Quelques jours loin des écrans et des claviers mais avec une petite réserve de livres
Quelques jours au pays des lacs et de la neige
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Quelques jours loin des écrans et des claviers mais avec une petite réserve de livres
Quelques jours au pays des lacs et de la neige
Rares sont les livres dont l’adaptation au cinéma éclipse presque le roman. C’est le cas de ce livre, je suis certaine que vous êtes nombreux à avoir vu le film avec Emma Thompson, Helena Bonham Carter, Anthony Hopkins et Vanessa Redgrave.
Et pourtant si vous n’avez pas lu le roman vous vous privez d’un grand plaisir.
Le film de James Ivory
Une famille d’origine allemande composée de deux soeur Helen et Margareth et d’un frère fantasque, s’est liée d’amitié avec la famille Wilcox lors d’un voyage.
Helen invitée chez les Wilcox se croit amoureuse d’un des fils, Paul, l’idylle tourne court mais provoque un bel émoi dans les deux familles.
Les soeurs Schlegel sont proches l’une de l’autre, disposant d’une fortune personnelle, elles sont intelligentes et sensibles, elles peuvent se consacrer à l’art, à la littérature, à la vie de la pensée.
Helen est l’utopiste tandis que Margareth garde les pieds sur terre.
Elles ont fait connaissance, à un concert, de Leonard Bast, jeune homme intelligent mais dont la situation sociale est bien éloignée de celle des Schlegel et dont la femme Jackie est de moeurs légères. Le destin de cet homme fait penser au personnage de Thomas Hardy Jude l’obscur.
Leonard Bast au funeste destin
Les Wilcox eux sont un peu l’opposé, ils représentent le monde de la finance, enrichi grâce au caoutchouc des colonies, ils sont avides de privilèges dus à leur rang, conformistes et étroits d’esprit.
Le chef de famille est fier de sa lignée, peu enclin aux dépenses, rigoriste quant à la morale.
Après l’idylle avortée c’est Margareth qui va nouer des liens avec Ruth Wilcox, elles partagent leurs emplettes de Noël, celle ci vante à Margareth la charmante demeure d’Howards End, une maison apportée en dote par Ruth Howard avant qu’elle soit devenue Wilcox, la maison de son enfance, où elle a grandi, et avec laquelle elle garde des liens très forts.
Howards End
A la mort de Mme Wilcox peu de temps après, son mari découvre qu’elle a écrit un mot pour léguer la maison à ....Margareth Schlegel au grand dam de la famille.
Le testament est détruit sans coup férir. Mais le hasard veille et quelques mois plus tard Henry Wilcox tombe amoureux de Margareth Schlegel.
Je m’arrête là, si vous n’avez pas vu le film inutile de vous priver des découvertes des péripéties qui suivent.
La Ferme des Forster qui a inspiré Howards End
Il faut le talent de Forster pour nous transporter dans cette société étroite, hypocrite, à la limite de la caricature. Foin des préjugés on finit par s’attacher à ses personnages malgré tous leurs défauts.
Forster frôle parfois le vaudeville mais bien vite sa patte critique et ironique revient. La façon dont la famille Wilcox se débarrasse du testament litigieux est très réjouissante.
Il peut aussi parfois teinter son récit de poésie.
Le livre :Howards End - E.M Forster - Traduit par Charles Mauron - Editions Le Bruit du temps
Ah ces anglais qui ne font jamais rien comme les autres !
Un petit tour au pays du brexit parce qu’on ne peut pas se passer de leur littérature
J’ai lu Si je reste de Gayle Forman
Voilà l’histoire :
Mia est une jeune fille de 17 ans, elle joue du violoncelle, elle a un petit ami rock star, des parents excentriques et un super petit frère. Elle à la vie devant elle.
Quand tout s'arrête à cause d’un simple accident de voiture qui bouleverse sa vie. Après l’accident elle vit comme détachée d'elle même, elle flotte, elle contemple son corps, entend tout ce qui se passe.
Transportée à l'hôpital elle voit ses proches la supplier de rester, Adam va tout tenter pour qu’elle ne parte pas, elle revoit sa vie d'avant, elle imagine son avenir si elle sort du coma, si elle reste chez les vivants.
L'actrice du film : Chloé Grace Moretz
Mon avis : Un des rare livres qui m'a fait autant pleuré. Le choix que doit faire Mia rester ou partir pour toujours.
Un livre magnifique très bien adapté au cinéma et je conseille fortement les 2, un livre selon moi à la portée des ados comme des adultes et en plus c’est en livre de poche !!
Me revoilà après quelques semaines avec un livre super mais attention préparez vos mouchoirs !
A Lourmarin
C’est parti pour une seconde chronique camusienne avec les livres qui m’ont le plus apporté, soit par la proximité de l’auteur avec Camus, soit par la richesse du propos.
J’ai dit dans le premier billet que les biographies les plus connues ne m’avaient pas enthousiasmées, celle d’Alain Vircondelet m’a plu à un détail près.
Mettons d’abord à plat ce qui m’a gêné, A Vircondelet est manifestement croyant et tente à plusieurs reprises de ramener Camus dans le giron de l’Eglise, de façon sans doute sincère mais affirmer que Camus est en quelque sorte un chrétien qui s’ignore c’est un peu trop pour moi, c’est peut être le fantasme d’Alain Vircondelet mais cela est réfuté par toutes les positions de Camus tout au long de sa vie, de ses écrits.
Bon maintenant passons au positif, Alain Vircondelet saisit de très belle façon la proximité qu’il a avec l’écrivain.
Comme Camus il eu une enfance à Alger, il fréquentait les mêmes plages, les mêmes rues, le même soleil. Le style qui emploie est d’ailleurs proche volontairement je pense de celui de Camus et c’est assez réussi
Il y a de beaux portraits, on comprend l’amour que Camus portait à cette terre, l’enfance et l’adolescence sont parfaitement détaillées avec un ton très chaleureux que j’ai aimé.
Il y a de très belles pages sur l’Algérie, sur la douleur de l’exil, son livre est centré sur cet aspect et pour cela je l’apprécie.
Tipasa
Emmanuel Roblès fut son ami de toujours, celui des bons et des mauvais jours.
Camus le premier permis à Roblès de voir ses livres édités, il fut à ses côtés lors de la disparition d’un de ses enfants, ils partageaient l’amour de l’Algérie.
Emmanuel Roblès trace un beau portrait, l’aventure du théâtre à Alger, sa collaboration au journal l’Alger républicain dont les chroniques vaudront à Camus d'être un des premiers expulsés d’Algérie. un séjour commun en Kabylie.
Roblès met l’accent sur les gestes de générosité de Camus même avec ses ennemis de papier, André Breton par exemple qui après l’avoir cloué au pilori pour un Homme révolté, vint quémander de l’aide lors d’un procès en correctionnelle, ou la phrase assassine de Jules Roy qui ne pardonnait pas son refus d’ engagement pour l’Algérie française et qui dit lors de la mort de Camus « la mort lui a finalement rendu un grand service » ! on ne peut être plus élégant !
Un petit livre qui sans être indispensable fait un beau portrait de l’écrivain et traduit bien sa fidélité en amitié.
Dans son livre Jean Daniel ne tente jamais de se faire passer pour un proche de Camus mais il est celui qui le respecte comme une sorte de père spirituel jusqu’à la fracture de la guerre d’Algérie et du refus de Camus de soutenir le FLN.
C’est le Camus journaliste qui est mis en avant ici :
« Il est vrai qu’il a désavoué la détention d’un injuste pouvoir, la tentation de distribuer le blâme et l’éloge, la difficile résistance au culte de la mode et de l’air du temps. La compétition entre les rivaux, le dénigrement transformé en système et les courtisans de tous les pouvoirs. Pourquoi ? Simplement parce que c’est aussi cela, le journalisme. »
Il a aimé le Camus qui toujours fut
« dans le camps des humiliés, des oubliés de l’Histoire »
Une belle place est faite au journaliste de Combat. C’est pour moi un livre bien équilibré, honnête, sincère et juste, qui ne masque rien des désaccords mais qui est toujours empreint de respect et d’admiration. Un très beau livre.
Camus journaliste
Enfin pour terminer le livre de Michel Onfray.
Oui oui je sais Onfray est parfois dans l’outrance, dans l’impatience, dans l’imprécation. Oui MAIS
C’est de loin le livre qui m’a le plus aidé à comprendre Camus, sa philosophie d’abord et là Onfray est excellent, même si il fait pas mal de digressions, c’est clair et riche à la fois.
On lui a reproché de faire une place trop grande au débat avec Sartre, peut-être, mais j’ai aimé que lorsqu’on aime un auteur, un philosophe, on n’hésite pas à le défendre et ses défenseurs étaient à l'époque assez peu nombreux.
Si Camus à souffert ce n’est pas d’avoir eu trop d’amis et de soutiens ! Les années noires de 1956 à sa mort, Michel Onfray s’attache à remettre en perspective le combat de Camus, sa haine du terrorisme, son refus de toute peine de mort. Il note à quel point la calomnie prit la place du débat dans ces années là.
Lettre que Camus adressa à Louis Germain son instituteur au moment du Nobel
19 novembre 1957
Cher Monsieur Germain,
J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.
Je vous embrasse, de toutes mes forces.
Albert Camus
Sans doute parce que, de mon côté, j’ai eu un père qui était très mesuré sur ce qu’il fallait faire en Algérie, je me retrouve totalement dans la position de Camus et dans l’analyse qu’en fait Michel Onfray.
J’ai apprécié les chapitres consacrés à chaque livre de Camus, son rôle de journaliste que j’avais déjà découvert avec Jean Daniel.
Bref un livre peut être un peu tonitruant mais qui sert Albert Camus, un livre auquel je reviens quand j’ai besoin d’éclaircissement sur la pensée et les positions de Camus.
Les livres
Albert Camus Fils d’Alger - Alain Vircondelet - Editions Fayard ou Hachette pluriel
Frère de soleil - Emmanuel Roblès - Editions du seuil - d’occasion ou en numériqueAvec Camus - Jean Daniel - Editions Gallimard
L’ordre libertaire - Michel Onfray - Editions Flammarion ou J’ai lu