il m’arrive quelque chose » Ruby Lamar, l’ancienne prostituée tente de protéger Temple, de l’avertir mais elle est sans illusion sur ce qui va arriver. Temple Drake a mis le doigt dans la spirale du mal.

    Faulkner nous fait la liste de toutes les turpitudes : le viol, le meurtre et l’arrestation d’un innocent.

    faulkner

    W Faulkner © Frassonetto  Le temps 

    Faulkner ne décrit jamais les scènes les plus violentes mais il les suggère et c'est bien pire. Il laisse le lecteur les imaginer, on touche le mal du doigt, c’est un puit sans fond. 

    Tout homme a ses propres ténèbres, l’auteur les décline une à une.

    On est hanté par la chaleur du Mississippi, par la puissance maléfique de Popeye, le récit est pétri d’allusions bibliques et chacun sait que les récits bibliques ne sont pas des parcours de douceur et de bonté.

    faulkner

    L’auteur fait suivre de fausses pistes à son lecteur, il faut attendre la fin du roman pour connaitre l’histoire dans son entier. Il arrache les masques, il nous fait toucher du doigt la violence du désir, les abîmes du mal.

    faulkner

    Un roman où la place du traducteur est très importante (clic)

     

    Camus disait que ce roman était un chef-d’oeuvre. 

    Malraux  que « Sanctuaire, c'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier.» 

    André Gide lui a « pensé devenir fou d'horreur et de détresse en lisant Sanctuaire.»

    Parfois, parfois, l’on voudrait n’avoir jamais commencé ce roman. Pourtant je vous invite à lui faire une place dans votre bibliothèque car comme le dit un de ses commentateurs « l’œuvre vaut mieux que sa sulfureuse et tapageuse réputation »

    Lisez l'avis de Nathalie dont le billet recoupe bien celui ci

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    Le livre : Sanctuaire - Oeuvres I - William Faulkner - traduit par Maurice-Edgar Coindreau - Editions Gallimard Pléiade ou Folio

  • I'am Johnny Cash

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    Joaquin Phoenix dans le rôle dans Walk the line

    Douze ans après son premier enregistrement, Cash interprète Folsom Prison Blues dans l’enceinte même de la prison, devant un parterre de détenus (et de surveillants), le 13 janvier 1968. C’est d’ailleurs cette version live de Folsom Prison Blues que les radios passeront après 1968 et jusqu’à aujourd’hui.

    Il faut dire que Johnny Cash y réalise l’une de ses meilleures performances. Tout y est : de la rage, de la joie… Une leçon pour tous les « jeunots du rock » en pleine période Peace and Love. 

     

                       

     

    Johnny Cash, lui, est (momentanément) débarrassé de ses problèmes d’addictions et à l’heure de l’amour libre et bohème, il préfère (enfin) épouser son grand amour, June Carter. De sa prestation à Folsom sortira un album (At Folsom Prison) quelques semaines plus tard. L’opus se classe au sommet des charts américains. La carrière de Johnny Cash est relancée, grandement aidée par ce monument du rock qu’est, pour l’éternité, Folsom Prison Blues.

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    Johnny et June 

    Le livre : Petit dictionnaire des chansons rock - François Grimpet - Editions Camion Blanc

  • Pause farniente

    Pause estivale

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    Avec la chaleur tout est au ralenti, la lecture, les blogs…

    Alors une pause farniente est indispensable après un hiver et un printemps un peu rock’n roll 

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    Rendez vous fin août avec un plein de lectures. 

    Si j’en crois Antony le libraire d’Au Bonheur des ogres ce sera une rentrée exceptionnelle 

    On prend le pari ?

    En attendant repos et lectures obligatoires

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  • Reflets dans un oeil d'or - Carson McCullers

    Les dames du Sud sont magnifiques 

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    Carson McCullers

    « Il y a un fort, dans le Sud, où il y a quelques années un meurtre fut commis. Les acteurs de ce drame étaient deux officiers, un soldat, deux femmes, un Philippin et un cheval. »

    Les Premiers mots du roman, voilà si vous vous attendiez à un suspense c’est raté.
    L’auteure va nous faire suivre ces personnages, le cheval en moins, leurs attaches, leurs liens qui vont inexorablement s’entremêler.

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    Nous sommes dans le Sud, là où le racisme est non seulement banal mais aussi parfaitement admis.

    Le capitaine Penderton a une femme volage, Leonora, elle ne brille pas par son intelligence et elle a pris un amant.

    L’amant est le commandant Langdon; le supérieur du mari de la dame ! Mais le commandant a aussi une femme, Alison, qui elle souffre de la trahison de son mari et de la perte récente d’un enfant. Seul son serviteur Anacleto la comprend.

    Mais ce que peut penser le commandant d’un serviteur philippin …. qui s'en soucie ?

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    Quelle affiche !

    Penderton éprouve de la haine envers sa femme, parce qu’elle a la fâcheuse tendance à prendre pour amant des hommes dont il tombe amoureux, comme ce soldat Williams qui entre la nuit dans la chambre de Leonora pour l’observer. Tordu, vous avez dit tordu ?

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    1966 Elizabeth Taylor et Marlon Brando dans l’adaptation de John Huston

    « sa fascination à l'égard de la sensuelle femme du capitaine est bien là, tandis qu'elle-même l'ignore et ne le voit pas, à l'inverse de son mari »
    Mais la beauté de femme mûre laisse de marbre le mari.

    Le mari et l’amant on connait de longue date, sauf que Carson McCullers pousse l’étude de moeurs au plus loin.

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    Ce huit-clos dans une garnison et un roman à la fois beau, envoûtant mais cruel et glaçant au point qu’aucun personnage n’attire la sympathie, même les victimes. La tension monte, les obsessions de chacun sont examinées à la loupe et l’on devine une fin tragique. 

    Les protagonistes de ce roman sont tous incapables d’être heureux , leur sensualité doit être cachée, la morale leur interdit de l’exprimer.

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    Il fallait du courage à Carson McCullers pour en découdre avec les conventions et choisir de traiter le racisme, l’homosexualité et l’adultère et montrer que désirs et les pulsions sont plus forts que toute morale.

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    Le livre : Reflet dans un oeil d’or - Carson McCullers - Traduit par Pierre Nordon - Editions La Pochothèque