Aujourd’hui je vous donne rendez-vous dans un village un brin atypique puisqu’il n’a ni église ni cimetière et c’est bien dommage car « le doux tintement des cloches réjouit les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l’éternité » enfin ça c'est l'auteur qui le dit.
Bon c'est pas celui là car il y a une église
Et ce ne sont pas les seuls particularités de ce village car il est composé de « centenaires rigolards » et de toute une galerie de personnages plus déjantés et particuliers les uns que les autres.
JK Stefansson dresse huit portraits au fil des chapitres et pour vous appâter un peu voici une petite liste :
Un directeur de l’atelier de tricot qui rêve en latin et va en faire sa carrière et qui ne jurera plus que par les constellations et les trous noirs.
Jonas qui voit et peint des oiseaux partout et transforme la vie des habitants avec ses pinceaux.
David le fils du directeur latiniste qui lui est en bisbille avec quelques fantômes.
Et mon préféré Kjartan qui va céder à la tentation de la chaire.
Peut être comme ça
D’anecdote en anecdote la vie du village s’impose et la galerie de personnage prend vie
Des liens connus ou secrets se tissent.
Je verrai bien Kjartan habiter là
On ne reste pas au ras des pâquerettes, non on voyage aussi dans le cosmos et l’on approche les trous noirs.
Ne cherchez pas d’inutiles rebondissements, la vie s’écoule, chacun poursuit ses rêves mais l’auteur balaie tout ce qui fait notre vie quotidienne : la peur, la perte et le manque, l’amour, la douleur ou la joie, la solitude ou l’échange.
Le père de la comédie humaine à l'islandaise
C’est la comédie humaine à l’islandaise dont le caractère universel ne vous échappera pas.
Pourquoi j’ai aimé ce livre ?
Parce que JK Stefansson a l’art du paysage chevillé à l’ écriture
J’ai aimé la truculence et la bonhomie de ses personnages hilarants.
J’ai aimé les adresses aux lecteurs que émaillent le récit et qui sonnent tellement justes
Parce que j’aime le pays des fjords au climat aventureux
Parce que l’humour est présent tout du long
Parce que l’auteur nous parle des incertitudes de l’existence, des bifurcations qui se présentent, des erreurs possibles, bref de la vie !
Parce qu'il m'a rappelé les Racontards de Jorn Riel qui m'ont fait passer de tellement bons moments
Jorn Riel
Il tente de nous dévoiler le mystère de l’existence « ces recoins sombres parfois aussi vastes que des palais »
Parce qu’au bout du compte il n’y a que l’amour « cet oiseau qui vous entame constamment le cœur » alors « Qu’importe le tumulte du monde, l’avènement et la chute des civilisations, le hasard et le néant, si on n’a pas de lèvres à embrasser, une poitrine à caresser, un souffle qui vous emplit les oreilles. »
Le style est cocasse, drôlatique même, parfois un brin caustique, souvent plein de poésie et toujours bienveillant.
L’écriture singulière de cet auteur est très reconnaissable et magnifiquement mise en valeur par une traduction parfaite.
Merci Monsieur Boury
Hasard des parutions sur les blogs Nathalie fait paraitre aujourd'hui son billet sur ce livre.
Si vous ne l'avez jamais lu je vous recommande sa trilogie magnifique
Le Livre : Lumière d’été, puis vient la nuit - Jón Kalman Stefansson - Traduit par Eric Boury - Editions Grasset