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Littérature française et francophone - Page 28

  • Adieu - Honoré de Balzac

    Après la Grande Bretèche et l'Auberge rouge voilà encore une superbe nouvelle, moi qui ne suis pas fan du genre en temps normal, je dois dire que j’apprécie celles de Balzac qui réservent de belles surprises.

    Je vais tenter d’en dire suffisamment pour vous faire précipiter sur cette nouvelle et cependant ne pas vous gâcher la lecture.

    C’est la Restauration, le baron Philippe de Sucy revenu de Sibérie après la défaite de Napoléon, fait une partie de chasse avec son ami le marquis d’Albon. Ils s’égarent et arrivent à un prieuré, celui des Bons-Hommes. Les bâtiments et dépendances sont à l’abandon, le parc est retourné à l’état sauvage. 

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    Peut être le prieuré qui a inspiré Balzac

    « Les fenêtres vermoulues étaient usées par la pluie, creusées par le temps ; les balcons étaient brisés, les terrasses démolies. Quelques persiennes ne tenaient plus que par un de leurs gonds. Les portes disjointes paraissaient ne pas devoir résister à un assaillant. Chargées des touffes luisantes du gui, les branches des arbres fruitiers négligés s’étendaient au loin sans donner de récolte. De hautes herbes croissaient dans les allées. Ces débris jetaient dans le tableau des effets d’une poésie ravissante, et des idées rêveuses dans l’âme du spectateur. »

    Ils aperçoivent une femme :

    « Les deux chasseurs étonnés la virent sauter sur une branche de pommier et s’y attacher avec la légèreté d’un oiseau. Elle y saisit des fruits, les mangea, puis se laissa tomber à terre avec la gracieuse mollesse qu’on admire chez les écureuils. Ses membres possédaient une élasticité qui ôtait à ses moindres mouvements jusqu’à l’apparence de la gêne ou de l’effort. Elle joua sur le gazon, s’y roula comme aurait pu le faire un enfant ; puis, tout à coup, elle jeta ses pieds et ses mains en avant, et resta étendue sur l’herbe avec l’abandon, la grâce, le naturel d’une jeune chatte endormie au soleil »

    Philippe de Sucy la reconnait. C’est Stéphanie de Vandières, son amie et amour, elle ne semble plus avoir toute sa raison et murmure sans interruption : Adieu.

    La rencontre provoque un tel bouleversement chez Philippe qu’il perd connaissance. Son ami cherche à comprendre. C’est l’oncle de Stéphanie qui va les éclairer.

    La trame est simple et même banale, mais voilà c’est Balzac et je vous assure qu’il n’y a pas un mot de trop dans ce récit. 

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    L’évocation du désastre de la Bérézina est particulièrement réussi, cela vaut tous les livres d’histoire par la justesse, la précision et l’ampleur du récit.

    « L’apathie de ces pauvres soldats ne peut être comprise que par ceux qui se souviennent d’avoir traversé ces vastes déserts de neige, sans autre boisson que la neige, sans autre lit que la neige, sans autre perspective qu’un horizon de neige, sans autre aliment que la neige ou quelques betteraves gelées, quelques poignées de farine ou de la chair de cheval »

    Mais il y a plus dans cette nouvelle, la folie dont est atteinte Stéphanie de Vandières est très bien décrite et l’on sent que Balzac c’est intéressé de près à la psychiatrie balbutiante à l’époque.

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    Le Dr Pinel psychiatre lyonnais - Tony Robert-Fleury 

    J’ai aimé le personnage de Stéphanie dont Balzac fait une belle héroïne victime d’une période tragique. Il y a beaucoup de violence dans le récit de la déroute, le tableau est ample, les personnages sous l’emprise de la peur ou du courage sont très bien campés et l’on comprend bien que les rescapés ne reviennent pas indemnes. On retrouvera ce thème dans le Colonel Chabert.

    C’est une belle réflexion sur la capacité de l’homme à supporter l’adversité ou à tenter de l’oublier. 

     

    Le livre : Adieu - Honoré de Balzac - Editions numériques Arvensa

  • Le Rouge et le Noir - Stendhal

    « Je l'ai fait en un quart d'heure, avec l'expérience de toute ma vie » *

     

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    Une jolie édition reliée contre mes vieux poches, c'était la bonne occasion pour relire ce roman qui m'a enthousiasmé à l'adolescence, relu lorsque j'en avais proposé la lecture à mes filles, alors aujourd'hui mon goût a-t-il changé ?

    stendhal

    Un vieux poche

    Oui assurément car si mon penchant pour ce roman reste intact je m'aperçois que ce qui me plait le plus dans ce roman n'est pas du tout ce qui me plaisait il y a des lustres.

    Bon ne comptez pas sur moi pour un résumé, pas un mot, par contre je ne résiste pas à l'envie de parler des quelques passages qui m'ont surpris, ou qui ont pris une tonalité nouvelle.

    stendhal

    On peut se passer de l'adaptation 

    A l'occasion de cette relecture j'ai rouvert des essais sur Stendhal et je vais m'en servir largement pour ce billet.

    Tout d'abord la surprise  d'avoir eu envie de rire, je ne ne souviens pas d'avoir ri adolescente tellement prise par la passion de Julien.
    La critique féroce de la société est jubilatoire, mêlée à un anticléricalisme forcené cela donne lieu à des scènes très très croquignolettes, l'Evêque d'Agde s'entrainant à bénir la foule est tout à fait hilarant. Il faut dire que contre le clergé Stendhal ne fait pas dans la demi-mesure.

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    Mais je n'ai pas toujours ri, car par exemple les pages sur le passage au séminaire de Julien Sorel sont parfois sordides , Alain dit « Les pages du séminaire, dans le Rouge et le Noir, sont atroces » 

    Rappelons nous que Stendhal est celui qui a écrit « La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas », une phrase à rendre vert de jalousie Nietzsche ou Michel Onfray. 

    Bien entendu les pages superbes sur la naissance de l'amour entre Mme de Rênal et Julien je les avais bien en tête, les mains qui se frôlent, le parfum des tilleuls, la douceur de la nuit, le jeu des échelles posées, cachées, déplacées. 

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    Mme de Rênal et Julien Sorel

    Di Lampedusa dit  « A travers son Julien Sorel, Stendhal s'est exprimé lui-même, tel qu'il était réellement, avec ses ambitieux désirs. » Stendhal l'amoureux parfois éconduit a su transmettre ses désirs en effet.

    Adolescente j'ai eu l'impression de céder au romantisme alors que Jean Prévost est d'un avis contraire « Cette fête de l'intelligence, servie par une technique si nouvelle, était profondément contraire à la tradition, à la mode romantique »  

    Parce que ce roman n'est pas bien évidement qu'une histoire d'amour fou, Di Lampedusa nous dit :

    « Le Rouge et le noir est, principalement, une effusion lyrique et un roman d'analyse psychologique, mais c'est aussi la peinture d'une époque et un livre où les faits se succèdent rapidement »

    J'ai été très sensible à cette troisième lecture à la peinture d'une société où l'hypocrisie est reine, le conformisme total, où il y a collusion entre la religion et la morale bourgeoise, où l'envie de puissance, l'ambition, le culte de la réussite régnent en maître.

    Enfin comme le dit Italo Calvino, l'âge mûr porte à être attentif aux détails. J'ai été très sensible au style. 

    Voici ce que dit Alain du style de Stendhal

    « Les traits fulgurants que vous trouverez partout dans notre auteur, et qui font comme ces nettoyages de tableaux, les couleurs soudainement sont fraîches, les gens vivent, sans qu'on voie par quels ressorts, car le récit va courant. On commence peut être à comprendre le miracle de ce style dépouillé, si émouvant »

    Vous remarquerez que les  dialogues 

    « relèvent d'une technique si raffinée qu'à première vue elle passe inaperçue.(…) le caractère des gens, nous le comprenons généralement à travers leurs actions, leurs regards, leurs balbutiements, la crispation de leurs doigts, leur silence ou leur éloquence soudaine, la couleur de leurs joues, le rythme de leurs pas, presque jamais à travers leurs propos, qui sont toujours des masques pudiques ou insolents de leur intériorité » nous dit l'essayiste italien.

     

    Une dernière remarque : Stendhal ne décrit pas les lieux, et pourtant on y est, comment fait-il ?

    «  Les lieux qui doivent servir de décor aux épisodes cruciaux ne sont absolument pas décrits, mais suggérés par une simple présentation préalable : ensuite quand la scène s'y déroulera, le lecteur pourra utiliser l'image mentale qui s'est formée en lui avant », dixit Lampedusa, j'ai feuilleté certaines pages et on ne peut qu'être d'accord.

    stendhal

     

    Voilà comme promis je n'ai pas dis un mot de l'intrigue, j'espère néanmoins vous avoir donné l'envie de relire le roman comme Luocine l'a fait il y a peu.

    C'est un roman inépuisable, la marque du classique absolu, Albert Thibaudet avait raison lorsqu'il écrivait :

    « Les contemporains n'ont à peu près rien compris au Rouge et noir, et Stendhal ne s'en est guère soucié résigné à l'inévitable, et confiant dans le billet de loterie dont le gros lot était : être lu cent ans après » 

    Songez que Le Rouge et le Noir en est à dix versions en chinois !  

     

    Si vous cherchez une biographie de Stendhal c'est là 

     

    * la phrase est de Whistler mais Jean Prévost qui la note dans son essai, la trouve totalement adapté à Stendhal.

    stendhal

    Petite bibliothèque Stendhalienne

     

    Les livres

    Le Rouge et le Noir - Stendhal
    La création chez Stendhal - Jean Prévost - Folio
    Stendhal - Alain - PUF
    Stendhal - Albert Thibaudet - Hachette (uniquement à chercher d'occasion)
    Stendhal - Giuseppe Tomasi Di Lampedusa - Allia

  • Faites des économies

    Adieu veau, vache, cochon, couvée…

    la fontaine

    C'est ma déception à la lecture du livre d'Erik Orsenna pour lequel comme Perrette j'avais un peu construit des châteaux en Espagne.

    Je savais que tous les livres de l'auteur n'étaient pas des chefs-d'oeuvre, que certains flirtent même allègrement avec la facilité, mais j'avais beaucoup aimé sa biographie de Le Nôtre et j'ai cru que La Fontaine allait donner des ailes à notre académicien.

    Et bien NON
    Je sais vous lirez sûrement des critiques louangeuses car il n'est jamais bon de se mettre un académicien à dos, et les ascenseurs marchent à la montée plus qu'à la descente, mais franchement là ça ne passe pas.

    Non content de mêler sa propre vie à celle de notre poète national, ce qui est déjà faire preuve d'une prétention sans égale, mais en plus choisir les histoires mille fois rabâchées là non. On le retrouve en courtisan fidèle de la Mitterandie et en Académicien drapé dans son habit. 

     la fontaine

    Et La Fontaine là dedans direz-vous ? et bien Erick Orsenna nous trace un portrait certes jamais faux mais tout juste esquissé, ça va vite, on saute les années, on prend des chemins de traverse, ce n'est pas une biographie c'est une course dans laquelle Orsenna tient le rôle du fameux lièvre. 

     

    la fontaine

    Certes on retrouve  l'écrivain de contes érotiques, le pourfendeur des hypocrites, l'ami de Fouquet, mais sans chair, sans épaisseur. Comment expliquer la proximité du La Fontaine des fables avec l'ami des messieurs de Port Royal par exemple ? 

    Il y a quelques passages bien troussés mais aussi hélas de très mauvais traits d'humour et jeux de mots qui non seulement tombent à plat mais ne sont vraiment ni digne d'un académicien ni bien sûr de l'auteur des fables
    Exemple parlant de l'enfance de La Fontaine " le petit Jean, continuant sa promenade, rêverait aujourd’hui devant les rhodos et les géraniums du Jardiland local. "
    Exemple à propos de l'arrestation de Fouquet et de la jalousie de Louis XIV : " Fouquet obscurcissait le Soleil Il fallait donc le mettre à l’ombre. "

    Le livre est court, oui ça vous pouvez le deviner, trop court peut être pour l'éditeur, alors on a droit aux principales fables en fin de volume ! 

     Bon voilà je me suis lâchée, parfois je m'interroge sur les livres que je n'aime pas : dois-je en parler ? le plus souvent je fais l'impasse parce que je ne veux pas perdre de temps à ça, mais là mon souci est de vous faire faire quelques économies.

     

    Si le poète vous intéresse il vaut mille fois mieux lire la biographie certes exigeante mais passionnante de Marc Fumaroli que l'on trouve en poche et puis bien sûr rouvrir vos fables.

    la fontaine

    Le livre :

    Le meilleur : Le poète et le roi - Marc Fumaroli - Le Livre de Poche

    Hélas : La Fontaine Une école buissonnière - Erik Orsenna - Editions Stock France Inter

  • Glaise - Franck Bouysse

    C'est le troisième roman de Franck Bouysse que je lis, le premier m'avait beaucoup plu, un peu moins le second mais avec Glaise j'ai retrouvé tout le plaisir éprouvé en lisant Grossir le ciel. 

    Le rendez-vous ? 1er août 1914 dans un village du Cantal au pied du puy Violent

    bouysse

    Puy Violent

    Les fermes en vingt-quatre heures se vident de leurs hommes. Chez les Lary c'est Victor le père qui part juché sur son vieux percheron que l'armée réquisitionne au passage, Marie sa mère et Mathilde sa femme devront faire face, heureusement il y a Joseph, un bon garçon de 15 ans.  Les deux femmes et le garçon pourront compter sur Léonard leur voisin qui aide volontiers aux travaux des champs et qui n'est jamais avare de bons conseils et de tendresse pour Joseph.

    Chez les Valette la chanson est différente, Eugène le fils est parti, le père enrage que sa main accidentée l'empêche de partir, c'est un tordu " Un type violent, sournois et envieux " tout doit plier sous sa main. Lorsque son frère l'instituteur, celui qui a réussi,  lui envoie sa femme, Hélène, et sa fille, Anna, pour être à l'abri des combats, elles vont payer pour toute la rancoeur qu'il a accumulé.

    bouysse

    Les femmes font un travail d'homme

    Joseph malgré la désapprobation de sa mère, se rapproche d'Anna, ressent les émois d'un premier amour. Il leur faut se cacher de Valette étouffé par sa rancoeur et qui tourne autour d'Anna.

    L'été s'avance, les saisons passent " le balancier d'une pendule répandait du temps en un lieu qui ne savait apparemment qu'en faire. " et les nouvelles du front sont maigres. Les premiers morts du village font faiblir l'espoir d'une victoire rapide. 

    Les sentiments des uns et des autres vont être nourris par ce temps qui passe, Joseph voit son " univers amputé de la part tendre de l'enfance.Il est contraint de " Devenir un homme avant l'âge d'homme.

    Valette lui le temps révèle tous ses défauts, sournois, envieux, frustré et plein de colère et de haine, il rend la vie impossible à Irène sa femme qui s'en venge sur Anna et sa mère. 
    Les relations se tendent, la méfiance et la peur s'insinuent dans les têtes et l'amour fou éclate.

     

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    Une ferme du Cantal

    Franck Bouysse est un excellent artisan, un faiseur d'histoires et de personnages. 
    L'auteur aime les mots et son récit est nourri, rythmé, il sait donner de la pesanteur à son histoire, il prend son temps. Le lecteur pénètre derrière lui dans les fermes, on entend le vrombissement des mouches, on sent l'orage venir, l'air qui se raréfie. Il y a de la sensualité dans la description des amours mais aussi dans celle d'une nature pas toujours tendre.
    Un bon roman, servi par une écriture ample et parfaitement accordée au récit. 

    Après Grossir le ciel, voilà une seconde réussite qui fait plaisir et qui fait revivre un monde rural en perdition.

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    Le livre : Glaise - Franck Bouysse - Editions Manufacture de livre

  • Un été avec Paul, George et Jane

    Vous le savez j'aime les livres audio et j'aime aussi podcaster les émissions de radio quand elles sont de qualité et vous embarquent dans le monde littéraire.

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    Chez Mango et Salt

    Cet été je me suis baladée  plusieurs heures dans les pas de Cézanne, j'ai retrouvé là le Cézanne que j'avais aimé dans la Petite route du Tholonet, ça sentait la garrigue et j'étais éblouie par la Sainte Victoire une fois encore. J'y ai retrouvé aussi l'envie de lire Zola et l'oeuvre, le roman qui le fâcha si fort avec Cézanne, promis j'en parlerai un de ces jours. 

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    Le Jas de Bouffan à Aix en Provence

    Ensuite La Grande Traversée m'a emmené sur un chemin vers George Sand, là aussi j'ai déjà quelques connaissances mais c'est bon de la retrouver que ce soit en politique, dans son jardin de Nohant au devant les partitions des son célèbre amant.

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     Si vous aimez George Sand ou si tout simplement vous êtes curieux foncez !

    Enfin un petit tour chez Jane Austen, un peu indispensable, j'ai profité de l'été pour relire Raison et sentiments, j'y ai pris un plaisir certain et j'ai été étonné du final du roman dont je gardais un souvenir différent sans doute trop influencée par les adaptations cinéma et téléfilms. 

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    Comme je suis une impénitente écouteuse de livres audio j'ai enrichi ma collection par le livre audio du roman.
    J'en profite pour faire un peu de pub aux Editions Thélème qui sortent régulièrement des classiques avec des lecteurs de qualité, j'espère qu'ils compléteront la collection avec Mansfield Park et Emma.

     

    A bon écouteur salut

  • L'Odeur de la forêt - Hélène Gestern

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    Parce qu'elle a lié amitié avec Mme de Chalendar, Elisabeth Bathori, historienne à L'Institut pour la mémoire photographique du siècle, se voit confier la correspondance d'Alban de Willecot un jeune homme mort au front en 1917.

    Particularité : l'essentiel de la correspondance est adressé à un grand poète de l'époque : Anatole Massis dont malheureusement les réponses aux lettres d'Alban ont disparu.

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    Apollinaire : un poète à la guerre

    Elisabeth est aussitôt passionnée par ce travail, les documents viendront enrichir le fond de l'Institut mais au-delà, ce travail lui permet de sortir peu à peu d'une sévère dépression suite à la mort de son conjoint.

     

    Elisabeth s'attache à Alban de Willcot. Quelques mois plus tard à sa grande surprise elle hérite une maison de Mme de Chalendar, charge pour elle de poursuivre les recherches sur la famille, d'explorer les zones d'ombre de l'histoire familiale, de rechercher les documents manquants. 

    Elisabeth s'installe dans cette maison où tout lui plait. Grâce à son obstination et à ses méthodes de recherche, peu à peu l'histoire prend forme, un personnage nouveau apparait : Diane, jeune fille passionnée de mathématiques mais que les moeurs de l'époque empêchent de faire des études, elle a, elle aussi, correspondu avec Alban, elle a tenu un journal qui conduira Elisabeth à élargir ses recherches loin de la France et au-delà de la Première Guerre. 

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    Ces cartes qui maintenaient le lien

     

    C'est une traversée du siècle que propose Hélène Gestern. A travers les traces laissées : photos, lettres, journaux, la reconstitution du passé devient possible et fait oublier à l'héroïne sont douloureux présent 

    « J’empruntais la vie d’une autre, je mettais mes pas dans les siens, j’adoptais son histoire. Était-ce malsain, morbide, immoral ? Je ne le savais pas et je n’avais pas voulu me poser la question, me laissant guider par une mémoire qui ne m’appartenait pas, mais dont j’épousais sans discuter les méandres. Parce que, à la faveur de cette enquête sur les lettres centenaires d’un soldat dont j’ignorais l’existence quelques mois plus tôt, quelque chose d’infiniment lent avait commencé à remuer à l’intérieur de moi, quelque chose qui n’avait pas encore ni forme ni nom, mais qui poussait obscurément les parois du chagrin pour réclamer l’énoncé de la lumière. »

     

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    Lettres des poilus

    C'est une belle façon de mettre en avant ces disparus « avalés par la guerre, le temps, le silence »; de mettre à l'honneur le travail parfois fastidieux des historiens, archivistes, tous ceux qui permettent que l'histoire ne soit plus seulement celle des événements mais aussi celles d'hommes et de femmes.

    J'ai beaucoup aimé ce roman, très dense. Grâce à l'habileté d'Hélène Gestern on suit les traces, on déroule le fil de l'histoire. J'ai été prise par la richesse du récit, par la complexité de ses personnages, par les problèmes évoqués au fil des pages : la place des femmes qui change avec la guerre, les secrets familiaux qui empoisonnent parfois plusieurs générations, les vérités pas toujours bonnes à dire sur les faits historiques.

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    Ces hommes longtemps niés, cachés

    J'avais lu avec plaisir son roman précédent : Eux sur la photo, mais j'ai vraiment aimé celui-là et je vous le recommande comme une lecture d'été tout à fait passionnante

     

    Le livre : L’Odeur de la forêt - Hélène Western - Editions Arléa