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Lecture - Page 11

  • Vie du lettré - William Marx

    Vie du lettré - William Marx - Editions de Minuit
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    « Qu'est-ce qu'un lettré ? Quelqu'un dont l'existence physique et intellectuelle s'ordonne autour des textes et des livres : vivant parmi eux, vivant d'eux, employant sa propre vie à les faire vivre et, en particulier, à les lire. »


    Vous voici au coeur du sujet de cet essai passionnant et non dénué d’humour. En vingt quatre courts chapitres, accompagnés comme il se doit pour le livre d’un lettré, d’une bibliographie et de notes savantes, ce livre se lit d’une traite avec le sourire et crayon en main.

    William Marx vous invite à mieux connaître « Le Lettré » , de sa nourriture à son jardin, de sa sexualité à sa religion et de sa naissance à sa mort, en passant par les couronnes de laurier qu’il peut recevoir, par les querelles dont il peut parfois se délecter.
    Dans chaque chapitre un invité, de Kant à Quintilien, de Freud à Pétrarque ou Marie de Gournay.
    L’auteur alterne citations et anecdotes, ironie (auto-dérision ?) et admiration manifeste.
    « Le miroir ici proposé se veut plus fidèle. Tu y trouveras, lecteur, diverses figures de lettrés à travers les âges, les lieux et les cultures, et pourras même t'y reconnaître.»


    Nul besoin d’être universitaire pour lire et apprécier cet essai, privilège de l’érudition l’auteur parvient à vous rendre le temps d’une lecture plus cultivé et plus intelligent.

    C’est un essai brillant qui trouvera place dans votre bibliothèque.


    L'auteur

    w marx.jpgWilliam Marx, né à Villeneuve-lès-Avignon en 1966, a enseigné la littérature aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs universités françaises, notamment à Vincennes - Saint-Denis (Paris-VIII) et à la Sorbonne (Paris-IV). Ancien élève de l'École normale supérieure, il est actuellement professeur de littérature française et comparée à l'université d'Orléans et membre de l'Institut universitaire de France. Sa réflexion porte essentiellement sur l'histoire des discours critiques et des théories esthétiques. (source Editions de Minuit) Photo © Hélène Bamberger

     

  • In mémoriam - Stéphane Audeguy

     

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    In Memoriam - Stéphane Audeguy - Editions Le Promeneur Gallimard

    Je ne sais pas d’où me vient le goût pour les petits livres, peut être l’âge venant la taille et le poids du livre prennent une importance excessive.
    Longtemps les sagas à multiples personnages m’ont enchantée, les gros pavés avaient ma faveur, et telle « La Femme en train de lire » de Rembrandt je me colletais avec des volumes épais et lourds.

     

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    Les goûts en lecture changent comme le reste et chez moi ils vont vers le frêle, le léger, c’est un art difficile de retenir le lecteur avec peu de mots, certains s’y essaient et rendent coquille vide, d’autres au contraire enchantent, c’est le cas de Stéphane Audéguy.

    Petit volume donc dans la collection « Le Promeneur », l’auteur s’est adonné dans la joie j’espère à des recherches pointues et nombreuses (une centaine) pour savoir au détail près comment meurt les grands hommes et les autres.
    Des personnages célèbres et de parfaits inconnus  sont passés en revue. Savants, hommes politiques, écrivains, musiciens  tous y passent et non content de s’en prendre aux humains Stéphanie Audeguy s’occupe aussi de la gente canine.
    Parfois l’auteur triche un peu et nous n’assistons pas  à la mort mais à ses préparatifs ou à ses suites.

    Mort romantique qui tire des larmes ( Adrienne Lecouvreur) mort méritée mais difficile (Raspoutine) mort cannibale (Capitaine Cook)  mort bête ( Tennesse Williams) ou mort familiale ( Marvin Gaye).
    Deux exemples : Le cercueil de Flaubert  trop grand pour prendre place dans le trou réservé, ou bien le pied de nez du hasard faisant porter le cercueil de Wagner antisémite notoire par deux juifs.

    Vous l’aurez compris Stéphane Audeguy a fait un livre cocasse, drôle, parfois féroce ; de pierres tombales en cercueils de cérémonies en dernières paroles, d’épitaphes en dernier souffle, on se régale et on rit beaucoup.« C'est le livre le plus léger et le plus gai que j'ai lu depuis longtemps » dit Frédéric Ferney.

     

     

  • Promenades sous la lune

    promenades-sous-la-lune,M14817.jpgPromenades sous la lune - Maxime Cohen - Editions Grasset

    C’est à une conversation de bon ton que nous convie Maxime Cohen, mais attention une conversation de haute tenue, rien de vulgaire, rien de plat non.
    D’ailleurs il n’évite pas les sujets qui fâchent, il a parfois la dent dure et les jugements définitifs mais en ami patient et talentueux il sait vous prendre par la main et vous balader de chapitre en chapitre.

    Question chapitres il y a le choix, ils sont courts mais variés : de Cicéron à Stendhal, d’Aristote à la bibliothèque de Leibnitz, de l’imparfait du subjonctif à Machiavel, des potages aux pipes à tabac.
    Un chapitre nous propose d’ailleurs une méthode de lecture de ce livre, soit la façon sage et appliquée d’une lecture suivie, soit l’allure plus libre d’un lecteur qui grapille, qui pillote dirait Montaigne, selon ses désirs.

    Rassurerez vous rien de pédant là dedans car l’érudition de Maxime Cohen est mâtinée de volupté aussi les pages consacrées au vin, à la cuisine sont nombreuses l’auteur goûtant fort les métaphores culinaires.

    Le style est celui de l’érudit mais un érudit qui manie l’ironie avec talent et légèreté suffisamment pour que sa formidable culture ne pèse pas sur le lecteur, une grande élégance d’écriture, un ton très libre et parfois un brin d’irrévérence mais cette irrévérence est là pour nous dire toute son admiration mais il admire et ne révère pas, ses éloges sont d’autant plus précieuses.

    Un bémol pourtant pourquoi mettre autant de notes de bas de pages, les faire aussi longues ? Dans un des chapitres la longueur des notes dépassent celle du texte !!! En la matière l’abondance nuit.

    J’ai eu l’impression d’être l’invitée de Maxime Cohen et sans quitter mon fauteuil j’ai fait une longue promenade de siècle en siècle, j’ai été invitée dans sa bibliothèque à rencontrer ses amis.

    Maxime Cohen pratique l’écriture « à sauts et à gambades » à la manière de Montaigne auquel il ne détesterait pas être comparé.
    J’affectionne ce genre de livre, ceux où les chapitres sont courts, les avis tranchés, livres au désordre apparent mais dans lesquels on vient longtemps butiner, retrouver un jugement péremptoire ou une anecdote.

    J’avais aimé Les enfants de Saturne de Jean Paul Enthoven, Lire comme on se souvient de Jean Mambrino, Charles Dantzig et son Dictionnaire égoïste de la littérature le livre de Maxime Cohen va trouver place à côté d’eux dans ma bibliothèque.


  • Dix ans dix livres

    DSCN0575.jpgMon carnet de lecture est plein, acheté il y 5 ans dans une petite ville d’Ombrie dont j’ai oublié le nom, il est magnifique, du cuir superbement travaillé, un papier ivoire, épais et filigrané. Bref une petite merveille.
    Le précédent était plus simple, italien aussi ( on trouve des merveilles dans les boutiques d’Italie en matière de papier) avec une couverture de papier marbré et des pages lignées.

    Les précédents hélas ont disparus dans des déménagements multiples et dévastateurs.

    Ces deux carnets sont pleins et il faut donc en commencer un nouveau.
    Les cadeaux de Noël qui touchent le plus sont ceux que vous attendiez sans le savoir, j’ai reçu un agenda personnalisé pour 2009, il est superbe et mérite beaucoup mieux que le rendez vous chez le dentiste ou les plantes vertes à arroser, je vais le transformer en carnet de lecture pour lui donner une vie digne de son allure.

    En feuilletant les anciens carnet et l’Art des listes m’ayant stimulé, j'ai eu envie d'en extraire la substantifique moelle et après l’épreuve douloureuse de l’élimination voici les 10 meilleurs livres de ces 10 années.

    Il est facile d’éliminer des titres dont il ne reste rien, ni la trame, ni le nom des héros, mais beaucoup de livres sont d’excellents souvenirs, par la personne qui m’a fait ce cadeau, par celui ou celle qui m’en a parlé, par le plaisir de la découverte inattendue...et par la qualité du livre. Choix simple pour ceux retenus mais parfois douloureux pour éliminer.

    Carnet de lecture 1998/2008

    Les Disparus - Daniel Mendelsohn
    Pour la quête du passé qui dévide l’écheveau de l’histoire, pour la restitution par l’auteur à travers les personnages de sa famille de la mémoire de personnes empêchées de témoigner, parce qu’il fouille les souvenirs des témoins avec compassion et dignité...
    Un très très grand livre,  le meilleur livre de ces 10 dernières années.

    Le Temps des offrandes - Patrick Leigh Fermor
    Le plus grand récit de voyage, celui qui vous transporte au sens littéral et figuré du terme, j’ai eu froid, dormi dans les granges, j’ai parcouru les rues de Vienne avec lui et découvert la vie des châteaux de l’Europe centrale aujourd’hui disparus. Ce livre relu pratiquement chaque année est un grand bonheur de lecture.
    « Le journal de marche de Patrick Leigh Fermor est à ranger au rayon des chefs-d'œuvre de l'humanisme nomade. » Nicolas Bouvier

    Pastorale américaine - Philip Roth
    Parce que le récit de Roth est celui de la faillite du rêve américain, de l’effritement des rêves d’un homme, la fuite de la réussite. Le destin de cet homme bon, juste et droit vole en éclat. C’est son désarroi qui m’a touché à la lecture et qui me touche toujours 10 ans après.

    Si c’est un homme - Primo Levi
    Parce que ce récit fait partie des livres à faire lire à nos enfants et petits enfants pour ne pas oublier.
    Parce que je ne peux pas le prendre en main sans ressentir une douleur profonde, tout simplement humaine.

    Le Temps où nous chantions - Richard Powers
    Parce que l'auteur parle magnifiquement de l'appartenance à une communauté, des rapports familiaux, des préjugés et de la haine. Un splendide roman porté par la majesté et l'universalité de la musique

    L’Usage du monde - Nicolas Bouvier
    Parce que "Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le
    plus sûr" ...Il n'y a rien à ajouter.

    La Route du retour - Jim Harrison
    Parce que c’est le meilleur livre de Jim Harrison, , les grands espaces, l'ouest, les indiens, les chevaux et les forts sentiments. Une fresque épique et poétique à la fois. bref une merveille....

    La Ferme africaine - Karen Blixen
    Pour l’Afrique sous l’oeil passionné de Karen Blixen, le courage d’une femme hors du commun. Pendant longtemps je n’ai pas voulu voir le film j’avais tort, il rend justice au livre.


    Le Monde d’hier - Stefan Zweig
    Pour la Vienne 1900, pour l’âge d’or de la culture européenne, pour la description d’un monde en train de disparaître, par admiration pour un homme que la barbarie n’a poussé ni à la haine ni à la violence mais au suicide.

    Et le dixième..

    En lieu sûr - Wallace Stegner
    Pour l’idéalisme de la jeunesse, l’amitié, les ambitions littéraires, les imprévus de la vie, l'expérience, la vie qui passe. La tendresse et la délicatesse sont présentes dans toutes les pages.

     

     

     

     

  • Vous avez dit bibliothèques

    Deux livres de plus sur vos étagères me direz-vous, oui mais deux petits formats, minces et légers.
    Pour savoir si ces livres sont faits pour vous répondez au questionnaire qui suit :

    Chez vous les livres ont-il pris d’assaut toutes les pièces mêmes les plus « petits coins » ?
    Vous arrive-t-il de racheter un titre déjà en votre possession parce que la traduction est meilleure ?
    Préférez vous offrir un livre plutôt que de prêter votre exemplaire
    Vous arrive t-il de ne pas retrouver un livre parce que le classement de votre bibliothèque change au gré de votre humeur et de vos curiosités ?
    Avez-vous peur de mourir dans votre sommeil, enseveli sous votre bibliothèque ?

    Gardez vous les éditions de vos premières lectures même lorsque l’exemplaire est hors d’usage ?

    je ne répondrais qu’à la dernière question sous peine de de voir ce billet atteindre une longueur insupportable.
    Je garde de vieux livres de poches craquants de vieillesse, dont il faut tourner les pages avec une prudence inouïe sous peine de les voir partir en poussière, mais c’est là que j’ai pour la première fois découvert Anne Franck et son Journal, le Silence de la mer ou entendu rugir le Lion de Kessel, impossible de m’en séparer le temps du maigre argent de poche étant passé mon vieux Lion voisine dorénavant avec l’édition brochée mais garde sa place dans mon panthéon de lectrice.

    Si faites vous partie de la confrérie des fous de livres, des malades de lecture, des lecteurs impénitents, ces deux livres sont pour vous.

    Ces deux auteurs chacun à leur manière nous offre un précis qui pourrait s’intituler «  vivre avec les livres » à travers des textes courts et rassemblés pour l’occasion, vous y serez immédiatement en pays de connaissance.

    Enis Batur nous invite dans des bibliothèques célèbres mais aussi dans celles disparues aujourd’hui, brûlées, pillées et à jamais détruites.
    Alberto Manguel qui signe la préface « d’une bibliothèque l’autre » reconnait en Enis Batur un « alter ego » en lecture.

    Jacques Bonnet vous dira tout sa façon de classer les livres ou ....d’y renoncer parfois, de sa crainte de mourir enseveli sous les livres, de sa manie d’écrire dans les marges avec des crayons différents à chaque lecture.

    Un même thème se retrouve dans les deux livres : celui de la perte d’une bibliothèque, perte accidentelle ou volontaire, lors d’un incendie ou tout simplement parce que le possesseur décide de la vendre ( pour la racheter à prix d’or aussitôt après ...on ne se refait pas)

    Je pratique la lecture par ricochets ou comme le dit Jacques Bonnet, « par cercles concentriques de plus en plus larges » celle qui vous entraîne à noter tous les titres rencontrés chez un auteur apprécié et je suis sortie de là avec une liste de livres à lire ABSOLUMENT. Comment ne pas se sentir en pays ami ?

    Ce sont deux livres joyeux, vivants, vous y reviendrez régulièrement, rencontrer plus fou que soi a un côté très rassurant, faites leur une place dans votre bibliothèque.

    Extrait « Des bibliothèques sont pleines de fantômes »
    « Dans chaque livre ouvert pour la première fois, il y a un aspect « coffre-fort forcé ». Oui c’est exactement cela, le liseur frénétique est comme un casseur ayant passé des heures et des heures à creuser un souterrain pour parvenir à la salle des coffres d’une banque ».

    Extrait« D’une bibliothèque l’autre »
    Cette bibliothèque est un gigantesque sablier; voilà un certain temps que cette conviction s’est ancrée en moi. Lentement depuis ses plus hauts rayonnages, s’écoule un sable fin qui me remplit peu à peu. Les yeux posés sur ces étagères qu’un incessant flux de nouveaux livres vient nourrir, je prends conscience qu’il ne me restera plus assez de temps à leur consacrer.

    Les Livres

    Enis Batur, D’une bibliothèque l’autre - Traduit du turc par François Skvor - Edition Bleu autour.
    Jacques Bonnet - Des bibliothèques pleines de fantômes - Denoël