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Littérature française et francophone - Page 27

  • Le Musée imaginaire de Marcel Proust - Eric Karpeles

    Je suis allée de ricochet en ricochet, après l'herbier de Marcel Proust, je suis passée à Monet qui fut un grand inspirateur de l'écrivain, et hasard alors que je venais d'acheter ce livre sur Hokusai je découvrais que la salle à manger du peintre était décorée d'estampes japonaises. 

    Retour à la peinture avec ce musée imaginaire qui n'était plus disponible depuis longtemps et qui vient d'être réédité.  

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    Pour les lecteurs de Proust, et même sans avoir lu La Recherche en totalité, on est vite frappé par les pages qui font référence à la musique, à la littérature mais plus encore à la peinture.

    Il paraissait naturel de composer ce musée imaginaire et pas seulement avec le Petit pan de mur jaune, car Proust ne s'arrête pas à Vermeer.

    proust

    La Recherche est littéralement truffée de références picturales. Plus de 200 oeuvres ont été répertoriées par Eric Karpeles.

    Si vous êtes lecteur de Proust vous avez sans doute mémorisé quelques unes de ses comparaisons, de ses métaphores mais je gage que comme moi vous êtes bien incapable de vous rappeler de tout. C'est donc une balade au musée que nous permet l'écrivain et le texte est ainsi mis en valeur, les mots s'appuient sur l'illustration de façon parfaite. 

     

    proust

    « Swann possédait une merveilleuse écharpe orientale, bleue et rose, qu'il avait achetée parce que c'était exactement celle de la Vierge du Magnificat. »

    Le livre est superbement illustré et à chaque tableau répond le texte de Proust qui lui fait écho. C'est savoureux de pouvoir lire et voir sur une même page. 

    On s'amuse énormément à vérifier les correspondances entre texte et tableau, on admire et on sourit très souvent car l'ironie et l'humour de Proust sont encore amplifiés par l'image.

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    « Je lui dit que c'était Bloch. - Ah oui ce garçon que j'ai vu une fois ici et qui ressemble tellement au portrait de Mahomet II par Bellini »

    Parfois Proust invente des tableaux imaginaires, tels ceux d'Elstir, Eric Karpeles sait faire appel à ses fines connaissances pour nous proposer un tableau très proche, dans le ton du texte.

    On connait sa passion pour les couleurs, la lumière d'un paysage, les ciels que l'on peut retrouver dans les tableaux.
    Ses portraits illustrés par un tableau : personne n'a oublié la Charité de Giotto.

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    « La pauvre Charité de Giotto, comme l'appelait Swann, chargée par Françoise de les "plumer", les avait près d'elle dans une corbeille, son air était douloureux, comme si elle ressentait tous les malheurs de la terre ; et les légères couronnes d'azur qui ceignaient les asperges au-dessus de leurs tuniques de rose étaient finement dessinées, étoile par étoile, comme le sont dans la fresque les fleurs bandées autour du front ou piquées dans la corbeille de la Vertu de Padoue. »

    Et la magnifique comparaison entre Odette et la fille de Jethro dans  la fresque de Botticelli : Épisodes de la vie de Moïse

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    « Elle frappa Swann par sa ressemblance avec cette figure de Zéphora, la fille de Jéthro, qu’on voit dans une fresque de la chapelle Sixtine »

    En relisant ainsi les passages de la Recherche j'ai été frappé par l'extraordinaire culture de Proust, par le nombre des tableaux qu'il connait à une époque où il n'était pas très facile de se procurer des reproductions aussi belles et fidèles qu'aujourd'hui.

    J'ai aimé aussi que les emprunts aillent de toiles très très connues comme celles de Botticelli, Véronèse, Titien, Tiepolo, mais aussi à des tableaux de peintres oubliés qui sortent ainsi de la pénombre où le temps les avait plongés.

    Si vous n'êtes pas familier de l'oeuvre de Proust, comme pour son herbier, c'est une façon simple et attrayante d'y entrer.

    Keisha l'avait lu dans la version de 2009 

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    Le Livre : Le musée imaginaire de Marcel Proust - Eric Karpeles - Editions Thames et Hudson

  • Le bon coeur - Michel Bernard

    Il fallait tout le talent de Michel Bernard pour me faire entrer dans ce roman. Autant vous le dire, Jeanne d'Arc, oui c'est d'elle qu'il s'agit, ce n'est pas vraiment mon héroïne de prédilection, tout ce qui tourne autour de cette femme m'agace ou me fait rire, la pucelle et la sainte, l'image de la frêle jeune femme sauvant la nation, pour moi une illuminée mystique et ça sans compter sur les couronnes tressées par la famille Le Pen.

    Bref vous avez compris que je déteste, enfin... je détestais.

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    Magie des livres et des mots, je ne comprends toujours pas comment Michel Bernard m'a embarqué mais je peux vous dire que je l'ai suivi sur les routes pieds et poings liés. 

    Tout d'abord j'ai aimé le portrait  « Grande, carrée d'épaules, bien campée sur ses jambes, le visage ouvre, les yeux vifs, le regard profond, intense »

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    Un peu comme celle de Luc Besson

    Je me suis amusée d'entendre son entourage la soutenir, la défendre, l'admirer « Elle aurait du prêcher à la place du curé », j'ai aimé la jeune fille qui va river son clou au Duc de Lorraine, qui vêtu en écuyer enfourche un vieux cheval saluant la foule qui lui fait escorte. 

    La geste de Jeanne commence…….

    Bon je ne vais pas me couvrir de ridicule et vous raconter la suite, non, je vais vous dire : lisez ce livre, que vous soyez ou non amateur d'histoire, que vous aimiez ou non Jeanne d'Arc

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    Siège d'Orléans

    J'ai aimé le portrait que trace Michel Bernard de Jeanne, portrait qui commence par une gifle magistrale,  mais aussi les portraits de tous les personnages qui gravitent autour d'elle et autour du roi. 

    On entre aperçoit Charles d'Orléans prisonnier et s'occupant à faire des vers, on croise Gille de Rais, et bien entendu un certains nombres de « mangeurs de viande bouillie »

    J'ai aimé surtout la langue de Michel Bernard, une savante alliance entre poésie et réalisme, entre la beauté des paysages 

    « Ils marchaient à pas lents. Sur les claies d'osier le chèvrefeuille avait repris sa croissance. Sous les tonnelles pointaient, violettes, les pousses de la vigne. Entre les murs du château attiédis, dans la terre, ameublie et fumée, l'hiver avait cessé de mordre »

    et le sang des champs de bataille

    « Chaque cavalier laissait derrière lui un sillage sanglant et gémissant. Les soldats à pied qui suivaient en trottinant achevaient les blessés et rattrapaient les ennemis qui avaient échappé à la grande faux de la cavalerie »

    Sa Jeanne est magnifique jusque dans la défaite, elle a, dit-il, ce qui manque à la France de ce temps là « la foi, la confiance et l'autorité »

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    Ingrid Bergman dans Jeanne au bûcher 

    J'ai beaucoup aimé les pages sur le procès et la captivité, sobres, parfois cinglantes, émouvantes aussi car on oublie l'héroïne pour ne voir plus qu'une jeune femme contrainte, enfermée, terrorisée. 

    Un beau et bon roman qui début bien mon année de lecture

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    Le livre : Le bon coeur - Michel Bernard - Editions de la Table Ronde

  • Bribes de Maurice Genevoix


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    « Appuyons nous à la main courante, au-dessus des toits de Blois. Et fasse le ciel que cela nous arrive une de ces journées d'hiver où le givre poudre l'ardoise et s'irise au soleil montant. 
    Il n'est pas de plus belles journées sur le Val, où la lumière soit plus pure et plus fine, où la présence des hommes invisibles nous tienne langage plus émouvant. 
    A peine si de loin en loin, tout en bas, une silhouette emmitouflée disparait au tournant d'une rue. (…) Mais les toits fument de toutes leurs cheminées, le givre fond, embue doucement l'ardoise ; le soleil rit à toutes les vitres, la moindre ombre portée vanne, dirait-on, la lumière, l'affine encore, en fait une chose caressante et précieuse, d'une qualité qu'on n'oublie plus. » 

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    « Un matin gris du milieu de la semaine, les élèves entendaient l’institutrice conclure sa lente et syllabique narration : « Point final. Mau-rice Ge-ne-voix. » 
    Elle écrivait le nom au tableau en le faisant résonner. « Vous avez cinq minutes pour vous relire. » Le silence se remplissait de bruits de papiers et de porte-plume, de tout un fretin d’angoisses et de remords qui trépignait, gratouillait, gommait sur les tables tachées d’encre et gravées au compas. Puis le fayot du début de l’allée ramassait les pages condamnées aux bâtons rouges et aux zéros, rouges aussi, et soulignés. Parmi les maîtres invisibles, qui, entre les murs de l’école Michelet, faisaient bondir des lièvres sur les carreaux lavés et fuir des truites dans l’eau froide des courants d’air, il y avait Maurice Genevoix … »

     

     

    Les Livres : 

     Val de Loire Terre des hommes - Maurice Genevoix - Editions Christian Pirot
    Pour Maurice Genevoix - Michel Bernard - Editions La Table Ronde

     

  • L'Herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell

    Parmi mes plaisirs il y a la littérature, l'art, la musique et la nature, alors lorsque deux d'entre eux se marient je ne peux pas résister.Pour ce premier des quatre billets annoncés place à la littérature et à la botanique réunies.

    Environ soixante plantes ou fleurs sont présentes dans Le roman de Marcel Proust, de mémoire je n'aurai été capable d'en citer qu'une dizaine je crois.

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    Toute l'oeuvre de Proust est emplie de parfums qui accompagnent les personnages, les moments, les lieux. Les métaphores liées à la botanique sont innombrables. 
    On peu dire que c'est un comble concernant un homme qui ne pouvait sentir une fleur sans être aussitôt victime d'une crise d'asthme !

    Dane Mc Dowell a eu l'heureuse idée de nous ouvrir les pages de l'herbier de Proust. 

    Habilement plutôt que de suivre l'ordre du livre, elle choisit de nommer les fleurs selon des catégories rappelant les mots et les métaphores du roman. 

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    Les fleurs de l'innocence

    Les Fleurs de l'Innocence regroupe ces demoiselles qui s'habillent de blanc ou de bleu jusqu'au jaune et au pourpre

    La boule de neige, le nymphéa, l'aubépine, les fleurs de cerisier, de pommier, le camélia ou le gardénia, le myosotis, le lys, la pervenche, le bleuet, la jacinthe ou le volubilis 
    Le bouton d'or, la jonquille, le coucou, le souci, le blé, la giroflée, la capucine. 

    Déjà là j'avais peine à croire que toutes ces fleurs soient nommées, mais si preuve à l'appui, elles sont bien dans La Recherche.

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    « Je leur demandai des nouvelles des fleurs, ces fleurs de l'aubépine pareilles à de gaies jeunes filles étourdies, coquettes et pieuses » A l'ombre des jeunes filles en fleurs

    Mais Proust fut, chacun le sait, pendant des années, un homme de salon, alors il y a Les fleurs de salon, celles qui fleurissent sur les tables, dans les boudoirs, les parcs et les jardins de ses hôtes. 
    La rose, l'hortensia, l'ancolie, le lilas, la violette, la pensée, l'anémone, l'héliotrope, l'iris, la clématite, la glycine
    L'oeillet, le pavot, le fushia, la digitale, le coquelicot…..

    Mais il y en a une que, si vous avez lu Un amour de Swann, vous n'avez pas oublié : le catleya, Dane Mc Dowell conserve l'orthographe choisie par Marcel Proust, une orchidée rare qui rehausse la toilette d'Odette de Crécy. Depuis la fleur symbolise l'amour charnel et faire catleya est dans toutes les mémoires.

    Devinez le nom que Dane Mc Dowell a donné à cette catégorie de fleurs ? Les fleurs du mal voyons ! Petit clin d'oeil à Baudelaire que Proust aimait tant. Ajoutez le seringa, la datura et la belladone et quelques fleurs capiteuses.

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    « Elle tenait à la main un bouquet de catleyas et Swann vit, sous sa fanchon de dentelle, qu'elle avait dans les cheveux des fleurs de cette même orchidée attachée à une aigrette en plume de cygne » Du côté de chez Swann

    Mais l'herbier ne serait pas complet sans les fleurs et L'herbier de la mémoire avec les trois arbres d'Hudimesnil, la ronce, ou le tilleul

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    « Le dessèchement des tiges les avaient incurvées en un précieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale » Du côté de chez Swann

    L' herbier se constitue au fil des pages, Dane Mc Dowell ajoute quelques touches historiques, quelques précisions botaniques. 
    On butine, sans obligation d'ordre aucun, on peut grappiller en fonction de ses propres souvenirs de lecture, ou de ses préférences. 

    On savoure toute la poésie des situations évoquées, les descriptions minutieuses, mais aussi les situations cocasses des personnages en lien avec cette brassée de nature.

    C'est donc une explosion de couleur, de fragrances, de réminiscences qui porte le lecteur de Jean Santeuil aux dernières pages du Temps retrouvé

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    C'est une promenade jouissive dans un jardin splendide. 

    Le livre est savant mais avec finesse, l'auteur nous adresse quelques clins d'oeil et ajoute souvent une touche de malice.
    C'est un livre qui possède un grand charme grâce à sa superbe présentation et surtout grâce aux illustrations de Djor qui habillent les pages de somptueuse façon.

    Pour les amateurs ce livre va tout naturellement trouver sa place, et pour ceux qui hésitent à se lancer dans la lecture de La Recherche, une lecture longue, tellement longue que Robert Proust disait qu'il fallait s'être cassé une jambe pour en faire la lecture ! ce livre leur fera faire une jolie promenade dans le monde de Marcel Proust.

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    Le livre : L'herbier de Marcel Proust - Dane Mc Dowell - Illustrations de Djor - Editions Flammarion

  • Le bal de Sceaux - Honoré de Balzac

    Les quiproquos amoureux sont légion en littérature, parfois la fin est heureuse, par exemple chez Jane Austen, mais parfois le récit prend une teinte plus sombre.

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    les guerres de Vendée

     Paul-Émile BoutignyMusée d'art et d'histoire de Cholet

    Sous la Restauration « Le comte de Fontaine, chef de l’une des plus anciennes familles du Poitou » tente de récupérer un peu de fortune, il a laissé tous ses biens au service de sa cause dans les guerres de Vendée. Il est presque ruiné.

    Le retour sur le trône de Louis XVIII après les Cent jours devrait lui valoir remerciements et honneurs mais hélas les têtes couronnées sont parfois bien oublieuses des services rendus. Si le Comte a retrouvé son rang il est malgré tout contraint de marier ses enfants hors de la noblesse. L’argent appartient désormais à la magistrature, à la finance, au commerce

     

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    Le Paris de la Restauration

    Emilie est la plus jeune de ses enfants, choyée flattée, elle est au centre de toutes les attentions de la famille.

    « Le luxe de Paris lui semblait tout aussi naturel que la richesse en fleurs ou en fruits, et que cette opulence champêtre qui firent le bonheur de ses premières années. »

    Elle est habituée « aux jouissances de la fortune, les recherches de la toilette, l’élégance des salons dorés et des équipages »

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    Cette jeune fille est pleine de morgue, elle méprise souverainement les roturiers, les marchands, les financiers, seule la noblesse trouve grâce à ses yeux. C’est le moment où la Pairie reprend du service et devient l’ ambition et le but des jeunes aristocrates.

    Elle est « assez belle pour avoir le droit de choisir parmi tous les princes du monde » elle aime l’éclat des fêtes, les dorures des salons.

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    Toilette de bal de l'époque

    Mais l’amour va en décider autrement et « ses parents allaient bientôt recueillir les fruits amers » de leur éducation nous avertit Balzac.

    Au bal de Sceau où elle est allée voir de près cette société qu’elle dédaigne, elle remarque un inconnu, elle remarqua « la finesse de son linge, la fraîcheur de ses gants de chevreau évidemment pris chez le bon faiseur, et la petitesse d’un pied bien chaussé dans une botte de peau d’Irlande.» bref il lui plait.

    Son oncle, le Comte de Kergarouët, un vieil amiral lui apprend le nom de l’inconnu : Maximilien Longueville. Est-ce l'élu de son coeur ?

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    Maximilien de Longueville peut être 

     

    Balzac n’est pas Jane Austen et le destin de ses personnages est beaucoup plus noir que ceux d’Elizabeth Benett et M Darcy. 

    Il y a une belle analyse de cette société qui après la Révolution et l’Empire tente de reconquérir ses privilèges perdus. L’argent, le goût du pouvoir sont toujours en première ligne. 

    J’ai beaucoup aimé cette nouvelle et je vous invite à mettre vos pas dans ceux de Balzac, tenue de soirée obligatoire. 

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    Le livre : Le bal de Sceaux - Honoré de Balzac - Edition numérique Arvensa

  • Bribes de Victor Hugo

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    Lettre de Victor Hugo à sa femme, Bruxelles, 18 août 1837. BNF, Manuscrits
    © Bibliothèque nationale de France / Gallica

    « Un livre est un engrenage. Prenez garde à ces lignes noires sur du papier blanc ; ce sont des forces ; elles se combinent, se composent, se décomposent, entrent l'une dans l'autre, pivotent l'une sur l'autre, se dévident, se nouent, s'accouplent, travaillent.»

     

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    Le livre : L'Aquarium de la nuit - Victor Hugo - Editions Interférences