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A sauts et à gambades - Page 12

  • Bribes bretonnes

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    Bénodet, matins de septembre.

    « Le ciel d’or et d’émeraude brillante, c’est l’Océan de l’infini. Et vers le couchant lointain, vogue une flotte de légers nuages, frégates roses.

    La grande mer, sans bornes, à droite, à gauche, devant les yeux. Et derrière le roc où l’on contemple, assis, les pieds nus frôlés par la vague, la grande terre. Dans la solitude, au bord de l’Océan, tout est grand.

    Voici voleter un papillon jaune sur la mer ; il surprend : on voit la fleur, et l’on cherche la feuille. Il titube, et fuit ; les goémons sentent trop fort pour lui ; et il a peur des rocs, ces montagnes sans herbe.

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    Le vent est une riche invention de rythmes. Qu’il caresse ou qu’il
    détruise, il est toujours là qui marque ses accents : il suffit de prêter l’oreille, et on l’entend frapper le temps. Le cruel musicien de la marine, c’est le vent.

    L’ombre verte de l’aube descend sur la lande, pareille à l’eau vitreuse d’un marais transparent. Et les buissons confus sont noirs, comme s’ils étaient gonflés de ténèbres, comme si la nuit disparue y avait son refuge… Mais la mer commence à sourire, et ses longs rubans de soie violette sont pareils aux plis heureux d’une amoureuse qui s’éveille… »

    Le Livre : Ports et rivages anthologie – André Suarès - Gallimard

  • Vie et Destin - Vassili Grossman

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    C’est une relecture que je fais cet été. J’ai lu Vie et destin à sa sortie en 1980 je crois.
    Depuis le texte a été remanié pour inclure des passages absents lors de la première édition.

    Un gros pavé écrit par Vassili Grossman qui fut à ses débuts un fervent communiste, mais Vie et destin est plutôt un brûlot contre le Stalinisme alors comment cet homme est-il passé de fervent communiste à accusateur de la dérive totalitaire de son pays ?

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    Qu’a-t-il vu pour en arriver là ? Grossman fut reporter de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale et c’est à ce moment-là que ses yeux se sont dessillés.

    Ce qui impressionne le plus dans le récit de Vie et destin c’est le rapprochement que fait Grossman entre Stalinisme et nazisme.

     

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    Il faut se rendre compte que cette comparaison n’est pas seulement neuve pour l’époque, elle proprement incroyable, le peuple russe vient au prix de sacrifices inimaginables de gagner la guerre au terme de la « Grande guerre patriotique »

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    Qu’un auteur russe vienne dire qu’il y a une ressemblance entre ce pays qui a lutté contre l’Allemagne et le système nazi, c’est proprement monstrueux.

    Aujourd’hui ce rapprochement n’est plus aussi osé, encore que, KGB et Gestapo même pratiques ? Goulag et camps de concentration même répression ?

    Pour faire entendre son propos Vassili Grossman met en scène une multitude de personnages, des focus sur des lieux, des moments, des faits qui convergent vers ce rapprochement.

    Il tente de nous peindre les mécanismes partagés par les deux régimes, la délation, la répression, l’enfermement.

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    Vassili Grossman campe toute une série des personnages comme Sturm le physicien juif, qui parvient à retrouver son poste perdu à la condition de signer une lettre contre ses amis chercheurs, cela ressemble tellement à ce qu’a dû faire Vassili Grossman contre ses amis écrivains pour continuer à être publié !!!

    Des personnages broyés par les aléas de l’histoire.
    Mais ce n’est pas tout, Grossman poursuit son analyse et compare les régimes totalitaires actuels avec ceux des Tsars.

    Barbarie contre barbarie pour aboutir à un chef-d’œuvre.

    Un livre magnifique, un livre indispensable, et Grossman que l’on entend derrière tout ce livre nous dit que tout système qui supprime la liberté est inacceptable.

    Nous devons conserver notre croyance en l’homme et Grossman le dit ainsi

    « C'est la bonté d'une vieille, qui, sur le bord de d’une route et qui donne un morceau de pain à un bagnard qui passe, c'est la bonté d'un soldat qui tend sa gourde à un ennemi blessé, la bonté de la jeunesse qui a pitié de la vieillesse, la bonté d'un paysan qui cache dans sa grange un vieillard juif. »

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    Comme moi vous serez emporté dans Stalingrad assiégé, vous pénétrerez dans un camp de concentration comme Grossman le fit à Treblinka.
    Vous serez du côté de ceux qui souffrent de la famine, de la terreur, des exactions de la guerre.

    Je ne peux pas terminer ce billet sans faire écho à la lettre que Vassili Grossman écrit en hommage à sa mère. Elle fut vraisemblablement tuée par les Einsatzgruppen, lors des massacres du ghetto de Berditchev comme le furent d’autres juifs dans les fossés de Kiev.

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    Un roman achevé en 1962 mais confisqué par le KGB dont les agents auraient dit : nous ne sommes pas venus arrêter l’auteur, mais le livre

    Vassili Grossman meurt en 1964 et ne verra pas son roman publié.
    Le microfilm parvient à franchir le Rideau de fer et en 1980 le livre est publié chez l’âge d’homme puis chez Julliard pour l’édition française.

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    Un livre testament, une immense fresque historique, un livre majeur pour ce vingtième siècle qui fut à la fois un formidable changement pour l’homme mais aussi un temps d’effroi et d’horreur qu’il nous faut conserver en mémoire.  

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    Le livre : Vie et destin – Vassili Grossman – Traduit par - Éditions Robert Laffont

  • Bribes d'Aubépine

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    Depuis quelques années je consomme de l’aubépine pour éviter des traitements plus lourds de l’hypertension. Ridicule ? risqué ? en fait non puisque jusqu’à aujourd’hui cela marche.

    Alors j’ai eu envie de chercher et voilà le résultat de ma recherche.

    « Aubépine a pour origine le latin alba spina, qui signifie « épine blanche », l’autre appellation de cet arbre depuis toujours vénéré, comme à Rome où la plante symbolise la prospérité. La tradition conseillait par exemple d’attacher une de ses branches sur les berceaux des nouveau-nés pour tenir à distance le mauvais sort. Dans beaucoup de régions, il était recommandé aux enfants malades de toucher le feuillage de l’aubépine, car il se disait alors que c’était bon pour la santé. Si l’Église catholique n’encourage pas ces pratiques peu chrétiennes, elle ne les condamne pas davantage, en souvenir certainement de la couronne du Christ faite d’après elle en aubépine.

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    L’aubépine est un arbre de petites dimensions, mais son espérance de vie est grande. L’un des plus vieux arbres de France est une aubépine. Elle vit à Saint-Mars-sur-la-Futaie, une commune de la Mayenne, et elle est âgée de mille sept cents ans. Un texte datant de 1150 la qualifie déjà de très vieille.

    Il est difficile de rester insensible à la beauté de l’aubépine. Quand Marcel Proust publie en 1918 À l’ombre des jeunes filles en fleurs, ouvrage pour lequel il recevra le prix Goncourt, il décrit avec subtilité une plante que de toute évidence il apprécie :

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    « Tout d’un coup, dans le petit chemin creux, je m’arrêtai touché au cœur par un doux souvenir d’enfance : je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s’avançaient sur le seuil, un buisson d’aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps. […] J’aurais voulu la saisir. Je m’arrêtai une seconde et Andrée, avec une divination charmante, me laissa causer un instant avec les feuilles de l’arbuste. Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l’aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses. »

     

    Le livre : Dictionnaire amoureux des arbres – Alain Baraton – Éditions Plon

     

  • Retour de pause

    Je suis en mode retour de pause.

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    Laissez-moi encore un jour ou deux pour vous parler des livres que je n’ai pas lu (ben oui les résolutions et moi ça fait deux) mais aussi de ceux que j’ai lu, oui il y en a quelques-uns quand même !!

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    La canicule sévit ici et canicule est un mot insuffisant pour dire ce que c’est que 40 degrés en pleine ville !

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    Donc encore un répit de quelques jours et je suis à vous

     

  • Pause estivale

    Pause estivale

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    J’ai encore quelques pavés à lire, j’ai encore un petit voyage au bord d’un lac au programme.

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    Je vous abandonne quelques jours et vous donne rendez-vous autour du 16 août pour partager avec vous vos lectures d’été.

     

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    Bel été à toutes et tous

  • Premier amour - Ivan Tourgueniev

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    Une histoire simple, Vladimir Petrovitch un adolescent de 16 ans tombe amoureux fou de Zinaïda qui en a vingt et un et vit dans le domaine d'à côté.Il est un peu encore dans les jupes de sa mère et souffre de l’ignorance de son père à son égard.

    Lui est d’une timidité maladive, elle connaît déjà la vie, elle est belle et sulfureuse et tous les hommes sont à ses pieds.

    Ce n’est pas une histoire romantique, Vladimir éprouve des sentiments violents, une jalousie sans bornes attisée par la belle Zinaïda Zassekine volage, coquette et cruelle.

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    C’est plus que les premiers émois adolescents, c’est l’amour d’un homme pour une femme.
    Mais cet amour s’inscrit dans une famille russe du
    XIXème siècle avec ses codes.

    Henri Troyat biographe de Tourgueniev affirme que ce récit est en grande partie autobiographique.

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    Le roman explore en effet les premiers émois amoureux mais au-delà c’est la cruauté, la souffrance, l’humiliation qui sont le nœud du récit.

    Le héros est totalement aveuglé par ses sentiments, incapable de voir que sa belle est encline à séduire tous les hommes passant à sa portée, elle est prête à se constituer un parterre d'adorateurs, comme l’on dit aujourd’hui : ils ne jouent pas dans la même cour !!

    Aucune mièvrerie dans le récit, c’est réaliste tant du point de vue des personnages que des émotions décrites.
    Le style de Tourgueniev est très accessible et la lecture est facile.

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    C’est sans doute le roman le plus connu de Tourgueniev, si vous choisissez la version audio sachez que la lecture de Stéphane Freiss est parfaite.

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    Le livre : Premier amour – Ivan Tourgueniev – Traduit par Edith Scherrer – Gallimard Pléiade
    Le livre audio : Lu par Stéphane Freiss - Éditions Naïve