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A sauts et à gambades - Page 95

  • Albert Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau

    Il y a longtemps que je veux faire une chronique sur Albert Camus. Pas pour son Nobel, pas parce qu’il est l’écrivain français contemporain le plus lu dans le monde, non tout simplement parce que j’aime sa prose, sa philosophie, son amour pour un pays, sa façon d’être fidèle à une enfance, sa reconnaissance pour ceux qui l’ont éveillé et lui ont donné la chance de découvrir ses dons. 

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    J’ai une jolie bibliothèque Camusienne même si finances obligent je n’ai pas l’oeuvre en pléiade.

    J’ai sauté sur le Quarto publié il y a quelques mois où l’on retrouve l’essentiel, avec la publication de ses carnets en folio c’est tout Camus qui vient à nous.

    Au fil du temps j’ai accumulé pas mal de livres sur Camus, c’est d’eux dont je veux vous parler. Ils sont nombreux aussi je vais faire deux billets.

    Tout d’abord passons rapidement sur les deux biographies officielles, sans doute les plus complètes, les mieux documentées mais, car il y a un mais, si je les ai lues avec intérêt aucune n’a trouvé place dans ma bibliothèque car elles manquent singulièrement de chair et de sang si vous me permettez l’expression. Ouvrages documentaires mais assez éloignés de ce que j’aime dans les biographies : sentir vivre l’homme.

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    A gauche la famille Camus, à droite le gardien de but 
    © Camus ou les promesses de la vie

    J’ai mis dans la même catégorie le livre de souvenirs de Jean Grenier, il fut son prof au lycée et plus tard son mentor lors des premiers pas de Camus en littérature mais ses souvenirs sont largement entachés de non-dits, comment expliquer par exemple que Jean Grenier encourage Camus à s’inscrire au PCF quand dans le même temps il met la dernière main à un livre à charge contre ce même parti ? son admiration est exprimée parfois du bout des lèvres, alors que Camus malgré l’attitude de Grenier avec lui ou pendant l’occupation, ne lui a jamais compté ses remerciements. Dommage 

     

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    La rue de Lyon à Alger en 1956 

    J’ai commencé par ce qui m’a le moins passionné, il est temps de passer aux livres qui constituent mon fond Camus auquel je reviens régulièrement.

    Un tout petit livre dans lequel on trouve les lettres que Camus écrivit à un de ses amis poète, René Leynaud, celui-ci fut fusillé par les allemands. Dans ce même opuscule un petit essai d’André Comte-Sponville sur le Mythe de Sisyphe et surtout un article de Patrick Renou qui dit joliment sa passion pour Camus.

    « Parfois dans une vie, il y a deux ou trois noms qui reviennent, deux ou trois êtres qu’on ne quitte pas. Je garde Albert Camus. Avec une poignée d’écrivains qui ne cessent de revenir dans ma vie. »

    il a de très belles phrases comme celle-ci :

    « Les livres viennent de la solitude, de la grandeur du silence, de la mesure des mots, et, dans un même tourbillon, de la vivante nudité des sentiments. Ouvrir un livre de Camus, c’est ressentir immédiatement le désir d’être un peu moins lâche, un peu moins sot »

    et pour terminer 

    « Je dois à Camus — et c’est si peu de l’écrire — ces premiers matins du monde dans la lueur de lire. »

    Un petit livre non pas indispensable mais précieux.

     

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    Si vous chercher un livre agrémenté de photos intéressantes le livre de Daniel Rondeau est fait pour vous, il ne faut pas y chercher une analyse de l’oeuvre ni même une biographie importante mais j’aime ce livre pour son ton.

    Son introduction m’a ramené des années en arrière, pendant ce qu’on appelait alors, non pas la Guerre d’Algérie mais « les événements » 

    « Un transistor posé dans la cuisine rapportait un écho continu des événements qui se déroulaient de l’autre côté de la Méditerranée »

    je me souviens des reportages radio de l’époque, je revois ma vieille marraine m’annonçant la mort du fils d’une amie à Alger, je revois mes parents suspendus à la télévision la nuit du putsch...

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    Famille Camus © Camus ou les promesses de la vie

    Et je partage son éblouissement à la première lecture de Camus :

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    Tipasa 

    « C’était le printemps, le soleil donnait, je vivais. Quand je fermais les yeux, je respirais l’odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa, j’entendais la respiration de la mer, je nageais avec Rieux et Tarrou dans la tiédeur de l’eau, sous une caresse de lune et d’étoiles qui desservait l’étreinte de la peste. »

    Daniel Rondeau a composé un livre tout en admiration, j’ai aimé les photos de la Casbah de l’époque, de la famille Camus dans le quartier de Belcourt. 

    Beaucoup de documents intéressants dans ce livre et des photos magnifiques, un livre où l’on apprend rien de nouveau mais où l’on sent battre le pouls de Camus.

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    «  Il y avait chez lui, une noblesse, une ardeur serrée, une façon de voir l'éternité dans chaque instant, un mouvement naturel entre la prose et la parole qui l'ont fait grandir dans son cœur et durer dans celui des hommes. »

    Dans le prochain billet 3 autres livres  vous attendront ici 

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    Les livres :

    mes préférés

    Albert Camus De l’absurde à l’amour - André Comte-Sponville - Editions de l’aube   disponible en numérique
    Camus ou les promesses de la vie - Daniel Rondeau - Editions Menges  réédité en 2011

    les plus connus

    Albert Camus Une vie - Olivier Todd - Editions Gallimard Folio
    Albert Camus - Herbert Lottman - Editions du Seuil   à trouver d’occasion
    Albert Camus Souvenirs - Jean Grenier - Editions Gallimard

  • Dans ma bibliothèque

    Comme beaucoup d’entre vous ma passion des livres m’a porté à chercher, fouiner, élaguer pour me constituer une bibliothèque qui réponde à mes goûts et mes passions.

    Je suis tout à fait capable d’avoir un rayon entier consacré à un auteur, son oeuvre et une ou deux biographies ou plus ....

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    Demain je vous embarque pour deux billets, nous prendrons le bateau mais nous ferons aussi une incursion en Suède.

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    Je vous laisser chercher le nom de l’écrivain que vous retrouverez ici dès demain

  • Le rapport de Brodeck - Manu Larcenet

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    Cette BD fut un cadeau et un beau cadeau. J’avais lu le roman de Philippe Claudel en son temps et je l’avais aimé. 

    Les BD j’en lis de temps à autre mais j’ai un problème, soit je m’attache aux dessins, le graphisme, la couleur et je passe un peu à côté du texte, soit je lis la BD comme un livre et je vais de bulle en bulle sans remarquer vraiment les dessins.

    Là je dois dire que j’ai été séduite par l’ensemble, les dessins sont d’une telle force qu’immédiatement ils frappent l’oeil, la pensée et le coeur. Ils sont restés sur ma rétine tout au long de la journée qui a suivi ma lecture.

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    Pour ceux qui n’aurait jamais lu le roman voici en quelques mots la trame du récit. 

    Dans un village enneigé, un village qui sort juste de la guerre, un homme est chargé, on devrait dire contraint, de raconter ce qui s’est passé dans le village qui a entrainé la disparition d’un homme, un étranger de passage : l’Anderer.

    Brodeck transformé en scribe dit  « Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien » 
    Il est revenu des camps où sa capacité à supporter la violence lui a permis de se maintenir en vie.

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    Il écrit Brodeck, il cherche, interroge la peur au ventre car les villageois ne semblent pas prêts à accepter qu’il se défile.

    Je dois dire que l’adaptation est magistrale, le dessin en noir et blanc sert cette histoire de façon fulgurante, les visages noirs de haine, le paysage de tempête, tout respire la violence, le secret, l’hostilité. 

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    « On ne refuse rien à ces gens-là quand ils ont le sang au cerveau. »

    L’adaptation du roman est magnifiquement rendue, on y sent la tension qui s’installe, la peur, le remord, la lâcheté des hommes, la folie de la guerre, la violence collective si facile, la haine de l’autre. La seule BD aussi forte pour moi est Maus.

    C’est une BD pour notre temps lisez la, offrez là 

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    La BD : Le Rapport de Brodeck Tome 1 et 2 - Manu Larcenet - Editions Dargaud

  • Début d'année atypique

    Un début d’année un rien atypique, après la poésie je vous propose une BD

    ll n’y en a pas souvent ici mais là ce fut un coup de coeur total, normal ça se passe en hiver et il y a de la neige.

    C’est pour demain ici si cela vous chante

  • Rouge Vive - Estelle Fenzy

    Rouge vive, déjà le titre m’a plu, puis la forme des poèmes, leur brièveté, des poèmes brefs qui deviennent récit.

    J’ai une hésitation à parler de dépouillement, Estelle Fenzy est proche des comptines de l’enfance, douces et effrayantes à la fois. Mais la bascule se fait vite vers des découvertes moins familières. 

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    Celle qui prend la parole nous dit sa solitude « La solitude / mon manteau / m’accompagne tout le jour.» 

    Elle connait « chaque cicatrice de la pierre / mangée par les racines »

    Elle est né dans un village «  à l’engrais des tempêtes / la forge des orages » 

     

    Dès les premiers vers j’étais séduite par l’« homme silence » et la « mendiante à l’amour »

    Elle est vêtue de  « robe de vent si légère »

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    « j'ai découvert

    les rosiers sauvages »

     

    La poésie se lit à voix haute pour moi et j’ai eu la sensation d’entrer dans un pays de légendes «  au ponton du sommeil » avec des personnages familiers comme l’enfant au cartable déchiré et d’autres plus effrayant comme ce « forceur de femmes »

    J’ai été sensible à cette balade à deux voix pour faire le récit d’une histoire d’amour qui se déroule sur « une vaste terre / de fougères et de pins ».

    Les voix se répondent à travers les poèmes, disent l’amour mais aussi le chagrin de la perte qui est si douloureuse à ce « cœur tissu fragile » 

     

    De beaux dessins accompagnent le recueil qui est placé sous les auspices de Nick Cave et de sa chanson « Where the Wild Roses Grow » c’était une raison supplémentaire pour apprécier Estelle Fenzy

     

    Claudialucia m’a mis sur la piste de ce recueil qu’elle en soit remerciée 

     

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    Le livre : Rouge Vive - Estelle Fenzy - Dessins Karine Rougier - Editions Al Manar

  • Sous le signe de la poésie

    Et si on entamait l’année sous le signe de la poésie ?

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    Une amie blogueuse a su vanter ce recueil avec suffisamment de conviction pour que je me laisse prendre 

    C’est ici dès demain