Deux romans, deux auteurs auprès de qui j’ai repris goût à la lecture
Il faut croire que le climat anglais est bon pour les écrivains
Mme météo sera ici dès demain
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Deux romans, deux auteurs auprès de qui j’ai repris goût à la lecture
Il faut croire que le climat anglais est bon pour les écrivains
Mme météo sera ici dès demain
La sortie du film de Martin Scorsese était l'occasion de vous parler de ce roman.
J'ai trouvé l'adaptation très bonne. Elle est fidèle au roman.
1614 au Japon, le Shogun Tokugawa décide d’expulser tous les missionnaires catholiques, les catholiques japonais sont chassés et torturés, contraints à renier leur foi.
Les prêtres se cachent et tentent d’informer leurs congrégations. Certains sont emprisonnés, torturés. On perd leurs traces.
Quelques années plus tard quatre prêtres font le projet de se rendre au Japon pour poursuivre l’évangélisation mais surtout retrouver les prêtres disparus dont on dit que certains seraient apostats ayant renoncé publiquement à leur religion.
Photos du film
1637 Sébastien Rodrigues s’embarque pour le Japon avec deux compagnons, son principal objectif est de retrouver Christophe Ferreira dont il fut l’élève appliqué à Lisbonne et qui a cessé de donner de ses nouvelles, la rumeur fait de lui un apostat, Rodrigues refuse de croire cela de son maître en théologie.
Le voyage est périlleux et une fois au Japon Rodrigues va envoyer fidèlement des rapports à sa congrégation. Des convertis les accueillent, les cachent, ils dispensent des sacrements ici ou là toujours en cachette. Mais l’aventure tourne court, arrêtés ils doivent être témoins des supplices infligés aux japonais convertis. Tous les paysans qui les ont aidés sont torturés savamment, ils meurent en martyrs, un martyr « misérable et douloureux ».
Rodrigues prend la fuite pour ne plus mettre en danger la population, mais dénoncé il se retrouve face au commissaire Inoue qui refuse le christianisme non parce que c’est une mauvaise religion mais parce qu’il n’est pas fait pour le Japon.
Alors s’engage une bataille d’idées, de conviction « un procès en persuasion » !
Lorsqu’enfin il retrouve Ferreira un autre combat commencera pour lui, sa foi vacille car Dieu reste obstinément silencieux devant les persécutions des chrétiens « Il était venu dans ce pays afin de donner sa vie pour les autres et c’étaient ces Japonais qui, un à un, donnaient la leur pour lui »
Peut-il encore croire « Dieu existait-il vraiment ? S’il n’existait pas, quelle dérision que les années de sa vie passées sur des mers sans limites à seule fin de venir semer sur cette île aride une graine menue »
photos du film
Un bon roman sur une période historique particulière de l’histoire du Japon. Sébastien Rodrigues livre un vrai combat avec sa foi et n’est pas sans rappeler Blanche de la Force l’héroïne du Dialogue des carmélites de Bernanos.
J’ai aimé découvrir les relations complexes qui ont existé entre Orient et Occident à cette époque, relations qui se sont terminées par une fermeture totale du pays aux étrangers pendant deux siècles.
Le livre : Silence - Shûsaku Endô - Traduit de l’anglais par Henriette Guex-Rolle - Editions Gallimard Folio
« La Bible coule dans mes veines » ∗
Si vous suivez ce blog régulièrement vous savez que je m’intéresse à la Bible depuis déjà pas mal de temps. Des livres résolument sceptiques jusqu’aux livres de Thomas Römer professeur au Collège de France à la chaire des Milieux bibliques.
Ruth et Booz - Frédéric Bazille
La Bible a inspiré musiciens et peintre de tous les temps et de tous les pays. Mais surtout elle est à la source de la littérature mondiale. Bien entendu si l’on pense littérature et monde, des noms arrivent aussitôt : William Blake, Dante, Milton, Victor Hugo pour n’en nommer que quelques uns.
Sylvie Parizet vient de diriger l’édition d’un dictionnaire regroupant les écrivains, les littératures, qui ont trouvé leur inspiration dans la Bible.
C’est une oeuvre colossale et magistrale, elle a fait travailler ensemble 400 spécialistes de 40 pays !
Babel est là bien entendu
Dit comme ça c’est déjà beaucoup mais si on rentre dans le détails c’est encore plus extraordinaire, les deux tomes de cette Bible dans les littératures du monde rassemble 450 écrivains qui ont droit à un article spécifique : au hasard cela va de Truman Capote à Stefan Zweig en passant par Rimbaud ou Flaubert, Borges ou Shakespeare, Joseph Roth ou Paul Celan, Faulkner ou Garcia Marquez .......
William Blake - Dieu créant Adam
Mais il y a plus dans cet ouvrage, les grands thèmes de la Bible sont présent, le Déluge ou Babel, les grands personnages : Job ou le roi David. Chacun donnant lieu à une entrée. Des synthèses par pays viennent encore enrichir cet outil de référence, ainsi se côtoient Saint Augustin et l’Autriche, Bossuet et la Bosnie, Pierre Michon et le Mexique.
Job de Jean Fouquet
Je ne vais pas vous faire croire que j’ai lu cet ouvrage en totalité avant de faire ce billet, non mais j’ai déjà pas mal grapillé.
J’ai cherché au fur et à mesure que je pensais à un écrivain, à un livre, à un poème, j’ai vérifié : est-il là dedans ? et bien oui jusqu’à maintenant j’ai trouvé à leur place Robinson Crusoé ou plutôt Daniel Defoe, le Booz de la légende des siècles, Zola et le jardin paradisiaque de l’abbé Mouret ou à l'Est d’Eden de Steinbeck.
J’ai aimé aussi la tonalité très oecuménique de cet ouvrage, s’y mélangent des auteurs de toutes les religions et même certains qui n’en ont aucune.
Il n’y a qu’un bémol, c’est le coût de cet ouvrage mais il est appelé à être je pense l’ouvrage de référence sur le sujet et ceci vaut bien cela.
∗ Jorge Luis Borges
La notice de présentation complète
Le livre : La Bible dans les littératures du monde - Sous la direction de Sylvie Parizet - Editions du Cerf
Quand l’Histoire fait le buzz
Avant de vous décider à acheter ou emprunter ce livre vous avez le choix entre deux types de critiques : soit l’on estime que cet ouvrage est « le fossoyeur du grand héritage français » dixit Alain Finkielkraut notre homme en vert, soit qu’il soit là pour « déplacer, dépayser, et élargir notre histoire » dixit Patrick Boucheron.
Je dois avoir un côté centriste (c’est à la mode n’est-ce pas ?) car si j’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai trouvé ici ou là quelques discours un peu trop négatifs qui tendent à culpabiliser le lecteur d’aujourd’hui, mais cela ne concerne que quelques chapitres d’un très gros livre qui reste un travail passionnant pour nous aider à regarder la France les yeux bien ouverts sur le monde et où le positif l’emporte largement.
Patrick Boucheron et l’équipe d’historiens qui l’entoure ont décidé de choisir 146 dates dans l’histoire de la France, des faits et des personnages, pour illustrer l’évolution de la nation France.On va des dessins de la grotte Chauvet aux attentats de 2015.
C’est donc une histoire que vous pouvez lire comme je l’ai fait en suivant la chronologie ou vous pouvez piocher au hasard de vos envies et de votre curiosité, chaque chapitre étant une unité indépendante avec sa propre bibliographie et un nombre limité de pages ce qui permet de rapidement se faire une idée du sujet traité.
Pour aller dans le sens de Finkielkraut il y a en effet des choses passées sous silence, la littérature est très peu présente ainsi que l’art. Mais l’ensemble est éclairant, loin des discours simplistes de certains pseudo historiens style Lorant Deutsch.
Une date : 34000 ans avant JC et ces hommes « les premiers à avoir fréquenté cette grotte, les auteurs de ses principales fresques » quelque part dans le sud de la France. Ils illustrent ce « grand art des cavernes » , inventent un langage qui aujourd’hui nous émerveille.
« brillants artistes, dont cette grotte reste le chef-d’oeuvre : avec près de cinq cents figures animales »
Des personnages : Des gaulois au Sénat de Rome en 48
On a longtemps appris que nos ancêtres et les romains n’étaient pas dans les meilleurs termes mais savez vous qu’un jour une délégation de notables venus « d’Aquitaine, de Lyonnaise, de Belgique »est allée réclamer le droit d’accéder et de siéger au Sénat ? C’est bien fait pour flanquer un coup à nos irréductibles gaulois ça !
Un homme et une ville : Troyes en 1105
La Champagne a abrité un homme d’exception qui commenta la totalité de la Bible et du Talmud. Il s’appelait Rachi et peut être « considéré comme l’un des premiers grands auteurs français »
Il passa sa vie en Champagne mais son savoir plane encore aujourd’hui dans « les synagogues du monde entier, des grandes villes américaines aux hameaux du Yemen, du Birobijian à Canberra »
La ville lui a consacré un musée.
Rachi né et mort à Troyes
Un fléau : La peste noire 1347 et des foyers aux quatre coins du monde, en Ukraine, en Chine, véhiculée par les marchands persans, arabes, grecs, vénitiens, génois. Elle interrompt même la Guerre de cent ans mais atteint les villes de France plutôt que les campagnes. Elle fit aussi d’autres sortes de morts comme les 2000 juifs victimes d’un pogrom à Strasbourg, il fallait bien trouver un bouc émissaire.
Une ville : Dunkerque 1662
Une ville sur laquelle Louis XIV met la main alors qu’elle était jusque là un repaire de corsaires, un nid d’espions hollandais et anglais, bref un port très cosmopolite.
Vous le croyez français Jean Bart ? non corsaire flamand
1825 et la première intervention humanitaire de la France et la première réflexion sur le droit d’ingérence. Vous avez devinez ? oui rappelez vous
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?
Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
Theodoros P. Vryzakis, Missolonghi
1917 : pendant que la Première Guerre fait rage, en Nouvelle Calédonie la révolte des Kanaks vient rappeler que ces français malgré eux refusent d’aller se battre pour la France en Europe. Colère que les Kanaks mettront en mots grâce à des « poésies-récits ».
1954 et l’appel de l’abbé Pierre « le pays se mobilise pour venir en aide aux mal-logés. Le retentissement est international »
Il y a encore cette histoire d’un tailleur de pierre qui s’en va en Suède en 1287 pour construire la cathédrale d’Uppsala ou Dominique Vivant Denon cherchant à soustraire aux armées et pays d’occupation les oeuvres dont Napoléon avait enrichi le Louvre. Le Nobel de Marie Curie ou la loi de 1927 facilitant l’accession à la nationalité française et qui me fait me souvenir de la lecture d’Adieu Volodia de Simone Signoret.
Ce ne sont que quelques exemples par forcément les plus importants mais parmi ceux qui m’ont plu ou qui ont attiré mon attention ou des sujets que je ne connaissais pas du tout.
Certains chapitres m’ont moins plus, par exemple celui sur Jean Calvin non que l’homme n’est pas important, mais l’affublé du terme d'« humaniste » me semble bien erroné quand on pense à Michel Servet qu’il envoya au bûcher ou à Sébastien Castellion qu’il accula à la misère.
J’ai eu quelques tiraillements aussi en lisant le chapitre sur la Terreur dont l’auteur semble dédouaner un peu vites les révolutionnaires de l’époque.
Pourtant dans leur grande majorité les articles sont intéressants, riches. Ils offrent une excellente synthèse en peu de pages, libre ensuite au lecteur d’aller parfaire son information.
Le portrait de la France qui ressort est plus bigarré, plus métissé que celui qui prévaut dans beaucoup de livres.
C’est une Histoire qui interroge, qui relance la réflexion, qui agace parfois mais qui toujours nous met en demeure d’élargir notre point de vue et rien que pour cela j’ai fait une place à ce livre dans ma bibliothèque, il va aller rejoindre le Petit Mourre qui lui répond à de toutes autres questions, ils se complètent bien.
Le livre : L’histoire mondiale de la France - Sous la direction de Patrick Boucheron - Editions du Seuil
Ma frénésie de lecture est revenue, du coup je n’ai pas hésité et je me suis plongée dans des pavés ENORMES je vous laisse des indices.
Un livre d’histoire bien gros et bien lourd
et une histoire littéraire genre tour du monde.
« Clément Marot a ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe passé...Je pense que c’est le deuxième qui a fait le plus de ravages ! »
Vous aimez l’aquagym ? non, aïe ... Alors vous aimez l’orthographe ? NON, alors là je ne peux plus rien pour vous étant donné que voilà un livre qui rassemble aquagym et orthographe.
J’avais déjà profité ainsi de la Poésie du gérondif qui m’avait beaucoup amusé et bien j’ai récidivé avec le livre de Muriel Gilbert, correctrice au journal Le Monde qui confesse ses penchants de dompteuse de mots.
Le vocabulaire je n’ai pas trop de problème mais la grammaire, là, je bute parfois et je m’évertue à réciter tout haut devant mon écran la règle en question surtout que mes doigts sur le clavier sont plus rapides que mon cerveau parfois.
Muriel Gilbert fait la chasse non seulement aux fautes d’orthographe mais aussi aux tournures fautives, aux pléonasmes, à l’utilisation de prolixe à la place de prolifique, aux fautes de ponctuation, à l’orthographe des noms propres etc. (vous remarquerez que je n’ai pas mis trois petits points après etc, merci Muriel Gilbert grâce à vous je me ridiculiserai un peu moins)
Un livre drôle dans lequel elle nous retrace son parcours professionnel avec un millier d’anecdotes, tenez par exemple : comment écrivez-vous b....... aux corneilles ? là je dois le dire je me suis plantée. lamentablement.
enfin je n'en suis pas là ...quand même !
Vous irez sans doute vérifier la liaison fautive d’Eddy Mitchell dans une de ses chansons que bien entendu vous n’aviez jamais remarquée. Remarqué ou remarquée ? vous saurez tout tout tout sur l’accord du participe passé. Ses règles occupent à peu près 25 pages donc tout le monde est pardonné par avance en cas d’erreur et Muriel Gilbert nous avoue que parfois il arrive aux correcteurs de modifier une phrase lorsque l’équipe du cassetin (quésaco ?) n’arrive pas à se mettre d’accord.
Je vous laisse découvrir une sombre histoire d’orignal qui m’a fait beaucoup rire.
Dur mais passionnant métier. Mais attention, car emporté par l’intérêt d’un article, le correcteur ne doit pas être lecteur. Dans ce cas là son attention se porte sur le fond et hop il peut laisser passer LA faute qui lui vaudra les foudres du public. Ceci dit vous verrez que les hommes politiques et autres énarques ne sont pas à l’abri de se ridiculiser dans un texte de l’Elysée donné à la presse !
Vous trouverez en fin de livre une bibliographie complète, il existe même un Petit livre des liaisons qui n'a hélas rien de coquin.
Amis des mots, des bonnes histoires et de l’aquagym, ajoutez ce livre à votre bibliothèque.
Le livre : Au bonheur des fautes - Muriel Gilbert - Editions La librairie Vuibert