Deux livres de plus sur vos étagères me direz-vous, oui mais deux petits formats, minces et légers.
Pour savoir si ces livres sont faits pour vous répondez au questionnaire qui suit :
Chez vous les livres ont-il pris d’assaut toutes les pièces mêmes les plus « petits coins » ?
Vous arrive-t-il de racheter un titre déjà en votre possession parce que la traduction est meilleure ?
Préférez vous offrir un livre plutôt que de prêter votre exemplaire
Vous arrive t-il de ne pas retrouver un livre parce que le classement de votre bibliothèque change au gré de votre humeur et de vos curiosités ?
Avez-vous peur de mourir dans votre sommeil, enseveli sous votre bibliothèque ?
Gardez vous les éditions de vos premières lectures même lorsque l’exemplaire est hors d’usage ?
je ne répondrais qu’à la dernière question sous peine de de voir ce billet atteindre une longueur insupportable.
Je garde de vieux livres de poches craquants de vieillesse, dont il faut tourner les pages avec une prudence inouïe sous peine de les voir partir en poussière, mais c’est là que j’ai pour la première fois découvert Anne Franck et son Journal, le Silence de la mer ou entendu rugir le Lion de Kessel, impossible de m’en séparer le temps du maigre argent de poche étant passé mon vieux Lion voisine dorénavant avec l’édition brochée mais garde sa place dans mon panthéon de lectrice.
Si faites vous partie de la confrérie des fous de livres, des malades de lecture, des lecteurs impénitents, ces deux livres sont pour vous.
Ces deux auteurs chacun à leur manière nous offre un précis qui pourrait s’intituler « vivre avec les livres » à travers des textes courts et rassemblés pour l’occasion, vous y serez immédiatement en pays de connaissance.
Enis Batur nous invite dans des bibliothèques célèbres mais aussi dans celles disparues aujourd’hui, brûlées, pillées et à jamais détruites.
Alberto Manguel qui signe la préface « d’une bibliothèque l’autre » reconnait en Enis Batur un « alter ego » en lecture.
Jacques Bonnet vous dira tout sa façon de classer les livres ou ....d’y renoncer parfois, de sa crainte de mourir enseveli sous les livres, de sa manie d’écrire dans les marges avec des crayons différents à chaque lecture.
Un même thème se retrouve dans les deux livres : celui de la perte d’une bibliothèque, perte accidentelle ou volontaire, lors d’un incendie ou tout simplement parce que le possesseur décide de la vendre ( pour la racheter à prix d’or aussitôt après ...on ne se refait pas)
Je pratique la lecture par ricochets ou comme le dit Jacques Bonnet, « par cercles concentriques de plus en plus larges » celle qui vous entraîne à noter tous les titres rencontrés chez un auteur apprécié et je suis sortie de là avec une liste de livres à lire ABSOLUMENT. Comment ne pas se sentir en pays ami ?
Ce sont deux livres joyeux, vivants, vous y reviendrez régulièrement, rencontrer plus fou que soi a un côté très rassurant, faites leur une place dans votre bibliothèque.
Extrait « Des bibliothèques sont pleines de fantômes »
« Dans chaque livre ouvert pour la première fois, il y a un aspect « coffre-fort forcé ». Oui c’est exactement cela, le liseur frénétique est comme un casseur ayant passé des heures et des heures à creuser un souterrain pour parvenir à la salle des coffres d’une banque ».
Extrait« D’une bibliothèque l’autre »
Cette bibliothèque est un gigantesque sablier; voilà un certain temps que cette conviction s’est ancrée en moi. Lentement depuis ses plus hauts rayonnages, s’écoule un sable fin qui me remplit peu à peu. Les yeux posés sur ces étagères qu’un incessant flux de nouveaux livres vient nourrir, je prends conscience qu’il ne me restera plus assez de temps à leur consacrer.
Les Livres
Enis Batur, D’une bibliothèque l’autre - Traduit du turc par François Skvor - Edition Bleu autour.
Jacques Bonnet - Des bibliothèques pleines de fantômes - Denoël
Commentaires
Je ne connaissais pas ce billet.... et franchement, il vaut le détour tellement on y sent la passion au bout de ta plume ;-)
Je note les livres, bien évidemment... comment pourrait-il en être autrement?
(J'aime bien d'ailleurs le titre de J.Bonnet)
Et puis... Oh oui!... rencontrer plus fou que soi, comme c'est rassurant...
@ Macile : oui vas y celui là est pétillant d'érudition et d'humour