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A sauts et à gambades - Page 6

  • Mes livres et moi

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    Mes livres

     

    « Je ne les corne pas

    Je ne les annote pas

    Je ne les retourne pas

    Je ne les jette pas

    Je ne les prête pas volontiers

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    Je les respire

    Je les accumule

    Je les chéris

    Je les empile

    Je les lis

    Je les relis

    Je n’arrive pas à les lire

    Je ne les termine pas

    Je les range

    Je les oublie

    Je les perds

    Je les cherche

    Je les rachète

    Je les retrouve

    Je les rachète en double

    Je les rachète en triple

    Je les emporte avec moi

    Je les transporte

    Je les oublie

    Je les redécouvre

    Je m’aperçois qu’en fait je les avais déjà lus

    J’y glisse des marque-pages, souvenirs de moment de lecture

    Je note au crayon sur la page de garde, le lieu et la date de leur acquisition.»

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    Le livre : Dehors, la tempête – Clémentine Mélois – Éditions Grasset

  • Eden - Auður Ava Ólafsdóttir

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    Êtes-vous partant pour un séjour en Islande, bon c’est certain il va pleuvoir mais vous pourrez nager dans une source chaude, ceci compense cela.

    Rendez-vous chez Alba, une femme qui vit parmi les mots, et pas seulement les mots, les langues aussi. Elle est linguiste et spécialiste des langues en perdition. Elle est douée et passionnée.

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    A ce titre elle voyage un peu partout, elle jongle avec les déclinaisons, les conjugaisons, la grammaire, de quoi remplir les journées.

    Et puis quelque chose se rompt dans la machine bien huilée, son travail à l’université de Reykjavík et dans l’édition semble ne plus tout à fait suffire, il y a aussi un grain de sable dans les rouages, un étudiant lui dédit des poèmes, des écrits, ce qui risque de mettre en péril un poste qu’elle a en vue.

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    Et puis il y a ses doutes et ses inquiétudes sur l’état de la planète, sur l’extinction programmée des espèces et pas seulement des dialectes, sur tout ce qu’elle a envie de préserver : la nature, les liens que l’on forge au gré du temps, les livres qui peuplent la vie.

    Elle doit avouer « Je n'ai pas toujours été très douée pour faire coïncider mes pensées avec mes paroles. »
    Son père est un passionné des arbres et du coup Alba s’interroge.
    « Combien d'arbres je devrais planter si je voulais compenser l'empreinte carbone de tous les trajets en avion que j'ai effectués l'an dernier ? »

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    La prise de conscience est brutale, il lui faudrait planter 5600 arbres pour combler le déficit !!!
    De quoi s’interroger sur son mode de vie.
    Pas de blablas de spécialiste, pas de conférence sur le réchauffement non, tous simplement Alba remonte ses manches et se met à planter des arbres.

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    Elle achète une petite maison avec un immense terrain pour planter 2000 bouleaux, rien de moins, ah oui elle a aussi prévu un potager.

    Son petit paradis demande de l’huile de coude pour entamer cette reconstruction, mais elle a trouvé un nouveau sens à sa vie et cela change tout.

    J’ai aimé cette jolie fable pleine d’espoir, de poésie, de drôlerie.

    J’ai aimé le personnage de Danyel jeune réfugié prêt à s’approprier une nouvelle langue car il sait que cela lui permettra d’être accepté, de tisser quelques liens.Parce que dit Alba, une langue c’est une façon de « décrire comment il est possible de supporter cette chose qu'on appelle la vie »

    J’ai aimé que Auður Ava Ólafsdóttir vienne titiller notre responsabilité, pas question de nous culpabiliser non mais elle nous pousse à réfléchir à notre engagement personnel car après tout « Nous sommes à chaque instant au centre de notre existence »

    J’ai aimé comment elle montre que le trop plein d’objets, de livres « Gerður, la guichetière de la banque, m'a acheté La généalogie de la langue, Fríður qui travaille à la supérette la compilation d'articles: La grammaire en s'amusant. Et juste avant ton arrivée, j'ai vendu à Elinborg K Déclaration d'amour à ma langue maternelle »

    J’ai aimé ce vivre ensemble,la liste des « activités qui échappent aux règles du langage »

    «Marcher dans la nature.
          Travailler dans le jardin.
    Biner les rangs de pommes de terre.
    Respirer.
    Regarder le ciel au-dessus de la montagne.
    Écouter les oiseaux »

    C’est le moment de remercier le traducteur, Eric Boury, je l’ai déjà apprécié avec les romans de Stefansson ou Indridason c’est une occasion de plus d’apprécier son travail.

     Un livre tout en finesse, légèreté et simplicité, n’hésitez pas

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    Le livre : Éden - Auður Ava Ólafsdóttir - traduit par Éric Boury – Éditions Zulma

  • Bribes Moliéresques

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    « Même raté, un chef-d’œuvre reste un chef-d’œuvre.
    Il y a donc deux sortes de chefs-d’œuvre : le chef-d’œuvre réussi et le chef-d’œuvre raté. Il y a aussi, bien sûr, une troisième sorte d’œuvres : celles, les plus nombreuses, qui ne sont pas des chefs-d’œuvre ! Molière a tâté des trois.

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    Il a signé douze chefs-d’œuvre réussis : Le Misanthrope, L’École des femmes, Les Femmes savantes, Le Bourgeois gentilhomme, L’Avare, Tartuffe, Le Malade imaginaire, Dom Juan, George Dandin, L’Impromptu de Versailles, Les Fourberies de Scapin, Les Précieuses ridicules.

     

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    Il s’est aussi commis dans des chefs-d’œuvre ratés : La Critique de l’École des femmes, Psyché, Monsieur de Pourceaugnac, L’Étourdi, Le Médecin malgré lui, Les Fâcheux. Ratés parce que inachevés. Il aurait pu en tirer davantage »

    Le livre : Dictionnaire amoureux de Molière – Francis Huster - Éditions Plon

  • L’Altipiano Cheminer avec Mario Rigoni Stern - Loïc Seron

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    Nous avons toutes et tous dans nos bibliothèques des livres privilégiés, parfois parce qu’on les a découvert à un moment particulier de nos existences, parfois parce que le contenu vous parle et vous émeut tellement qu’il devient inoubliable.

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    Les livres de Mario Rigoni Stern sont un peu tout ça pour moi.
    Pour certains écrivains un lieu est au centre même de leur œuvre.
    Pour Mario Rigoni Stern c’est le plateau d’Asiago.

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    Grâce à ce lieu il n’a jamais dévié de sa route, refusant tous les compromis, toutes les nominations flamboyantes et honorifiques.

    Un lieu où il est revenu à la fin de la guerre, où il a vécu, écrit, où il a nourri son écriture, où il a repris le fil de la vie après un temps d’épreuves.

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    C’est un lecteur de Stern qui nous embarque sur ses traces.
    Loïc Seron est photographe mais c’est aussi un passionné de l’œuvre de l’écrivain.
    Il a eu la chance de rencontrer l’homme peu avant sa disparition et aujourd’hui lui rend hommage à travers ce livre.

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    Haut plateau d’Asiago photo Loïc Seron

    Le Photographe a arpenté à pied le Haut Plateau, au gré des saisons.
    A travers son texte et ses photos il témoigne de son admiration.
    Il nous livre les particularités du lieu, ses coutumes, sa langue, ses paysages au travers de photos magnifiques.

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    Retraite de Russie de l’armée italienne

    Il fait revivre grâce aux extraits des livres, les compagnons de route disparus qui partagèrent ces épisodes terribles que l’écrivain a su si bien dire dans ses livres dans lesquels il magnifie le courage des hommes.
    Témoin de la retraite effarante de l’armée italienne en Russie « Il mit un point d’honneur à ne pas les oublier ; elles imprégnèrent toute sa vie du sentiment irrépressible de la nécessité de témoigner. »


    Mais ce n’est pas un témoignage centré uniquement sur un lieu, ce qui fait la grandeur de l’œuvre de Stern c’est son humanité, la fraternité sous-jacente qui en font une expérience universelle.

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    Mario Rigoni Stern fut un homme de paix  
    « Il y avait quelque chose de stupéfiant à voir ce montagnard avec sa maison, sa pile de bois, son jardin et ses abeilles, et à penser qu’il s’agissait de l’auteur de Sergent dans la neige, un des classiques de notre littérature contemporaine. Tout en lui – et avant tout l’endroit où il vivait et la façon dont il y vivait – respirait l’intégrité. Il ne faisait qu’un avec l’Altipiano, avec ses récits et avec ses choix. » dit Paolo Cognetti le préfacier du livre.

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    Je me suis laissée emportée, j’ai traversé l’Altipiano avec Loïc Seron, me remémorant les livres lus : Histoire de Tönle ou les Saisons de Giacomo, Les arbres et les abeilles, les Sentiers sous la neige…

    Si vous n’avez jamais lu MR Stern ce livre est une belle façon de faire connaissance, si vous êtes déjà adepte vous vous laisserez tenter par ce livre qui enrichira votre bibliothèque.

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    Le Livre : L’Altipiano Cheminer avec Mario Rigoni Stern - Loïc Seron -Préface de Paolo Cognetti, - Editions Rue d’Ulm

  • Bribes de neige pour ceux qui la regrettent

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    « Par ici, la neige se fait rare.
    Je ne me lasse pas d’attendre son retour.
    Et lorsqu’elle survient, ne fût-ce que durant quelques heures, juste le temps de virevolter un peu, sans prendre la peine de s’établir, de couvrir et d’enchanter le paysage, réduite au vol d’une poignée de flocons, c’est comme si un temps d’enfance m’était rendu pendant l’exacte durée de sa chute, et avec lui une espèce de tendre chaleur enveloppant la saison froide et ses vieux os
    . »

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    « Écoutez, je vous prie ! Tendez l’oreille. Il se pourrait qu’en essayant de percevoir le silence de la neige vous entendiez ce bruit de source que fait l’amour dans votre cœur »

    Le livre : Le Jardin sous la neige – Jean-Michel Maulpoix- Éditions Mercure de France

  • Une vie de paysages - Béatrice Commengé

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    Nous avons chacun des écrivains qui nous ont charmé, enthousiasmé, fait voyager et fait rêver.

    Ces écrivains-là, imparfaits peut-être, font pour autant partie de notre panthéon littéraire, Lawrence Durrell est de ceux-là et donc évidemment j’ai marché avec Béatrice Commengé sur ses traces.

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    Elle nous parle de sa première rencontre « Lawrence Durrell m’avait ouvert la porte en me demandant: « Aimez-vous l’Indian Curry? »

    « Mon cerveau traduisit aussitôt: Darjeeling, 1920. » car Lawrence Durrell a quitté l’Inde à onze ans et ce fut un crève-cœur.

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    « Il se promenait dans un paysage dont on l’avait arraché à onze ans et qu’il n’avait jamais revu. J’étais venue chercher la Provence, la Grèce, l’Égypte, Alexandrie, et il m’offrait l’Himalaya. L’homme de soixante-quatre ans vivait toujours au pays de Kipling. »

    Bien évidemment Béatrice Commengé vous fera voyager sur les pas de Durrell, de l’Inde à l’Égypte, d’Alexandrie à Sommière qui fut son dernier port d’attache.

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    Sommière

    J’ai lu Durrell avec plaisir et même passion, Citrons acides, le Livre noir, son livre sur les îles grecques, m’ont toujours attirée.
    Par contre j’en demande pardon aux aficionados je n’ai pas aimé du tout Le Quatuor d’Alexandrie !

    Dans ce livre comme elle l’a déjà fait pour Nietzsche ou Rilke Béatrice Commengé part sur les traces de Durrell.

    Elle nous fait sentir les prémices de la création, sentir aussi ses doutes. Son amitié avec Henry Miller, sa place dans sa famille de fous.

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    H Miller et L Durrell une amitié indéfectible

    Ses voyages multiples, chacun ayant donné à Durrell l’envie d’écrire.

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    Famille Durrell

    J’ai aimé ce petit livre, les pages sur Chypre sont les plus émouvantes, les pages sur Bellapaix qui ne sont pas sans rappeler son amitié avec Patrick Leigh Fermor qui vint sur l’île partager avec lui son amour du pays.
    Un lieu parfait, envoûtant, de ceux qui laissent d’impérissables souvenirs.

    Béatrice Commengé aspire à comprendre l'obsession de Durrell pour les lieux, elle nous livre un Durrell peu connu qui dit « Tout ce qui sort de moi est un paysage. »

    Et qui ajoute « Aucun peintre n'a pu le rendre et, nous, les faiseurs de mots, nous sommes toujours insatisfaits de nos descriptions. C'est un mystère. »

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    Vraie et fausse famille

    Le livre n’est pas parfait, parfois le rythme ou l’aspect Album photos sont un peu décevants mais j’ai aimé son intérêt pour Durrell, les magnifiques évocations des paysages,

    J’ai aimé l’évocation de Corfou, et aussi l’évocation de Sommières où l'écrivain posera ses bagages et finira sa vie.
    Les trente dernières années de sa vie, et où, jeune écrivaine, Béatrice Commengé le rencontra,

    Dans une lettre à Henry Miller, Durrell dit magnifiquement : « Ce combat, qui apparaît sur le papier comme un combat pour écrire, est en réalité un combat pour vivre. »

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    Le livre : Une vie de paysages – Béatrice Commengé – Éditions Verdier