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Je suis interdite - Anouk Markovits

Foi ou contrainte ?

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                             le rituel du bain dans le film Kaddosh

 

Avez vous vu et aimé le film Kaddosh ? Avez-vous lu et aimé l’Elu de Chaïm Potok ? 

Alors ce livre est fait pour vous.

 

Une histoire qui se déroule dans ces contrées qui furent le théâtre de pogroms, vous êtes en Transylvanie et Joseph a cinq ans, il vient d’échapper à un pogrom, toute sa famille a été massacrée mais lui a été sauvé par Florina, elle est catholique et désormais Joseph Lichenstein sera comme son fils. Il garde malgré tout des souvenirs de sa famille, de ses voisins.

Quelques années plus tard lorsque Joseph est témoin de l’anéantissement de la famille de Mila, il va l’aider à rejoindre une famille juive, les Stern qui va la protéger.

 

Mila va être élevée par cette famille en Transylvanie d’abord puis à Paris. Les Stern vivent sous la loi du chef de famille, Zalman, ce sont des juifs hassidiques, des juifs appartenant à la communauté Satmar aux traditions extrêment contraignantes et fermées.

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                      Communauté Satmar à New York

 

Mila et Atara les deux filles ainées grandissent donc avec une série d’interdits : pas question de lire autre chose que des livres religieux, pas question de faire des études autres que religieuses.

Tout est question de codes dans la famille, de rituels. Du lever au coucher tout est fixé et doit être appliqué avec intransigeance pour préserver la pureté de la famille, diktats alimentaires, vestimentaires, bains rituels pour les femmes, port de la perruque pour les femmes mariées.

 

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                          Vitrine à Mea Shearim

 

Le seul écart que se permet Mila c’est un questionnement sur les circonstances de la disparition de ses parents, ce n’est pas clair pour elle, mais pour le reste elle est une jeune fille qui suit tous les préceptes qu’imposent Zalman  mais une petit graine est semée.

Atara elle brandit l’étendard de la révolte assez tôt, elle enfreint les règles, lit des livres interdits, pose des questions, exprime le souhait de faire des études et refuse l’idée d’un mariage arrangé.

 

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" Atara s'était mise à lire de plus en plus, elle lisait sur le chemin de l'école et au retour, elle lisait en classe, le livre sous le pupitre, elle lisait la nuit à la lueur d'une lampe de poche sous l'édredon

 

Mila elle accepte elle de partir se marier aux Etats-Unis. Elle va y retrouver Joseph son futur époux, Joseph qui a fui la Transylvanie et a été élevé dans une famille hassidique lui aussi.

L’une est rebelle, l’autre l’obéissance incarnée, mais la vie réserve parfois des embûches que ce soit sur le chemin de la rébellion ou sur celui de l’obéissance. 

 

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                                   Obéir    © François Pesant

 

L’auteur poursuit son récit à travers trois générations et c’est extrêmement réussi. 

La lecture de ce livre demande un peu d’attention, certains mots yiddish sont explicités en fin de livre, les paroles de prières reviennent de façon un peu lancinante et ajoute au climat d’oppression que vivent Mila et Atara.

On est immédiatement en empathie avec les deux filles et l’on ne peut s’empêcher de penser que pour décrire aussi finement leurs parcours, l’auteur a du vivre une situation similaire. Ce besoin et cette peur d’enfreindre la loi, la terrible culpabilité qui en découle, la crainte d’ être exclue de la communauté.

Un excellent livre sur les ravages d’une religion (quelqu’elle soit) quand l’orthodoxie l’emporte sur la foi.

 

L’ avis du Café littéraire de Céline 

 

 

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Le livre : Je suis interdite - Anouk Markovit - Traduit par Katia Wallisky - Editions JC Lattès

Commentaires

  • Merci pour cette très intéressante critique qui nous rappelle que les intégrismes, quels qu'ils soient, sont toujours un échec pour l'esprit humain et la liberté.
    En tout cas, grâce à vous, j'ai envie de découvrir ce livre.

    Bien cordialement.

  • @ Catherine : merci de votre passage et commentaire
    L'intégrisme est vraiment un fléau et ce roman le dit avec force et pudeur et je vous conseil d'aller voir aussi le livre dont parle Tania sur textes et pretextes

  • J'ai encore des frissons en pensant au film "Kaddosh" ! Je retiens ce titre, même si je suis lassée de ces histoires d'oppression (non pas que je ne m'y intéresse pas .. mais désespérée à chaque fois en voyant le peu de progression au cours des siècles).

  • @ Aifelle : il est bon en effet d'alterner les lectures mais en fait j'ai du mal avec les romans trop lisses et trop gentils

  • Pas vu Kaddosh mais très sensible aux abus de l'intégrisme. Votre lecture me rappelle celui Aliette Abécassis "Et te voici permise à tout homme" évoqué chez Textes&Prétextes.
    Certaines communautés vivent plusieurs siècles en arrière.

  • @ Christw : j'ai noté ce livre effectivement chez Tania qui est sur un sujet similaire merci à vous de nous le rappeler, je vouslais mettre un lien et j'ai oublié

  • Oui, j'ai aimé Kaddosch!
    Pour ce livre, je vais voir, toujours en fonction de ce que j'ai sous la main. Mais jamais entendu parler, et là tu sais en parler. Thème fort et attirant (toujours les femmes, tiens tiens...)
    Confirme : chez ces extra religieux, en Israel en tout cas, les hommes étudient et les femmes travaillent (et font des gosses?) c'est ça l'idée?

  • @ Keisha : j'ai lu quelques articles de presse sur l'intégrisme pour ne pas dire le fanatisme en Israël et c'est effectivement assez effrayant, ces communautés comme les intégristes musulmans sont pour beaucoup dans l'absence de dialogue possible entre les deux nations

  • Je remplis les deux conditions pour aimer ce livre ... L'élu est un livre qui m'a marquée et que je recommande souvent. Alors merci du conseil, je retiens ce titre.

  • @ Athalie : celui là devrait te plaire, le fait qu'il se situe pendant la guerre n'empêche pas le retrait que l'on ressent devant cet intégrisme qui brise des vies, L'élu est un livre que j'ai beaucoup fait lire comme toi, il est splendide

  • @ Clara : c'est un film fort qui marque énormément et qui montre les ravages de l'intégrisme dans un couple

  • Ces hommes en noir me terrifient et me désole encore plus la transformation en noirs corbeaux des petites filles qu'on a mis à l'école privée sous prétexte de 100% de réussite au bac et qui sont formatées à accepter tout cela.

  • @ miriam : je suppose que tu connais mille fois mieux que moi ces communautés totalement effrayantes et dans ce roman on retrouve ces communautés aux USA mais cela pourrait se passer chez les mormons tout aussi bien !!

  • L'intégrisme quel qu'il soit commence quand on a peur de la richesse et la variété infinie de la vie (et c'est pourquoi les femmes sont les premières visées). Il est du côté de la rigidité de la mort.
    Je note ce livre que tu donnes envie de lire

  • @ nadejda : un livre très réussi sur le sujet qui doit bien se compléter avec le livre chroniqué par Tania

  • @ nadejda : il est de ceux qui vont te plaire, tu verras Céline est tout à fait positive aussi

  • Je n'ai ni vu le film ni lu le livre, mais c'est le genre d'ouvrage qui me passionne !
    Alors, je le note, bien entendu !

  • @ Annie : il devrait te plaire effectivement

  • Le film Kadosh m'avait beaucoup touchée. C'est un sujet toujours très fort et je mets ce livre dans ma liste des livres que j'aimerais lire prochainement, de même que L'élu que je n'ai toujours pas lu.

  • @ Mango : le film est très fort et s'il t'a touché tu devrais trouvé plaisir à lire ce roman
    L'élu est un roman avec plus de tendresse et moins de violence, très beau et qui reste en mémoire par delà les années

  • Très intéressant. J'ai lu "L'élu" et beaucoup aimé. Il y a une chronique sur mon blog, ancienne. De ton avis bien sûr sur l'orthodoxie d'où qu'elle vienne mais hélas l'extrême semble avoir de beaux jours à vivre encore. C'était le cas encore cette semaine, Nairobi, Peshawar.

  • @ Eeguab : l'extrêmise a effectivement de beau jour devant lui c'est ce qui fait l'importance de ces livres
    je vais aller lire ton billet sur l'élu, je n'avais pas cherché sur le web, uniquement les billets de ce roman ci mais cela permettra à ceux qui ne l'ont pas lu de se faire une idée

    le lien vers le billet d'Eegab
    http://eeguab.canalblog.com/archives/2006/06/02/3078619.html

  • il me plait bien ce livre...
    Je n'ai pas lu l'autre ni vu le film
    mais je passe le lien à ma famille...rien que pour les illustrations

  • @ Giovinetta : l'élu peut être lu par un ado lecteur sans problème, celui ci est plus dur

  • Encore un roman sur les traditions qui enferment, comme celui d'Eliette Abécassis lu récemment. J'aime qu'il montre la lecture comme une voie d'émancipation (la littérature romanesque autant que les essais, pour ma part, si elle est de qualité).

  • @ Tania : Dans les deux on trouve effectivement l'idée que la lecture ouvre des portes, ouvre l'esprit et permet de ne plus obéir les yeux fermés

  • @ Bonheur : des progrès et sur tous les continents

  • Bonjour Dominique, je n'ai malheureusement pas vu Kaddosh mais j'en ai vu deux ou trois autres qui se passe dans le milieu juif hassidique ultra-orthodoxe et j'ai été frappée par le sentiment d'oppression qui se dégage. Dans "Le coeur a ses raisons" de Rama Burshtein (elle-même juive orthodoxe), une fille (qui aimait un autre garçon) se sacrifie et se marie avec le mari de sa soeur qui vient de décéder en couches. Comme ça, le bébé et le papa ne s'éloignera pas de la famille maternelle en deuil. Je note le livre de Mme Markovits. Bon dimanche.

  • @ Dasola : et moi je note ce film que je ne connais pas, on trouve Kaddosh en DVD et c'est vraiment un beau et terrible film
    l'histoire n'est évidemment pas la même ici mais le sentiment d'oppression, de frustration est bien le même

  • Le sujet même si il est bien traité me fait froid dans le dos !!! Je ne sais pas !!!

  • @ Enitram : en effet c'est un sujet plutôt difficile

  • Absolument passionnant cet article et je note ce livre car il a un aspect documentaire aussi qui m'intéresse beaucoup.

  • @ Anis : ce livre est dans la droite ligne de tes intérêts pour les femmes et la littérature féminine

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