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A sauts et à gambades - Page 21

  • Un Tableau et un livre 2

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    « Toute l’attention est mobilisée par les visages. Ce sont des visages disgracieux, presque grossiers.

    Ce sont des visages de chair travaillés par la rage, la fatigue, les épreuves, mais ces hommes ne sont pas très vieux, et l’un d’entre eux est très jeune encore.

    Ils sont pris, emportés par l’attention fervente.

    Aucun de leur regard ne se dirige vers nous. Ils sont toute intériorité.

    Ils ne sont que regard, mais regard d’ailleurs, vers un ailleurs.»

     

    Le Livre : Au jour le jour - Paul de Roux - Editions le Bruit du temps 

    Le Tableau : Les Quatre évangélistes - Jacob Jordaens - Musée du Louvre 

  • Les Allées sombres Ivan Bounine

    Si vous aimez l’amour : les chagrins d'amour, les liaisons interdites, la fugacité de l’instant, l’émotion dont le souvenir perdure, la jalousie ou le premier baiser, alors ce livre est fait pour vous
    Si vous faites partie des amoureux de la Russie de toujours : celle des bouleaux sous la neige, des traîneaux, du samovar qui attend au chaud, les demeures ensevelies sous la neige, alors ce livre est fait pour vous.

    Les allées sombres est un recueil de nouvelles qui ont pour thème principal : l'amour. 
    L’amour mais aussi la mort dans une Russie que l’auteur vit disparaitre devant ses yeux.
    Trente huit nouvelles de taille variable, pleines de passions nostalgiques et souvent éphémères où le bonheur n’est pas souvent au rendez vous.
    Il faut savoir que ces nouvelles furent écrites en exil, lorsqu’Ivan Bounine quitta la Russie après la Révolution de 1917 d'où sans doute le ton très nostalgique.

    Sa langue est belle, raffinée, sa plume lyrique au service de ses souvenirs. 

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    Pâques Russes Stepan Fedorovich Kolesnikov

    « À la veille des grands jours de fête on lavait, partout dans la maison, les planchers de chêne bien lisses que la chaleur séchait aussitôt, et on les recouvrait de tapis de selle propres avant de remettre parfaitement en place les meubles que l'on avait provisoirement poussés ; on allumait ensuite des veilleuses et des cierges devant les revêtements dorés et argentés des icônes pour alors éteindre toutes les autres lumières. » 

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    L'hiver Russe    Constantin Alexeievitch Korovine

    « La grise journée d'hiver moscovite s'assombrissait ; aux réverbères le gaz allumait des lueurs froides, les vitrines des magasins s'illuminaient chaudement et alors, libre des labeurs du jour, la Moscou vespérale s'embrasait : les traîneaux de louage se faisaient plus nombreux et plus rapides, plus sourd le grondement des tramways bondés et cahotants, des pluies d'étoiles vertes et crépitantes commençaient à jaillir des fils électriques, et les vagues silhouettes noires qui se hâtaient sur les trottoirs enneigés pressaient le pas… »

    Certains considèrent ces nouvelles comme la meilleure oeuvre de l'auteur
    Ce n’est pas mon avis car je considère La vie d’Arseniev comme son meilleur livre mais celui ci vient immédiatement derrière.

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    Andreï Makine dit de lui  « C'est un très grand Russe, de la trempe de Tolstoï.
    Tchekhov, qui était son ami, lui a avoué un jour: « Quand je lis vos récits, les miens me paraissent être faits à la hache » 
    Gorki le considérait comme « le meilleur styliste de notre temps » Pourtant il demeure peu connu en France malgré son Prix Nobel en 1933

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    Le Livre : Les Allées sombres - Ivan Bounine - Traduit par  JL Goester et F Laurent - Editions l’Age d’homme ou Le livre de poche

  • Bribes de bibliothèrapie

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    « Mais la lecture, c’est aussi un mouvement… Mouvement dû au simple aller et retour des yeux, mais aussi mouvement intérieur, nous faisant passer sans cesse, sans même que nous en ayons toujours conscience, du propos de l’auteur à notre propre expérience, nos propres réflexions, nos propres réactions. Peur, angoisse, rire, colère, nostalgie, toute une palette d’émotions humaines surgit à la lecture. Cette promenade intérieure est le plus important, car c’est elle qui nous fait « entrer » dans le texte, accepter de poursuivre le chemin des mots et de vivre non seulement ce que l’on connaît et ce qui nous ressemble, mais aussi ce qui nous est différent. »

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    « Le texte nous offre une variété d’expressions et d’idées qui nous permettent de sortir de nous-mêmes, de découvrir une expression qui pourrait dépasser nos cadres de réflexion, souvent trop étroits, car nous ne disposons pas de la palette d’évocation des auteurs, tout comme avec des pinceaux et des huiles, nous ne pouvons peindre des tableaux comme ceux de Van Gogh »

     

    « Toute ma vie durant, les livres m’ont été colonne vertébrale. Lorsque j’étais enfant, un livre m’a profondément marqué, je devrais dire plutôt un héros : iI s’agit du Rémi de Sans famille, d’Hector Malot. Puis il y a eu Oliver Twist, et L’Enfant, le roman de Jules Vallès, enfin, les livres qui racontaient des aventures humaines comme celle de Croc-Blanc. Et bien sûr, Tarzan !

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    David Copperfield a pour moi été ce modèle selon lequel, bien qu’ayant une enfance misérable et malheureuse, il n’était pas fatal de devenir un délinquant. Rémi, l’enfant abandonné et vendu à un saltimbanque, lui, transformait l’existence. Il parcourait la France, l’Angleterre, faisait de multiples rencontres avec Monsieur Vitalis, le saltimbanque, les chiens et le singe. Bien entendu, cette histoire faisait écho à la mienne. Je me reconnaissais dans ce jeune garçon, qui ignorait ses origines et était promené d’un endroit à l’autre, d’une famille à l’autre. Cette lecture m’a permis de me figurer ma propre histoire, de me sentir moins seul et de voir qu’il était possible de se sortir de situations difficiles, puisque Rémi, Oliver Twist et David Copperfield y parvenaient. » Boris Cyrulnik

     

    Le livre : Ces livres qui nous font du bien - Christilla Pellé -Douël - Editions Marabout

  • Le Poète est sous l'escalier Jacques Lèbre

    J’ai lu deux fois ce livre à environ un an d’intervalle. Parfois je m’assure ainsi que mon impression première était bien la bonne. 

    L’image du poète caché sous l’escalier, poète que tout le monde oublie est de Hugo Hofmannsthal et Jacques Lèbre l’adopte.

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    Hugo Hofmannsthal

    En exergue le vers de Baudelaire dit déjà presque tout de la teneur de ce livre. « Comme de longs échos qui de loin se confondent »

    « Une lecture me faisait souvenir d’une autre, réveillant un écho, dévoilant une correspondance. » Nous dit l’auteur à la première page.

    Les vers de Roberto Juarroz vont répondre à ceux de Philippe Jaccottet, puis ce sont les mots de David Gascoyne qui viennent se mêler à la danse.

    Comment l’amoureux de poésie passe de l’un à l’autre ? C’est ce que Jacques Lèbre dévoile dans ce petit livre, comment l’on saute de Rilke à Ludwig Hohl, comment il s’interroge sur une rencontre avortée entre Claudel et Kafka.

    C’est simple d’après lui : 

    « La poésie est comme cette eau qui s’infiltre dans les failles calcaires des causses arides pour cheminer souterrainement avant de resurgir plus loin »

    Et Ossip Mandelstam d’ajouter 

    « Ainsi en poésie les frontières nationales tombent »

     

    Ainsi Jacques Lèbre ne vous lâchera plus, vous irez d’Henri Thomas à Max Picard, de W G Sebald à Elias Canetti car « une lecture en réveille une autre. »

    Le réveil se fait par un mot, un thème, la vie, la mort, la solitude, une concordance «  C’est alors une conversation qui s’engage » avec le poète.

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    L’auteur élargit un peu son propos et vous pourrez ainsi par ricochet vous intéresser à la prose de romanciers, d’essayistes.

    Un petit livre riche, quasi miraculeux pour vous faire découvrir des richesses inconnues « Lire c’est s’avancer dans des contrées inconnues. »des auteurs méconnus, et rappeler à vos souvenirs des vers oubliés. 

    Un petit livre indispensable aux amateurs de poésie.

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    Le Livre : Le poète est sous l’escalier - Jacques Lèbre - Editions José Corti 

  • Bribes de Grands hommes

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    A propos de Clémenceau

    « Il est déjà certain que Clemenceau a été un des très grands hommes de ce monde »

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    « La vérité, c’est que Clemenceau personnifiait et exprimait la France. Pour autant qu’un être humain, même quand il atteint une grandeur miraculeuse, puisse à lui seul être l’expression d’une nation, il a été la France. »

     

    A propos de T E Lawrence

    « Lawrence était un savant en même temps qu’un soldat, un archéologue en même temps qu’un homme d’action, un érudit brillant en même temps qu’un soutien des Arabes. »

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    « Nous avions là un homme chez qui l’on trouvait non seulement une immense aptitude à servir son pays, mais encore cette touche de génie que tout le monde sait reconnaître et que personne ne peut définir. »

     

    A propos de Kipling

    « Notre époque a connu de plus grands poètes et philosophes, des interprètes plus véhéments et plus sensibles du pathétique et de la passion, des imaginations plus fertiles et des stylistes certes plus orthodoxes que Rudyard Kipling. Mais sur les hauteurs rayonnantes qu’il occupe de droit divin il n’y a jamais eu quiconque qui lui soit comparable.

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    Personne n’a jamais écrit comme Kipling auparavant et tandis que ses œuvres, avec leur caractère particulier, ont charmé et inspiré tant de monde elles n’ont jamais été imitées avec succès par qui que ce soit. Il était unique et irremplaçable »

     

    Le livre : Mes grands contemporains - Winston Churchill - Editions Tallandier 

  • Les Abeilles d'hiver - Norbert Scheuer

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    Hiver 1944 et 1945 dans la région de l’Eifel, à la frontière entre l’Allemagne et la Belgique.
    Egidius Arimond se passionne pour ses abeilles.
    Lui il est, au dire des nazis, un rebut de la société, un déchet parce qu’épileptique.
    Sa survie il la doit à son frère, nazi convaincu et pilote dans l’aviation du Reich.

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    La région de l'Eifel 

    Egidius a été destitué de son poste d’enseignant, l’apiculture lui permet de subvenir à ses besoins.
    Il travaille par ailleurs à un livre sur un de ces ancêtres moine apiculteur.

    Son frère lui procure ses médicaments mais quand les choses se compliquent, Egidius doit trouver une autre source de revenus.
    Il devient passeur pour des juifs à qui il fait traverser la frontière pour « un peu d'argent »
    Il n’escroque personne, il prend des risques, il cache des juifs non sans les nourrir, il est la bienveillance même.

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    Un rucher en Allemagne 

    La Gestapo le surveille, il consacre tout son temps à ses ruches, à la vie de ses abeilles, leurs maladies, leurs prédateurs, leur organisation, la production de miel.

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    « Le bruit des attaques ne semble pas déranger les abeilles; elles vivent dans un monde différent, apparemment pacifique, et ne s'intéressent pas à la guerre. Elles rentrent de leurs vols de butinage chargées de pollen blanc, de chardons, de lis, de conifères et de camomille provenant des prairies et des jardins environnants. Elles butinent comme si elles savaient qu'un hiver très froid les attend »

    Il compare son travail aux textes de son lointain ancêtre Ambrosius Arimond qui fut moine puis défroqué pour l’amour d’une femme.

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    Ce roman m’a plu, c’est un traité sur la barbarie d’une époque et sur un homme pris dans ses filets que le quatrième de couverture appelle joliment un « homme sans qualités ».

    Notre homme n’est ni un véritable héros, ni un vrai salopard. Il est juste un homme pacifique, malmené par l’histoire, un homme qui tente de survivre.

    J’ai aimé la forme du journal intime, j’ai aimé le traité d’apiculture un rien mâtiné de poésie. 

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    Je vous laisse découvrir le destin d’Egidius.

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    Le Livre : Les abeilles d’hiver - Norbert Scheuer - Traduit par Marie Claude Auger  - Editions Actes Sud