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Je ne verrai pas la fin de la reconstruction et cela m'attriste alors je laisse la place à celui qui l'a honoré de si belle façon
« Il y a aujourd’hui trois cent quarante-huit ans six mois et dix-neuf jours que les Parisiens s’éveillèrent au bruit de toutes les clochessonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l’Université et de la Ville. »
Témoin des grands événements
« C’était l’instant du crépuscule. Le ciel était blanc, l’eau de la rivière était blanche. Entre ces deux blancheurs, la rive gauche de la Seine, sur laquelle il avait les yeux fixés, projetait sa masse sombre, et, de plus en plus amincie par la perspective, s’enfonçait dans les brumes de l’horizon comme une flèche noire »
« Cependant il se hasarda à regarder l’église. La façade était sombre. Le ciel derrière étincelait d’étoiles. Le croissant de la lune, qui venait de s’envoler de l’horizon, était arrêté en ce moment au sommet de la tour de droite, et semblait s’être perché, comme un oiseau lumineux, au bord de la balustrade découpée en trèfles noirs. »
Lire Jean Paul Kauffmann c’est être assuré de faire un voyage pas comme les autres.De livre en livre il s’impose comme une voix singulière et oh combien passionnante.
Venise avec Monet
C’est à Venise que je vous propose de partir avec lui, un voyage apparement bien convenu mais détrompez-vous le voyageur a plus d’un tour dans son sac. JP Kauffmann a fait le choix de passer plusieurs mois à Venise pour l’explorer à sa façon, il s’est en effet fixer un objectif particulier : visiter les églises fermées de Venise, et question églises fermées il y a de quoi faire.
Venise avec Marc Aldine
Si vous aimez l’Italie et que vous l’avez un peu parcourue vous avez du vous heurter à des horaires impossibles, des causes de fermeture improbables. Notre voyageur refuse de se laisser arrêter par des contingences mal élucidées. Pour quelles raisons est-ce impossible d’accéder à ces lieux qui du coup se parent de mystère ?
Venise avec Eugène Boudin
Déjà dans ses livres précédentsil s’était révélé curieux, tenace, prêt à braver des interdits qu’on lui brandit devant le nez. Plus c’est difficile, plus il s’obstine. Pas question que je vous révèle comment il va s’y prendre, quelle sera le résultat de sa quête. Parce que comme d’habitude avec lui, l’intérêt du livre est ailleurs.
Turner et la Dogana
C’est une balade dans Venise magnifique, son appartement de la Giudecca jouit d’une vue splendide dont nous profitons.
Il nous livre aussi ses lectures et rencontres préparatoires, je vous parie que comme moi vous l’envierez d’avoir passer à Venise plusieurs jours en compagnie de Corto Maltese, le vrai !!
Votre curiosité va être toute affolée par des extraits issus d’un livre de Jean Paul Sartre, Sartre et Venise ? Oui mais pas que lui, on croise aussi Lacan qui devient compréhensible avec l’aide de JP Kauffmann.
Corot et la Salute
J’ai aimé le suivre dans une Venise inconnue, glisser l’oeil où il ne faut pas et ainsi un jour voir surgir un jardingrandiose que tout le monde s’accordait à dire qu’il avait disparu. Déceptions et joyeuses surprises alternent. Les couleurs, les tableaux, l’architecture sont au rendez-vous à la façon d’une enquête quasi policière. On découvre des peintres dont on ignorait les noms
Des rencontres drôles, sinistres, surprenantes, je vous recommande le Grand Vicaire du Patriarcat de Venise, une vraie anguille et pardonnez-moi l’expression : un faux jeton de première.
Turner et San Giorgio Maggiore
Si vous aimez la ville mais que le commissaire Brunetti vous sort un peu par les yeux, choisissez ce livre
L’auteur est un véritable amoureux de la ville, loin des annonces tristounettes de sa disparition, Jean Paul Kauffmann veut croire encore à la beauté et au mystère de Venise.
Le livre : Venise à double tour - Jean Paul Kauffmann - Editions des Equateurs
« La défaite d’Adoua, en 1896. (…) “La première victoire africaine sur les puissances coloniales.” Une humiliation politique. Une gifle militaire. Un émerveillement pour l’enfant qu’il était. Il avait passé des heures à lire et relire les articles, à apprendre par cœur le nom des chefs éthiopiens, Ras Mekonnen, Mengesha Yohannes, Tekle Haymanot, Taytu Betul, des heures à contempler les illustrations qui restituaient la géographie du champ de bataille ou la tenue d’un soldat éthiopien. Il ne l’avait dit à personne, mais ces guerriers noirs qui avaient mis en déroute les troupes italiennes étaient pour lui des héros qui accompagnaient ses rêves de bravoure. »
Le Négus Ménélik à la bataille d'adoua
Le livre : Les oliviers du Négus - Laurent Gaudé - Editions Actes Sud
Il vous est certainement arrivé de découvrir un livre qui vous fait dire : mais pourquoi est-ce que je n’ai jamais lu ce livre ? Cela vient de m’arriver avec celui d’un poète qui fut l’homme d’un seul livre, un poète qui préfère la prose à la versification, admiré par Hugo et Baudelaire et qui a inspiré les surréalistes.
Si vous ouvrez son livre vous partez pour quelques heures de folie, de délire, de scènes pleines de mystères et de merveilleux. 6 livres composent Gaspard de la nuit, avec chacun plusieurs petits textes, qui parfois répondent à une logique, mais pas tous loin de là.
On saute d’une scène à l’autre, d’un lieu à un autre sans explication, comme pour déstabiliser le lecteur et le faire participer sur un rythme de sarabande soigneusement orchestrée.
Les passionnés de peinture s’y sentiront à l’aise car Aloysius Bertrand vous offre des « Fantaisies à la manière de Rembrandt et Callot » et de Jérôme Bosch Rembrandt pour le vieux sage en méditation, Callot qui aime le grotesque, le baroque, la folie.
Jacques Callot les Misères de la guerre
Aloysius Bertrand ne décrit pas un tableau, il tente d’en saisir l’esprit. « Trente dindelles carillonnent dans un ciel bleu d’outre-mer comme en peignait le vieil Albert Dürer »
Des scènes de guerre, des personnages grotesques, des paysages d’hiver, des scènes que l’on a admiré dans des tableaux flamandsde tout temps, féérie des contes et légendes.
Des textes qui font retentir une volée de cloches, qui vous envoient faire un tour à la synagogue.pour la Sabbat, vous font sauter des Flandres à l’Italie, ou regarder au fond de la cornued’un alchimiste.
Ou les couplets surprenants et l’astucemagnifique qui fait clore un poème avec le « regard inquisiteur du duc d’Albe dont le portrait, chef-d’œuvre d’Holbein, était appendu à la muraille. »
Le duc d'Albe
Le poète propose des énigmes et aussi de courtes balades dans le Paris des gueux, aux alentour de la Tour de Nesle, vous vous mêlé aux fous du carnaval, aux nains, au peuple de la cour des miracles, étonnez vous ensuite qu’un chapitre soit dédicacé à V Hugo
On habite le récit, on croise un marchand de tulipes qui a un trésor « la merveille des merveilles, un oignon comme il n’en fleurit jamais qu’un par siècle dans le sérail de l’empereur de Constantinople ! »
On tend la main vers un marchand, on lui ferme sa bible « jonchée de gothiques enluminures » C’est un livre peuplé de vieux grimoires, de chouettes, de « nuits d’été, balsamiques et diaphanes »
Vous vous constituerez une collection de mots rares, précieux,vous savourerez des mots comme : Dindelles, basterne, violier, falot, ringrave …..
C’est Freud qui a parlé de l’inquiétante étrangeté, c’est un peu ce que l’on ressent en lisant A Bertrand.
Après lecture, revenez à la préface qui donne quelques clés, mais ne vous privez pas d’une découverte sans GPS, c’est la meilleure.
Et vous pouvez décider de finir en musique avec Ravel qui se laissa prendre à la magie de Gaspard de la nuit.
Le livre : Gaspard de la nuit - Aloysius Bertrand - Le livre de poche
« A part le grand aconit, une scille, un lupin, une nivelle, la véronique petit-chêne, le lobélia, et le convolvulus qui triomphe de tous les bleus, le Créateur de toutes choses s’est montré un peu regardant quand il a distribué chez nous les fleurs bleues. »
Pas que les fleurs
« Il y a des connaisseurs de bleu comme il y a des amateurs de crus. Quinze étés consécutifs à Saint-Tropez ne me furent pas seulement une cure d’azur, mais une étude aussi qui ne se bornait pas à la contemplation du ciel provençal. »
Le Livre : Pour un herbier - Colette- Editions Fayard 1991
Il y a quelques semaines je vous ai donné un avant goût de ce livre, il est temps de vous donner envie de le lire, de l’offrir.
C’est à pied qu’Anne Le Maître découvre son environnement.
Voyages lointains, rando ou simple promenade, tout est l’occasion pour elle de partir nez au vent, de marquer le pas pour observer, s’évader, trouver un refuge, répondre à son besoin de calme, de silence.
Elle part avec de la poésie et de la philosophie dans ses bagages et dans sa tête.La Fontaine et Pascal l’accompagnent mais aussi Rûmi le poète persan
« Je suis la lueur de l’aube. Je suis l’haleine du soir. Je suis le murmure du bocage, la masse ondoyante de la mer… Je suis la chaîne des êtres, je suis l’anneau des mondes. Echelle de la création, l’ascension et la chute… Je suis l’âme de tout. »
Elle aime contempler, méditer en compagnie des poètes mais aussi des savants quand, comme Ptolémée surtout, ils savent mettre le monde en mots « Moi qui passe et qui meurs, je vous contemple étoiles !…Debout tout près des cieux dans la nuit aux cent voiles, je m’associe infirme à cette immensité :je goûte, en vous voyant, ma part d’éternité. »
On la suit de la forêt amazonienne aux gravillons de sa cour.
« Tous ces chemins, donc, tous ces jardins et ces vergers, ces marécages et ces bois, ces friches et ces alpages, ces landes et ces déserts…Dans l’infini vertigineux j’avance pas à pas, allant d’un battement de coeur à l’autre »
Anne Lemaîtremarche nous dit-elle « au péril de l’herbe et du vent. » Pour tenter de renouer avec la sagesse de l’herbe. Déchiffrer un paysage, se pencher sur une fleur.
Si vous la suivez vous apprendrez que « Nos mots sont nos lunettes, le filtre que la pensée pose devant le réel. » C’est ainsi que j’ai appris que les néerlandais ont un mot pour dire « marcher par mauvais temps pour le plaisir : uitwaaien »
Livre précieux et délicieux, tout bruissant d’anecdotes, de rencontres, de lectures aussi. Vous verrez défiler les saisons, éclore les premières primevères, vous dénicherez avec elle un crocus, vous prendrez le temps de flâner, de vagabonder. Une très belle photo en couverture qui s’accorde parfaitement avec le propos du livre
A lire sur le bord d’un chemin, quand l’envie de ralentir vous prend, à glisser dans votre sac à dos ou simplement comme moi à lire pour explorer avec elle les chemins.
Le livre: Sagesse de l’herbe - Anne Le Maître - Editions Transboréal