Il y a longtemps que je veux faire une chronique sur Albert Camus. Pas pour son Nobel, pas parce qu’il est l’écrivain français contemporain le plus lu dans le monde, non tout simplement parce que j’aime sa prose, sa philosophie, son amour pour un pays, sa façon d’être fidèle à une enfance, sa reconnaissance pour ceux qui l’ont éveillé et lui ont donné la chance de découvrir ses dons.
J’ai une jolie bibliothèque Camusienne même si finances obligent je n’ai pas l’oeuvre en pléiade.
J’ai sauté sur le Quarto publié il y a quelques mois où l’on retrouve l’essentiel, avec la publication de ses carnets en folio c’est tout Camus qui vient à nous.
Au fil du temps j’ai accumulé pas mal de livres sur Camus, c’est d’eux dont je veux vous parler. Ils sont nombreux aussi je vais faire deux billets.
Tout d’abord passons rapidement sur les deux biographies officielles, sans doute les plus complètes, les mieux documentées mais, car il y a un mais, si je les ai lues avec intérêt aucune n’a trouvé place dans ma bibliothèque car elles manquent singulièrement de chair et de sang si vous me permettez l’expression. Ouvrages documentaires mais assez éloignés de ce que j’aime dans les biographies : sentir vivre l’homme.
A gauche la famille Camus, à droite le gardien de but
© Camus ou les promesses de la vie
J’ai mis dans la même catégorie le livre de souvenirs de Jean Grenier, il fut son prof au lycée et plus tard son mentor lors des premiers pas de Camus en littérature mais ses souvenirs sont largement entachés de non-dits, comment expliquer par exemple que Jean Grenier encourage Camus à s’inscrire au PCF quand dans le même temps il met la dernière main à un livre à charge contre ce même parti ? son admiration est exprimée parfois du bout des lèvres, alors que Camus malgré l’attitude de Grenier avec lui ou pendant l’occupation, ne lui a jamais compté ses remerciements. Dommage
La rue de Lyon à Alger en 1956
J’ai commencé par ce qui m’a le moins passionné, il est temps de passer aux livres qui constituent mon fond Camus auquel je reviens régulièrement.
Un tout petit livre dans lequel on trouve les lettres que Camus écrivit à un de ses amis poète, René Leynaud, celui-ci fut fusillé par les allemands. Dans ce même opuscule un petit essai d’André Comte-Sponville sur le Mythe de Sisyphe et surtout un article de Patrick Renou qui dit joliment sa passion pour Camus.
« Parfois dans une vie, il y a deux ou trois noms qui reviennent, deux ou trois êtres qu’on ne quitte pas. Je garde Albert Camus. Avec une poignée d’écrivains qui ne cessent de revenir dans ma vie. »
il a de très belles phrases comme celle-ci :
« Les livres viennent de la solitude, de la grandeur du silence, de la mesure des mots, et, dans un même tourbillon, de la vivante nudité des sentiments. Ouvrir un livre de Camus, c’est ressentir immédiatement le désir d’être un peu moins lâche, un peu moins sot »
et pour terminer
« Je dois à Camus — et c’est si peu de l’écrire — ces premiers matins du monde dans la lueur de lire. »
Un petit livre non pas indispensable mais précieux.
Si vous chercher un livre agrémenté de photos intéressantes le livre de Daniel Rondeau est fait pour vous, il ne faut pas y chercher une analyse de l’oeuvre ni même une biographie importante mais j’aime ce livre pour son ton.
Son introduction m’a ramené des années en arrière, pendant ce qu’on appelait alors, non pas la Guerre d’Algérie mais « les événements »
« Un transistor posé dans la cuisine rapportait un écho continu des événements qui se déroulaient de l’autre côté de la Méditerranée »
je me souviens des reportages radio de l’époque, je revois ma vieille marraine m’annonçant la mort du fils d’une amie à Alger, je revois mes parents suspendus à la télévision la nuit du putsch...
Famille Camus © Camus ou les promesses de la vie
Et je partage son éblouissement à la première lecture de Camus :
Tipasa
« C’était le printemps, le soleil donnait, je vivais. Quand je fermais les yeux, je respirais l’odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa, j’entendais la respiration de la mer, je nageais avec Rieux et Tarrou dans la tiédeur de l’eau, sous une caresse de lune et d’étoiles qui desservait l’étreinte de la peste. »
Daniel Rondeau a composé un livre tout en admiration, j’ai aimé les photos de la Casbah de l’époque, de la famille Camus dans le quartier de Belcourt.
Beaucoup de documents intéressants dans ce livre et des photos magnifiques, un livre où l’on apprend rien de nouveau mais où l’on sent battre le pouls de Camus.
« Il y avait chez lui, une noblesse, une ardeur serrée, une façon de voir l'éternité dans chaque instant, un mouvement naturel entre la prose et la parole qui l'ont fait grandir dans son cœur et durer dans celui des hommes. »
Dans le prochain billet 3 autres livres vous attendront ici
Les livres :
mes préférés
Albert Camus De l’absurde à l’amour - André Comte-Sponville - Editions de l’aube disponible en numérique
Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau - Editions Menges réédité en 2011
les plus connus
Albert Camus Une vie - Olivier Todd - Editions Gallimard Folio
Albert Camus - Herbert Lottman - Editions du Seuil à trouver d’occasion
Albert Camus Souvenirs - Jean Grenier - Editions Gallimard