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Lecture - Page 7

  • Mon libraire sa vie, son oeuvre - Patrick Cloux

    Liber, livres, librairies

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    Pour poursuivre le voyage en terre de librairie je vous propose un abécédaire au ton joyeux, qui bien entendu fait l’éloge de la librairie.

    Peut-être connaissez-vous déjà l’auteur : Patrick Cloux, pour les amateur de marche je vous recommande son livre Marcher à l’estime.

    Ici c’est avec bonhommie mais aussi avec sérieux qu’il parle de son métier et de ses difficultés mais aussi de son rôle de guide en lecture.

     

    Balade de A à Z sur les étagères des librairies. On démarre à Amitié car proposé un livre c’est pour lui « un adoubement complice et fraternel ».

    Il reconnait qu’il y a des villes, des lieux qui sont des déserts de librairies ( et depuis 2007 ça ne s’est pas arrangé) 

    Il a des exigences Patrick Cloux, pour lui une librairie doit être belle « pas forcément riche, mais belle » elle se doit d’être un « doux refuge » mais attention elle ne doit pas être trop pomponnée dit-il dans l’entrée Bouquiniste car elle doit permettre de « trouver ce qu’on ne cherche pas »

     

    Il faut au libraire supporter la clientèle qui « piaffe sans relâche » ces clients qui veulent être vite servis « car ils sont mal garés » qui suivent les yeux fermés ce que les « bluffs médiatiques leur intiment d’aimer »

    Il passe en revue les campagnes pour le livre, les lois, les aides et aussi les mesures qui déstabilisent ( une augmentation de TVA par exemple!)

    Vous ferez un tour dans les grandes librairies pratiquement toutes disparues aujourd’hui. 

     

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    L’obligation douloureuse de vendre le tout venant pour pouvoir vendre ce à quoi l’on croit, ce à quoi l’on tient.

    Mais  disons-le tous les libraires ne sont pas parfaits, il y en a de fort peu aimables, de franchement acariâtres, et même , si si , des libraires qui ne lisent pas ………….

    Pour lui lecteur est un métier qui permet de « voir germer un jour, un texte porteur de joie là où on ne l’attendait pas ».

    Quand vous saurez qu’il y a l’entrée  engouement , inventaire, fidélité, je sais que vous ne pourrez pas résister.

     

     

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    « Le meilleur vendeur de librairie générale

     fut pendant quinze ans

    un certain Bernard Pivot » 

     

    J’ai aimé la combativité de Patrick Cloux, sa truculence, sa bonne humeur. Mais il n’y a pas à se tromper c’est un libraire entré en résistance. Sa défense de la profession est passionnante et passionnée et un peu comme avec les épidémies, à le lire, il vous prend un prurit de lecture.

    Le genre de livre qui vous donne une envie furieuse d’ouvrir une librairie ou du moins d’aller y faire un tour, bref une oeuvre de salut public et avoir mis Gérard Philipe en couverture est un appât supplémentaire.

     

    Le livre : Mon libraire, sa vie, son oeuvre - Patrick Cloux - Editions Le Temps qu’il fait- 2007

  • Une matinée chez le libraire - Carl Jacob Burckardt

    Liber, libraire, librairie........

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    Sur le thème de la librairie voici un petit livre que j’ai toujours gardé car il me réjouit.

     

    Imaginez deux amis flânant dans les rayons d’un bouquiniste, une vieille vieille librairie « Une boutique étroite et obscure où les livres s’entassaient des deux côtés, jusqu’au plafond. Ils occupaient aussi les longues tables branlantes et recouvraient le sol dans les coins. » 

     

    Le libraire « un petit homme âgé » s’approche à regrets car il a été contraint d’abandonné sa lecture.

    Là commence une conversation qui passe de Ronsard à Nietzsche, on vilipende Malherbe, le temps de s’extasier sur Racine et le libraire finit par poser la question : Qui êtes-vous ? 

    Et la réponse simple du client :  un poète allemand.

     

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                      Rainer Maria Rilke  © dessin de Christian Serrano

     

    Et voilà qu’arrive un autre client. Quelle guigne, mais non simplement la conversation s’élargie.

    Alors c’est l’effervescence et l’on saute allègrement de Villon à La Fontaine, Valéry et Hölderlin. On évalue les qualités des traductions.

    Parfois il y a dissension entre le poète, le libraire et le nouvel arrivant et cela donne lieu à des échanges enflammés. On finit pas se retrouver autour d’une poularde et d’une bouteille de champagne

    Un poète qui n'est autre que Rainer Maria Rilke, un historien, Monsieur Augustin le libraire et Lucien Herr bibliothécaire de l’Ecole Normale supérieure ……C’était dans le Paris de 1924. 

     

    Le livre de Carl Jacob Burckhardt a un charme certain et un peu suranné. Ce texte est complété par des « Souvenirs de Rainer Maria Rilke » 

     

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    Le livre : Une matinée chez le libraire - Carl Jacob Burckhardt - Editions l’Anabase 1994

  • Lire, écrire - Paul Willems

    Des mots, toujours des mots, encore des mots...

     

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    Un livre en deux parties, une consacrée à la lecture et une à l’écriture.

    Les plus belles pages à mon goût sont consacrées à la lecture. C’est superbe et il est difficile de ne pas transformer ce billet en une longue page de citations choisies.

     

    Dans ces pages pleines de lumières Paul Willems nous fait cadeau, car c’est un cadeau, de sa façon de lire, lire au lit, un grand classique, mais surtout lire en train

    « Voilà plus de trente ans que je prends tous les jours l’omnibus à Hove, près d’Anvers, et que je descends à Bruxelles. Quarante minutes de solitude protégée par la foule des voyageurs et rythmée par les roues sur les rails »

    Il ne parle avec personne car « Tous les matins je glisse un livre dans ma serviette. À ce geste, je sens déjà monter en moi la joie de la lecture. »

    Quand il lit il se transporte loin et peut par l’imagination « aller au bois de Boulogne où Odette de Crécy passe au grand trot de ses chevaux. »

    Mais le lieu plébiscité c’est la bibliothèque du domaine de sa famille, Missembourg , sa mère a écrit sur ce domaine, son étang, ses bois. Dans la bibliothèque « le temps est immobile » Là Paul Willems lit « les pieds aux chenets » et tente de retrouver « les traces du temps » qui ont été déposé entre les pages, languettes de papier jauni, trèfles à quatre feuilles ou encore « ces fleurs cueillies un soir d’été, et qui laissent une auréole jaune sur la page »

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                         Le domaine familial 

     

    La seconde partie s’attache à l’écriture et on y retrouve les mêmes thèmes que chez Claude-Edmonde Magny

    La douleur de l’enfantement n’est pas absente « Ce n’est pas la page blanche qui donne le vertige, c’est la page noircie, souillée de mots.  »

    Le thème de l’effort permanent que Willems se retrouve chez ses écrivains préférés 

    « L’effort est immense. Les plus grands écrivains y ont sacrifié leur vie. Balzac et Proust ont succombé au travail. Kleist, Nerval et Artaud se sont suicidés. D’autres se sont systématiquement détruits comme Rimbaud  » 

     

    Le doute ici aussi « L’acte d’écrire est dangereux parce qu’il fait douter de soi. » mais pour autant écrire est un acte vers lequel on est poussé par une force irrépressible un acte « mû par le désir, la peur, l’inquiétude, la joie, la colère ou par la nostalgie de l’horizon »

     

    En cinquante pages Paul Willems nous livre son paradis et son enfer ! Ami lecteur si tu as aimé les pages de Proust sur la lecture, ce livre est pour toi, le livre idéal pour commencer une année de lecture.

     

    L’auteur : Paul Willems est un dramaturge Flammand qui écrit en langue française, il est le fils de Marie Gevers poète belge de la première moitié du XX ème siècle. Lisez le billet de Tania pour en savoir plus.

     

     

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    Le livre : Lire, écrire - Paul Willems - Editions Fata Morgana 

  • Lettre sur le pouvoir d'écrire - Claude-Edmonde Magny

     

     Des mots, toujours des mots, encore des mots...

     

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                        « Nul ne peut écrire s'il n'a le coeur pur  » 

     

    Ce tout petit livre qui est dans ma bibliothèque depuis 1993, était épuisé depuis longtemps. Les éditions Flammarion ont l’excellente idée de le rééditer, il sortira fin d’août. 

     

    1943. Un jeune homme qui a fui la dictature espagnole se sent invité par l’écriture. Cet homme c’est Jorge Semprun « la langue française est devenue  ma seconde patrie  » dit-il mais il se sent des scrupules et a des doutes sur sa vocation littéraire.

    Une aide et des réponses à ses questions, à sa quête,  vont venir sous la forme d’une lettre, d’une femme, critique littéraire, Claude-Edmonde Magny. 

     

    Que dit-elle dans sa lettre ? 

    Elle dit la foi qu’elle a en la valeur des livres, une foi « tenace ».

    Elle se désole de ces écrivains qui n’ont qu’une hâte c’est en avoir fini avec l’acte d’écrire, de « soupirer vers l’instant où l’on sera , enfin, par delà les mots. »

    Elle met en garde contre l’impression de simplicité de l’acte d’écrire, par exemple croire à la lecture de Laura Malte Brigge « que Rilke n’a eu qu’à y verser telles quelles les angoisses qu’il avait éprouvées à se promener dans les rues de Paris »

    Elle le met en garde envers toute facilité qui peut venir à celui doté d’un trop grand talent, car écrire nécessite un engagement, écrire c’est « se rattacher en quelque façon que ce soit à ce qu’il y a d’essentiel en vous. »

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                                    « La magnificience de Balzac »   

                          

    Cette lettre ne renferme pas uniquement des conseils.

    C’est à une belle balade en littérature que Claude-Edmonde Magny convie le futur écrivain, elle va lui fournir les armes à « une offensive vers la création littéraire » Elle se fait aider par Balzac, Kafka,DH Lawrence, Gide, Cocteau et Proust.

    Ses convictions, ses préférences éclatent à chaque page « Ecrire est une action grave, et qui ne laisse pas indemne celui qui la pratique. » Avis aux amateurs !!!

     

    Cette lettre ne parviendra qu’en 1945 à Jorge Semprun lorsque qu’il rentrera de Buchenwald et qu’il ira frapper à la porte de Claude-Edmonde Magny.

    Cette lettre le suivra partout, mais, pour survivre alors, il choisira de s’éloigner de l’écriture, pourtant la lettre restera pour lui « le seul lien, indirect, énigmatique, fragile, avec celui que j’aurais pu être : un écrivain » 

    L’oeuvre que Semprun écrira ensuite fut une belle réponse à Claude-Edmonde Magny. 

    C’est un texte tout de passion et de sincérité. Un petit livre dont on a aucune envie de se défaire une fois lu. Faites lui une place dans votre bibliothèque.

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    Le livre : Lettre sur le pouvoir d’écrire - Claude-Edmonde Magny - Editions Climats 1993 ou Flammarion 2012

  • Le web Rousseau

    Un petit complément au billet précédent 

    Pour les amateurs  le lien vers le blog de la

    Société des amis de Jean Jacques Rousseau 

    et celui du blog du tricentenaire 

     

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    Vous pouvez aussi faire un détour par la ville de Genève qui honore Rousseau et ses promenades 

     

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    L'académie de Grenoble vous propose un DVD et des pages de documentation et des conférences en ligne

     

     

    Et si vous voulez connaitre les CD audio des oeuvres de Rousseau allez voir ce site et lisez mon prochain billet 

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    Merci à Autour du puits pour les liens vers deux interviews de l'auteur de La croisée des errances

     

    Filigranes.tv, Lionel Bourg, "La croisée des errances", La Fosse Aux Ours, Partie 1

    from Filigranes Tv on Vimeo.

     

    Filigranes.tv, Lionel Bourg, "La croisée des errances", La Fosse Aux Ours, Partie 2 from Filigranes Tv on Vimeo.

  • Transsibérien - Dominique Fernandez

    A travers la steppe 

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    « L’expérience du Transsibérien abolit toute distinction entre soi et le monde, par une dilatation de l’individu à l’infini » 
     

    J’avoue, j’ai un faible pour Dominique Fernandez, son Tolstoï m’a beaucoup plu et j’ai craqué pour son dernier livre : Transsibérien.

    Il faut dire qu’en le feuilletant en librairie que suis tombée sur cette phrase « Ce récit, je m’en excuse, sera farci de lectures et relectures » ce qui fut une incitation très forte.

    En 2010 Dominique Fernandez a participé à un voyage dans le cadre de l’Année Franco-Russe, un voyage mythique en Transsibérien.
    Avec une pléiade d’autres auteurs et journalistes, à bord de wagons aux couleurs des deux pays.

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    « Le Transsibérien quitte chaque jour Moscou, gare de Iaroslavl, à 16H50 »  le bout du voyage est sur la quai de Vladivostok quelques 9000 km plus tard. 

    L’auteur se fixe quelques règles pour ce journal de voyage : pas question d’être « aveugle et bêtement enthousiaste » mais rester vigilant, observer, s’interroger, critiquer si nécessaire mais à la manière d’un amoureux de la Russie. 

    L’auteur a prévenu, les références littéraires seront nombreuses, l’occasion pour le lecteur de se plonger dans un bain de littérature russe de Tchekhov en route pour Sakhaline, Dostoïevski en route pour la Maison des morts, en passant par Tolstoï et ses récits du Caucase ou Gorki, celui des récits d’enfance, avant qu’il encense la construction du Belomorkanal

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    C’est aussi le voyage vers le Goulag de Chalamov ou Soljenitsyne car « Très rare sont les ouvrages qui parlent d’une autre Sibérie que celle des prisons, des camp, des travaux forcés ».

    Mais la Sibérie c’est aussi l’aventure, la toundra glacée, l’impétuosité de l’Ienisseï, le « silence du Baïkal » ou le fleuve Amour.

    Les étapes du voyage sont une litanie de noms qui font rêver : Nijni-­Novgorod, Ekaterinbourg, Omsk, Novossibirsk, Irkoustk, Krasnoïarsk.........

     

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            Irkoutsk et ses maisons de bois

     

    « Des rivières, des tourbières, des étangs coupent l’immense forêt. Pas une maison, pas un homme, pas une automobile, pas un animal. Un monde s’étend devant nous, aussi neuf qu’à son origine La plaine, les arbres, le ciel, toujours la plaine, toujours les arbres, toujours le ciel, dans une suspension du temps qui ouvre la porte sur l’éternité ».

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    La Bouriatie

    A chaque étape, voyage officiel oblige, c’est une succession de réceptions en fanfare, de dîners, de rencontres plus ou moins contraintes avec des russes, de spectacles, de visites, de conférences.

    Les conditions matérielles sont très bonnes comparativement au voyageur lambda, une provodnitsa à leur service exclusif pour assurer la vie à bord, cette employée est chef du samovar qui trône en tête de wagon toujours prête à délivrer les verres, le thé, le sucre et faire abaisser les marches du wagon à chaque arrêt.

     

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    une provodnitsa

     

    La traversée occasionnelle du wagon de troisième classe remet les pendules à l’heure russe, l’inconfort réservé au « prolétariat d’esclaves » soulève l’indignation de Dominique Fernandez.

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    une page de pub 

    Au gré des étapes et visites organisées on passe d’un conservatoire de musique à une représentation du Barbier de Séville à l’Opéra dEkaterinbourg, on apprend que Rudolf Noureev est né dans un wagon du Transsibérien. Parfois les visites sont décevantes et les rencontres ou les échanges avortés. Mais il y a aussi des moments de grâce comme cette rencontre avec des lycéens qui se livrent à un jeu littéraire franco-russe à faire pâlir d’envie n’importe quel enseignant. 

    Moment d’émotion que celui où Irina une des accompagnatrices russes lui propose « d’aller déposer des fleurs au pied du monument élevé à la mémoire du poète Ossip Mandelstam » c’est la dernière image qu’emporte Dominique Fernandez, la statue de celui qui écrivait

    « Fourre-moi plutôt,  comme un bonnet, dans la manche de la chaude pelisse des steppes sibériennes ».

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    j’ai aimé ce voyage mais je n’ai pas tout à fait tout dit. Si la littérature russe est largement présente la française ne l’est pas moins et de Théophile Gautier à Balzac , d’Alstophe de Custine à Alexandre Dumas, nombreux sont les français qui ont écrit sur cette Sibérie. Il invite aussi à la lecture d’Andréï Makine le sibérien le plus français qui soit. 

    En vrai amoureux de la Russie l’auteur rend le voyage passionnant, deux carnets de photos accompagnent parfaitement le texte. 

     

    Vous vous dites peut-être qu’il y a un grand absent dans toutes ces évocations, LE héros de la Sibérie, le courageux, le téméraire Michel Strogoff ...ce n’est pas un oubli, ce sera pour la prochaine étape.

     

    Le Livre : Transsibérien - Dominique Fernandez - Photographies de Ferrante Ferranti - Editions Grasset 2012