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A sauts et à gambades - Page 25

  • Bribes pour allergiques aux maths

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    « Le fameux « Oh, moi, j’étais nul en maths ! » est sans doute la phrase que les matheux entendent le plus souvent quand on en vient à discuter de leur domaine de prédilection »

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    « En fait, si je devais concevoir un mécanisme pour détruire délibérément la curiosité naturelle de l’enfant et son attrait pour la réflexion, je ne pourrais pas mieux m’y prendre. Je n’aurais tout simplement pas assez d’imagination pour inventer des règles aussi insensées et aussi dégradantes que celles qu’on retrouve aujourd’hui dans l’enseignement des mathématiques. »

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    « Et les maths, c’est ça : se poser des questions, jouer et s’amuser avec son imagination. »

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    « Tel est l’art de la mathématique : créer des petits poèmes de pensée, des sonnets de raisonnement pur. »

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    « Au lieu d’une argumentation fine et amusante, rédigée par une vraie personne et dans une langue naturelle, nous échouons avec une démonstration morose, sans âme et bureaucratique. »

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    « Les enfants le comprennent. Ils savent que jouer et apprendre, c’est la même chose. Quel dommage que les adultes l’aient oublié. Ils voient en l’apprentissage une corvée, si bien que cela le devient. Leur problème, c’est l’intentionnalité. »

     

    Le livre : Libérez les mathématiques - Paul Lokhart -traduit par Frédéric Bourgeois et Bertrand Delvaux -  Editions Champs Flammarion 

  • Fumée - Ivan Tourgueniev

    L'hiver arrivant je vais poursuivre mon chemin en Russie.

    Aujourd’hui le plus francophile des écrivains russes, l'ami de Daudet, de Zola et de Flaubert, l'amant de Pauline Viardot musicienne et soeur de la célèbre Malibran, grand voyageur, vivant en France mais n’écrivant que sur la Russie son unique et inépuisable sujet.


    Après  Premier amour où se mêlaient le tragique et la volupté dont j'ai parlé ici en version audio, voici un roman plus ambitieux.
    Tourguéniev a suivi sa maîtresse à Baden-Baden et c’est là qu’il situe son roman. C’est une ville où se retrouvent français, russes, anglais, une ville cosmopolite et gaie, légère comme une bulle de Champagne où parois certains perdent tout comme Dostoïevski.


    Le héros est un jeune homme : Litvinov, sa fiancée Tatiana et la tante de celle-ci vont le rejoindre à Baden Baden, il est heureux « Sa vie lui apparaissait désormais sans obstacle, sa destinée était tracée »   
    Il y a une ombre dans le passé de Litvinov, jeune étudiant il est tombé amoureux fou d'une beauté au caractère « inconstant, autoritaire et fantasque »
    Elle  lui a préféré un riche parti, il a tenté de l’oublier mais aujourd’hui elle est à Baden-Baden avec son mari « Elle est toujours aussi ravissante malgré ses trente ans » et Litvinov va retomber sous son charme et tenter d’enfouir l’image de la douce Tatiana sous les ors et le clinquant. Mais peut-on aimer follement deux fois ?

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    Baden Baden au temps de Tourguéniev


    En parallèle de cette intrigue romanesque, Tourgueniev nous invite dans la société du temps, il s’en donne à coeur joie dans la satire.
    La société où évolue Irène, celle là même où évolue Ivan Tourguéniev, est l’objet d’une critique acerbe.
    Il moque les bavardages autour d’une Russie magnifiée et idéalisée.

    A travers une galerie de portraits très sévères il dépeint l’écart entre une Russie attardée et l’Europe civilisée.
    Il affirme « j’ai foi en l’Europe ou pour parler plus exactement, j’ai foi en la civilisation
    »
    La misère des paysans, le système politique tyrannique sont l’objet de ses critiques et de ses craintes « Il viendra un temps où tous auront à rendre compte » Tourguéniev fait preuve de lucidité et les lecteurs russes recevront très mal ce roman.

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    La Russie de Tourguéniev Isaac Levitan- village en hiver

    J’ai beaucoup aimé ce roman, son pessimisme, son romanesque un peu désespéré et l’amour inconditionnel de Tourgueniev pour sa patrie malgré ses critiques  « Moi, pour travailler, il me faut l’hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux..» .

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    Le livre : Fumée - Ivan Tourgueniev - Traduit par Edith Scheerer - Editions Gallimard Pléiade T2

  • Un Tableau et un livre 2

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    « Toute l’attention est mobilisée par les visages. Ce sont des visages disgracieux, presque grossiers.

    Ce sont des visages de chair travaillés par la rage, la fatigue, les épreuves, mais ces hommes ne sont pas très vieux, et l’un d’entre eux est très jeune encore.

    Ils sont pris, emportés par l’attention fervente.

    Aucun de leur regard ne se dirige vers nous. Ils sont toute intériorité.

    Ils ne sont que regard, mais regard d’ailleurs, vers un ailleurs.»

     

    Le Livre : Au jour le jour - Paul de Roux - Editions le Bruit du temps 

    Le Tableau : Les Quatre évangélistes - Jacob Jordaens - Musée du Louvre 

  • Les Allées sombres Ivan Bounine

    Si vous aimez l’amour : les chagrins d'amour, les liaisons interdites, la fugacité de l’instant, l’émotion dont le souvenir perdure, la jalousie ou le premier baiser, alors ce livre est fait pour vous
    Si vous faites partie des amoureux de la Russie de toujours : celle des bouleaux sous la neige, des traîneaux, du samovar qui attend au chaud, les demeures ensevelies sous la neige, alors ce livre est fait pour vous.

    Les allées sombres est un recueil de nouvelles qui ont pour thème principal : l'amour. 
    L’amour mais aussi la mort dans une Russie que l’auteur vit disparaitre devant ses yeux.
    Trente huit nouvelles de taille variable, pleines de passions nostalgiques et souvent éphémères où le bonheur n’est pas souvent au rendez vous.
    Il faut savoir que ces nouvelles furent écrites en exil, lorsqu’Ivan Bounine quitta la Russie après la Révolution de 1917 d'où sans doute le ton très nostalgique.

    Sa langue est belle, raffinée, sa plume lyrique au service de ses souvenirs. 

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    Pâques Russes Stepan Fedorovich Kolesnikov

    « À la veille des grands jours de fête on lavait, partout dans la maison, les planchers de chêne bien lisses que la chaleur séchait aussitôt, et on les recouvrait de tapis de selle propres avant de remettre parfaitement en place les meubles que l'on avait provisoirement poussés ; on allumait ensuite des veilleuses et des cierges devant les revêtements dorés et argentés des icônes pour alors éteindre toutes les autres lumières. » 

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    L'hiver Russe    Constantin Alexeievitch Korovine

    « La grise journée d'hiver moscovite s'assombrissait ; aux réverbères le gaz allumait des lueurs froides, les vitrines des magasins s'illuminaient chaudement et alors, libre des labeurs du jour, la Moscou vespérale s'embrasait : les traîneaux de louage se faisaient plus nombreux et plus rapides, plus sourd le grondement des tramways bondés et cahotants, des pluies d'étoiles vertes et crépitantes commençaient à jaillir des fils électriques, et les vagues silhouettes noires qui se hâtaient sur les trottoirs enneigés pressaient le pas… »

    Certains considèrent ces nouvelles comme la meilleure oeuvre de l'auteur
    Ce n’est pas mon avis car je considère La vie d’Arseniev comme son meilleur livre mais celui ci vient immédiatement derrière.

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    Andreï Makine dit de lui  « C'est un très grand Russe, de la trempe de Tolstoï.
    Tchekhov, qui était son ami, lui a avoué un jour: « Quand je lis vos récits, les miens me paraissent être faits à la hache » 
    Gorki le considérait comme « le meilleur styliste de notre temps » Pourtant il demeure peu connu en France malgré son Prix Nobel en 1933

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    Le Livre : Les Allées sombres - Ivan Bounine - Traduit par  JL Goester et F Laurent - Editions l’Age d’homme ou Le livre de poche

  • Bribes de bibliothèrapie

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    « Mais la lecture, c’est aussi un mouvement… Mouvement dû au simple aller et retour des yeux, mais aussi mouvement intérieur, nous faisant passer sans cesse, sans même que nous en ayons toujours conscience, du propos de l’auteur à notre propre expérience, nos propres réflexions, nos propres réactions. Peur, angoisse, rire, colère, nostalgie, toute une palette d’émotions humaines surgit à la lecture. Cette promenade intérieure est le plus important, car c’est elle qui nous fait « entrer » dans le texte, accepter de poursuivre le chemin des mots et de vivre non seulement ce que l’on connaît et ce qui nous ressemble, mais aussi ce qui nous est différent. »

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    « Le texte nous offre une variété d’expressions et d’idées qui nous permettent de sortir de nous-mêmes, de découvrir une expression qui pourrait dépasser nos cadres de réflexion, souvent trop étroits, car nous ne disposons pas de la palette d’évocation des auteurs, tout comme avec des pinceaux et des huiles, nous ne pouvons peindre des tableaux comme ceux de Van Gogh »

     

    « Toute ma vie durant, les livres m’ont été colonne vertébrale. Lorsque j’étais enfant, un livre m’a profondément marqué, je devrais dire plutôt un héros : iI s’agit du Rémi de Sans famille, d’Hector Malot. Puis il y a eu Oliver Twist, et L’Enfant, le roman de Jules Vallès, enfin, les livres qui racontaient des aventures humaines comme celle de Croc-Blanc. Et bien sûr, Tarzan !

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    David Copperfield a pour moi été ce modèle selon lequel, bien qu’ayant une enfance misérable et malheureuse, il n’était pas fatal de devenir un délinquant. Rémi, l’enfant abandonné et vendu à un saltimbanque, lui, transformait l’existence. Il parcourait la France, l’Angleterre, faisait de multiples rencontres avec Monsieur Vitalis, le saltimbanque, les chiens et le singe. Bien entendu, cette histoire faisait écho à la mienne. Je me reconnaissais dans ce jeune garçon, qui ignorait ses origines et était promené d’un endroit à l’autre, d’une famille à l’autre. Cette lecture m’a permis de me figurer ma propre histoire, de me sentir moins seul et de voir qu’il était possible de se sortir de situations difficiles, puisque Rémi, Oliver Twist et David Copperfield y parvenaient. » Boris Cyrulnik

     

    Le livre : Ces livres qui nous font du bien - Christilla Pellé -Douël - Editions Marabout

  • Le Poète est sous l'escalier Jacques Lèbre

    J’ai lu deux fois ce livre à environ un an d’intervalle. Parfois je m’assure ainsi que mon impression première était bien la bonne. 

    L’image du poète caché sous l’escalier, poète que tout le monde oublie est de Hugo Hofmannsthal et Jacques Lèbre l’adopte.

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    Hugo Hofmannsthal

    En exergue le vers de Baudelaire dit déjà presque tout de la teneur de ce livre. « Comme de longs échos qui de loin se confondent »

    « Une lecture me faisait souvenir d’une autre, réveillant un écho, dévoilant une correspondance. » Nous dit l’auteur à la première page.

    Les vers de Roberto Juarroz vont répondre à ceux de Philippe Jaccottet, puis ce sont les mots de David Gascoyne qui viennent se mêler à la danse.

    Comment l’amoureux de poésie passe de l’un à l’autre ? C’est ce que Jacques Lèbre dévoile dans ce petit livre, comment l’on saute de Rilke à Ludwig Hohl, comment il s’interroge sur une rencontre avortée entre Claudel et Kafka.

    C’est simple d’après lui : 

    « La poésie est comme cette eau qui s’infiltre dans les failles calcaires des causses arides pour cheminer souterrainement avant de resurgir plus loin »

    Et Ossip Mandelstam d’ajouter 

    « Ainsi en poésie les frontières nationales tombent »

     

    Ainsi Jacques Lèbre ne vous lâchera plus, vous irez d’Henri Thomas à Max Picard, de W G Sebald à Elias Canetti car « une lecture en réveille une autre. »

    Le réveil se fait par un mot, un thème, la vie, la mort, la solitude, une concordance «  C’est alors une conversation qui s’engage » avec le poète.

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    L’auteur élargit un peu son propos et vous pourrez ainsi par ricochet vous intéresser à la prose de romanciers, d’essayistes.

    Un petit livre riche, quasi miraculeux pour vous faire découvrir des richesses inconnues « Lire c’est s’avancer dans des contrées inconnues. »des auteurs méconnus, et rappeler à vos souvenirs des vers oubliés. 

    Un petit livre indispensable aux amateurs de poésie.

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    Le Livre : Le poète est sous l’escalier - Jacques Lèbre - Editions José Corti