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A sauts et à gambades - Page 18

  • L'Autre vie d'Orwell - Jean-Pierre Martin

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    Si un auteur peut être considéré comme un grand témoin d’un siècle tourmenté c’est bien George Orwell. 
    L’essai de Jean-Pierre Martin n’est pas une biographie, c'est le récit de quelques mois de la vie d'un homme.

    C’est un écrivain en marge, ses prises de position antifascistes, sa participation et ses écrits sur la Guerre d’Espagne l’on rendu à la fois connu mais aussi impopulaire car à contre-courant. 

    Les journaux lui refusent ses articles, il a pris position pour l’indépendance de l’Inde, il affiche un anti-stalinisme très peu orthodoxe pour l’époque. 

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    C’est un homme fatigué, il vient de perdre sa femme, il est marqué par la tuberculose qui finira par l’emporter.

    En 1946 il éprouve le besoin de vivre à l’écart du monde pour pouvoir se consacrer à l’écriture. 

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    Il choisit pour sa retraite lîle de Jura en Écosse, une île sauvage des Hébrides, une île loin de tout, très peu peuplée.
    Le voyage prend plusieurs jours, de bateau en bateau, de petites routes en chemins. 

    Il va vivre environ deux ans dans la ferme de Barnhill sur une  île envahie par les cerfs, les fougères où l’on fabrique un Single Malt très prisé des connaisseurs.

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    Chose plus étrange encore Orwell s’installe sur l’île avec un très jeune enfant, son fils adoptif alors que la maison est tout juste habitable : pas de chauffage, pas d’électricité ...

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    L'écrivain devient fermier

    Il va réinventer sa vie, se transformer en agriculteur, il sème, il plante, il retourne la terre, il crée un poulailler, achète une vache, crée un potager, se fait menuiser, plombier, bref en quelques semaines il peut vivre en autarcie. 

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    Orwell et son fils adoptif

    Je ne sais si le bruit de la machine à écrire se mêle aux cris des goélands mais il écrira là son plus grand roman. 

     

    Un très bel essai qui révèle une facette surprenante de cet écrivain et qui interroge sur les raisons de ce retrait.

    JP Martin a tenté de comprendre cette volonté de vivre loin de tout, coupé du monde, il s’est rendu à Jura et il dit :

    « maintenant que je peux imaginer l'homme oscillant entre la main à plume et la main à charrue, entre la chambre où s'invente Big Brother et cette vie du dehors livrée aux éléments, à l'écart de l'Histoire, je ne vois pas davantage de raison majeure, de raison tout court qui l'emporterait, qui puisse justifier cette fugue, mis à part ce qui dépasse la raison, une pulsion profonde, une intériorité exigeante, radicale »

     

    L’auteur nous permet de voir vivre Orwell, échapper ainsi à la pression de Londres, aux polémiques, aux demandes en tous genres. Il nous le montre heureux de s’occuper de son fils Richard et peu gêné par la rudesse des conditions de vie, s’adonnant à la chasse et à la pêche pour améliorer l’ordinaire. 

    Un temps de pause où il redevient Eric Blair avant que la maladie ne le rattrape.

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    Lisez cet essai qui donne fortement envie de lire une biographique de George Orwell et de le retrouver sur le Quai de Wigan ou pour comme moi d’écouter 1984 ou la Ferme des animaux

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    Le livre : L’Autre vie d’Orwell - Jean-Pierre Martin - Editions Gallimard L’un et l’autre 

  • Un Tableau et un livre Corot

    « Ainsi, regardant ta Liseuse au bord de l’eau, on ne voit au premier coup d’œil qu’un paysage vaporeux, gaze ou tulle. Herbes, frondaisons, ciels dans de sourdes tonalités dont on ne sait si elles vont se dissoudre avec la lumière matinale, ou s’intensifier pour rejoindre l’obscur. 

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    Rivière étale, sans ride. Pas de vent dans les branches. Quelques pâles reflets esquissés sur une eau sans vertige. Un univers frappé d’inconsistance. L’arche du pont, au fond à droite, semble le seul point de fermeté. Promesse d’un ailleurs. »

     

    Le livre : La Barque de l’aube - Françoise Ascal - Editions Arléa
    Le Tableau : La liseuse au bord de l’eau - Camille Corot - Musée des Beaux Arts de Reims 

  • Le Journal de Ponary - Kazimierz Sakowicz

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    Parmi les livres qui traitent de l’holocauste il y a les livres témoignages, la plupart sont écrits par des juifs eux mêmes  mais il y a aussi des récits de témoins et ce livre en est l’exemple peut être le plus frappant et le plus terrible.
    Certainement le témoignage unique et « sans aucun équivalent dans les annales des témoignages sur les grands massacres par fusillades »

    Lorsque l’armée allemande investie Ponary on est en 1941 en Lituanie, Kazimierz Sakowics est un journaliste polonais catholique (cela a son importance ) il vient d’emménager à Ponary à coté de Vilnius/ Wilno et il va se retrouver aux premières loges de la tuerie de masse sans doute la plus terrible de la Shoah.

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    L'auteur

    Wilno a été considérée pendant des siècles comme la « Jérusalem du Nord », « un pôle majeur de la culture juive en Europe » Une ville de haute culture, une ville de référence pour la culture ashkénaze.

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    Vilnius / Wilno en 1939


    « Ponary est un lieu de villégiature à sept kilomètres de Vilnius  A droite, la rivière Vilia serpente entre des rives vallonnées. Cet endroit est connu pour sa beauté pittoresque. Il a été chanté par Adam Mickiewicz. Napoléon aurait dit qu’il transporterait volontiers Ponary en France de ses propres mains »

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    Ghetto de Vilnius / Wilno

    Kazimierz est un témoin oculaire, de son grenier il voit les atrocités commises et note tout.
    Il note comment les victimes sont acheminés sur les lieux, il note le mode opératoire des tueurs, il note qui sont ces tueurs : des volontaires lituaniens, jeunes pour la majorité d’entre eux.
    Il compte  le nombre de victimes assassinées, la façon dont elles sont conduites, déshabillées, frappées à coup de fouet ou de crosse jusqu’aux fosses.

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    Dans les fosses de Ponary

    Il voit les riverains se livrer au trafic des biens des juifs massacrés.
    « Depuis le matin, près du carrefour, se tient un marché où les marchands vendent des affaires des victimes assassinées la veille. Ils en attendent de nouvelles et sont optimistes »

     

    Il témoigne d’une façon très précise
    « Il est environ 16 heures. Sur la grande route en direction de Grodno, je découvre que de nombreux Juifs ont été transportés dans la forêt. Et voilà que, soudain, ils se sont mis à leur tirer dessus. J’ai compris plus tard qu’il s’agissait d’une exécution. Une impression atroce, oppressante. Les rafales ont cessé vers 20 heures »

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    Massacres de Ponary

    Kazimierz Sakowicz a des phrases terribles : 
    « Comment ne pas être ébranlé par la force de cette haine que cultive la foule pour satisfaire ses bas instincts ! »
    « Pour les Allemands, 300 Juifs représentent 300 ennemis de l’humanité. Pour les Lituaniens, 300 paires de chaussures et de pantalons ».

    Majoritairement les lituaniens haïssaient  les juifs, avant l’arrivée de l’armée allemande ils se livrèrent à des pogroms anticipant ainsi l’action des Einsatzgruppen qui n’auront plus qu’à superviser les massacres.
    « Ces pogroms ont fait environ quinze mille morts en quelques jours sans intervention directe de l’occupant. »

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    Un mémorial pour les victimes juives du massacre de Ponary,

    Ce livre est très particulier car écrit au jour le jour par un témoin incontestable qui n'a pourtant jamais apporté la moindre aide à un juif.
    « Entre 1941 et 1944, ce sont 70 000 Juifs, hommes, femmes et enfants, qui, à Ponary, furent massacrés aux bords de sept immenses fosses, ainsi que 20 000 Polonais et 10 000 prisonniers soviétiques. »


    L’historien Timothy Snyder dans son livre Terres de sang, souligne que « le meurtre de masse des Juifs de Wilno n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’assistance des Lituaniens, les Allemands n’ayant pas suffisamment d’hommes ».

    Kazimierz Sakowicz avait caché ses manuscrits dans des bouteilles de limonade qu’il avait enterrées dans son jardin. Elle furent découvertes après sa mort par ses voisins. 
    Rachel Margolis juive combattante les a réunies et publiées
    « Cette chronique unique en son genre constitue une terrible preuve à charges contre les nationalistes lithuaniens, et eux seuls, qui s'acquittaient du massacre des Juifs au bord des fosses ».

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    Rachel Margolis

    « La main de Kazimierz Sakowicz n’hésite pas devant l’horreur qu’elle consigne. Son être entier tremble à cause de la profonde gravité de la réalité qu’il constate et sa conscience de témoin de l’Histoire lui confère une autorité incontestable »

    En 1943 les allemands tentèrent d’effacer toutes traces des massacres.

    Après la chute du communisme et l’indépendance de la Lituanie en mars 1990, Rachel Margolis.  va œuvrer pour la mise sur pied à Vilnius d’un lieu de mémoire pour les Juifs dans ce pays.

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    Jonas Noreika et Kazys Škirpa deux "héros" contestés

    En Lituanie, membre de l’Union Européenne d’anciens bourreaux sont pourtant élevés au rang de héros de la nation à ce moment là.
    « Jonas Noreika, exécuté en 1947 pour avoir, entre autres, orchestré de son propre chef le massacre de 1800 Juifs de Plunge, tous tués avant l'arrivée des Allemands. En 1997, ce boucher fut tranquillement fait, à titre posthume, Chevalier de l'Ordre de la croix de Vytis, une des plus hautes distinctions de l'Etat lithuanien » 

    Il semble qu’aujourd’hui la Lituanie s’achemine vers une reconnaissance plus juste des événements de la guerre. Reconnaissance des faits, indemnisation des victimes ou de leurs descendants, les rues sont débaptisées, sans oublier que 900 lituaniens ont été déclarés Justes par Yad Vashem 

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    Le livre : Le journal de Ponary 1941-1943 - Kazimierz Sakowicz - Traduit par Alexandra Laignel-Lavastine - Editions Grasset 2021

  • L'Enfer de Treblinka - Vassili Grossman

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    Le livre de Vassili Grossman sur Treblinka, écrit après que l'auteur ait participé à la découverte des restes du camp et recueilli des témoignages, a été écrit alors que Grossman était encore dans l'Armée Rouge à fin de la guerre.
    Son témoignage fut utilisé par le tribunal de Nuremberg lors des procès.
    La mère de Vassili Grossman a été assassinée par les nazis à Berditchev un des lieux de la Shoah par balles. 

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    Ce livre est terrible et le mot enfer n’est évidement pas usurpé.
    Je ne me permet pas de commenter ce livre qui se suffit à lui même 
    Si vous voulez en savoir plus sur Vassili Grossman je vous invite à lire le billet de Patrice sur son roman Vie et destin où l’auteur fait le lien entre nazisme et stalinisme.
    Vous pouvez lire aussi Tout Passe un roman dur et violent sur le stalinisme, la délation, le Goulag.

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    Le Cimetière Juif de Berditchev


    « Tout ce que vous allez lire, je l'ai reconstitué d'après les récits de témoins vivants, les déclarations d'hommes qui ont travaillé à Treblinka depuis sa création jusqu'au 2 août 1943, jour où les condamnés à mort se révoltèrent, brûlèrent le camp et s'enfuirent dans les bois ».

    « A l'est de Varsovie, sur les rives du Bug occidental, s'étendent des sables et des marais, d'épaisses forêts de pins et de feuillus. Sur cette terre indigente, les villages sont rares; l'homme évite les étroits chemins où le pied s'enlise, où la roue plonge jusqu'au moyeu dans le sable profond. »

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    Sous l’œil des gardiens, des hommes, femmes et enfants juifs montent à bord de trains lors de la déportation de Siedlce vers le camp d’extermination de Treblinka. Pologne, août 1942.

     

    « Par endroits la terre est couverte de mousse; çà et là on voit se profiler la silhouette d'un pin chétif; un choucas ou une huppe bigarrée, de temps à autre, rayent le ciel. 
    Ces lieux désolés avaient été choisis. avec l'approbation du Reichsführer des S.S. Heinrich Himmler, pour devenir un charnier colossal, tel que l'humanité n'en avait encore jamais connu avant nos jours cruels.
    Non, jamais l'univers n'avait rien vu d'aussi épouvantable. C'était ici le plus atroce des camps de la mort établis par les S.S »

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    Gare ferroviaire de Treblinka

    « On sait aujourd'hui ce qu'était le régime du camp n° 1 
    Nous savons tout du travail à la sablière et comment on précipitait au fond de la carrière ceux qui n'avaient pas rempli leur norme; nous savons ce qu'était la nourriture : cent soixante-dix à deux cents grammes de pain et un litre d'une lavasse infâme baptisée du nom de soupe; nous savons qu'on y mourait de faim et qu'on emportait sur des brouettes par delà les barbelés, pour leur donner le coup de grâce, ceux dont le corps était enflé; nous savons les orgies effrénées des Allemands; nous savons qu'ils violaient des jeunes filles et les tuaient après; qu'ils précipitaient les gens d'une hauteur de six mètres; que la nuit, leur bande ivre faisait irruption dans une baraque pour en tirer de dix à quinze détenus sur lesquels ils expérimentaient sans hâte différentes méthodes de mise à mort, tirant en plein cœur, dans la nuque, les yeux, la bouche, la tempe de leurs victimes. »

    « En mai 1942, les Allemands avaient en effet entrepris, à trois kilomètres de là, la construction d'une véritable usine de mort. 
    Là, rien n'était prévu pour la vie, tout pour la mort. L'existence de ce camp devait être tenue profondément secrète; tel était l'ordre de Himmler. Pas un homme ne devait en sortir vivant, et personne n'était autorisé à s'en approcher. »

    « 23 juillet 1944  Ce jour-là, au petit matin, wachmanns (gardiens) et S.S., après avoir bu un verre de schnaps pour se donner du cœur au ventre, procédèrent à la liquidation du camp. Lorsque vint la nuit, tous les détenus avaient été tués. Tués et enterrés. Sauf Maks Lewit, un menuisier de Varsovie qui, resté jusqu'au soir sous les cadavres de ses camarades, réussit à gagner la forêt ».

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    Mémorial du camp


    Treblinka, septembre 1944

    « Tout est calme. A peine si l'on entend bruire le sommet des pins, le long de la voie ferrée. Ces pins, ce sable, cette vieille souche, des millions d'yeux les ont regardés des wagons qui s'avançaient lentement vers le quai. On entend crisser doucement la cendre, les scories pulvérisées sur la route noire, bordée soigneusement, à la manière allemande, de pierres peintes en blanc. 
    Nous entrons dans le camp, nous foulons le sol de Treblinka. Les cosses de lupin se fendent dès qu'on les touche, avec un tintement léger; des millions de graines se répandent sur la terre. Le bruit qu'elles font en tombant et celui des cosses qui s'entr'ouvrent se fondent en une mélodie triste et douce, comme si nous arrivait du fond de la terre - lointain, ample et mélancolique - le glas de petites cloches. La terre ondule sous les pieds, molle et grasse comme si elle avait été arrosée d'huile de lin - la terre sans fond de Treblinka, houleuse comme une mer. » 

    « Cette étendue déserte qu'entourent des barbelés a englouti plus d'existences humaines que tous les océans et toutes les mers du globe depuis qu'existe le genre humain »

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    Un sondage en 2018 disait qu'un français sur dix dit ignorer ce qu'est la Shoah

    « Aujourd'hui chacun est tenu, devant sa conscience, devant son fils et devant sa mère, devant sa Patrie et devant l'humanité, de répondre, de toute son âme et de toute sa pensée, à la question suivante : d'où vient le racisme ? Que faut-il pour que le nazisme, l'hitlérisme ne renaissent jamais plus, ni d'un côté ni de l'autre de l'Océan ? »

    J'ai lu ce livre dans le cadre des lectures autour de l'holocauste initiées par Patrice et Passage à l'est.


    Ce livre est aujourd’hui quasi introuvable mais si vous voulez le lire mettez moi un mail et l’on trouvera une solution.

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    Le Livre : L’Enfer de Treblinka - Vassili Grossman - Editions Arthaud 

  • Quand tu écouteras cette chanson - Lola Lafon

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    De Lola Lafon j’avais lu La petite communiste, cela m’avait intéressé mais sans plus.
    Avec ce nouveau livre elle fait carton plein.
    Quand tu écouteras cette chanson est un récit très personnel, le livre s’inscrit dans une collection : Une nuit au musée, mais ici cette nuit prend une coloration toute spéciale puisqu’elle choisit de passer cette nuit dans la Maison d'Anne Franck à Amsterdam, le 18 août 2021, entre 21 heures et 7 heures du matin.

    « C'est elle. Une silhouette, à la fenêtre, surgie de l'ombre, une gamine.(…) Elle a 12 ans. Il lui en reste quatre à vivre. (…) Sept secondes de vie, à peine une éclipse »

    A 12 ans le Journal d’Anne Frank a été le premier livre de poche que j'ai acheté et il n’a cessé de m’accompagner, lu et relu en particulier quand mes trois filles ont été en âge de le lire, ce livre est important pour moi car il a été le premier qui m’a fait prendre conscience de ce que fut la vie en temps guerre pour les juifs et les horreurs de la Shoah.
    Plus tard à 15 ans et à deux autres reprises j’ai eu l’occasion de visiter la maison d’Anne Frank, dite l’Annexe, Annexe où vécue la famille Frank avant la rafle et la déportation à Bergen Belsen.
    Je dois préciser que les trois fois j’ai été angoissée pendant la visite de cette maison si particulière.

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    Maison dite l'Annexe


    Une nuit dans un musée qui n'en est pas vraiment un, ici pas d'oeuvres à admirer, à découvrir, non ici c’est l’absence et l’absente qui s’imposent.

    Parmi les raisons qui l’ont menée à choisir ce lieu, il y a son refus d’accepter la figue d’Anne Frank uniquement comme une victime.
    Elle souhaite que nous la voyions comme une écrivaine. En effet Anne Frank souhaitait devenir écrivain et le travail de réécriture de son journal qu’elle avait entamé est là pour le prouver.
    Elle « a été drôle, futile, adolescente en dépit du reste. Ce reste qu'elle n'a pas pu nous écrire ».

    Lola Lafon dresse un constat effarant des différentes adaptations du Journal faites en particulier aux Etats Unis où le seul objectif était, pardon de le dire comme ça, de faire pleurer le public.
    Le pathos a évincé totalement la personnalité d’Anne Frank et son talent d’écrivaine.
    Son journal a été manipulé, censuré, mal lu. Le père d’Anne a été accusé d’avoir dénaturé le journal, les différentes adaptations ont parfois éludé toute allusion à la judéité, au nazisme ce qui est un comble 

    Sa nuit au musée est largement évoquée mais aussi les rencontres qui l’ont précédé en particulier deux visages de femmes : Laureen Nussbaum qui connu Margot et Anne et qui fut la première à considérer le Journal comme une oeuvre littéraire, et Miete Gip qui fut l’une des protectrice de la famille Frank.

    Le récit devient plus intimiste et Lola Lafon évoque sa famille dont l’histoire est tourmentée, victime de la Shoah mais aussi du régime de Ceausescu avant son arrivée en France.
    Cela explique la difficulté qu’elle ressent dans cette annexe et que ressentent les visiteurs attentifs : deux années de vie clandestine !! rappelons nous nos difficultés à vivre le confinement !!!  Une famille à la merci du moindre bruit, du signe d’une présence, d’une dénonciation.

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    Lola Lafon parle très bien de cet héritage traumatisant pour les descendants de déportés, celui que l’on retrouve dans Les Disparus ou dans La Carte Postale, cette difficulté à survivre après….
    Pendant cette nuit se mêlent des souvenirs d’enfance et le fantôme d’Anne Frank.
    Tout du long le récit est riche, sobre, sincère, sans ostentation, il y a à la fois une part d’universalité dans le récit et une part tout à fait intime, l’alliance des deux est parfaitement réussie.

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    Lola Lafon reçue de sa grand mère juive, Ida Goldman, survivante de la Shoah, une médaille frappée à l’effigie d’Anne Frank, et la grand mère lui souffla ces mots « N’oublie pas »
    Je crois que ce sont les mêmes mots qu’elle nous souffle avec ce livre.

    Livre lu dans le cadre des lectures sur l'holocauste proposées par Patrice et Passage à l'Est

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    Le Livre : Quand tu écouteras cette chanson - Lola Lafon - Editions Stock 

  • Devoir de mémoire

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    Nous avons l’obligation morale de nous souvenir des événements historiques et des victimes de la Shoah.
    Pour moi c’est à travers des lectures que je remplis ce devoir, à travers aussi des échanges avec mes enfants et mes petits enfants.

    J’ai donc immédiatement eu envie d'honorer la Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah qui se tient chaque année le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. 

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    Ma façon d’y participer est de lire; je lis beaucoup sur le sujet depuis longtemps.
    Cette année je m’y suis pris plus à l’avance afin d’étaler mes lectures qui ont été souvent difficiles et fortes.

    Trois livres cette année dont les billets vont s’enchainer, en collaboration avec Passage à l’Est et Patrice,du site Si on bouquinait ? du 27 janvier au 3 février, ils sont à l'initiative de cette commémoration et je les en remercie.

    Ne refuser pas de lire ces billets malgré le sujet très lourd, il me semble que c’est le moins que nous puissions faire aujourd’hui.