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A sauts et à gambades - Page 13

  • bribes normandes

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    les îles anglo-normandes

    "Ce sont nos voisins, ce sont des Normands, ce sont des nôtres, c’est l’étranger. On y arrive en moins de deux heures de mer depuis Chausey.

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    Hauteville House 

    Ce devrait être français, c’est anglais. Ils ont des boîtes à lettres rouges. Dans les cimetières, les vieilles tombes portent des noms français : Langlois, Lesueur…"

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    Hauteville House  bibliothèque   

    Hauteville House mérite un détour.

    Le livre : Promesses d’îles – Alain Hervé – Editions  Arthaud

  • En un combat douteux - John Steinbeck

    steinbeck

    Ce n’est pas le roman le plus connu de Steinbeck, écrit avant les Raisins de la colère et publié en 1936 juste avant Des souris et des hommes.

    Le roman se situe dans la vallée de Torgas en Californie parmi les saisonniers dont les conditions de travail sont difficiles et précaires.
    Les propriétaires des exploitations ont décidé de diminuer le salaire des cueilleurs saisonniers. La révolte gronde.

    steinbeck

    Adaptation cinéma

    On fait connaissance de Jim Nolan une nouvelle recrue parmi les syndicalistes, nouvel adhérent au Parti communiste, on s’attache immédiatement à lui.

    Il est à la recherche d’un idéal, il a de fortes convictions et il a la naïveté du débutant.
    Mac McLeod syndicaliste aguerri et membre du parti communiste œuvre pour attiser la colère en utilisant la fougue et l’enthousiasme de Jim Nolan.
    Le docteur Burton aide à édifier un campement sur la propriété d’un fermier acquis à leur cause.

    Si les propriétaires sont de parfaits salauds, les syndicalistes ne sont pas en reste et c’est l’escalade.
    La violence est dans les deux camps, Joy un jeune militant communiste est tué, la récolte d’un fermier solidaire des travailleurs saisonniers est brûlée, son fils est passé à tabac. La terreur est partagée quand les saisonniers font preuve de violence vis à vis de ceux qui sont opposés à la grève.

    steinbeck

    Steinbeck est toujours du côté du faible, du déshérité et si la lutte pour le respect de l’individu est juste, la manipulation politique elle, ne l’est pas.
    Mac est prêt à sacrifier quelques individus pour faire triompher sa cause. C’est un calculateur, un manipulateur de foule.

    Le docteur Burton médecin sur le camp des saisonniers tente de calmer les choses, il est un peu la voix de Steinbeck, il est méfiant vis à vis des syndicalistes, méfiant vis à vis des foules excitées « Un homme, dans un groupe, n’est pas lui-même : il est l’une des cellules d’un organisme aussi différent de lui que les cellules de votre corps sont différentes de vous. »

    Le roman montre des hommes aux prises avec un système économique qui les broie mais ces hommes possèdent des qualités phénoménales de solidarité.

    steinbeck

    Jim Nolan est le véritable héros de ce roman. Mais est-il prêt à se battre contre tous ? contre les propriétaires ET contre les saisonniers qui refusent la grève ?
    Plein de flamme et de courage il se croit invincible.

    L’auteur est partagé on le sent entre le soutien à apporter aux travailleurs malmenés, utilisés, exploités, cause à laquelle il adhère totalement et les syndicats et le Parti communiste qui souvent les utilisent. Steinbeck est opposé à tout dogmatisme.
    Où est l’intérêt premier pour Nolan ou Mac, la cause du parti ? du syndicat ? ou la défense des plus faibles ?

    « Une grève trop vite étouffée n'apprend pas aux ouvriers à s'organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts lorsqu'ils s'entendent et agissent d'un seul bloc. »

    C’est un débat encore d’actualité par son réalisme et le roman laisse ouverte la fin, Steinbeck ne tranche pas entre défense du groupe et défense de l’individu.
    Il n’adhère pas au slogan « 
    le communisme supprimera l’injustice sociale » et son point de vue est assez prémonitoire.
    «
    Il me semble que l’homme s’est engagé dans une lutte terrible, aveugle, pour s’arracher à un passé dont il ne se souvient pas, vers un futur qu’il est incapable de prévoir et de comprendre. L’homme a affronté et vaincu tous les ennemis possibles, à l’exception d’un seul. Il est incapable de remporter une victoire sur lui-même. »

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    Photos de Dorothea Lange

    Le roman de Steinbeck soulève de vives polémiques, en Californie le livre est banni des bibliothèques sous la pression des fermiers, mais il est décrété œuvre indispensable à New-York

    L’auteur est condamné à la fois pour son penchant socialiste ET par sa position vis à vis du communisme.
    En cela sa position est courageuse mais bien solitaire à l’époque.
    Par contre la critique littéraire est bonne et le roman connaît un vrai succès.

    steinbeck

    Steinbeck aime trouver des titres évocateurs, ici c’est un vers de John Milton et son Paradis perdu « Défier son pouvoir infini en un combat douteux dans les plaines du Ciel ».
    Le style est sobre comme dans tous les romans de Steinbeck, il peint avec justesse une réalité, il a pour cela énormément lu avant d’entamer ce roman. Sa peinture de l’Amérique est juste et les questions soulevées sont totalement de notre temps.

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    Le Livre : En un combat douteux – John Steinbeck – Traduit par – Editions Gallimard Pléiade 2023

  • Un été de lectures

    Je sais pas vous mais moi depuis toujours je me prépare un petit programme de lectures d'été.

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    Cela remonte loin, quand il me fallait préparer mes valises pour les vacances, bien entendu pas question d’emporter des dizaines de livres alors il faut tricher et prendre des pavés pour l’été.

    Les habitudes ont la vie dure et cela ne m’a jamais quitté alors qu’aujourd’hui je passe l’été dans mon fauteuil habituel.

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    Bien entendu, je sais pas vous mais moi c’est comme ça, je ne suis jamais totalement ma liste de lectures prévues. Je digresse, je m’éparpille.

    Parfois même il est arrivé que je ne lise aucun livre de ma liste mais tout autre chose, sans doute ce qu’on appelle l’esprit de contradiction.

    Pour cet été voilà mes prévisions, mais vous êtes prévenus cela pourrait tourner tout autrement.

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    Le Steinbeck en pléiade histoire de relire un de mes auteurs préférés
    J’en ai lu la moitié donc j’ai encore de quoi voir venir.

    Envie de relire Vie et destin de Grossman, j’ai fait cette année un ou deux billets sur lui et cela m’a donné envie de relire cette œuvre magistrale, de celle que l’on oublie pas.

    Bien entendu comme chaque année il y a Ulysse de Joyce mais là je n’en dirais rien car vu que c’est ma énième tentative de lecture je me fais toute petite.

    Quelques Balzac non lus, au hasard de ma pioche, de toute façon Balzac ce n’est que du plaisir.

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    Thomas Mann et sa Montagne magique, pourquoi pas c’est presque une relecture mais pas tout à fait car si j’ai lu et relu la première moitié de l’œuvre je crois ne l’avoir jamais totalement terminée.

    Et puis et puis il y a à mon programme : Pascal, c’est le 400 ème anniversaire de sa naissance à Clermont-Ferrand et une éditions anniversaire est parue chez Bouquins  plus une biographie de Bernard Grasset

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    Je suis certaine de ne pas tenir la rampe, mais j’aime bien avoir devant moi un programme touffu histoire d’imaginer que je peux encore remporter un challenge.

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  • Maitre et serviteurs - Leon Tolstoï

    Pourquoi lire des classiques ? la réponse est dans ce récit qui n’a pas pris une ride, qui aujourd’hui encore parle au lecteur.

    Tolstoï a été toute sa vie en proie aux tourments, il a traversé une crise morale et religieuse, n’arrivant pas à vivre sa foi ni à réaliser son idéal de pauvreté. L’histoire qu’il conte ici en est l’illustration, il traduit l’idée qu’il se fait d’une vie réussie, bénéfique et de l’importance du don de soi.

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    Nous sommes en 1870, au lendemain de la saint Nicolas, le plein hiver.
    Le marchand Vassili Brékhounov se dispose « à se rendre chez un propriétaire du voisinage pour lui acheter une forêt »
    S’enrichir, faire des affaires, amasser des biens, devenir millionnaire, voilà sa préoccupation première. Il exploite allègrement tout son entourage y compris ses amis.

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    Le dégel - Fiodor Alexandrovitch Vassiliev - Galerie Trétiakov Moscou

    Nikita son valet va le conduire, il est connu pour sa vaillance, sa bonté, son adresse. Il accepte tout de son maître au point que celui-ci finit par être persuadé d’être le bienfaiteur de Nikita ! Et celui-ci surenchérit estimant travailler « comme pour son père »

    Nikita attèle Moukhorty le cheval bai et les voilà partis tous deux sur un traîneau. Le temps est à la tempête « Les traces des patins étaient aussitôt recouvertes par la neige » mais qu’importe le profit n’attend pas.
    En route pour
    Goriatchkino.

    Les verstes s’ajoutent aux verstes.
    La nature reprend ses droits, la neige engloutit tout, le blizzard souffle et les congères s’élèvent.

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    Nikolaï Sverchkov Dans le Blizzard collection particulière

    Vassili sait qu’il faudrait s’arrêter dans le village traversé mais l’appât du gain est le plus fort.
    Petit à petit arrive la peur de la mort, la sienne bien entendu, celle de Nikita lui importe bien peu.

    Pour Nikita la mort est une compagne de toujours, une fatalité. Il est résigné, il a la sagesse des gens de la terre.

     « Il était habitué depuis longtemps à n’avoir de volonté que celle des autres. »

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    L’univers devient sans repère, le danger les guette. 
    Les pensées de Brekhounov sont alors bien éloignées des biens matériels, la peur, la terreur l'envahissent
    « Il sentait qu'il allait périr au milieu de cet affreux désert de neige mais ne voyait aucun moyen de salut »
    « Mourait-il ou s'endormait-il ? Il ne le savait ; mais il se sentait également prêt pour l'une ou pour l'autre chose. »

    Le texte touche à l’absolu, la vie, la mort, l’universelle humanité
    Véritable parabole sur la mort ce récit haletant s'écoute ou se lit avec bonheur.



    Un petit joyau, si vous ne l’avez jamais lu jetez-vous dessus.

    Georges Haldas grand connaisseur de Tolstoï dit « C’est la face visible, humaine, d’une angoisse infiniment riche et féconde à la fois. ».



    Claude Lesko prête sa voix à Brékounov et à Tolstoï

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    Le livre : Maître et serviteur – Léon Tolstoï – Traduit par Boris de Schoelzer – Le livre de poche

    Le livre audio : Éditions Frémeaux et associés – Lu par Claude Lesko

    Vous pouvez trouver le livre chez Folio, et le CD chez Gallimard avec un lecteur différent

  • Yossef Rakover s'adresse à Dieu - Zvi Kolitz

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    « Moi, Yossel, fils de David Rakover de Tampol, et descendant des justes, sages et vertueux des familles Rakover, j’écris ces lignes dans le ghetto de Varsovie en flammes. »

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    Willy Brandt exprimant le repentir

    « Ma femme a trouvé la mort (…) Deux autres de mes enfants ont disparu sans laisser de traces. Ils s’appelaient David et Yehuda, l’un avait quatre ans, l’autre six. »

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    Les Polonais honorant les victimes du ghetto

    « Dieu a dérobé sa face au monde, et a ainsi livré les hommes à leurs féroces instincts. »

    « Notre maison est l’un des derniers bastions de résistance du ghetto. »

    « Je suis heureux d’appartenir au peuple le plus malheureux de la terre. »

     

    « Je veux te dire clairement et sans détour. Aujourd’hui plus qu’à n’importe quelle précédente étape de notre interminable martyr, nous avons le droit, nous les torturés, les outragés, les étouffés, les entérrés vivants et brûlés vifs, nous les humiliés, les bafoués, les raillés, les assassinés par millions – nous avons plus que jamais le droit de savoir : où sont les limites de Ta Patience ? »

     

    Le livre : Yossel Rakover s’adresse à Dieu- Zvi Kolitz -Éditions Calmann-Levy

  • La fureur de la rue - Thomas H Cook

    La lutte pour les droits civiques vue du nord des États-Unis | Slate.fr

    J’ai lu largement sur la période de lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.

    Alabama 1963---Little Rock, 1957---Magic Time

    J’ai relu récemment ce polar, oui oui je suis capable de relire un polar ! car c’est un des meilleurs sur le sujet et le traitement par Thomas Cook est vraiment très réussi.

    Attention un livre a été réédité en 2019 mais …sous un titre différent les Rues de feu sont devenues La fureur de la rue !

    A black and white photograph of a black male teenager being held by his sweater by a Birmingham policeman and being charged by the officer's leashed German Shepherd while another police officer with a dog and a crowd of black bystanders in the background look on

    Birmingham Alabama en mai 1963

    
La chaleur est étouffante, la haine palpable partout dans les rues, la ville est en état de siège car Martin Luther King tient meeting sur meeting, la répression est violente, l’encadrement des manifestations est plus que musclé, les autorités ne rêvant que de « massacrer les négros » et d’en débarrasser la ville !!

    Ben Wellman, flic blanc enquête sur le meurtre et le viol d’une fillette noire, ce n’est pas un grand flic, il fait honnêtement sont boulot d’enquêteur. La façon dont ses coéquipiers traitent ce meurtre le révulse : une enfant noire n’est « rien » il est donc inutile de perdre son temps pour « ça ». 

    Martin Luther King — Wikipédia

    Contre vents et marées Ben Wellman têtu s’obstine à vouloir résoudre ce meurtre. Pour le détourner de son enquête on le contraint à surveiller les manifestations et à prendre en notes les discours de Luther King. Son enquête l’emmène dans le quartier noir que les voitures de police ne font que traverser en temps normal.
    Le héros n’est pas un homme d’exception mais sa prise de conscience progressive du problème racial le pousse en avant.On ne peut s’empêcher en lisant ce roman de penser au héros de Mississippi Burning interprété par Willem Dafoe.

    Photo de Willem Dafoe - Mississippi Burning : Photo Willem Dafoe - AlloCiné

     La fin est superbe et je vous la laisse découvrir.

    Le livre : La Fureur de la rue  - Thomas H Cook - Traduction Philippe Loubat Delranc - Editions du Seuil
    Ancienne édition : Les rues de feu - Thomas H Cook - Editions Folio Gallimard à chercher d’occasion