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Littérature française et francophone - Page 28

  • L'Herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell

    Parmi mes plaisirs il y a la littérature, l'art, la musique et la nature, alors lorsque deux d'entre eux se marient je ne peux pas résister.Pour ce premier des quatre billets annoncés place à la littérature et à la botanique réunies.

    Environ soixante plantes ou fleurs sont présentes dans Le roman de Marcel Proust, de mémoire je n'aurai été capable d'en citer qu'une dizaine je crois.

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    Toute l'oeuvre de Proust est emplie de parfums qui accompagnent les personnages, les moments, les lieux. Les métaphores liées à la botanique sont innombrables. 
    On peu dire que c'est un comble concernant un homme qui ne pouvait sentir une fleur sans être aussitôt victime d'une crise d'asthme !

    Dane Mc Dowell a eu l'heureuse idée de nous ouvrir les pages de l'herbier de Proust. 

    Habilement plutôt que de suivre l'ordre du livre, elle choisit de nommer les fleurs selon des catégories rappelant les mots et les métaphores du roman. 

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    Les fleurs de l'innocence

    Les Fleurs de l'Innocence regroupe ces demoiselles qui s'habillent de blanc ou de bleu jusqu'au jaune et au pourpre

    La boule de neige, le nymphéa, l'aubépine, les fleurs de cerisier, de pommier, le camélia ou le gardénia, le myosotis, le lys, la pervenche, le bleuet, la jacinthe ou le volubilis 
    Le bouton d'or, la jonquille, le coucou, le souci, le blé, la giroflée, la capucine. 

    Déjà là j'avais peine à croire que toutes ces fleurs soient nommées, mais si preuve à l'appui, elles sont bien dans La Recherche.

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    « Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l'aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses » A l'ombre des jeunes filles en fleurs

    Mais Proust fut, chacun le sait, pendant des années, un homme de salon, alors il y a Les fleurs de salon, celles qui fleurissent sur les tables, dans les boudoirs, les parcs et les jardins de ses hôtes. 
    La rose, l'hortensia, l'ancolie, le lilas, la violette, la pensée, l'anémone, l'héliotrope, l'iris, la clématite, la glycine
    L'oeillet, le pavot, le fushia, la digitale, le coquelicot…..

    Mais il y en a une que, si vous avez lu Un amour de Swann, vous n'avez pas oublié : le catleya, Dane Mc Dowell conserve l'orthographe choisie par Marcel Proust, une orchidée rare qui rehausse la toilette d'Odette de Crécy. Depuis la fleur symbolise l'amour charnel et faire catleya est dans toutes les mémoires.

    Devinez le nom que Dane Mc Dowell a donné à cette catégorie de fleurs ? Les fleurs du mal voyons ! Petit clin d'oeil à Baudelaire que Proust aimait tant. Ajoutez le seringa, la datura et la belladone et quelques fleurs capiteuses.

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    « Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu'elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachée à une aigrette en plume de cygne » Du côté de chez Swann

    Mais l'herbier ne serait pas complet sans les fleurs et L'herbier de la mémoire avec les trois arbres d'Hudimesnil, la ronce, ou le tilleul

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    « Le dessèchement des tiges les avaient incurvées en un précieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale » Du côté de chez Swann

    L' herbier se constitue au fil des pages, Dane Mc Dowell ajoute quelques touches historiques, quelques précisions botaniques. 
    On butine, sans obligation d'ordre aucun, on peut grappiller en fonction de ses propres souvenirs de lecture, ou de ses préférences. 

    On savoure toute la poésie des situations évoquées, les descriptions minutieuses, mais aussi les situations cocasses des personnages en lien avec cette brassée de nature.

    C'est donc une explosion de couleur, de fragrances, de réminiscences qui porte le lecteur de Jean Santeuil aux dernières pages du Temps retrouvé

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    C'est une promenade jouissive dans un jardin splendide. 

    Le livre est savant mais avec finesse, l'auteur nous adresse quelques clins d'oeil et ajoute souvent une touche de malice.
    C'est un livre qui possède un grand charme grâce à sa superbe présentation et surtout grâce aux illustrations de Djor qui habillent les pages de somptueuse façon.

    Pour les amateurs ce livre va tout naturellement trouver sa place, et pour ceux qui hésitent à se lancer dans la lecture de La Recherche, une lecture longue, tellement longue que Robert Proust disait qu'il fallait s'être cassé une jambe pour en faire la lecture ! ce livre leur fera faire une jolie promenade dans le monde de Marcel Proust.

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    Le livre : L'herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell - Illustrations de Djor - Editions Flammarion

  • Le bal de Sceaux - Honoré de Balzac

    Les quiproquos amoureux sont légion en littérature, parfois la fin est heureuse, par exemple chez Jane Austen, mais parfois le récit prend une teinte plus sombre.

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    les guerres de Vendée

     Paul-Émile BoutignyMusée d'art et d'histoire de Cholet

    Sous la Restauration « Le comte de Fontaine, chef de l’une des plus anciennes familles du Poitou » tente de récupérer un peu de fortune, il a laissé tous ses biens au service de sa cause dans les guerres de Vendée. Il est presque ruiné.

    Le retour sur le trône de Louis XVIII après les Cent jours devrait lui valoir remerciements et honneurs mais hélas les têtes couronnées sont parfois bien oublieuses des services rendus. Si le Comte a retrouvé son rang il est malgré tout contraint de marier ses enfants hors de la noblesse. L’argent appartient désormais à la magistrature, à la finance, au commerce

     

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    Le Paris de la Restauration

    Emilie est la plus jeune de ses enfants, choyée flattée, elle est au centre de toutes les attentions de la famille.

    « Le luxe de Paris lui semblait tout aussi naturel que la richesse en fleurs ou en fruits, et que cette opulence champêtre qui firent le bonheur de ses premières années. »

    Elle est habituée « aux jouissances de la fortune, les recherches de la toilette, l’élégance des salons dorés et des équipages »

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    Cette jeune fille est pleine de morgue, elle méprise souverainement les roturiers, les marchands, les financiers, seule la noblesse trouve grâce à ses yeux. C’est le moment où la Pairie reprend du service et devient l’ ambition et le but des jeunes aristocrates.

    Elle est « assez belle pour avoir le droit de choisir parmi tous les princes du monde » elle aime l’éclat des fêtes, les dorures des salons.

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    Toilette de bal de l'époque

    Mais l’amour va en décider autrement et « ses parents allaient bientôt recueillir les fruits amers » de leur éducation nous avertit Balzac.

    Au bal de Sceau où elle est allée voir de près cette société qu’elle dédaigne, elle remarque un inconnu, elle remarqua « la finesse de son linge, la fraîcheur de ses gants de chevreau évidemment pris chez le bon faiseur, et la petitesse d’un pied bien chaussé dans une botte de peau d’Irlande.» bref il lui plait.

    Son oncle, le Comte de Kergarouët, un vieil amiral lui apprend le nom de l’inconnu : Maximilien Longueville. Est-ce l'élu de son coeur ?

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    Maximilien de Longueville peut être 

     

    Balzac n’est pas Jane Austen et le destin de ses personnages est beaucoup plus noir que ceux d’Elizabeth Benett et M Darcy. 

    Il y a une belle analyse de cette société qui après la Révolution et l’Empire tente de reconquérir ses privilèges perdus. L’argent, le goût du pouvoir sont toujours en première ligne. 

    J’ai beaucoup aimé cette nouvelle et je vous invite à mettre vos pas dans ceux de Balzac, tenue de soirée obligatoire. 

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    Le livre : Le bal de Sceaux - Honoré de Balzac - Edition numérique Arvensa

  • Bribes de Victor Hugo

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    Lettre de Victor Hugo à sa femme, Bruxelles, 18 août 1837. BNF, Manuscrits
    © Bibliothèque nationale de France / Gallica

    « Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l'une dans l'autre, pivotent l'une sur l'autre, se dévident, se nouent, s'accouplent, travaillent.»

     

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    Le livre : L'Aquarium de la nuit - Victor Hugo - Editions Interférences

  • Adieu - Honoré de Balzac

    Après la Grande Bretèche et l'Auberge rouge voilà encore une superbe nouvelle, moi qui ne suis pas fan du genre en temps normal, je dois dire que j’apprécie celles de Balzac qui réservent de belles surprises.

    Je vais tenter d’en dire suffisamment pour vous faire précipiter sur cette nouvelle et cependant ne pas vous gâcher la lecture.

    C’est la Restauration, le baron Philippe de Sucy revenu de Sibérie après la défaite de Napoléon, fait une partie de chasse avec son ami le marquis d’Albon. Ils s’égarent et arrivent à un prieuré, celui des Bons-Hommes. Les bâtiments et dépendances sont à l’abandon, le parc est retourné à l’état sauvage. 

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    Peut être le prieuré qui a inspiré Balzac

    « Les fenêtres vermoulues étaient usées par la pluie, creusées par le temps ; les balcons étaient brisés, les terrasses démolies. Quelques persiennes ne tenaient plus que par un de leurs gonds. Les portes disjointes paraissaient ne pas devoir résister à un assaillant. Chargées des touffes luisantes du gui, les branches des arbres fruitiers négligés s’étendaient au loin sans donner de récolte. De hautes herbes croissaient dans les allées. Ces débris jetaient dans le tableau des effets d’une poésie ravissante, et des idées rêveuses dans l’âme du spectateur. »

    Ils aperçoivent une femme :

    « Les deux chasseurs étonnés la virent sauter sur une branche de pommier et s’y attacher avec la légèreté d’un oiseau. Elle y saisit des fruits, les mangea, puis se laissa tomber à terre avec la gracieuse mollesse qu’on admire chez les écureuils. Ses membres possédaient une élasticité qui ôtait à ses moindres mouvements jusqu’à l’apparence de la gêne ou de l’effort. Elle joua sur le gazon, s’y roula comme aurait pu le faire un enfant ; puis, tout à coup, elle jeta ses pieds et ses mains en avant, et resta étendue sur l’herbe avec l’abandon, la grâce, le naturel d’une jeune chatte endormie au soleil »

    Philippe de Sucy la reconnait. C’est Stéphanie de Vandières, son amie et amour, elle ne semble plus avoir toute sa raison et murmure sans interruption : Adieu.

    La rencontre provoque un tel bouleversement chez Philippe qu’il perd connaissance. Son ami cherche à comprendre. C’est l’oncle de Stéphanie qui va les éclairer.

    La trame est simple et même banale, mais voilà c’est Balzac et je vous assure qu’il n’y a pas un mot de trop dans ce récit. 

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    L’évocation du désastre de la Bérézina est particulièrement réussi, cela vaut tous les livres d’histoire par la justesse, la précision et l’ampleur du récit.

    « L’apathie de ces pauvres soldats ne peut être comprise que par ceux qui se souviennent d’avoir traversé ces vastes déserts de neige, sans autre boisson que la neige, sans autre lit que la neige, sans autre perspective qu’un horizon de neige, sans autre aliment que la neige ou quelques betteraves gelées, quelques poignées de farine ou de la chair de cheval »

    Mais il y a plus dans cette nouvelle, la folie dont est atteinte Stéphanie de Vandières est très bien décrite et l’on sent que Balzac c’est intéressé de près à la psychiatrie balbutiante à l’époque.

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    Le Dr Pinel psychiatre lyonnais - Tony Robert-Fleury 

    J’ai aimé le personnage de Stéphanie dont Balzac fait une belle héroïne victime d’une période tragique. Il y a beaucoup de violence dans le récit de la déroute, le tableau est ample, les personnages sous l’emprise de la peur ou du courage sont très bien campés et l’on comprend bien que les rescapés ne reviennent pas indemnes. On retrouvera ce thème dans le Colonel Chabert.

    C’est une belle réflexion sur la capacité de l’homme à supporter l’adversité ou à tenter de l’oublier. 

     

    Le livre : Adieu - Honoré de Balzac - Editions numériques Arvensa

  • Le Rouge et le Noir - Stendhal

    « Je l'ai fait en un quart d'heure, avec l'expérience de toute ma vie » *

     

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    Une jolie édition reliée contre mes vieux poches, c'était la bonne occasion pour relire ce roman qui m'a enthousiasmé à l'adolescence, relu lorsque j'en avais proposé la lecture à mes filles, alors aujourd'hui mon goût a-t-il changé ?

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    Un vieux poche

    Oui assurément car si mon penchant pour ce roman reste intact je m'aperçois que ce qui me plait le plus dans ce roman n'est pas du tout ce qui me plaisait il y a des lustres.

    Bon ne comptez pas sur moi pour un résumé, pas un mot, par contre je ne résiste pas à l'envie de parler des quelques passages qui m'ont surpris, ou qui ont pris une tonalité nouvelle.

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    On peut se passer de l'adaptation 

    A l'occasion de cette relecture j'ai rouvert des essais sur Stendhal et je vais m'en servir largement pour ce billet.

    Tout d'abord la surprise  d'avoir eu envie de rire, je ne ne souviens pas d'avoir ri adolescente tellement prise par la passion de Julien.
    La critique féroce de la société est jubilatoire, mêlée à un anticléricalisme forcené cela donne lieu à des scènes très très croquignolettes, l'Evêque d'Agde s'entrainant à bénir la foule est tout à fait hilarant. Il faut dire que contre le clergé Stendhal ne fait pas dans la demi-mesure.

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    Mais je n'ai pas toujours ri, car par exemple les pages sur le passage au séminaire de Julien Sorel sont parfois sordides , Alain dit « Les pages du séminaire, dans le Rouge et le Noir, sont atroces » 

    Rappelons nous que Stendhal est celui qui a écrit « La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas », une phrase à rendre vert de jalousie Nietzsche ou Michel Onfray. 

    Bien entendu les pages superbes sur la naissance de l'amour entre Mme de Rênal et Julien je les avais bien en tête, les mains qui se frôlent, le parfum des tilleuls, la douceur de la nuit, le jeu des échelles posées, cachées, déplacées. 

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    Mme de Rênal et Julien Sorel

    Di Lampedusa dit  « A travers son Julien Sorel, Stendhal s'est exprimé lui-même, tel qu'il était réellement, avec ses ambitieux désirs. » Stendhal l'amoureux parfois éconduit a su transmettre ses désirs en effet.

    Adolescente j'ai eu l'impression de céder au romantisme alors que Jean Prévost est d'un avis contraire « Cette fête de l'intelligence, servie par une technique si nouvelle, était profondément contraire à la tradition, à la mode romantique »  

    Parce que ce roman n'est pas bien évidement qu'une histoire d'amour fou, Di Lampedusa nous dit :

    « Le Rouge et le noir est, principalement, une effusion lyrique et un roman d'analyse psychologique, mais c'est aussi la peinture d'une époque et un livre où les faits se succèdent rapidement »

    J'ai été très sensible à cette troisième lecture à la peinture d'une société où l'hypocrisie est reine, le conformisme total, où il y a collusion entre la religion et la morale bourgeoise, où l'envie de puissance, l'ambition, le culte de la réussite régnent en maître.

    Enfin comme le dit Italo Calvino, l'âge mûr porte à être attentif aux détails. J'ai été très sensible au style. 

    Voici ce que dit Alain du style de Stendhal

    « Les traits fulgurants que vous trouverez partout dans notre auteur, et qui font comme ces nettoyages de tableaux, les couleurs soudainement sont fraîches, les gens vivent, sans qu'on voie par quels ressorts, car le récit va courant. On commence peut être à comprendre le miracle de ce style dépouillé, si émouvant »

    Vous remarquerez que les  dialogues 

    « relèvent d'une technique si raffinée qu'à première vue elle passe inaperçue.(…) le caractère des gens, nous le comprenons généralement à travers leurs actions, leurs regards, leurs balbutiements, la crispation de leurs doigts, leur silence ou leur éloquence soudaine, la couleur de leurs joues, le rythme de leurs pas, presque jamais à travers leurs propos, qui sont toujours des masques pudiques ou insolents de leur intériorité » nous dit l'essayiste italien.

     

    Une dernière remarque : Stendhal ne décrit pas les lieux, et pourtant on y est, comment fait-il ?

    «  Les lieux qui doivent servir de décor aux épisodes cruciaux ne sont absolument pas décrits, mais suggérés par une simple présentation préalable : ensuite quand la scène s'y déroulera, le lecteur pourra utiliser l'image mentale qui s'est formée en lui avant », dixit Lampedusa, j'ai feuilleté certaines pages et on ne peut qu'être d'accord.

    stendhal

     

    Voilà comme promis je n'ai pas dis un mot de l'intrigue, j'espère néanmoins vous avoir donné l'envie de relire le roman comme Luocine l'a fait il y a peu.

    C'est un roman inépuisable, la marque du classique absolu, Albert Thibaudet avait raison lorsqu'il écrivait :

    « Les contemporains n'ont à peu près rien compris au Rouge et noir, et Stendhal ne s'en est guère soucié résigné à l'inévitable, et confiant dans le billet de loterie dont le gros lot était : être lu cent ans après » 

    Songez que Le Rouge et le Noir en est à dix versions en chinois !  

     

    Si vous cherchez une biographie de Stendhal c'est là 

     

    * la phrase est de Whistler mais Jean Prévost qui la note dans son essai, la trouve totalement adapté à Stendhal.

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    Petite bibliothèque Stendhalienne

     

    Les livres

    Le Rouge et le Noir - Stendhal
    La création chez Stendhal - Jean Prévost - Folio
    Stendhal - Alain - PUF
    Stendhal - Albert Thibaudet - Hachette (uniquement à chercher d'occasion)
    Stendhal - Giuseppe Tomasi Di Lampedusa - Allia

  • Faites des économies

    Adieu veau, vache, cochon, couvée…

    la fontaine

    C'est ma déception à la lecture du livre d'Erik Orsenna pour lequel comme Perrette j'avais un peu construit des châteaux en Espagne.

    Je savais que tous les livres de l'auteur n'étaient pas des chefs-d'oeuvre, que certains flirtent même allègrement avec la facilité, mais j'avais beaucoup aimé sa biographie de Le Nôtre et j'ai cru que La Fontaine allait donner des ailes à notre académicien.

    Et bien NON
    Je sais vous lirez sûrement des critiques louangeuses car il n'est jamais bon de se mettre un académicien à dos, et les ascenseurs marchent à la montée plus qu'à la descente, mais franchement là ça ne passe pas.

    Non content de mêler sa propre vie à celle de notre poète national, ce qui est déjà faire preuve d'une prétention sans égale, mais en plus choisir les histoires mille fois rabâchées là non. On le retrouve en courtisan fidèle de la Mitterandie et en Académicien drapé dans son habit. 

     la fontaine

    Et La Fontaine là dedans direz-vous ? et bien Erick Orsenna nous trace un portrait certes jamais faux mais tout juste esquissé, ça va vite, on saute les années, on prend des chemins de traverse, ce n'est pas une biographie c'est une course dans laquelle Orsenna tient le rôle du fameux lièvre. 

     

    la fontaine

    Certes on retrouve  l'écrivain de contes érotiques, le pourfendeur des hypocrites, l'ami de Fouquet, mais sans chair, sans épaisseur. Comment expliquer la proximité du La Fontaine des fables avec l'ami des messieurs de Port Royal par exemple ? 

    Il y a quelques passages bien troussés mais aussi hélas de très mauvais traits d'humour et jeux de mots qui non seulement tombent à plat mais ne sont vraiment ni digne d'un académicien ni bien sûr de l'auteur des fables
    Exemple parlant de l'enfance de La Fontaine " le petit Jean, continuant sa promenade, rêverait aujourd’hui devant les rhodos et les géraniums du Jardiland local. "
    Exemple à propos de l'arrestation de Fouquet et de la jalousie de Louis XIV : " Fouquet obscurcissait le Soleil Il fallait donc le mettre à l’ombre. "

    Le livre est court, oui ça vous pouvez le deviner, trop court peut être pour l'éditeur, alors on a droit aux principales fables en fin de volume ! 

     Bon voilà je me suis lâchée, parfois je m'interroge sur les livres que je n'aime pas : dois-je en parler ? le plus souvent je fais l'impasse parce que je ne veux pas perdre de temps à ça, mais là mon souci est de vous faire faire quelques économies.

     

    Si le poète vous intéresse il vaut mille fois mieux lire la biographie certes exigeante mais passionnante de Marc Fumaroli que l'on trouve en poche et puis bien sûr rouvrir vos fables.

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    Le livre :

    Le meilleur : Le poète et le roi - Marc Fumaroli - Le Livre de Poche

    Hélas : La Fontaine Une école buissonnière - Erik Orsenna - Editions Stock France Inter