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Vous savez quoi ? Parfois quand rien ne va il y a pourtant des petits moments jouissifs, tenez par exemple Gallimard vient de faire entrer George Eliot en pléiade.
Alors si vous voulez faire plaisir à un amateur de littérature anglaise ou pourquoi pas VOUS faire plaisir c’est moment c’est l’instant
Et puis il y a l’édition en livre audio des 2 tomes d’Autant en emporte le ventlu par Caroline Maillard dans la nouvelle traduction de Josette Chicheportiche
Je suis un peu en panne de lecture à partager avec vous en ce moment.Aussi je vais mettre le blog en confinement.
Mais aujourd’hui avant de fermer mes écoutilles pour quelques jours je vous propose de participer avec moi à la nuit européenne des Musées
Vous avez pour cela un pass spécial qui va vous donner accès à des lieux très divers et vous pouvez trouver le programme ici
Le virtuel est aux commandes et votre choix est vaste, du Palais du facteur Cheval au musée Guimet, du musée Rodinà la maison de Balzac.Attention il y a des horaires à respecter !
La Lettonie en fait partie de ce que Timothy Snyder appelle les Terres de sanget l’histoire de la famille d’Inara Verzemnieks est tout à fait emblématique du destin de ces hommes et femmes.
L’auteure vit aux USA, elle a grandit à Tacomadans l’état de Washington. Elle a été élevée par ses grands-parents, entourée des fantômes du passé sans que rien ne lui soit jamais raconté.
Toute son enfance est marquée par cette Lettonie perdue, le drapeau, les chants, des gestes qu’elle peine à comprendre comme ceux de disperser sur les cercueils du sable de Lettonie.
A la mort de sa grand-mère elle va tenter de refaire à l’envers le chemin de l’exil jusqu’à cette ferme familiale où durant la seconde guerre mondiale la famille s’est littéralement décomposée.
Elle commence son travail de journalisteen se rendant sur les lieux. Le lent travail de compréhension commence « La porte de la petite maison s'ouvre et je vois ma grand-mère. Bien sûr, à ce moment-là, ma grand-mère, la femme qui m'a élevé, est morte depuis près de cinq ans. »
C’est Ausma la soeur de sa grand-mère.
Et le fil de l’histoire familiale va se dévider. Livija et Ausma ont été séparées, Livija a fuit le conflit à l’entrée des troupes russes en Lettonie et est devenue une réfugiée tandis que son mari, le grand-père d’Inara a rejoint les rangs de laLégion de Lettonie. Ainsi il a combattu pour l’Allemagnesur sa terre où presque tous les 70 000 Juifs de Lettonie ont été assassinés.
Son grand-père a-t-il participé directement aux pogroms ?Inara sait qu’il portait l’uniforme. Il a dû au minimum être témoin et voir ses voisins disparaître.
De l’autre côté de l’histoire familiale il y Ausmaqui elle va suivre sa mère et son frère exilés en Sibérie par le régime stalinien.Les deux soeurs ne se sont pas revues durant plus de cinquante ans.
Enfants de déportés en Sibérie
Aujourd’hui est-elle prête à raconter l’histoire du pays et de la famille, histoire marquée par le malheur, les migrations, les guerres, la culpabilitéet la honte ?
C’est un beau témoignage de vies marquées par l’exil, le désir de survie et la résilience. Un texte bouleversant, un pays où ces hommes et femmes étaient « comme des poissons pris au piège sous la glace de la rivière en hiver » et tentent de tisser à nouveau des liens par delà les générations.
Le livre va trouver place dans ma bibliothèque aux côtés de Purge, Ames Baltes de Jan Brokken et du livre de Sandra Kalniete.
Le livre : Mémoires des terres de sang - Inara Verzemnieks - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke
Imaginez Bach à 20 ans ! Oui je sais c’est un peu difficile.
Il est organiste à Arnstadt en Thuringe
« Arnstadt une ville glaciale en hiver »
Il est connu, respecté, obéissant. « Il jouait son rôle avec ferveur et discrétion » Le hasard le met en contact avec une partition de Dietrich Buxtehude, sept cantates,il savoure cette partition, elle l’exalte. L’urgence lui apparait de percer le mystère de cette partition, de rencontrer le créateur de cette oeuvre incroyable.
Il obtient un congé de 4 semaines du Consistoire, congé qu’il va allonger à sa guise. Il prend la route en plein hiver et va abattre les 400 km qui le séparent de Lübeck pour rencontrer le Maitre, la partition serrée contre son coeur.
Son voyage est tout de solitude et de silence. Rien ne lui importe, le froid de gueux, les voleurs qui le détroussent au passage, il n’a en tête que le Maître Buxtehude et sa musique parce que la musique est tout :
« On lit la musique comme on entre au couvent. On lit la musique pour entendre une autre voix que la sienne, plus profonde, plus sérieuse. Pour lire la musique, il faut être disponible à cette voix des profondeurs, à cet appel du silence, rugissant. »
Les Orgues d'Arnstadt
On a envie de dire qu’il fait une fugue, mais bon je vous l’accorde c’est un rien facile.
C’est plutôt un pèlerinage initiatique, sa foi en Dieu l’accompagne, celle que l’on va retrouver dans l’Oratorio, dans les Messes et les Cantates. Le récit est d’ailleurs émaillé de références bibliques.
Statue de Bach à Arnstadt
Simon Berger nous fait vivre ce voyage :
« Les haleurs passent devant Bach. Lui regarde, heureux d’être étranger à leur labeur, honteux de ne pas les aider. De la musique plein la tête, il est à peine gêné par leur chant. On entend que Dieu est ma tour, que Dieu est ma forteresse. On ne sait pas qui chante. On devine à peine que quelqu’un chante. Tout parle d’une voix qui se met à chanter, sans que l’on sache quand, exactement. Les arbres, les haleurs, le silence chantent. C’est la musique qui commence. Ce n’est pas qu’elle emplit tout, c’est que tout subitement la connaît. La musique est devenue la couleur du monde. »
Est-ce ce voyage qui a transformé Johann Sebastian en Bach tout court ?
Un récit qui se déroule avec le temps de la musique pour le rythmer. D’ailleurs cela n’est peut-être jamais arrivé. Mais quelle importance ? On n’a l’impression de voir éclorele musicien, de le voir prendre son envol.
La rencontre avec Buxtehude va avoir lieu,reflet de la rencontre de l’auteur avec Johann Sebastian Bach « cet homme qui tutoie Dieu avec sa musique. »
Ce texte est un petit bijou, de ceux dont on regrette qu’il soit si court. Simon Berger est inspiré par Bach et nous sert un texte plein d’ardeur et de douceur mêlées, de musicalité.
Retrouvez dans ce roman la complicitémanifeste qui unit l’écrivain et le musicien. Il sait mettre en mots les bonheurs et la plénitude de la musique et vous n’aurez qu’une envie c’est d’accompagner cette lecture par une cantate, une fugue, là où va votre préférence.
« Mozart dans sa vie a aimé tout ce qui est humain : ses parents, son jardin, ses amis, sa Constance, ses enfants – et nous.
Mais plus peut être que tout au monde il a aimé, les mettant au monde et leur infusant la mélodie de l’âme humaine, Chérubin et la Comtesse, et Zerline, et Belmont »
« Les Noces de Figaro est l’opéra le plus parfait qui soit, le seul peut-être bien à être parfait : ne permettant ni qu’on y ajoute ni qu’on y retranche »
Le livre : Mozart, le visiteur - André Tubeuf - Editions Papiers musique