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A sauts et à gambades - Page 5

  • Des voyages extraordinaires

     

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    J’ai relu cet été un peu de Jules Verne et un essai de Julien Gracq sur l’auteur.

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    Cela m’a donné envie de modifier ma chronique écrite il y a 4 ans sur un livre de Jean-Yves Tadié que j’avais beaucoup aimé.

    Un auteur que Jean-Yves Tadié a lu « en entier entre dix et treize ans » Julien Gracq, lui, a lu Jules Verne enfant mais en bibliothèque et il attend l’âge adulte et la parution en poche de l’œuvre pour tout racheter et tout relire.

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    Un auteur qui aimait et admirait Edgar Poe ou Hoffman mais aussi Chateaubriand et Stendhal. 
    Les romans de Jules Verne sont épiques, humoristiques, techniques mais par-dessus tout c’est « une merveilleuse invitation à regarder le monde ».
    Un titre ou deux ou trois ... Cinq semaines en ballon, Voyage au centre de la terre, le Château des Carpates ou Vingt mille lieues sous les mers.

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    Jules Verne a dit « Je crois vraiment que c’est ma passion des cartes et des grands explorateurs du monde entier qui m’a amené à rédiger le premier d’une longue série de romans géographiques. » Il trouvait ses sources chez Elisée Reclus, les noms de ses personnages en imitant Dickens.

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    En plusieurs courts chapitres J-Y Tadié inventorie les romans avec des thèmes comme le train, la mer, les navires, le volcan d’or ou la ville flottante.
    Il nous montre un Jules Verne toujours tourné vers l’avenir, ses personnages ne ruminent jamais, ils regardent droit devant eux.
    Saviez-vous qu’il imagina une ville flottante, du genre de celles que les urbanistes prévoient aujourd’hui pour faire face à la montée des océans ! Sacré bonhomme ! 
    Les voyages et les découvertes furent ses sujets de prédilection ainsi que l’affrontement de l’homme à la nature : le pôle, les volcans, la lune, les fonds sous-marins...

    Julien Gracq lui nous livre ses souvenirs de lecture
    « Je voudrais vous dire pourquoi ces retrouvailles m’ont tellement frappé. La lecture de Jules Verne avait donné naissance pour moi à deux objets véritablement fétiches qui m’ont fasciné très longtemps. Il y a le boomerang (titre d’un roman) et puis l’autre c’est dans Mathias Sandorf et la grille qui permet de crypter un message. »

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    Le petit livre de Tadié est tout à fait passionnant pour qui a lu dans son enfance ou plus tard les romans de Jules Verne. Loin de la biographie il nous dit surtout son émerveillement, sa passion pour ces aventures, sa peur parfois et voilà ce qu’il confie :
    « Je suis atteint d’une étrange maladie, qui remonte à une enfance où je crains d’avoir fait une considérable provision de tristesse : je coïncide avec l’histoire que je lis au point de m’y transporter, d’éprouver les sentiments des personnages, d’être gai ou triste avec eux. C’est pourquoi je souhaite que leur histoire finisse bien. Comme les producteurs américains d’autrefois, j’exige un happy end. Quand on vieillit, ce n’est pas raisonnable. »

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    Julien Gracq lui évoque l'émerveillement de sa découverte, enfant, des Voyages extraordinaires, analyse les vertus littéraires et montre l'aspect géographique de l'œuvre.
    Gracq atteste bien de sa fidélité à l’émotion ressentie la « première fois » 

    L’essai sur Jules Verne aujourd’hui contient aussi les textes de Michel Serres et Régis Debray mais j’avoue que je n’ai pas trouvé plaisir ou intérêt à les lire hélas.

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    Les livres :
    Regarde de tous tes yeux, regarde ! - Jean-Yves Tadié - Éditions Gallimard l’un et l’autre
    Jules Verne aujourd’hui – Julien Gracq - Michel Serres -Régis Debray
    Éditions Le Pommier

     

  • Un Tableau un livre Poussin au paradis

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    « Pour peindre le Paradis terrestre, Poussin a figuré des arbres touffus. C’est une toile qui ne se révèle que d’assez près : alors on y pénètre et on est ravi – et dans ce dernier sentiment il y a celui d’une réalité essentielle dévoilée par le peintre. »

    Le Livre : Au jour le jour - Paul de Roux - Editions le Bruit du temps
    Le Tableau : Le Paradis terrestre – Nicolas Poussin - Musée du Louvre

  • La Traductrice - Efim Etkind

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    C ‘est un cadeau que j’ai reçu et qui m’a fait un immense plaisir, vous me direz comment peux-tu dire ça alors que tu as déjà lu le livre ?
    C’est vrai je l’ai déjà lu mais rapidement comme on lit quand on doit rendre le livre très vite.

    Alors là j’ai pris mon temps.
    Un récit très court mais dont on regrette presque la concision tant cette étonnante histoire nous bouleverse.

    On assiste à la représentation de Don Juan de Byron, à la fin de la pièce le public debout réclame l’auteur. Une femme gênée, voutée, monte sur scène et là s’écroule.
    Cette femme c’est Tatiana Grigorievna Gnéditch.

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    Elle est une intellectuelle issue d’une famille aristocrate ce qui en Union Soviétique était comme une épée de Damoclès.
    Tatiana Gnéditch est passionnée de littérature anglaise et attirée en particulier par Byron. Elle a de qui tenir, un de ses ancêtres fut le traducteur de l’Iliade, traduction jamais dépassée depuis. 

    La politique n’intéresse pas Tatiana mais la politique va la rattraper. Soupçonnée puis emprisonnée pour ses origines, elle est condamnée à dix ans de camp en 1945.

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    Bizarrement elle ne part pas immédiatement au Goulag, elle va profiter de ce répit pour obtenir avec l’aide d’un de ses geôliers, papier et crayon et elle s’attaque à la traduction de Byron.
    Au nez et à la barbe du NKVD elle va traduire les 17000 vers de Don Juan. 

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    Le parcours de cette traduction est un exemple de solidarité et de prise de risques pour que ne se perdent pas les paroles des écrivains. 

    Une femme de la trempe d’un Soljenitsyne qui enterra ses manuscrits ou de Nadejda Mandelstam qui mémorisa l’œuvre de son mari pour qu'elle ne s'efface pas.

    En lisant ce petit livre j’ai pensé au « Proust contre la déchéance » de Joseph Czapski et au rôle de la mémoire.
    J’ai fait également le rapprochement avec le superbe film La femme aux cinq éléphants qui, bien que dans un tout autre contexte, met parfaitement en valeur le travail de la traduction.

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    Un mot sur l’auteur : Efim Etkind était linguiste et traducteur, il fut un dissident qui prit des risques pour faire circuler des œuvres d’auteurs interdits. Il a travailler à faire connaître les dérives soviétiques, en 1974 il fut contraint à quitter l’URSS.

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    Le genre de petit livre tout à fait indispensable, des textes qui ne s’oublient pas, qui réactivent en nous l’obligation de nous inquiéter des livres, des auteurs ET des traducteurs.

    Le livre : La traductrice – Efim Etkind – Traduit par Sophie Benech – Éditions Interférences  

     

  • bribes d'îles japonaises

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    « À courte distance au nord de Kyoto, on m’avait convaincu d’aller voir un classique du paysage japonais : le lac Biwa. J’en parle ici car je l’ai imaginé comme une île d’eau en terres. Biwa fut célébré par le poète Basho et par celui qui se baptisa lui-même le « vieillard fou de peinture (Hokusai) »  

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    « J’ai décidé que la saison défavorable s’ajoutait au climat répulsif. J’ai tourné le dos à mon île d’eau et, les pieds trempés, me suis embarqué pour Kyoto par le train du soir. Adieu, Biwa. »

    Le livre : Promesses d’îles – Alain Hervé – Éditions Arthaud

     

  • Des souris et des hommes - John Steinbeck

    Of Mice and Men

    Le genre de livre dont on n’oublie jamais les personnages.

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    Les personnages de la BD de Rebecca Dautremer

    Si je voulais comparer mes impressions c’est avec des livres comme On achève bien les chevaux d’Horace McCoy, des films comme Vol au-dessus d’un nid de coucou que je comparerais ce livre.

    C’est pour moi une relecture et je vous invite à me suivre.

    Un récit relativement court, mais d’une simplicité à laquelle il ne faut pas se fier.
    Un récit à deux personnages : George ouvrier agricole, gentil, plutôt bonne pâte, et Lenny plus atypique qui souffre d’un handicap mental.

    Nous sommes dans les années trente, les années préférées de Steinbeck où il place aussi En un combat douteux et bien entendu les Raisins de la colère.

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    Film avec Gary Sinise John Malkovich dans le rôle de Lenny Small.


    Les exploitants agricoles ont besoin de journaliers pour la cueillette, ceux-ci triment de l’aube au crépuscule pour trois franc six sous.
    Ils sont nombreux, la Grande Dépression ayant jeté sur les routes les fermiers acculés par les dettes, l’offre est plus forte que la demande.

    George et Lenny ont été embauché dans la petite ville de Soledad.

    Un duo disparate car si George est futé mais un rien gringalet, Lenny lui est le ravi de la crèche mais aussi un homme au gabarit impressionnant.

    Ces deux-là sont comme les deux doigts de la main, ils rêvent de posséder un petit arpent de terre qui soit bien à eux. Leur amitié dérange un peu.
    Ils veillent l’un sur l’autre et cette sollicitude, cette bienveillance les rend suspects.

    D’autres personnages évoluent autour d’eux mais on est totalement pris par George et Lenny.

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    George et Lenny

    Leur destin va se jouer à Soledad où ils sont embauchés dans un ranch. Lenny est naïf, simplet même, mais possède une force hors du commun  si les quolibets ne l’atteignent pas voir son ami en difficulté déclenche chez lui des réflexes primaires qui vont faire basculer le récit.  

    Et c’est là que Steinbeck est à son meilleur. Pas de pages longues sur le ressenti des personnages, pas de passages emberlificotés sur l’action, non il va au plus simple, au plus dur, au plus humain et là il est magistral.
    C’est rapide, d’une efficacité totale, une tragédie au sens complet du terme : un seul lieu, une unité de temps très courte, une action fulgurante.
    Ce n’est pas pour rien que ce récit a fait l’objet de multiples adaptations théâtrales.

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    Steinbeck insuffle une authenticité absolue à l’action qui fait que le lecteur n’oublie jamais ces deux hommes. Le titre s’inspire de Robert Burns poète écossais, « Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »

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    Le point d’orgue final est à la fois beau et douloureux. Vous pouvez bien entendu lire le roman mais aussi l’écouter, c’est un des romans qui se prête le mieux à une lecture à voix haute.

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    Le Livre Des souris et des hommes – John Steinbeck – Traduit par Maurice Edgar Coindreau – Editions Gallimard Pléiade 2023
    Le livre audio : Lu par Lorand Deutsch Pierre Donnadieu et Jacques Gamblin- Editions Gallimard

  • Bribes de portrait

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    Comment écrire ?

    « A moins de croire que l’écriture s’apprend comme on s’approprierait un artisanat, il n’y a pas d’autre moyen que d’entrer dans l’atelier et de guigner par-dessus l’épaule de celle ou de celui qu’on prend pour guide. »

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    « J’ai essayé cette méthode avec plusieurs auteurs, mais sans vraiment réussir à percer les secrets de la création »

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    Stendhal

    « Je voulais en savoir plus sur ce personnage qui nous laisse des carnets, des lettres, des œuvres inachevées et quelques chefs-d’œuvre romanesques. »

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    « Il me permettrait non pas de copier des recettes, mais de débusquer sa manière de s’arranger avec les mots et sa vie. »

     

    « Je ne prétends pas percer le mystère Stendhal, mais j’entends fonder mon exercice d’admiration sur des faits littéraires ou biographiques plutôt que sur une vague impression d’ensemble. »

     

    Le Livre : Portraits clandestins – Daniel De Roulet – Éditions la Bacconière