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A sauts et à gambades - Page 42

  • En dormant sur un cheval - John E. Jackson

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    © Le Temps 

    John E Jackson est un poète qui a passé les meilleures années de sa vie à traduire et faire connaitre des poètes.

    Je dois dire que je lui envie sa connaissance des langues qui lui permet non seulement de traduire mais surtout de vivre avec des poètes allemands, anglais, italiens, ou français, quelle richesse et quelle chance.

    Ce livre m’a transporté, je crois que je ne peux pas trouver de meilleur mot, bon certes j’aime la poésie mais il m’est arrivé de lire des préfaces, des postfaces qui m’ont, allez disons le, ennuyé au possible, m’ont fait douter de mon penchant pour la poésie.
    Ici c’est tout l’inverse, rien que pour le premier chapitre je vous invite à lire ce livre. 

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    Je l’ai lu pendant le confinement, dieu sait que la période ne prêtait pas vraiment à l’euphorie et pourtant je suis sortie de ce livre, enthousiaste, heureuse, plus riche d’un livre qui a su pour moi « faire résonner le sens de l’existence »

    Je vais vous livrer un peu du secret de l’auteur. A quinze ans il a été saisi, transporté, marqué par un sonnet de Baudelaire.
    Pas n’importe quel sonnet, un de mes préférés, Recueillement
    Son avenir s’est dessiné ce jour là.

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    Edouard Munch  Amour et douleur

     

    Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
    Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
    Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
    Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

    Pendant que des mortels la multitude vile,
    Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
    Va cueillir des remords dans la fête servile,
    Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

    Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
    Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
    Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

    Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
    Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
    Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

     

    Rien que pour le premier et le dernier vers je donnerai le soleil la lune et les étoiles.

    Les chapitres suivants s’ils n’ont pas la même force, ont par contre l’avantage de vous introduire auprès de poètes dont vous connaissez le nom mais que peut-être vous n’avez jamais lu

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    Paul Celan

    Je vais vous parler de mes préférés
    En langue allemande j’ai beaucoup aimé le chapitre sur Paul Celan, un poète que j’aime depuis que j’ai lu Personne, un poème qui évoque les camps et les morts, et ce Personne devient nous dit John E Jackson, un accusé, « il est le « nous » des morts d’Auschwitz ou de Treblinka.»

    J’ai aimé le poème de John McCrae qui évoque les morts de la Première Guerre, dans les champs de Flandre. 

    De nos mais défaillantes nous vous passons
    Le flambeau, tenez le haut,
    Si vous manquez de foi 
    Nous qui sommes en train de mourir,
    Nous ne pourrons dormir, malgré les coquelicots
    Dans les champs de Flandre.

    Ce poète m’a vraiment ému et j’ai repensé à un poète que j’ai chroniqué dans ce blog Albert Paul Granier 

    Il vous fait vous interroger sur ce qu’est la poésie et vous propose de demander aux poètes de vous aider à mieux saisir les faits les plus simples de la vie, qui sont aussi les plus fondamentaux : l’amour, l’amitié, la tristesse, le sentiment du vide ou de l’absence comme aussi celui de la joie.

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    John E Jackson nous propose de faire mieux connaissance avec T.S Eliot car dit-il «  Je sus tout de suite, dès la première fois où j’ouvris la petite anthologie des Selected poèmes de T.S Eliot, aux alentours de ma vingtième année, que ces vers et d’autres semblables disaient une vérité qui non seulement m’importait, mais qui était aussi mienne » 

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    Shakespeare le poète, car de lui « chaque poème adresse en silence une sorte d’offrande au lecteur ».
    Shakespeare « qui en savait sans doute plus long sur la poésie qu’aucun autre écrivain des Temps modernes » le suggère admirablement dans ses 154 sonnets.

    Mais aussi : Goethe, Hölderlin, Nerval et Rimbaud bien sur, mais aussi l’Enéide de Virgile qui « a été ma mère et ma nourrice en poésie » ou la Divine comédie de Dante

    Le pouvoir et la puissance des mots des poèmes sont là 
    « les mots agissaient en lui par leur musique et donnaient à sa vie une profondeur nouvelle, celle des émotions et de la beauté. »

    Si vous aimez la poésie, que vous êtes prêts à élargir votre champ d’investigation ce livre est fait pour vous.

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    Et si vous vous interrogez sur le titre du livre sachez qu'il vient d'un poème de Guillaume d'Aquitaine 

    Ferai un vers de pur néant :
    Non point sur moi ni d’autres gens,
    Non plus d’amour, ni de serment,
    Ni dicts féaux ;
    je l’ai composé en dormant
    Sur un cheval.

    Sous quelle étoile suis-je né :
    Je ne suis gai ni attristé
    Ni revêche ni familier,
    je n’en puis au ;
    Une fée de nuit m’a doué,
    Sur un puy haut.

    Ne sais si je suis endormi
    Ou si je veille et où je suis.
    Peu s’en faut mon cœur soit parti :
    Dolent étau,
    Ne le prise plus que souris
    Par Saint-Marceau.

    Malade suis et crois mourir,
    Mais ne puis que le pressentir :
    Un médecin j’irai quérir,
    Par monts et vaux ;
    Bon certes s’il me peut guérir,
    Mauvais s’il fault.

    J’ai une amie qui je ne sais
    Car ne la vis ma foi jamais ;
    D’elle je n’eus bien ni méfait,
    Il ne m’en chaut ;
    Oncques n’eus normand ou français
    Dans mon ostau.

    Jamais ne la vis, l’aime fort,
    Jamais ne m’a fait droit ni tort ;
    Quand ne la vois, bien m’en déport,
    Ne vaut moineau.
    Je sais minois bien plus accor,
    Et qui mieux vaut.

    Mon vers est fait de tout ceci ;
    Je vais le donner à celui
    Qui le transmettra par autrui
    Là vers l’Anjou,
    Et m’enverra de son étui
    La Contraclau.

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    Le livre : En dormant sur un cheval - John E Jackson - Editions Les Belles Lettres

  • Bribes d'histoire de l'art

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    « Ce que nous appelons, avec généralement un léger mouvement de vanité involontaire, « le recul des siècles», nous l’imaginons comme une sorte de longue-vue ou de télescope géant, capable de distinguer tous les détails d’un lointain passé, d’en discerner les mouvements et les révolutions, de les dessiner comme des constellations et d’en éliminer les trous noirs. Nous sommes convaincus que cette « distance » nous permet de comprendre les mouvements de la pensée et de l’art, mieux que ceux qui en étaient les acteurs. » 

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    « Nous nous permettons même de les nommer. Nous appelons ceci «Renaissance», cela «Baroque». On classe, on catalogue, on étiquette, on range. »

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    « Comment faire pour regarder, pour écouter les œuvres du passé avec à la fois cette vue perspective que nous donne la connaissance de l’évolution des choses et avec la candeur de ceux qui découvraient une nouveauté dont auparavant ils n’avaient pas même l’idée, et dont ils ne savaient pas où elle les mènerait? »

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    Le livre : Passages  de la Renaissance au Baroque - Philippe Beaussant - Editions Fayard

  • La philo sur mon étagère : André Comte Sponville

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    J’avoue tout de suite, j’apprécie André Comte Sponville, j’ai pu parfois être un rien agacée par la publication d’un livre un peu trop « léger » mais ce n’est qu’un petit coup de griffe.

    Pourquoi je l’apprécie et pourquoi j’ai une partie de ses livres sur mon étagère et sur ma liseuse ? 

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    Tout simplement parce qu’il accompagne depuis environ 30 ans ma découverte d’abord, puis ma passion pour la philosophie. Bon pas toute la philo, Kant, Platon ou Sartre ne sont pas du tout ma tasse de thé, mais ça tombe bien à lui non plus !!!

     

    Alors parlons livres. Si parmi vous quelqu’un souhaite faire un petit parcours avec lui 

    J’ai commencé avec Une Education philophique publiée en 1989, il y relate dans un long chapitre comment lui est venu le goût de la philo, comment il est passé des lectures obligatoires à des lectures plaisir tout en enseignant le programme obligé. Il y parle de Marcel Conche avec qui il entretien une forte amitié. 

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    Entretiens de Marcel Conche et ACS 

    Je me suis à sa suite fait un programme de lectures, Pascal, Spinoza que je n’avais jamais lu et bien sûr Montaigne 

    J’ai aimé qu’il mélange dans son livre la littérature (Rilke) la musique (Schubert) et la science 
    J’ai aimé son chapitre sur Machiavel si décrié, sur Lucrèce que j’avais lu peu de temps avant, mais aussi sur la douleur ou le bonheur 

     

    Forte de cette lecture je me suis embarquée dans son Traité du désespoir et de la béatitude en deux volumes !! 
    « Ma philosophie ne peut être qu'une entreprise de désillusion qui travaille sur le moi lui-même et dont le modèle est Montaigne, le philosophe qui se libère de la philosophie. » 

    Et là pour moi ce fut un énorme plaisir, une vraie passion naissait, certes je n’applaudissais pas à tout mais tout m’intriguait, m’ouvrait des portes et j’ai foncé droit chez Spinoza non sans quelques difficultés mais bon quand on aime …

    L'entretien donné pour Les racines du ciel sur France culture

    Ensuite il y eu le Petite traité des grandes vertus mais là je passe je crois que c’est un livre très connu, son dictionnaire de la philosophie, son essai sur l’athéisme que j’apprécie pour sa mesure et son petit dernier, son Dictionnaire amoureux de Montaigne

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    J’aime que ses livres m’incitent à méditer, réfléchir, « Penser ma vie….et vivre ma pensée » pour le dire comme lui, j’aime sa définition du matérialisme « Etre matérialiste, c'est prendre au sérieux l'idée que je vais mourir et ne pas donner à la mort l'espèce de dénégation que la religion lui apporte »

    J’aime qu’il dise « Nous sommes prisonniers de l'avenir et de nos rêves : à force d'attendre des lendemains qui chantent, nous perdons la seule vie réelle, qui est d'aujourd'hui. " Ainsi nous ne vivons jamais, disait Pascal, nous espérons de vivre… »

    J’aime l’idée qu’il faille  « pour cela inventer - ou réinventer - une sagesse sans mystification ni lâcheté : une sagesse du désespoir. Ici, maintenant : une sagesse pour notre temps. » 

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    Un dernier point il existe des entretiens audio d’André Comte Sponville avec Raphaël Enthoven sur Montaigne, je vous les recommande même si on doit les chercher d’occasion je pense 

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    Les livres et CD

    Une éducation philosophique - Editions PUF 

    Traité du désespoir et de la béatitude - PUF

    Montaigne ou la voie du milieu - 2 CD- Editions Naive

    Entretiens Marcel Conche André Comte Sponville - Editions Frémeaux 

  • Dictionnaire amoureux de Montaigne

    J’aime bien la collection des Dictionnaires amoureux et j’attendais patiemment que quelqu’un nous propose un dictionnaire de Montaigne.

    Voilà c’est fait et avec André Comte-Sponville ce qui est pour moi gage de qualité car ce talentueux philosophe est plein d’admiration et de ferveur pour le gascon.

    Vous allez me dire que j’ai déjà lu des biographies, des essais sur Montaigne, oui mais voilà je ne m’en lasse pas donc hop le dictionnaire prend place sur mes étagères.

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    L'auteur © Indra Crittin

    Dans son livre : Education philosophique et dans une interview, l’auteur dit : « Bizarrement je n’ai jamais eu aucun cours sur Montaigne durant toutes mes études ». 

    Avec ce dictionnaire André Comte-Sponville se fait un devoir et un plaisir de vous convaincre que lire Montaigne « c’est rencontrer un ami » car l’auteur des Essais est  « Un type extrêmement attachant » 

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    D'autres dictionnaires amoureux

    Les Essais sont portés par une écriture éblouissante dit André Comte-Sponville même s’il reconnait que Pascal sur des sujets identiques est plus percutant, mais voilà Pascal ne possède pas le côté ondoyant, sinueux, souple de Montaigne qui l’enchante. Il révère la liberté de pensée de Montaigne, une pensée bien audacieuse pour l’époque et aujourd’hui encore bonne pour nous lecteur. « Montaigne n’appuie jamais: il dit ce qui lui vient dans l’instant, comme cela vient, dans la vivacité, la légèreté, la fragilité de l’improvisation, quitte à y revenir plus tard, à changer d’avis peut-être. »

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    © Professeur Foray  Université pour tous Jean Monnet 

    Ce qui rend ce dictionnaire si plaisant c’est le talent avec lequel l’auteur sait rendre simplement tout la richesse de pensée de Montaigne, sait nous le faire approcher très intimement et nous propose d’en faire notre compagnon de route, un voisin et ami pour notre propre pensée.

    Il ne se lasse pas de nous dire à quel point Les Essais peuvent nous apprendre à penser, à douter mais surtout que « Montaigne nous apprend à aimer la vie telle qu’elle est, imparfaite, mortelle »

    Pour André Comte-sponville, Montaigne nous enseigne le bonheur avec ses limites et c'est avec obstination que Montaigne nous dit « C’est chose tendre que la vie » à condition de vivre au présent, lui qui vivait en un temps de guerres et d’épidémies, le Covid n’est pas si loin, et Montaigne enfonce le clou  « Pour moi donc, j’aime la vie. ».

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    Montaigne © Le Monde 

    Ce dictionnaire montre bien que pour les lecteurs assidus du philosophe le plaisir de lecture n’est jamais émoussé et que l’on peut après bien des années y trouver encore des sujets d’étonnement.

    J’ai bien entendu mes entrées préférées dans ce dictionnaire 

    L’âge, oui ce n’est pas la folle gaieté mais j’aime le commentaire que l’auteur fait pour lui même et que je partage totalement, sur la vieillesse, la douleur, la proximité de la mort.
    « Ses protestations face au grand âge, me font plus de bien que tant de dénégations optimistes ou hypocrites, qui font aujourd’hui florès et me donnent envie de vomir. Trop de sucre, trop de mensonges. Ils font semblant de ne pas vieillir ou d’aimer ça :c’est une marque encore de la vieillesse qui se méconnaît elle-même »

    L’entrée Chine un peu surprenante mais comme elle fait intervenir François Jullien le sinologue que j’ai beaucoup lu et aimé, elle m’a passionné, Montaigne le plus chinois des philosophes ?  Je vous laisse découvrir pourquoi.

    Plus d'une heure d'interview 

    J’ai aimé l’entrée Admirateurs avec les écrits des amoureux de Montaigne.
    Vauvenargues voit en Montaigne « un prodige dans des temps barbares »  

    Goethe admire son « tour d’esprit inestimable et serein »

    Stendhal juge que son style est peut-être celui , dans toute la littérature française, « qui a le plus de coloris ».

    Flaubert qui s’y connaissait en matière de prose, apprécie lui « le plus délectable de tous les écrivains »  Il dit « lisez le d’un bout à l’autre, et quand vous aurez fini, recommencez »

    Zola aime « sa fermeté, sa gaieté, son allure libre » En un mot conclut-il « je suis son disciple, son fervent admirateur »

    Parlant de Montaigne Tzvetan Todorov disait « qu’il était celui qui a lu tous les Anciens et que tous les Modernes ont lu. »

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    Orson Wells le déclare son « auteur préféré, le plus parfait écrivain que le monde ait produit »

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    L’hommage qui touche le plus André Comte Sponville, « est celui en acte de Tolstoï. Lorsqu’il partit pour son dernier voyage, dont il ne devait pas revenir, l’auteur de Guerre et Paix, n’emporta que deux livres :la Bible et les Essais »

     

    La forme du dictionnaire est très proche de la forme de lecture que Montaigne appréciait, le dictionnaire vous permettra de pilloter dans l’oeuvre et la pensée de Montaigne et vous irez « A sauts et à gambades » en compagnie d’un ami.

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    ce qu'était peut-être sa bibliothèque

    André Comte-Sponville dit dans une interview que  « c’est le plus libre des esprits libres. C’est peut-être bien le plus grand écrivain français » montrant par là la modernité de Montaigne quatre siècle après sa mort, il est sensible à un Montaigne qui reste « humain dans une époque inhumaine »

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    Le livre : Dictionnaire amoureux de Montaigne - André Comte-Sponville - Editions Plon

  • Bribe de Nobel

    Quel éditeur va se mettre le premier sur les rangs pour traduire les oeuvres de  Louise Glück ? 

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    J’attends avec impatience car les bribes que j’ai trouvé traduites sur internet m’ont mis l’eau à la bouche. 

    Un minuscule avant goût ?

     

    Le coquelicot rouge 

     

    Le grand avantage

    est de ne pas avoir 

    d’esprit. Des sentiments ?

    Oh, ça, j’en ai ; ce sont eux 

    qui me gouvernent. J’ai

    un seigneur au paradis

    appelé le soleil, et je m’ouvre 

    à lui, lui montrant

    le feu de mon propre cœur, feu

    semblable à sa présence.

    Que pourrait être une telle gloire

    si ce n’est un cœur ? 

  • Une immense sensation de calme - Laurine Roux

    Partons pour le froid sibérien, oui je sais je suis en avance sur l'hiver ?

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    Partons vers les grandes étendues sibériennes, terres désertiques et sauvages, majestueuses mais dangereuses.

    Voilà comment commence le roman « Je n'avais aucun endroit où aller. Je me souviens m'être demandé s'il était possible qu'une route ne finisse jamais. Alors j'ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu'où la route irait. Cela me semblait un bon début. »

    Une jeune fille reste seule après la mort de sa grand-mère, elle rencontre Igor.
    Igor c’est le sauvage par excellence, au magnétisme animal. Ils vont cheminer à travers une nature violente, dangereuse.

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    La jeune fille et Igor vont traverser le pays et se faisant vont traverser les époques à travers l’histoire et les légendes.

    La guerre, la grande,  a laissé des traces qui petit à petit sont devenues légendes dans lesquelles la mort est toujours présente.
    L’ ancien monde qui a basculé il y a cinquante ans dans l’horreur, le Grand-Oubli.

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    la catastrophe 

    On apprend l’existence des Invisibles, ce sont les anciens pensionnaires d’un orphelinat abandonnés avec ses pensionnaires et qui maintenant représentent un danger.

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    La catastrophe qui a rendu la vie si dure n’est pas très loin, elle a laissé le souvenir du froid qui tue, de la faim permanente, des dangers d’une forêt impénétrable et oh combien mystérieuse. 

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    « Tout me revient. L'immensité du ciel. La traînée laiteuse d'un nuage juvénile. La fulgurance des trouées de lumière à travers les frondaisons. Un bourdon volette au-dessus de ma tête, plein d'une grâce pataude. »

    Tout l’art de Laurine Roux est de nous apporter cette nature avec une presque douceur alors que la furie des hommes est là, latente, cachée.
    Mais elle peut basculer en quelques mots vers l’âpreté et la pourriture.

    Ici c’est le règne des grands espaces avec une nature singulière, de celle que l’on peut côtoyer chez Jack London par exemple.

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    L'auteur

    Un très court roman mais empreint d’une telle force que l’on voudrait que l’histoire ne finisse pas.
    Tout m’a plu le dépaysement, le côté universel des personnages, le côté atemporel de l’histoire
    J’ai aimé ce monde de légendes et de croyances.
    J’ai aimé que l’on sente les liens attisés par la mémoire entre les générations du passé et celle d’aujourd’hui « Mais quelque chose reste intact à travers les ans. »
    J’ai aimé le climat instauré par l’auteur, le mélange entre un lointain passé et des récits traditionnels.

    J’ai aimé la notion de  traces, celles que les générations précédentes ont laissé et celles que nous laisserons.
    J’ai aimé le style à la fois fort et doux, ancré dans le réel et poétique.

     

    Une réussite totale.

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    Le livre : Une immense sensation de calme - Laurine Roux - Editions du Sonneur ou Folio